Voyage immobile

C’est à cette époque que, normalement, je commence à me projeter concrètement dans mon city trip estival. Après avoir réservé, j’achète des guides, je lis des blogs, je musarde sur instagram pour repérer ce qui me fait envie. Cette année, ça aurait dû être Séville, mais peut-être que j’aurais changé d’avis en cours de route parce que j’ai aussi de très fortes envies de Portugal et d’Italie. Bon, c’est loupé. On va rester là, il y aura sans doute un peu de Cap-Ferret et puis peut-être une excursion ici ou là (en fait j’ai ma petite idée, mais on verra) mais pas de joli voyage d’inspiration à l’étranger.

Alors, puisque je ne peux pas me projeter dans le voyage futur, je me suis replongée dans mes souvenirs de voyage. Tous ces endroits où j’ai aimé baguenauder, rêvasser, écrire… Et je me suis dit « tiens, si j’imaginais une journée parfaite à profiter des joies de la vie, qui n’aurait aucune obligation d’être vraisemblable géographiquement parlant ? ». Une sorte de voyage immobile.

Matin : s’étirer langoureusement dans le lit, écrire mes pages du matin. Prendre une douche, vêtir une robe légère et prendre un cappuccino en terrasse avec des cannoli.  Déambuler dans les petites ruelles, admirer les azulejos et les belles façades. Traverser les galeries, m’arrêter à la librairie et rejoindre le parc pour m’asseoir un moment et écrire quelques mots dans mon carnet.

Midi : déjeuner au bord du canal

Après-midi : profiter des heures chaudes pour aller faire le plein d’inspiration et de belles choses au musée ; en sortant prendre un petit goûter (pasteis de nata) avant d’aller faire un petit tour dans les magasins d’artisanat local. Puis aller faire une longue promenade au bord de l’eau et m’arrêter prendre un verre en terrasse lorsque le soir commence à tomber.

Soirée : marcher encore un peu pour profiter du soir, dîner à une terrasse, rentrer pour écrire un peu…

Voilà une bien belle journée passée à faire des choses que j’aime !

City guide : Vienne, musées etc.

Comme toutes les grandes capitales, Vienne regorge de musées, tous plus intéressants les uns que les autres a priori, et il faut donc faire des choix, guidé par ses centres d’intérêts. Evidemment, avec l’anniversaire de la mort de Klimt, de Schiele et d’Otto Wagner, on va les rencontrer partout, et pour moi c’était bien agréable. Comme d’habitude, à part le Belvédère j’ai évité les très grands musées sans thématique particulière, pour me laisser plutôt porter dans certains lieux délaissés, à tort souvent, par les touristes, et j’ai fait de merveilleuses découvertes (il y a eu aussi quelques loupés, malheureusement). De manière générale, l’accueil est très courtois, et il n’y a aucun problème pour faire des photos.

Le Musée des Arts Appliqués (MAK)

Le MAK est le premier musée que j’ai visité à Vienne, peu après mon arrivée : situé près de Wien Mitte, où j’avais déposé mes bagages en attendant de récupérer l’appartement, il était de toute façon sur ma liste, et m’a permis de m’abriter de la pluie diluvienne. Et ce fut une très belle découverte : le bâtiment à lui seul vaut le coup d’oeil, et le contenu est tout à fait passionnant. La visite offre un classement semi par type d’objets (la vaisselle, les tapis…) et semi par époque (le baroque, mais surtout, ce qui m’intéressait, tout un pan sur Vienne 1900). Si vous y allez avant octobre, il est impératif d’aller voir l’installation « le jardin magique de Klimt », qui vous permet de plonger, grâce à un casque de réalité virtuelle, dans un monde à la Alice au Pays des merveilles. En outre, le musée n’est pas plein de foule, et offre de nombreux endroits confortables pour se reposer…

La Maison de la musique (Haus der Musik)

