Les Corps de Lola, de Julie Gouazé

Avoir les yeux bandés, c’est pouvoir rentrer à l’intérieur de soi-même et s’évader. Avoir les mains attachées, c’est s’envoler et voguer. Avoir un port d’attache et pouvoir y revenir toujours. Sans port, ce n’est pas la liberté, c’est l’errance.
Tu l’enchaînes parce qu’elle est libre et qu’elle te permet de l’attacher. Par sa soumission, elle t’accorde le droit de devenir le maître. Elle obéit à ton ordre mais c’est elle qui te donne la permission de jouer d’elle liée.

Il y a deux ans, le premier roman de Julie GouazéLouisem’avait fait une très bonne impression, et je l’avais notée comme une auteure à suivre. Il était donc évident que je ne passerais pas à côté de ce roman, et c’est avec lui que j’ouvre le bal de la rentrée littéraire 2016 !

Tel Janus, Lola a deux facettes. Une Lola bleue, sage et conformiste, mère avant tout ; et une Lola rouge, qui la libère des entraves de la morale et lui permet d’assouvir ses fantasmes les plus secrets. Comment trouver l’équilibre entre les deux ?

Bouleversant de sensualité, poétiquement charnel et violent, ce roman interroge avec beaucoup de justesse, en passant par le symbolique, le désir féminin, le corps, les diktats et l’écartèlement entre des envies pas toujours forcément compatibles.

Parce que, finalement, on attend tellement des femmes qu’elles ne savent plus toujours où sont leurs désirs à elles, entre petites culottes confortables et strings en dentelles, pyjama en pilou et juste une goutte de parfum. En tout cas, Lola ne sait pas, et tantôt elle se laisse envahir par Lola Bleue, tantôt par Lola rouge. Cherchant son équilibre entre la maman et la putain.

Très cru par moments, tissé de motifs éminemment symboliques, ce deuxième roman est une vraie réussite, qui nous pousse à nous interroger sur nous-mêmes !

Les Corps de Lola
Julie GOUAZÉ
Belfond, 2016

5 commentaires

  1. jostein59 dit :

    J’avais raté Louise mais j’en avais lu de bonnes critiques. Et j’ai lu ici avec Les corps de Lola une très belle mise en image de la lutte entre les pulsions profondes et le comportement sage imposé par les règles de la société. J’ai repensé aux sujets de philo de ma fille: Peut-on être soi?, Peut-on se mentir à soi-même?
    Une auteure à suivre, je suis d’accord.

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