Le cœur cousu, de Carole Martinez

Le cœur cousu, de Carole Martinez

Une lignée de femmes

Damnée ! Notre lignée est damnée ! Grouillante d’histoires sans queue ni tête dans lesquelles nous étouffons, grouillante de fantômes, de prières, de dons qui sont autant de plaies.

Lorsque j’ai chroniqué le dernier roman de Carole Martinez, Du Domaine des murmures, beaucoup m’ont dit de lire très vite Le cœur cousu, que j’allais me régaler. Comme je ne suis pas toujours têtue (c’est pourtant un autre de mes innombrables défauts), j’ai suivi le conseil, avec d’autant plus d’empressement que j’étais tout de même curieuse de poursuivre ma découverte de l’univers de cette romancière.

On dit d’elle qu’elle est une sorcière, mais elle est plutôt une magicienne. Dans la famille de Frasquita, dont la fille Soledad nous conte l’étrange destin, on se transmet, depuis des générations, une étrange boîte, de mère en fille. Chacune, pour peu qu’elle ait réussi à résister à la tentation de l’ouvrir avant neuf mois, y trouve un don. Frasquita, elle, y découvre des aiguilles et du fil. Couturière, elle brode et sublime les étoffes, mais aussi les êtres. Don, ou malédiction ?

Un destin chaotique

J’ai aimé, que dis-je aimé, j’ai adoré ce roman, qui ravira à coup sûr les amatrices de chiffons et fanfreluches, mais aussi les autres.

Ce magnifique portrait de femme, au destin chaotique (qui n’a pas été sans me rappeler, dans un autre genre, les héroïnes d’Isabel Allende), nous entraîne dans un univers qui n’est ni tout à fait le nôtre, ni tout à fait un autre.

Un univers peuplé d’enfants aux dons étranges dont on se demande s’ils sont vraiment des bénédictions, un univers magique, un univers de conte, de fable, un univers de femmes où les hommes n’ont décidément pas le beau rôle.

Le tout donne un roman empreint d’une grande poésie, magnifiquement bien écrit, dans lequel on se plonge avec délices, et que je recommande chaudement à tous ceux qui ne l’auraient pas déjà lus.

Le Cœur cousu (lien affilié)
Carole MARTINEZ
Gallimard, 2007 (Folio, 2009)

2 commentaires

  1. Décidément, Caroline, nous sommes souvent d’un avis différent sur les lectures. Je viens de finir ce livre et en le lisant, je me disais que j’étais curieuse de savoir si vous l’aviez chroniqué, et j’ai différé à la fin de sa lecture, le moment de lire votre opinion. Je comprends votre ressenti, celui d’un univers magique et de conte…et je pense que , soit l’on n’y entre, soit on reste en dehors. Je ne mettrai pas en cause la qualité intrinsèque d’écriture du roman….mais je suis restée totalement imperméable à cet univers, comme je l’avais été d’ailleurs à celui du Domaine des Murmures, que je n’ai d’ailleurs pas fini. Cependant, pour moi, c’est un peu de l’étrange pour de l’étrange, et cela me semble pêcher par excès. Je l’ai plus ressenti comme une galerie de monstres  » sans queue ni tête », dans une accumulation d’étrangetés! Heureusement, nous ne sommes pas tous du même avis…c’est aussi une des richesses des livres, et cela m’intéresse toujours de connaître les opinions d’autres lecteurs, surtout peut être s’ils sont différents du mien, et en tout cas, s’ils sont aussi éclairés que le vôtre! Bonne journée à vous, en cette fin d’année scolaire!

    28deniers, aka Pamina NylonStockingSpell

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    1. Oui, c’est vrai que c’est particulier, mais personnellement j’apprécie ce genre d’univers !

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