L’histoire de Vienne se confond avec celle de la musique, et il est somme toute normal qu’un lieu lui soit consacré (outre les maisons de Mozart et Beethoven, que je n’ai pas visitées). Et même pour moi qui n’y connais pas grand chose, cette maison de la musique s’est révélée une très belle expérience, à la fois informative et ludique, très bien conçue, utilisant toutes les ressources des technologies actuelles. Si le premier étage, consacré à l’orchestre philharmonique, m’a intéressée mais pas plus que ça car je n’y connais rien, j’ai adoré le troisième étage, consacré aux compositeurs les plus importants liés à Vienne, comme Mozart, Strauss ou Beethoven : chaque salle, baignée de musique, possède une ambiance et une scénographie qui lui est propre, et regorge de documents passionnants et parfois d’installations interactive. En fin de visite, on peut se transformer en chef d’orchestre. Enfin, au deuxième étage, on trouve la sonosphère, une sorte de musée du son qui permet de se plonger dans des expériences sonores originales (comme les sons des grandes villes, ou les sons prénataux) : je suis passée assez vite car je suis très sensible à certains sons qui me déséquilibrent, et je ne me sentais pas bien, ce qui n’enlève rien à l’intérêt de l’installation. En tout cas c’est un lieu très intéressant, particulièrement je pense pour les enfants.

Musée de la littérature (literaturmuseum)

J’ai failli le manquer, car il n’était dans aucun guide, et j’ai compris après pourquoi, mais lorsque je l’ai vu apparaître sur Google map, je me suis dit que je ne pouvais pas faire l’impasse sur une visite. En fait, je pouvais, car il n’y a pas grand chose à voir (et d’ailleurs pas de visiteurs) : l’exposition temporaire, consacrée aux figures centrales de la Vienne moderne et qui permet de croiser Klimt et la Sécession, pourrait être intéressante. Mais l’exposition permanente m’a affligée : non seulement elle n’est qu’en allemand (mais admettons), mais elle est surtout vide : ce n’est quasiment que de la décoration, du fac-similé, et même sans comprendre l’allemand on se rend bien compte que ça manque de contenu…

Musée Leopold (leopoldmuseum)

En plein coeur du MuseumsQuartier, le Musée Léopold était bien évidemment en haut de ma liste, pour son fond Egon Schiele et aussi, en ce moment, pour son exposition « Klimt artiste du siècle ». On pourra y admirer des oeuvres absolument fascinantes de ce dernier : le tableau Life, love, death et de nombreux dessins préparatoires (dont deux pour Le Baiser) et quelques dessins érotiques. L’exposition Schiele est également passionnante, et permet de saisir les variations de style de cet artiste hors-normes et ses thèmes obsédants. L’ensemble est clair, aéré, et bizarrement malgré sa notoriété ne semble pas attirer les foules…

La Bibliothèque nationale (Österreichische Nationalbibliothek)

C’est évidemment un lieu incontournable pour les amoureux des livres, mais aussi pour tout le monde : les lieux sont époustouflants, et les collections d’une richesse incroyable ! La bibliothèque fête cette année ses 650 ans, et tout ce qui la concerne, son rôle, son histoire, son contenu est très bien mis en valeur.

Le Palais du Belvédère

C’était le clou de la semaine, et contrairement à ce qu’on aurait pu penser, je ne m’y suis pas précipitée. Je n’ai visité que le Belvédère supérieur et les jardins, mais j’en ai profité à fond, aussi bien de l’extérieur que de l’intérieur, avec le musée : si comme moi vous faites le voyage à Vienne pour Klimt, c’est le lieu incontournable puisque c’est là qu’est conservé Le Baiser — mais aussi nombre d’autres merveilles !

Le musée de Vienne (Wien museum)

Le Wien museum est apparemment très peu fréquenté par les touristes, et c’est dommage : l’exposition permanente sur l’histoire de la ville est absolument passionnante et instructive, regorge d’oeuvres fascinantes, des maquettes, des cartes… et de très belles oeuvre de Klimt (Emilie Flöge, et un magnifique tableau que je ne connaissais pas (et pourtant j’ai travaillé sur Klimt et j’ai plusieurs livres), Lovers, qui m’a bouleversée) et de Schiele. A noter aussi, l’exposition temporaire sur Otto Wagner, d’une très grande richesse !

