Pardonnable, impardonnable, de Valérie Tong Cuong

Pardonnable, impardonnableUne chute qui a tout précipité. Une tornade qui laisse derrière elle une terre rasée. Qui sait ce qui peut encore y pousser. Traumatisme crânien sévère, rééducation difficile, communication inexistante. Le drame, le chaos, la tragédie.

Milo, douze ans, a un accident de vélo sur une route de campagne. Il est dans le comas, et le fragile équilibre de la famille vole en éclats.

Tous aiment Milo. Ses parents, Céleste et Lino. Sa grand-mère Jeanne. Sa jeune tante Marguerite. Mais est-ce que cela suffira ?

Ce roman, c’est une tragédie grecque, qui va de la colère au pardon en passant par la haine, la vengeance et l’amertume. Cinq actes, donc, au cours desquels les coupables, c’est-à-dire tout le monde, viennent tour à tour raconter leur petit bout d’histoire selon leur point de vue. Coupables ? Oui, mais comme dans une tragédie grecque, ils sont aussi, en même temps, victimes. Aucun n’est innocent, tous ont leur part de noirceur, mais aussi leur part de souffrance. Chacun est une victime de la fatalité, du destin, de la machine infernale. Aucun n’est un vrai salaud, et c’est ce qui rend ce roman si bouleversant : il nous met face à nos faiblesses, nous oblige à déplacer les meubles et déloger les araignées qui sont planquées dessous. Crever l’abcès. Nous sommes tous victimes, et c’est un roman que chacun prendra et lira différemment, selon son passé, son histoire ; j’ai, personnellement, été particulièrement touchée par Marguerite. Mais nous somme tous, aussi, coupables, et capables de devenir des monstres. Peut-être.

Un roman très fort, très difficile, comme un uppercut, qui m’a fait pleurer, que j’ai lu dans un souffle, et que je conseille fort !

Pardonnable, impardonnable
Valérie TONG CUONG
Lattès, 2015

Lu par Leiloona

On aurait dit une femme couchée sur le dos, de Corine Jamar

On aurait dit une femme couchée sur le dosCe n’est peut-être pas un hasard si c’est en Crète, qui a donné naissance à tant de tragédies, que ma mère a décidé de vivre.

Une plage crétoise. Une petite cantine pour touristes qui, après des début difficiles, jouit d’un certain succès. Un mari beau à se damner, fier et aimant. Cela ressemble au bonheur, pour Samira. Mais, telles les Erinyes, le poids du passé pèse sur elle.

Voilà un roman qui donne tout simplement envie de sauter dans le premier avion en partance pour Héraklion (ou, plus économique, de revoir Zorba le Grec). Surtout quand on le lit tranquillement sur son hamac et qu’on se prend une averse sur la tête*. Le soleil, la mer, les rochers, tout cela donne bien une idée du paradis, surtout que l’écriture subtile de Corine Jamar nous permet d’accéder à tout un univers sensoriel : les bruits, les couleurs, les odeurs, les goûts, tout est décrit au point que l’on a l’impression d’y être. Mais là n’est pas le seul intérêt du roman : l’auteur choisit un lieu chargé de contrastes, terre où se rencontrent les traditions et la modernité, et met en place un récit qui, imprégné de mythes et déployant les procédés de la tragédie grecque, nous parle du monde d’aujourd’hui, et d’une femme d’aujourd’hui, qui cherche à faire la paix avec elle-même et avec son passé. Samira est vraiment un personnage touchant, avec ses failles et ses forces, ses interrogations et ses doutes, ses espoirs et ses peurs. A ses côtés, toute une galerie d’autres personnages forts donnent au roman une vraie présence, et permettent d’aborder des thèmes centraux comme l’amour, l’amitié ou la famille.

Une très jolie découverte donc que ce roman à la fois léger et profond !

Lu par Paikane

On aurait dit une femme couchée sur le dos
Corine JAMAR
Castor Astral, 2014

challengerl20148/12
By Hérisson

* Du coup je considère que même si ça n’a pas été filmé, vu le nombre d’averses que je me suis prises cet été, j’ai participé au Ice Bucket challenge !