You have no values. With you its all nihilism, cynicism, sarcasm, and orgasm.
— Hey, in France I could run for office with that slogan, and win!
L’autre soir je cherchais des films mettant en scène des personnages d’écrivains. Il y en a une pléiade, évidemment, mais comme j’étais en outre un petit peu mélancolique parce que c’était la fin des vacances et que bon, voilà, mon choix s’est porté sur ce film de Woody Allen, histoire de poursuivre mon challenge personnel « voir/revoir tous ses films ». D’une pierre deux coups, donc.
Harry est un auteur célèbre qui s’inspire un peu trop de sa vie pour écrire, sans se donner trop de peine pour déguiser la réalité, ce qui fait qu’il est fâché avec à peu près tout le monde, ses ex-femmes, ses maîtresses, ses psys… Alors qu’il est en panne d’inspiration, il est invité par son ancienne université, dont il avait été renvoyé, pour un hommage et il ne trouve pour l’accompagner à la cérémonie que Cookie, une prostituée, Richard, son ami cardiaque et Hilly, son jeune fils, qu’il a enlevé a la sortie de l’école.
Gigantesque mise en abyme dans laquelle Woody Allen s’auto-analyse et réfléchit sur le processus créatif, le film repose sur une série de digressions dans lesquelles se mêlent la réalité et la manière dont elle est transposée dans les oeuvres. La figure d’Harry se démultiplie en autant d’avatars qui permettent de mettre au jour toutes les obsessions alleniennes : la religion et l’oppression de la tradition, le sexe, la psychanalyse, et bien sûr la création. Parfois un peu grand guignol mais toujours hilarant, Deconstructing Harry (le titre original est beaucoup plus parlant que le titre français) est truffé d’idées géniales : la métaphore de l’alchimie, celle de l’homme qui devient flou et oblige les autres à porter des lunettes pour le voir correctement (que son psy analyse comme le fait d’obliger les autres à s’adapter à sa propre distorsion), ou encore le dialogue en Enfer avec Satan, résolument jubilatoire. Incarné par un Woody Allen aussi génial acteur que réalisateur, Harry est au final extrêmement navrant, veule, pitoyable, et en même temps totalement touchant et attachant. Quant au casting, c’est une succession d’acteurs formidables : Kirstie Alley, Billy Crystal, Elisabeth Shue, Demi Moore, Mariel Hemingway, Tobey Maguire, Robin Williams…
Un film qui interroge la création, et le fait bien : du très très bon Woody Allen, drôle et fin, spirituel, aux dialogues excellents. Pour moi un de ses meilleurs films, car c’est dans cette veine introspective et antiréflexive que je le préfère !
Deconstructing Harry (Harry dans tous ses états)
Woody ALLEN
1997
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