Le Palais de la Sécession

Construit en 1897, le Palais de la Sécession était à la fois un manifeste architectural du jugendstil et un lieu d’exposition pour les artistes de la Sécession viennoise. L’extérieur est fascinant, avec en dessous de l’entrée la sculpture des trois gorgones représentant la peinture, la sculpture et l’architecture,  et la devise du mouvement : « À chaque âge son art, à chaque art sa liberté ». A gauche, la devise latine Ver Sacrum (printemps sacré). A l’intérieur, on retrouve Klimt et sa frise Beethoven, fascinante… et c’est tout (enfin pas tout à fait, il y a une exposition temporaire d’art contemporain à la quelle je n’ai pas trouvé le moindre intérêt…)

Le musée des horloges et des montres (uhrenmuseum)

Ce n’est pas un impératif, sauf si comme moi on est obsédé par le temps et les objets qui le marquent, montres, pendules et autres horloges, mais c’est une curiosité : le musée est petit (et à éviter avec les enfants en bas âge car pourvu d’escaliers en colimaçon plutôt dangereux), mais on y trouve vraiment des choses très intéressantes sur l’horlogerie du Moyen-Age à nos jours, et nombre d’objets insolites !

Le musée Freud

Je confesse une petite déception pour ce musée finalement dispensable pour le prix, même s’il ne manque pas totalement d’intérêt : on est bien dans l’ancien appartement de Freud, où il avait son cabinet de consultation. Mais le souci est que Freud, lors de son exil à Londres, avait emporté la plupart de ses meubles, qui y sont restés. Il ne reste plus ici que le moins intéressant, à savoir la salle d’attente et le vestibule (en gros, si vous voulez voir le divan, allez à Londres). Le cabinet et le bureau ne sont donc ici que des espaces dont les murs sont recouverts de reproductions et de quelques documents originaux, ce qui n’est pas excessivement passionnant. En revanche, la petite exposition temporaire sur Freud et la littérature était sympathique ! Et j’ai aimé la mise en scène pour entrer, comme si on allait réellement consulter.

Voilà, j’espère que cette petite parenthèse viennoise vous a plu et que je vous ai donné envie d’y aller !

Les Amours de Vienne, de Gérard de Nerval : chercher la Femme

Cette atmosphère de beauté, de grâce, d’amour, a quelque chose d’enivrant : on perd la tête, on soupire, on est amoureux fou, non d’une, mais de toutes ces femmes, à la fois. L’odor di femina est partout dans l’air, et on l’aspire de loin comme Don Juan. Quel malheur que nous ne soyons pas au printemps ! Il faut un paysage pour compléter de si belles impressions. Cependant, la saison n’est pas encore sans charmes. Ce matin, je suis entré dans le grand jardin impérial au bout de la ville ; on n’y voyait personne. Les grandes allées se terminaient très loin par des horizons gris et bleus charmants. Il y a au-delà un grand parc montueux coupé d’étangs et plein d’oiseaux. Les parterres étaient tellement gâtés par le mauvais temps  que les rosiers cassés laissaient traîner leurs fleurs dans la boue. Au-delà, la vue donnait sur le Prater et sur le Danube ; c’était ravissant malgré le froid. 

Quoi de mieux, lorsqu’on est en voyage, que de lire un récit qui se déroule dans les lieux où l’on est soi-même ? Pour ma part, c’est un de mes grands plaisirs : La Chute de Camus à AmsterdamL’Année de la mort de Ricardo Reis de Saramago à Lisbonne. Pour Vienne, j’ai d’abord été tentée, de manière somme toute logique, par la littérature autrichienne, Schnitzler ou Zweig. Mais je ne sais pas pourquoi, rien ne m’inspirait, rien ne faisait tilt. Et puis j’ai repensé à ce texte de Nerval, que j’avais lu dans une autre édition pour ma thèse sur les récits de voyage. Et ce fut lui. Il faut dire que Nerval en voyage, c’est quelque chose !

