La confusion des sentiments, de Stefan Zweig

La confusion des sentiments, de Stefan Zweig

Pendant toute une vie j’ai tracé des portraits humains, j’ai réveillé du fond des siècles des figures, pour les rendre sensibles aux hommes d’aujourd’hui, et précisément je n’ai jamais pensé à celui qui a toujours été le plus présent en moi ; aussi je veux lui donner, à ce cher fantôme, comme aux jours homériques, à boire de mon propre sang, pour qu’il me parle de nouveau et pour que lui, qui depuis longtemps a été emporté par l’âge, soit auprès de moi, qui suis en train de vieillir. Je veux ajouter un feuillet secret aux feuilles publiques, mettre un témoignage du sentiment à côté du livre savant, et me raconter à moi-même, pour l’amour de lui, la vérité de ma jeunesse.

Cette année, mon city trip m’entraînera à Vienne, sur les traces de Sissi, de Freud, de Schnizler, de Klimt, de Schiele, de Kokoshka, et bien sûr de Zweig. L’occasion donc de me (re)plonger dans la littérature autrichienne, et de découvrir enfin l’un des romans les plus célèbres de l’auteur du sublimissime Lettre d’une inconnuequi traînait dans ma bibliothèque depuis des temps immémoriaux.

Un professeur d’université vient de recevoir de ses étudiants et de ses collègues, en hommage, un livre contenant tous ses écrits, et constituant une sorte de biographie, à laquelle il manque pourtant l’essentiel, le noyau véritable de son être, l’origine de son avènement à la vie intellectuelle — qu’il décide de raconter lui-même.

Tout commence lorsqu’il était étudiant, libertin peu intéressé par les choses de l’esprit, et qu’il rencontre un professeur dont l’enthousiasme pour Shakespeare lui donne le goût des nourritures intellectuelles. Mais la relation entre le mentor et l’élève ne laisse pas d’être troublante…

Zweig est un maître dans l’analyse des secrets cachés dans les replis de l’âme humaine, et il le montre encore une fois dans ce texte troublant, subtil et profond, qui nous jette dans l’ambiguïté la plus saisissante : célébration du bonheur des nourritures intellectuelles, qui sont la sève de l’existence, et du rôle des enseignants, animés d’enthousiasme et de passion, pour ouvrir les plus jeunes sur ce monde et une vie plus riche, il est aussi exploration des frontières, des marges, du trouble qui font que la distance entre le spirituel et le charnel n’est pas si grande que cela. C’est absolument magistral et poétique (en revanche, ça ne se déroule absolument pas à Vienne).

La Confusion des Sentiments (lien affilié)
Stefan ZWEIG (dont je voudrais bien qu’on finisse par s’entendre sur l’orthographe)
Traduit de l’allemant par Alzir Hella et Olivier Bournac
Stock, 1948 – 1985

4 commentaires

  1. Il me semble l’avoir lu il y a très longtemps, ou pas. A relire sinon car ta chronique donne envie. J’avais adoré « lettre d’une inconnue ».

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  2. krolfranca dit :

    Roman que j’ai lu deux fois et que je relirai bien une troisième.

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