Secrets de maisons closes. La légende noire et rose des bordels, de Marc Lemonier

Assurément, la maison close n’est pas une invention récente.
Les bordels, les lupanars, ont évolué au fil des siècles, changé de nom ou de manière de fonctionner, mais la règle essentielle n’a pas changé, les femmes qui y « travaillaient » étaient le plus souvent enfermées dans un cadre contraignant, plus proche de la caserne ou du couvent que d’une maison de plaisir.

Laissons de côté un moment la rentrée littéraire, pour nous plonger dans le stupre et la luxure des maisons closes, avec cet essai paru il y a quelques mois.

Maison de tolérance, maison close, bordel, lupanar… les mots ne manquent pas pour désigner ces lieux réservés à la prostitution féminine, dont la création remonte à la plus haute antiquité et la disparition à 1946 — en France tout du moins, car on en trouve encore pas plus loin qu’en Belgique. Mais ne nous y trompons pas : les mots, fleuris, ne permettent pas d’appréhender les différences parfois abyssales d’une maison à l’autre, les particularités de certaines, et les évolutions historiques.

En 35 petites histoires, dans une progression à la fois chronologique et thématique, Marc Lemonier va donc nous faire pénétrer derrière les volets fermés des maisons à gros numéros, et nous révéler les secrets de certains de ces lieux, quelques-uns presque mythiques.

Passionnant, pittoresque, cet essai, où l’on croise de nombreux écrivains au passage (à croire qu’il était inconcevable pour un auteur de ne pas fréquenter les filles de joie), permet d’en apprendre beaucoup : les réglementations drastiques, l’emploi du temps des filles, l’importance des décors qui doivent éveiller le fantasme, les liens étroits avec la pornographie, mais aussi les grandes différences de standing entre les maisons qui, comme les hôtels, vont du palace au bouge.

A travers toute l’évolution de l’histoire des maisons closes, on voit bien comment ce qui est en jeu, c’est l’accès à une sexualité non-réglementée, là où la société est étouffante : bordels pour ecclésiastiques ou pour homosexuels, mais aussi, tout simplement, pratiques sexuelles qui, si elles sont banales aujourd’hui, ont été pendant longtemps complètement taboues et pratiquées uniquement par les prostituées.

Pour autant, l’auteur ne justifie rien, pas même la lutte contre la misère sexuelle : son propos est au contraire souvent critique et compassionnel envers les « filles », et clairement abolitionniste.

Un ouvrage passionnant, qui permet d’en apprendre plus sur ces lieux méconnus !

Secrets de maisons closes. La légende noire et rose des bordels (lien affilié)
Marc LEMONIER
La Musardine, 2015

4 commentaires

  1. Jerome dit :

    Super intéressant, surtout par rapport au point de vue développé par l’auteur.

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    1. Oui, c’est vraiment intéressant !

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