Nerval en voyage ne joue pas les touristes : dans ce texte, vous ne trouverez que très peu de descriptions de la ville et de ses monuments dit « incontournables ». A Vienne il reste trois mois et demi, où il espère avoir un avant-goût de l’Orient où il se rendra ensuite. C’est l’hiver, et ce qui l’intéresse, c’est de vivre la ville, dont il arpente sans but les rues, fréquente les cafés et les théâtre, et poursuit les femmes. Car pour lui, on ne connaît un lieu qu’en fréquentant intimement ses habitantes. Mais s’il se prend pour Casanova, c’est un Casanova de pacotille, et dans ce journal/lettre, publié dans La Revue de Paris en 1841, il raconte avec une certaine dose d’autodérision les échecs de sa quête amoureuse.

Le texte est très court, mais il se lit avec un vif plaisir : plutôt que de nous décrire les monuments, ce que saurait faire n’importe quel guide touristique, Nerval, qui hait les récits de voyage et refuse donc de se plier aux codes du genre, restitue une ambiance. Il y a ici, beaucoup d’humour, et on sourit souvent de ses aventures navrantes, mais Nerval est Nerval (même s’il n’a encore pas publié grand chose) et la mélancolie n’est jamais loin, particulièrement dans le paysage hivernal. Vienne se colore des états d’âme de celui qui l’arpente, et cela donne au récit beaucoup de charme.

A découvrir donc, que vous connaissiez Vienne ou non : c’est un enchantement !

Les Amours de Vienne (Vienne)
Gérard de NERVAL
Magellan, Heureux qui comme…, 2010
(De manière générale je vous conseille cette collection, qui regorge de pépites en terme de textes de voyage)

City guide : Vienne, les promenades

Vienne est vraiment la ville parfaite pour se promener sans forcément avoir un but précis, tant où qu’on aille on est certain de tomber sur des lieux magnifiques, des bâtiments à l’architecture fabuleuse ou des parcs où il fait bon s’asseoir et se reposer. Comme elle n’est pas construite sur le Danube, il n’est malheureusement pas possible de découvrir ses richesses en bateau ; certains conseillent à la place de faire un tour de calèche, et il y a l’embarras du choix : personnellement je ne suis pas très pour, même si c’est sans doute très romantique (mais je n’étais pas en voyage romantique) parce que j’ai lu plusieurs fois des articles qui dénonçaient la maltraitance des chevaux. Du reste, je préfère utiliser mes pieds, ça secoue moins et c’est plus facile pour prendre des photos.

Dans cet article, je vous propose donc un petit aperçu des merveilles, touristiques (je case dans cet article certains monuments que j’aurais pu mettre dans la catégorie musée, comme les palais et les églises, que je n’ai pas visités) ou non, que vous pourrez rencontrer sur votre chemin : elles ne sont pas toutes localisées et légendées, parce qu’honnêtement je ne sais plus toujours exactement où j’ai pris la photo et ce qu’elle représente. Qu’importe : pour moi l’essentiel est aussi de se laisser guider par le hasard !

Errer dans les rues (plus ou moins au hasard)

Le château de Schönbrunn

Aller à Vienne sans pousser jusqu’à Schönbrunn, la résidence d’été de la famille impériale, quand bien même les châteaux ne sont vraiment pas ma passion (et en particulier lorsqu’ils sont un peu trop rococo), eût été dommage. Nonobstant, je n’ai pas été jusqu’à visiter le château lui-même, mais j’ai effectué un tour du parc avec le petit train, et j’ai trouvé cette promenade parfaite. Les vues du château sont splendides, et les jardins magnifiques !

La Hofburg

En plein centre de la ville, l’ancien palais impérial de la Hofburg a de quoi impressionner, rien que de l’extérieur. J’ai particulièrement apprécié les dômes (je ne sais pas pourquoi j’aime beaucoup les dômes)

Le Prater

Le Prater est considéré comme l’un des dix plus beaux parcs du monde, et s’étend, entre le Danube et le canal, sur 6 km2. J’avoue que j’ai été un peu surprise, en arrivant, de tomber en fait sur Disneyland, puisqu’une partie a été transformée en parc d’attraction, même s’il reste de belles étendues de verdure où les viennois aiment venir passer la journée. Pour ma part, j’ai fait un tour de grande roue, histoire de voir la ville de haut, et de petit train. Le reste des attractions ne me disait trop rien, mais avec des enfants ça doit être sympa !

