Instantané : bocal d’inspiration

Il y a presque deux ans, je vous avais parlé du fait d’écrire tous les jours pour « faire des gammes », et de mon carnet d’or. Evidemment, depuis, le processus a été un peu adapté : d’abord, je n’arrive plus à me tenir au « tous les jours ». Il est vrai que lorsque j’avais lancé cette idée, c’était pendant le confinement et l’été qui a suivi, donc une période où le temps ne manquait pas ; depuis, c’est plus compliqué : le travail alimentaire qui m’en prend beaucoup, du temps, et les autres projets, corriger les textes en cours, écrire le nouveau, écrire les livrets d’activités poétiques, la peinture, le collage… Bien sûr, si je le voulais vraiment, j’arriverais à trouver 10 minutes dans ma journée, mais je n’ai pas du tout envie que cela devienne un truc à cocher dans ma liste. Donc les writing prompts c’est lorsque j’ai besoin d’un boost, pour voir les choses autrement, me « décrasser » comme disent les sportifs…

Et puis, j’ai abandonné le carnet d’or : les sujets y étaient dans l’ordre, donc il n’y avait pas de surprise. J’ai écrit les sujets sur des petits papiers que j’ai mis dans un joli bocal, que j’ai mis dans la bibliothèque, et je pioche au hasard. Et c’est bon, cette surprise, et là manière dont, tout de suite, une idée se manifeste…

Je pense que je m’en servirai lorsque j’ouvrirai enfin mes cercles d’écriture (je pensais que je le ferais ce mois-ci, mais en fait, comme pour les masterclass, j’attends d’avoir trouvé mon rythme avec le reste).

Les heures qui s’écoulent

Tic Tac, Tic Tac, Tic Tac. La pendule marque les secondes, qui deviennent des minutes, qui deviennent des heures qui s’écoulent et ne reviennent plus, comme un fleuve coule toujours vers la mer sans jamais revenir vers sa source. Image banale, usée, cliché, pour dire cette idée d’un temps linéaire où les heures s’écoulent et nous conduisent inexorablement vers la fin.

L’eau, le temps.

Mais le débit du temps n’est pas régulier, oh non. Parfois les heures s’écoulent à une vitesse vertigineuse, elles semblent des minutes, lorsqu’on est gai, lorsqu’on est dans les bras de la personne aimée, lorsqu’on fait l’amour le temps passe trop vite et tout autant il s’arrête, il est immobile et les horloges ne marquent pas cet instant qui est d’une autre nature.

Mais le débit du temps n’est pas régulier. Lorsqu’on travaille, lorsqu’on attend, les heures s’écoulent à une vitesse épouvantablement lente.

Les heures s’écoulent, pourtant. Deviennent des jours qui deviennent des semaines qui deviennent des mois. Rien, au regard de l’éternité. Une éternité, au regard d’une vie humaine. Et nous sommes humains, malgré tout, et les heures qui s’écoulent laissent des traces sur notre corps comme les larmes qui coulent sur les joues d’un enfant.

Les heures s’écoulent, pourtant, nous portant, nous supportant, nous emportant comme de frêles bateaux dans le courant. Nous transportant, où ?

Choses qui arrivent en silence…

C’est doux, ouateux, et ça ne fait pas de bruit. L’amour ne fait pas de bruit, quand il arrive. Il se déplace à pas de loup, sur la pointe des pieds. S’insinue en nous en silence. Petit à petit. Ce n’est pas un coup de foudre. On ne tombe pas. On s’élève lentement dans les airs. On se grandit. On déploie ses ailes comme un ange. Oui, l’amour fait ça. L’amour fait cette chose incroyable de nous élever au-dessus de nous-même et pour cela il n’y a absolument pas besoin de faire du bruit, au contraire. En douceur. Petit à petit. Jour après jour. Un regard, un sourire, des mains qui se frôlent. S’il faisait du bruit, on l’entendrait, et on aurait peur. Mais on ne l’entend pas : en bon chasseur aguerri, Cupidon armé de son arc sait se faire discret, on ne le voit pas, on ne l’entend pas. On est là, et puis il décoche sa flèche. Mais on ne la sent pas tout de suite, non. L’amour prend du temps, à grandir. Du silence. Pour qu’on ne se rende compte qu’il est là que lorsqu’il est trop tard : on aime, on aime pour toute la vie, alors qu’on avait dit jamais plus. Cet amour, qui est arrivé en silence, il s’est tranquillement installé dans notre cœur, il a ouvert tous les volets, fait le ménage, enlevé les araignées de sous les meubles, aéré les édredons, fait un feu réconfortant dans la cheminée. Il a fait de notre cœur un foyer. L’amour est arrivé en silence, et maintenant on n’entend plus que lui qui bat fort…

(J’ai relu récemment mes writing prompts, et j’ai trouvé que certains méritaient peut-être d’être partagés plutôt que de rester dans mon carnet… il y en aura d’autres, au gré du temps).