L’autre jour j’ai eu une illumination : et si je découpais mes vieux manuels pour en coller des morceaux dans mon journal poétique ? Le fait est que je commençais à tourner en rond dans ce que je faisais, je manquais clairement d’inspiration et de souffle et il me fallait une nouvelle idée pour me rebooster. Et c’est comme ça que je suis tombée sur tout un assortiment de textes et d’œuvre sur l’amour au féminin, qui m’a permis de faire une page dont je suis plutôt contente. Et parmi les textes, il y avait ce joli poème de Marceline Desbordes-Valmore, qui m’a infiniment touchée.
Un moment
Un moment suffira pour payer une année ;
Le regret plus longtemps ne peut nourrir mon sort.
Quoi ! L’amour n’a-t-il pas une heure fortunée
Pour celle dont, peut-être, il avance la mort ?
Une heure, une heure, amour ! Une heure sans alarmes,
Avec lui, loin du monde ! Après ce long tourment,
Laisse encor se mêler nos regards et nos larmes ;
Et si c’est trop d’une heure… un moment ! Un moment !
Vois-tu ces fleurs, amour ? C’est lui qui les envoie,
Brûlantes de son souffle, humides de ses pleurs ;
Sèche-les sur mon sein par un rayon de joie,
Et que je vive assez pour lui rendre ses fleurs !
Une heure, une heure, amour ! Une heure sans alarmes,
Avec lui, loin du monde ! Après ce long tourment,
Laisse encor se mêler nos regards et nos larmes ;
Et si c’est trop d’une heure… un moment ! Un moment !
Rends-moi le son chéri de cette voix fidèle :
Il m’aime, il souffre, il meurt, et tu peux le guérir !
Que je sente sa main, que je dise : « C’est elle ! »
Qu’il me dise : « Je meurs ! » alors, fais-moi mourir.
Une heure, une heure, amour ! Une heure sans alarmes,
Avec lui, loin du monde ! Après ce long tourment,
Laisse encor se mêler nos regards et nos larmes ;
Et si c’est trop d’une heure… un moment ! Un moment !
Marceline Desbordes-Valmore, « Un moment », Romances, 1830
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