Le Volksgarten

Comme Londres, Vienne est une ville de parcs : il y en a à tous les coins de rue, certains pâtés de maison en partagent un où les habitants aiment venir profiter de la fraîcheur le soir. Et il y a les grands parcs qui verdissent la ville : le resselpark, le stadtpark, le volksgarten/burgarten, deux grands espaces verts qui communiquent un peu comme Hyde Park et Kensington.

Et voilà, j’espère que la promenade vous a plu ! La semaine prochaine, pour clore cette parenthèse viennoise, nous irons faire un petit tour dans les musées !

 

 

En mots et en images : juillet 2018

Les mots…

Welcome, july // Les grosses chaleurs // Une cérémonie pleine d’émotions // L’odeur de la pluie // Ecrire, est-ce que ça répare ? // Je te dois tout le bonheur de ma vie // Toute cette euphorie me donne la nausée. Je ne vois pas pourquoi je serais heureuse parce que 11 mecs ont marqué 2 buts, ils pourraient gagner la coupe du monde que ça ne changera rien à ma vie à moi // Ouvrir les vannes // Essayer de se calmer et profiter du beau temps. Et du temps (qui va toujours trop vite ou trop lentement mais jamais à la bonne vitesse) // Est-ce qu’un jour je serai enfin à ma place quelque part ? // Généalogie et archéologie // Il n’y a pas de mal à se faire du bien // Point. Final ? Et j’aurais vendu mon âme pour que ça ne se termine pas comme ça encore une fois // La dernière fois // Sursum CordaIl n’y a qu’à la fin qu’on écrit le mot fin // Bouffée de nostalgie // Bon, mon humeur est meilleure, j’arrive à me réjouir de cette deuxième étoile même si, voilà quoi… // Vienne. Me promener le nez au vent, m’asseoir en terrasse pour savourer un café ou une bière, admirer l’architecture, ne voir que ce qui fait battre mon cœur et non les impératifs des guides touristiques. Me déterritorialiser pour mieux me retrouver, renouveler mon inspiration et mon regard sur le monde // J’aime, décidément, voyager seule // Même si certains messages du boulot assombrissent un peu mon humeur // Ecrire, partout, tout le temps // Une surprise // Retrouver ma maison quelques jours avant de repartir vers de nouvelles aventures // Des lectures instructives chez le coiffeur // Un verre et un dîner en terrasse // Une Lune rouge et Mars qui jouent à cache-cache derrière les nuages // Un rêve angoissant // Sur la route…

Sur une idée originale de Moka

Les images…

City Guide : Vienne, les essentiels

Cette année donc, c’était Vienne. Une ville qui, au premier abord, ne m’attirait pas plus que ça (j’ai vraiment un mouvement de recul envers tout ce qui est germanique, et de manière globale, étant une vraie latine, je suis plus attirée par le bouillonnement des villes du sud, comme Lisbonne) (disons qu’elle était sur ma liste, mais pas en haut) mais je ne sais pas, j’ai été prise d’une impulsion subite, j’avais envie de Schnitzler, de Zweig, de Klimt surtout. Par contre je ne suis pas une adepte de Sissi, même si pour mes 20 ans mes parents m’ont offert une bague fabriquée avec une pièce en or de François-Joseph à laquelle je tiens beaucoup. Disons que j’y suis allée pour la Sécession et le Jugendstil (variante de l’Art Nouveau que j’aime tant), pas du tout pour la capitale de l’Empire. Néanmoins, mais on en reparlera, j’ai retrouvé énormément de ce que j’avais aimé à Prague (ce qui est somme toute logique).

