Une chute qui a tout précipité. Une tornade qui laisse derrière elle une terre rasée. Qui sait ce qui peut encore y pousser. Traumatisme crânien sévère, rééducation difficile, communication inexistante. Le drame, le chaos, la tragédie.
Milo, douze ans, a un accident de vélo sur une route de campagne. Il est dans le comas, et le fragile équilibre de la famille vole en éclats.
Tous aiment Milo. Ses parents, Céleste et Lino. Sa grand-mère Jeanne. Sa jeune tante Marguerite. Mais est-ce que cela suffira ?
Ce roman, c’est une tragédie grecque, qui va de la colère au pardon en passant par la haine, la vengeance et l’amertume. Cinq actes, donc, au cours desquels les coupables, c’est-à-dire tout le monde, viennent tour à tour raconter leur petit bout d’histoire selon leur point de vue. Coupables ? Oui, mais comme dans une tragédie grecque, ils sont aussi, en même temps, victimes. Aucun n’est innocent, tous ont leur part de noirceur, mais aussi leur part de souffrance. Chacun est une victime de la fatalité, du destin, de la machine infernale. Aucun n’est un vrai salaud, et c’est ce qui rend ce roman si bouleversant : il nous met face à nos faiblesses, nous oblige à déplacer les meubles et déloger les araignées qui sont planquées dessous. Crever l’abcès. Nous sommes tous victimes, et c’est un roman que chacun prendra et lira différemment, selon son passé, son histoire ; j’ai, personnellement, été particulièrement touchée par Marguerite. Mais nous somme tous, aussi, coupables, et capables de devenir des monstres. Peut-être.
Un roman très fort, très difficile, comme un uppercut, qui m’a fait pleurer, que j’ai lu dans un souffle, et que je conseille fort !
Pardonnable, impardonnable
Valérie TONG CUONG
Lattès, 2015
Lu par Leiloona