Journal d’un homme heureux, de Philippe Delerm

Bonheur de ces années, de ces amis, de ces moments où personne n’essaie d’épater l’autre ; plaisir de ces soirées où l’on parle juste comme ça, mais où l’on pourrait presque se taire ensemble. Plaisir aussi d’être avec les enfants, et de leur créer des images. En marchant lentement vers la maison, mélancolie de tout cela, si vrai, si discrètement tendre, et que la mort d’un seul de nous peut balayer. La fête s’appelait fête des Mûres. Dans le jardin, le mûrier a donné de grosses baies juteuses, plus sucrées que celles des bois. Avant le feu d’artifice, nous en avons bu une liqueur délicieuse. Envie de commencer ce journal.

Un titre comme ça, au milieu de la morosité ambiante, j’avoue que tout de suite ça donne envie. Quand en plus l’auteur est Philippe Delerm, je ne peux absolument pas résister…

Du 6 septembre 1988 au 31 décembre 1989, avant le succès de La Première gorgée de bièrePhilippe Delerm a tenu un journal dont il nous offre aujourd’hui la lecture, journal sur lequel, de temps en temps, il pose le regard de l’homme qu’il est aujourd’hui, en 2016. De cette année, il dit qu’elle a sans doute été l’une des plus heureuse de sa vie.

Avec bonheur, on retrouve cette ambiance propre à Delerm, cette petite musique, ce regard porté sur le monde, cet éloge des plaisirs simples de la vie. Une soirée entre amis. Un feu dans la cheminée. S’occuper de Vincent. Faire l’amour. Lire. Ecrire.

Delerm, lorsqu’il a écrivait ce journal, avait à peu près l’âge que j’ai aujourd’hui. Pourtant, à part la littérature, l’écriture et la lecture, et les gens qu’on aime, c’est peu de dire que ses plaisirs sont loin d’être les miens ; j’irai même jusqu’à affirmer que son bonheur est constitué de ce qui donne une très bonne idée de l’Enfer pour moi : il aime la campagne, il aime l’automne et l’hiver, il aime son travail de prof, il aime la vie de famille tranquille.

Par contre, il déteste le milieu littéraire, les soirées et les cocktails, et ne semble guère aimer Paris.

Ce texte aurait donc pu, comme les autres d’ailleurs, me laisser à quai. Et pourtant, ça fonctionne, ça fait écho, parce que, malgré la différence évidente entre nos visions du monde, il y a cette communauté d’esprit. L’idée que l’essentiel est de trouver son équilibre et de se sentir à sa place dans le monde, dans la vie.

Un texte lumineux, parfois un peu pontifiant mais on lui pardonne : à défaut de rendre heureux, il rend gai et optimiste !

Journal d’un homme heureux
Philippe DELERM
Seuil, 2016

15 commentaires

  1. Syl. dit :

    Je le lisais il y a longtemps ! Je retiens que son dernier livre est un bon cru.

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  2. jerome dit :

    Ses derniers livres m’avaient un peu laissé au bord de la route. J’espère repartir de l’avant avec celui-là.

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  3. Asphodèle dit :

    Alors moi j’aime tout ce qu’il aime (après avoir aimé tout ce que tu aimes, comme quoi ! 😉 ) ! Je pense que je le lirai ! 😉

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  4. Que je l’aime !!! Un incontournable de ma bibliothèque, il me manque celui-ci que je n’ai pas encore lu mais c’est prévu.

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    1. Toi aussi tu les collectionnes ? 😉

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  5. Mind The Gap dit :

    Houla, au secours fuyons !!

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  6. blogadrienne dit :

    je viens de le lire et j’ai vraiment beaucoup aimé cette faculté à saisir le bonheur des choses qu’on appelle quotidiennes et que l’on considère trop souvent comme si « normales » qu’on oublie de s’en réjouir consciemment…
    c’est un livre plus intime que les précédents mais sans devenir impudique, ce que j’apprécie 😉

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    1. Oui, j’aime énormément cette capacité qu’il a de se saisir des plus petites choses !

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