La ville de Vienne jouit d’une excellente réputation : en 2017, et ce pour la 8e fois consécutive, elle a été classée en tête des villes les plus agréables à vivre au monde par le cabinet international Mercer. En outre, en 2018, on célèbre le centenaire de la mort de quatre des plus grands représentants de la modernité : Gustav Klimt, Egon Schiele, Otto Wagner et Koloman Moser, auxquels il est rendu hommage à peu près partout (enfin surtout les trois premiers). L’occasion rêvée d’y aller pour ce qui m’attirait dans cette ville, donc.

L’anticipation :

–  Pour le logement, comme tous les ans, j’ai choisi Airbnb, un très mignon studio au sud du Döbling, à l’écart du centre historique mais à deux pas du métro U4 qui permet de tout faire, et surtout, avec une terrasse (je suis maniaque des terrasses donnant sur la ville). Je m’y suis sentie comme chez moi (c’est le but) et j’y ai d’ailleurs beaucoup écrit (je me suis remise au Truc).

Pour l’avion, j’ai pris Austrian Airlines (Air France était un poil moins cher mais avec le risque de rester clouée au sol par une grève inopinée, donc sans façon, non). Je n’étais pas hyper satisfaite de l’aller : la compagnie ne propose pas de bagage drop à Roissy, ce qui fait que même en s’étant enregistré en ligne il faut faire une queue monstrueuse pour déposer sa valise (quel est donc du coup l’intérêt de s’enregistrer en ligne, surtout quand comme moi on a de la chance et qu’on tombe derrière un groupe de Japonais). En outre, le personnel de bord ne parle pas le français ce qui, sur une liaison entre Vienne et Paris, me semble problématique (oui parce que bon, les crcchh au haut-parleur, c’est déjà difficile à comprendre dans sa langue, alors en anglais mâtiné d’accent autrichien, bonjour). Mais j’ai trouvé qu’à Vienne c’était mieux organisé : il est très facile de faire le trajet entre l’aéroport et la ville, notamment par le CAT, qui n’est pas cher et qui vous conduira à Wien Mitte en 16 minutes (à quand un express de ce type en France, où c’est le parcours du combattant pour rejoindre les aéroports, je vous le demande !). Et surtout au retour j’ai pu déposer mes bagages à Wien Mitte, c’est Austrian qui s’est occupé de transférer ma valise à l’aéroport et dans l’avion, et ça m’a bien facilité les choses ! Donc au vu de l’organisation autrichienne, j’en ai déduit que c’était la France qui semait le bordel (ce qui m’a été confirmé en atterrissant à Roissy : une désorganisation sans nom).

Pour établir mon programme, j’ai fait comme d’habitude : au fur et à mesure de l’année, en lisant des articles de blog (par exemple celui-ci) ou d’ailleurs (ainsi que quelques communiqués de presse), j’ai noté les choses qui me plaisaient et me faisaient envie dans Google Map ; cette année, j’ai néanmoins complété avec le Guide Vienne du National Geographic, extrêmement bien fait et complet : chaque zone est très détaillée, avec une foule de renseignements historiques et culturels, mais ce que j’ai surtout apprécié ce sont les promenades, qui permettent, en ajoutant ou en retirant des choses en fonction de ses envies, d’établir son parcours journée par journée. Bref, je reprendrai ce guide lorsqu’il existera sur mes destinations.

– J’ai choisi de ne pas quitter Vienne, même si c’est tout à fait possible de faire des excursions dans les environs, voire à Bratislava qui n’est qu’à une heure et que l’on peut rejoindre facilement grâce à une liaison en bateau. Je le regrette presque, mais on ne peut pas tout faire !

– J’avais, comme d’habitude, acheté une carte, une Vienna Card en l’occurrence, qui permet de prendre les transports en commun sans se casser la tête de savoir comment ça fonctionne, et propose en outre de nombreuses réductions : partout où je suis allée, j’ai économisé des sous grâce à elle, donc bon investissement. Prendre la rouge si vous voulez les transports !

– Last but not least, on m’avait proposé avant de partir de tester une application qui s’appelle Desticity et qui propose des mini-audioguides sur les lieux incontournables, une vingtaine pour Vienne parmi lesquels le Belvédère, la Cathédrale, le Rathaus ou encore la Sécession. L’essentiel en peu de mots. Si vous souhaitez tester à votre tour, pas forcément à Vienne, je vous offre un bon de 10€ pour télécharger la destination de votre choix : pour cela, il vous suffit d’utiliser le code DESTICULTURELLE !

