Ce que notre bibliothèque dit de nous…

Bibliothèque arc-en-ciel

Tout est parti d’une réflexion d’Anne-Solange Tardy : dans une de ses story, elle s’interrogeait sur l’aménagement de son salon, et notamment sur un grand mur dont elle ne savait que faire. Bien sûr, beaucoup de gens lui on dit d’en faire un mur de bibliothèques, ce qui, pour des raisons qui lui appartiennent, ne la tentait pas, et elle a eu cette réflexion qu’il lui faudrait un long article pour s’expliquer, et que cela avait à voir avec une certaine image sociale que renvoient les bibliothèques. Et j’ai eu envie de réfléchir, moi-même, sur ce sujet passionnant.

Le fait est : moi, ce grand mur, il serait déjà recouvert de rayonnages croulant sous le poids des livres. Lorsque j’ai visité l’appartement dans lequel je vis, c’est d’ailleurs la deuxième chose à laquelle j’ai pensé avec gourmandise (la première était : j’ai une pièce pour me faire un bureau, mais finalement, l’idée n’est-elle pas la même ?) : ce grand espace dans le coin du salon où je pourrais installer mes bibliothèques.

Et je bave d’envie sur les photographies qui montrent des bibliothèques encore plus grandes. Si vous avez déjà vu des photos de chez Augustin Trapenard, vous voyez de quoi je parle…

Mais il est vrai que la question se pose : pourquoi ? Pourquoi accumuler tous ces livres que je ne relirai pas ? Ceux dont j’ai réellement besoin, qui me servent régulièrement, ne sont pas si nombreux.

Dans les ouvrages qui traitent de la problématique de la maison, on nous informe que le salon, en tout cas les pièces où on reçoit, sont liées à l’image que l’on veut donner de soi. Et il est vrai que, même s’il ne se voit pas de l’entrée, mon mur de livres est une des premières choses que les gens que j’invite à entrer (ils ne sont pas si nombreux) remarquent, et ils sont souvent plutôt impressionnés, même si la plupart du temps ils m’épargnent la fameuse question : mais tu les as tous lus ? — ce à quoi je pourrai désormais répondre : non, certains je les ai écrits. Et, souvent, ils se plantent devant et furètent sur les rayons, comme dans une librairie.

Il est vrai aussi que, si je veux aller à la facilité et être sûre d’avoir du succès avec une publication Instagram, j’ai trois possibilités : un selfie, mes plantes ou mes bibliothèques (je me suis laissé dire que les chats fonctionnaient très bien aussi, mais je n’ai pas — cela dit, ça irait bien dans le décor).

Ce que ça dit de moi, et bien, c’est que j’aime les livres (merci captain obvious). Mais je les aime vraiment : la littérature coule dans mes veines. C’est authentique et sincère : ils m’apportent de la joie, pas tant individuellement (après les avoir lus) que par leur accumulation. Le soir, j’aime m’allonger sur le canapé et lire, avec vue sur tout ce rassemblement hétéroclite et un peu bordélique, j’en ai peur, d’autant que le moment fatidique où les rayonnages seront pleins approche à grands pas. C’est là que je me sens chez moi, en sécurité.

Pourtant, oui, la bibliothèque est un signe extérieur non pas de richesse, mais d’une certaine catégorie intellectuelle. Peut-être un certain snobisme. Pour certains, le mur de bibliothèques fait partie des choix de décoration, de ce qu’ils veulent montrer d’eux dans leur salon, à leurs invités. De leur image sociale. Il existe même des gens (heureux mortels !) dont le métier est justement de constituer ces bibliothèques « m’as-tu vu », et dont la seule fonction est d’impressionner.

Et je n’aimerais pas que les gens pensent ça de moi : que ma bibliothèque est là pour épater la galerie. Mais je n’ai pas d’inquiétude : les happy few qui ont l’honneur d’entrer chez moi (j’ai conscience que dit comme ça, ça fait un peu bizarre, mais je vous jure que réellement, je suis un ours, et très peu de gens entrent chez moi) me connaissent assez profondément pour savoir que ce n’est pas le cas.

Et vous, qu’en pensez-vous ?

9 commentaires

  1. Emilie dit :

    Je ne sais pas ce que ma bibli dit de moi (les livres sont des compagnons dont je ne peux pas me passer), mais je sais en revanche que je trouve un peu froid les endroits sans livre. J’adore regarder les bouquins des autres, c’est une façon comme une autre de les connaître un peu mieux me semble-t-il. En revanche, je n’ai jamais compris le besoin d’avoir une bibliothèque uniquement pour épater la galerie. Si on ne s’intéresse pas à la littérature, pourquoi faire semblant ?

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    1. Je me demande aussi !

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  2. Je ne suis pas une collectionneuse…
    J’ai aussi beaucoup voyagé donc il a fallu être légère et ne transporter qu’une vingtaine de kilos par personne alors j’ai fait le deuil de la bibliothèque…
    J’aime les bibliothèques, j’aime les livres, j’aime fureter entre les étagères et j’aime ces murs décorés et couverts de romans…
    Chez moi, je n’ai plus d’endroits spécifiques pour les livres. Pour ce qui concernent les livres papier, je les donne aussitôt lus (je choisis les personnes à qui plairait le livre… Ou il va dans une boîte à échanges).
    Est-ce qu’une bibliothèque ou un coin livres donne la personnalité du propriétaire ? Oui, certainement comme une PAL ou un carnet de lectures ouvrent une petite fenêtre sur le lecteur…
    Au temps où j’avais une vraie bibliothèque, je me souviens d’avoir aussi pris plaisir à garder des livres qu’on me donnait… De beaux livres (reliés ou une collection ou de grands auteurs…), livres que je n’ai jamais lus ou que je ne souhaitais certainement pas lire… Là, il s’agit d’un piège pour celui qui aurait essayé de me lire…
    Bref, la bibliothèque est une partie de nous (apparente ou secrète)… Une partie des gens qui nous entourent ou qui ont eu un lien avec nous… Une histoire de transmission et d’échanges… un décorum (comme un cadre qu’on achète dans le commerce)… une lubie… une mode… Que sais-je ? En tout cas, j’aime les bibliothèques… et j’aime les contempler… Elles me font rêver.

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    1. Oui, si on déménage / voyage beaucoup c’est compliqué !

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  3. Miss Zen dit :

    Je ne pourrais même pas imaginer une maison sans bibliothèque – ce serait comme ne pas avoir de chauffage ou d’eau courante.
    Une maison sans livres pour moi manque d’âme !

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    1. Je suis tout à fait d’accord !

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  4. Antigone dit :

    A 100% d’accord avec ce que tu dis (merci pour cette réflexion). Les maisons sans bibliothèques m’étonnent toujours pour le coup.

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