Marie-Antoinette, de Sofia Coppola

Histoire et Rock’n’roll

Je ne suis pas habituellement une très grande amatrice de films historiques. Mais le talent de Sofia Coppola, que j’idolâtre depuis Virgin Suicides et Lost in translation, a su me convaincre avec celui-ci. Après l’avoir vu sur grand écran il y a quatre ans, je l’ai revu hier soir avec le plus vif plaisir. Je pense que ce qui me plaît justement dans sa version, c’est qu’il ne s’agit pas d’un film historique « classique » : rien que la bande originale rock n’ rollesque insuffle à l’histoire un vent de modernité fort plaisant (et que dire de la paire de Converse cachée au milieu des escarpins de la reine, petit clin d’œil irrésistible à notre époque ?).

Marie-Antoinette la mal connue

L’histoire de Marie-Antoinette, tout le monde la connaît. Ou plutôt, tout le monde pense la connaître.

Mais justement, faisant fi des clichés qui nous la présentent comme superficielle et arrogante, Sofia Coppola nous la rend touchante et émouvante, grâce à la fraîcheur de Kirsten Dunst. Marie-Antoinette, princesse autrichienne devenue dauphine puis reine de France, est un personnage hors du commun, broyée par l’histoire et les circonstances, parce qu’elle n’était sans doute pas faite pour ce monde.

Encore enfant, elle passe sans transition de l’atmosphère légère de sa cour natale à la lourdeur et au protocole versaillais, livrée à un autre enfant, gentil et qui a beaucoup de tendresse pour elle sans doute, mais maladroit, et plus intéressé par la chasse et ses serrures que par la bagatelle. Alors elle s’étourdit par la fête, au milieu d’une débauche de luxe, de champagne (qu’en réalité elle n’aimait pas) et de macarons, dépense des fortunes en chaussures et en robes toutes plus somptueuses les unes que les autres (pourtant dans le film on ne voit jamais sa modiste, Rose Bertin, passée à la postérité sous le titre peu protocolaire de « ministre de la mode »).

L’insoutenable légèreté

Elle parvient à apporter à la cour de France sa légèreté, un vent de folie qui lui manquait tant, et pour vivre pleinement ses envies, loin des crinolines et des paniers, elle s’exile au Petit Trianon où elle recrée le monde de la pastorale et cache ses amours avec Axel de Fersen. Mais la Révolution gronde…

Je sais gré à Sofia Coppola d’avoir arrêté le film au moment où la famille royale est emmenée de force à Paris : ce qui suit, c’est la déchéance et les tourments et je n’aurais pas aimé voir une Marie-Antoinette moins légère et insouciante. Là on reste sur une vision positive et émouvante de la reine, et cette atmosphère de folie et de superficialité fait le plus grand bien…

Elle a fait de Marie-Antoinette une sorte d’ancêtre de Carrie Bradshaw (oui, les macarons, les fêtes, les chaussures, même l’affiche avec son rose flashy, je ne sais pas si c’est voulu, mais pour moi c’est évident…)

Un film à voir et à revoir, sans modération !

Marie-Antoinette
Sofia COPPOLA
2006