A savoir avant de partir :

Les transports : le métro fonctionne très bien, il est clair, propre et pas bondé. Je suis moins enthousiaste sur le tram. Après, l’essentiel peut se faire à  pieds, car les distances sont plutôt réduites dans le centre (j’ai souvent été surprise d’ailleurs que des monuments que j’imaginais un peu loin les uns des autres soient en fait juste à côté).

La météo : est très variable, j’ai eu de la chaleur insupportable, de la pluie, des orages, le tout parfois dans une même journée. J’avais prévu mes bagages en conséquence : robes légères et sandales l’essentiel du temps, et jean/basket pour les journées plus mitigées (mais comme les jours qui commençaient mitigés se terminaient en chaleur accablante et inversement, ce n’était pas toujours idéal)

La langue : l’essentiel du temps, vous pourrez vous débrouiller avec l’anglais ; je dis l’essentiel du temps parce que j’ai été surprise, à 2-3 occasions, d’avoir face à moi un interlocuteur qui n’en parlait pas un mot, et sachant que ma connaissance de la langue de Goethe se résume à Ich liebe dich, vous imaginez le problème (je ne dis pas Ich liebe dich comme ça). Personne ne parle français, ou alors que des gens que je n’ai pas rencontrés…

L’argent : file vite, comme partout ailleurs. Les lieux touristiques sont un peu chers, par contre j’ai trouvé que dans les restaurants et les supermarchés, ce n’était pas exorbitant, voire très raisonnable. J’avais lu que souvent ils refusaient la CB, je n’ai pas eu le problème. Attention avec le liquide, les distributeurs ne délivrent souvent que de grosses coupures et j’ai eu des sueurs froides lorsque je me suis retrouvée avec un billet de 100 qui en France aurait été refusé par tous les commerçants sauf pour un gros achat, mais en fait non, vous pouvez payer votre café avec, ça ne les gêne pas.

– J’ai trouvé qu’il n’y avait pas beaucoup de monde, même dans les lieux très touristiques, je n’ai jamais fait la queue pour visiter. Je m’interroge sur ce point, mais apparemment tout le monde le dit de partout…

Où boire ? Où manger ?

Vienne est une ville à terrasses, à chaque coin de rue vous avez l’embarras du choix. Sachant que c’est une de mes activités favorites, je ne vais pas vous faire la liste de tous les endroits où je me suis arrêtée, je me contenterai donc du notable :

– Figlmüller : les escalopes panées, plus milanaises que viennoises d’ailleurs, étant un de mes plats préférés, il m’était impossible de ne pas aller en goûter une dans leur temple, une véritable institution qui a un peu tendance malheureusement à se transformer en parc touristique : une longue attente, c’est un peu l’usine et on vous encourage à partager votre table avec d’autres pour remplir (c’est convivial, cela dit, et j’ai ainsi déjeuné avec un couple d’Américains et un couple d’Israéliens). C’est quand même à faire : l’endroit est très beau, les schnitzels sont gigantesques et excellentes, et les prix ma foi pas exagérés.

– Café Sacher : une institution pour la fameuse sachertorte qu’ils ont inventée. Là encore, il faut un peu faire la queue tant le touriste s’y presse, mais c’est une expérience : endroit luxueux, ambiance feutrée, serveurs en livrée, et un gâteau absolument renversant (pour un prix qui ne m’a pas fait tomber de ma chaise).

Café Central : il y a à Vienne une multitude de vieux cafés historiques, et ne pouvant tous les tester je me suis décidée pour le café central. Là encore il y a la queue (en fait à Vienne je n’ai fait la queue que pour manger), je n’ai pour ma part pas trop attendu mais lorsque je suis ressortie je pense que l’attente était longue. J’y ai mangé un excellent apfelstrudel dans un décor absolument sublime.

