Toutes des salopes, d’Adeline Anfray : comment faire d’une insulte un étendard féministe

Toutes des salopes, d'Adeline Anfray : comment faire d'une insulte un étendard féministe

Incarné à la première personne, ce manifeste livre mes questionnements autour du mot « salope ». Qu’est-ce qu’une salope ? Qui emploie ce terme, pour désigner qui, dans quel contexte ? Pourquoi est-ce l’insulte faite aux femmes la plus utilisée dans l’espace public ? Quelle est la portée de ce mot que l’on retrouve dans toutes les bouches ? Ces questions m’ont amenée à me demander si les femmes, à l’instar de la communauté LGBTQIA qui a fait du mot « queer » une fierté, peuvent se réapproprier une injure dont elles font si souvent l’objet. Je suis donc partie à la rencontre de salopes de tous bords, mais aussi de garçons, de journalistes, linguistes, sociologues et autres expert.e.s en salopes pour tenter de répondre à ces interrogations qui mettent à mal les stéréotypes de genre dont hommes comme femmes sont victimes. 

« Salope » est très certainement l’insulte la plus utilisée envers les femmes, qui l’utilisent d’ailleurs elles-même beaucoup ; si le mot a de multiples connotations (personnellement je l’utilise exclusivement pour désigner une femme qui agit avec moi d’une manière que je n’apprécie guère), il est tout de même largement réservé aux femmes un peu trop libres, qui assument leur sexualité et s’habillent comme elles veulent. Nous en avions d’ailleurs déjà parlé.

Dans ce qui est à la fois un essai et une quête personnelle, Adeline Anfray interroge le mot, et se demande si les femmes n’auraient pas tout intérêt à le vider de sa substance insultante en le revendiquant et en l’assumant.

Après s’être interrogée sur ce qu’est, finalement, une salope, et en être arrivée à la conclusion que toute femme l’est, puisqu’on peut être traitée de la sorte aussi bien en assumant pleinement nos désirs et notre sexualité, en n’ayant pas honte de ce que nous sommes, en affirmant notre liberté, qu’en refusant les avances d’un homme, l’auteure traverse l’histoire, de Eve et Lilith aux 343 et aux Femen.

Dans les deux dernières parties, elle montre comment il est peut-être possible de se réapproprier le mot.

Voilà un essai qui, bien que court, est extrêmement vivifiant : le ton impertinent et drôle n’empêche pas le sérieux des interrogations et des recherches basées sur une riche documentation, y compris littéraires (avec des petites fiches sur les salopes de la littérature, que j’ai beaucoup appréciées).

Intelligent, l’essai invite donc avant tout à s’interroger. Je recommande donc chaudement, même si, j’avoue, l’utilisation de l’écriture inclusive me crispe (je trouve que ça heurte la lecture, et heureusement il n’y en a pas à toutes les pages).

Toutes des salopes. Comment faire d’une insulte un étendard féministe (lien affilié)
Adeline ANFRAY
La Musardine, 2019

8 commentaires

  1. Zyle dit :

    J’ai bien envie de le lire maintenant cet essai ! Merci !

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    1. C’est un plaisir !

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  2. ducotedechezcyan dit :

    ça a l’air intéressant, merci 😉

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  3. Oh je l’ai vu l’autre jour en librairie et j’ai hésité. J’aurais dû le prendre tout de suite !
    L’écriture inclusive ne me gène pas. Il y a d’ailleurs moults façons d’employer l’écriture inclusive, que ce soit en utilisant tantôt « ils » tantôt « elles », en utilisant « iels », en écrivant « acteur·rice », etc. Il n’y a pas de règles autour de l’écriture inclusive et en fonction de laquelle est employée, je peux comprendre ta crispation. Comme pour beaucoup de choses, c’est une question d’habitude j’imagine ☺

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    1. Tu sais ce qu’il te reste à faire 😉

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      1. Tout à fait ! Comme en plus j’ai commandé un livre, je vais bien être obligée d’y retournée prochainement 😉

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