Pourquoi j’ai fini par décider de devenir autrice indépendante

Pourquoi j'ai fini par décider de devenir autrice indépendante

C’est le fruit d’une longue réflexion, qui s’étend elle aussi sur les deux dernières années (et s’est faite en parallèle, bien sûr) : tantôt j’étais décidée, tantôt plus du tout, mais aujourd’hui, après une semaine de tempête dans mon crâne, je crois que je suis enfin prête.

A l’origine, je n’étais pas du tout convaincue par le système. Il faut dire que j’ai eu de très mauvaises expériences : des textes ni faits ni à faire et truffés de fautes, des auteurs agressifs. J’avais aussi tenté pour mon recueil de nouvelles, mais je n’avais pas choisi la bonne plateforme et je ne me suis pas investie donc ça n’a pas fonctionné. Mais, pour être honnête, j’ai aussi eu de belles expériences, des œuvres qui valaient le coup et dont il aurait été dommage que personne ne puisse les lire simplement parce qu’aucun éditeur ne leur donnait leur chance.

Mais je restais agrippée, moi, à ce désir qu’on me choisisse, qu’on me donne ma chance. D’être reconnue en tant qu’autrice par une autorité extérieure. Qui me donne l’autorisation. Evidemment, ce besoin d’être validée, reconnue, il vient du rejet que j’ai subi de longues années à l’école, et que je continuais à revivre. Non, on ne veut pas de toi. Cela aurait pu finir par fonctionner, d’ailleurs, cette forme de guérison du passé. Cela a même failli fonctionner, une fois.

Sauf que : ce désir de validation extérieure entrait en collision avec ma valeur la plus profonde, la plus essentielle : mon besoin de liberté et d’indépendance. Un éditeur, ça reste un patron, quelqu’un qui vous impose des décisions parce qu’il pense que c’est mieux. C’est aussi quelqu’un qui peut vous jeter du jour au lendemain. Or tout ce que je fais actuellement pour quitter mon travail alimentaire, c’est bien, justement, parce que je ne supporte plus qu’on me dise ce que j’ai à faire, qu’on décide de mon emploi du temps, de ceci, de cela : je suis faite pour être indépendante. Point.

Je ne m’en rendais pas compte, parce que c’était assez inconscient, mais c’est bien parce que j’étais tirée dans deux directions opposées que je finissais par faire du sur-place. Comme dans ce jeu de foire où deux équipes tirent une corde. Tantôt ça va d’un côté, tantôt de l’autre. Mais il faut bien à un moment qu’une des deux équipes lâche pour que la corde finisse par partir complètement d’un côté.

Chez moi, c’est mon désir de validation extérieure qui a lâché : je n’ai besoin de personne pour m’autoriser à publier mes textes. Je n’ai pas besoin que quelqu’un me dise que je suis écrivain. Je m’y autorise moi-même.

Je dois admettre que ces derniers temps, j’ai été pas mal aidée dans ma prise de conscience par tout ce qui se passe dans le monde de l’édition : ce n’est pas très joyeux, et c’est venu appuyer sur le bouton de ma peur primaire : celle de ne pas être libre de mes décisions. Je l’ai vu d’ailleurs lorsqu’en août 2019 un éditeur voulait le publier : on m’a demandé de faire des corrections qui ne me convenaient pas, que j’ai faites parce que comme on me donnait ma chance je ne voulais pas la laisser passer, mais j’avais l’impression de me trahir (et ça devait tellement se sentir qu’au final, il n’en a plus voulu). Je ne veux plus qu’on m’oblige à me contorsionner pour entrer dans des cases carrées alors que je suis un rond.

Du reste, de plus en plus d’auteurs confirmés font le choix de devenir indépendants, c’est peut-être une évolution logique du système, l’ancien se meurt, inventons autre chose.

Un autre élément a achevé de me convaincre : j’ai besoin de couper le cordon ombilical avec ce roman. Je ne peux pas juste le ranger dans un tiroir : j’ai besoin que mon héroïne parte vivre sa vie dans le monde. C’est viscéral : là encore, pour que l’ancien meure et que je puisse commencer quelque chose de nouveau, j’ai besoin de clore vraiment ce dossier, et de pouvoir me consacrer à de nouveaux projets littéraires qui attendent leur tour. Et je ne veux plus attendre le bon vouloir d’un éditeur.

Alors c’est pénible parce qu’il faut tout faire : la mise en page du texte (j’ai failli envoyer mon traitement de texte se faire rôtir en Enfer), la couverture, les démarches légales (ça c’est mon dernier souci). Mais pour moi qui ai toujours ce désir d’apprendre de nouvelles choses, c’est pénible, mais c’est aussi exaltant.

Alors je ne sais pas quand il paraîtra (sans doute assez rapidement : je suis longue à la prise de décision, ça peut prendre des années comme on le voit, mais une fois que c’est fait, j’y vais au bulldozer). Je vous tiendrai évidemment informés, et j’espère que vous me suivrez dans cette aventure !

17 commentaires

  1. Stephie dit :

    Je serai là, promis !

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  2. Je me reconnais totalement à travers tes mots. C’est normal et sain de rechercher la reconnaissance des siens ne t’inquiète pas pour la validation des éditeurs. Le plus important est que tu trouves tes lecteurs 🙂 Hâte de voir la suite de ton aventure livresque…

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    1. Oui, les lecteurs c’est le plus important, et j’avoue que ça m’angoisse un peu !

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  3. Dorothée dit :

    Comme je te comprends… J’ai réussi à publier, il y a une dizaine d’années, mais mon éditeur a mis la clef sous la porte peu de temps apres… comme il arrive souvent aux petits éditeurs de province… Depuis, j’ai un peu perdu la flamme, et le travail (alimentaire a pris le pied sur beaucoup de choses… Mais je commence à sentuir un désir vicéral de retourner dans l’arene… bonne chance à toi
    (désolée pour les accents, clavier qwerty, et je ne me souviens plus de tous les codes).

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  4. Miss Zen dit :

    J’attends l’arrivée de ton héroïne avec impatience !

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  5. Martine dit :

    Bonjour,
    Et félicitations pour cette belle aventure qui s’ouvre à toi. Depuis quelques temps, je lis des autoédités et de très bonne qualité. Quel était le titre de ton recueil de nouvelles ? Merci

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    1. Il reparaîtra, le titre était un peu ronflant « Salomé. Déité symbolique de l’indestructible luxure » 😉

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  6. rp 1989 dit :

    Je trouve ton témoignage très intéressant et je confirme, il y a de plus en plus d’auteurs indépendants. A mes yeux, se lancer si on en a envie, je ne vois pas le mal ^^. Je te souhaite bonne chance pour la suite 🙂

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