– Fischerbrau : alors là, on change complètement d’ambiance. Il s’agit d’une, sinon de la plus ancienne brasserie de Vienne, et elle se trouvait juste en face de l’appartement que j’avais loué : il aurait été dommage de ne pas tester. Franchement, j’étais ravie : un jardin très agréable, une excellente bière maison, un plat (des saucisses viennoises) simple mais copieux et très bon, et le tout pour vraiment pas cher. L’endroit n’est pas du tout fréquenté par les touristes, et d’ailleurs ils ont eu du mal à me trouver une version anglaise du menu, mais du coup, c’est vraiment typique : n’hésitez pas !

Où et que shopper ?

Comme ailleurs, les boutiques de souvenirs ne manquent pas, et les jolies choses voisinent avec les horreurs habituelles. Sissi, Klimt et Mozart sont mis à peu près à toutes les sauces, de la tasse au porte-clé en passant par des trucs non identifiés. Vous me connaissez, ce n’est pas trop ce que je cherche. On se contentera donc :

A manger : j’ai rapporté un excellent fromage tyrolien, du Heumilchkäse, bêtement acheté au supermarché du coin (et que j’espère pouvoir retrouver chez l’un de mes fromagers) ; de manière générale, j’adore écumer les supermarchés à l’étranger, on trouve toujours des choses que l’on ne trouve pas chez soi, mais j’ai dû me limiter (je n’ai pas pu rapporter de crème au chocolat Milka qui est pourtant une tuerie absolue). J’ai également rapporté des gaufrettes Manner, que l’on trouve aussi en supermarché mais aussi dans des boutiques dédiées, dans de jolies boîtes pour offrir à sa grand-mère. Je suis d’ailleurs embêtée parce que c’est devenu ma nouvelle drogue et je ne sais pas comment je vais faire (enfin si, je pourrai les commander). Autre « incontournable » : les boules Mozart, on en trouve partout, je n’en ai pas pris parce que j’en avais rapporté de Prague et pas trouvé extraordinaire (bon, mais pas à tomber, et comme elles risquaient de souffrir avec la chaleur…).

Les boutiques des musées : c’est vraiment là que je préfère acheter mes souvenirs, pas seulement livres et cartes-postales mais ils proposent souvent de jolis objets décoratifs (et également des trucs d’un goût plus douteux, c’est un fait) ; j’aurais bien rapporté un vase en cristal avec le baiser de Klimt émaillé mais j’avais peur qu’il arrive en kit. La boutique du musée Leopold et celle du Belvédère sont mes deux préférées.

– Une boutique où on trouve de jolies choses est située en face de Figlmüller, elle regorge de souvenirs artisanaux. J’y ai acheté du cristal et deux jolis magnets.

Swarovski : j’ai craqué, il y avait des soldes et un joli pendentif exactement comme je cherchais ; alors vous allez me dire qu’on en trouve partout, des boutiques, et je dirai certes, mais c’est quand même local !

Les livres : alors j’ai un peu écumé les librairies mais je n’en ai pas trouvé de waow. J’étais à la recherche de mon exemplaire « souvenir de voyage » de Bonjour Tristesse que je n’ai pas trouvé donc une nouvelle fois je me suis rabattue sur Le Petit Prince qui me semble plus facile pour mon projet vu que c’est le livre le plus traduit au monde (mais maintenant, je ne l’ai pas en néerlandais) !

– Et puis, comme d’habitude j’ai gardé tous mes tickets, prospectus etc. ainsi qu’une pièce de 50cts représentant la Secession frappée en 2018, pour ma Vienna Box : ce sont finalement les meilleurs souvenirs !
vienna box

Voilà pour les essentiels pratiques. La semaine prochaine on se baladera dans les rues, les parcs et tout ça, et la semaine suivante on visitera les musées !

(Je n’ai pas fait de vraie video, simplement une story sur Instagram que vous pouvez voir ici)

Promenade dominicale au bord de l’eau

Profiter encore une fois du beau temps pour, après les agapes de Noël, se promener au bord de l’eau et profiter des jeux de reflets… et donc de m’adonner à l’une de mes manies photographiques ! Donc, pour le plaisir des yeux :