Avouer mon admiration, dire que telle ou telle personne fait partie de mon panthéon personnel, cela revient à trouver, dans l’environnement des artistes qui font mon quotidien, ce qui me définit le mieux.
Alors que le bashing médiatique est à la mode, Tristane Banon choisit au contraire, dans ses chroniques, d’adresser des mots d’amour aux personnalités qui la touchent : au lieu de dire la haine, le mépris, l’agacement, elle dit l’admiration. Ce livre est un recueil de ces lettres d’amour radiodiffusées, des lettres dont l’impératif est qu’elles s’adressent à des gens qu’elle admire mais ne connaît pas personnellement. Pour les besoins du livres, d’autres, plus personnelles, ont été ajoutées, et l’ensemble des textes a été contextualisé.
Cette idée de départ est jolie, et c’est bien ce projet qui a attiré mon attention, projet que j’estime d’ailleurs salutaire et on devrait tous se livrer de temps en temps à l’exercice ; peut-être que si on y mettait un peu plus d’amour, d’ailleurs, le monde irait mieux.
L’ensemble est, évidemment, touchant, mais inégalement : comme le dit l’auteure, dire qui nous aimons c’est aussi dire qui nous sommes, et parmi les personnalités auxquelles s’adressent Tristane Banon, certaines me laissent totalement de marbre, d’autres me sont inconnues, et je n’en apprécie pas quelques unes. Mais certaines lettres m’ont vraiment beaucoup émue, notamment celle à Gisèle Halimi, ou celle à Eric Naulleau, qui permet de voir le personnage sous un jour différent. Et puis, l’idée générale de dire aux gens qu’on les aime tant qu’ils sont en vie fait du bien.
Après, je trouve que Tristane Banon a un peu tendance à tourner en rond sur certains événements, et cela finit par mettre à distance. Je suis également réservée sur l’écriture « slam » qui ne me semble pas nécessaire ici, mais le fait est que je déteste le slam, donc d’autres sans doute apprécieront.
En tout cas, c’est une belle idée, et lire des mots d’amour, d’admiration, ça met un peu de beauté dans le quotidien.
Love et caetera
Tristane BANON
L’Archipel, 2015