Autrice indépendante : le Grand Jour

C’est aujourd’hui que sort mon deuxième roman, Tout écrivain doit avoir le coeur brisé !

C’est, une nouvelle fois, un mélange d’excitation, de fierté et de peur. Mais surtout de fierté et d’excitation ! C’est un roman sur lequel j’ai travaillé depuis 2016, dont les personnages ont grandi et évolué avec moi au fil des années, un roman qui m’a beaucoup appris tant du point de vue personnel que de celui de l’écriture, et voilà, aujourd’hui il est temps qu’il se détache de moi et qu’il aille vivre sa vie dans le monde, comme un grand !

J’espère que vous l’aimerez autant que moi ! Il est disponible en broché et en numérique : Tout écrivain doit avoir le cœur brisé !

Instantané : Bande annonce

Quand on est autrice indépendante, il faut tout faire : écrire le livre, bien sûr (cela reste tout de même la partie essentielle), mais aussi les trucs administratifs, les trucs techniques comme la mise en page et la couverture (même si on peut, aussi, engager des prestataires), et la communication. J’avoue que je n’aime pas tellement la partie technique : mettre en page le fichier, créer l’ebook, à chaque fois cela me met les nerfs en pelote, surtout quand KDP me signale qu’il y a des polices non reconnues sur une page qui est… blanche, ou que Calibre me met des sauts de pages là où il n’y en a pas. Par contre, il y a une chose que j’ai découvert adorer faire : les bande-annonce. C’est un peu technique, mais c’est surtout créatif et j’adore ça !

Pourtant, je n’avais pas prévu d’en faire pour Tout Ecrivain doit avoir le cœur brisé ! Je trouvais cela un peu dommage, mais je n’avais strictement aucune idée. Et dimanche dernier, la grande magie a à nouveau opéré : les mots sont venus, les images aussi, il ne me restait plus qu’à trouver ce que je voulais et à faire le montage. Evidemment (je n’en suis plus surprise) j’ai trouvé exactement les images qui convenaient.

Ce que je trouve extraordinaire, c’est la manière dont, parfois, en laissant reposer les choses, en ne forçant pas, elles se font en arrière-plan et se manifestent lorsqu’elles sont prêtes ! Un peu comme Athéna, qui grandit pour sortir ensuite casquée et armée de la tête de son père.

Si vous ne l’avez pas déjà vu, je vous présente donc le booktrailer de Tout Ecrivain doit avoir le cœur brisé, qui sort le 3 mars mais que vous pouvez d’ores et déjà pré-commander en version numérique :

Secrets et transparence

C’est encore une fois une question d’écriture. La manière dont, en écrivant, nous avons parfois accès à des secrets : nous croyons inventer, et nous ne faisons que mettre au jour une vérité que nous ne connaissions pourtant pas. Je ne parle pas uniquement des secrets de famille, de ces faits que l’on cache aux enfants pour les protéger alors que non seulement ça ne protège de rien mais encore, ils savent malgré tout ce qu’on fait pour qu’ils ne sachent pas. Cela m’est arrivé de nombreuses fois. C’est un des aspects de l’écriture prédictive, finalement. Ce fut le cas dernièrement avec Adèle. Mais surtout avec Tout Ecrivain doit avoir le cœur brisé.

J’en parlais l’autre jour : pendant de longues semaines, François a refusé de me livrer son secret, ce qui fait que j’écrivais un peu dans le brouillard. Je parle ici de François comme d’une personne réelle, parce que, quelque part, il l’est. Un beau jour (en réalité, un jour triste), François a décidé de révéler ce secret à Johanne. Et, parce que la mise en abyme est la figure organisatrice de toute mon écriture, il se trouve qu’en écrivant, Johanne avait justement eu accès à ce secret.

Sauf que le plus fort restait à venir. Quelques mois plus tard, quelqu’un qui m’est plus précieux que l’air que je respire m’a offert (je le vois comme une offrande) son secret. Et que ce secret, et bien, il était assez proche de celui de François. Autant dire que cela ne m’a guère étonnée, lorsque j’ai fait le thème astral de François, d’y trouver des placements similaires à celui de l’individu précieux, alors qu’au départ ils n’ont rien à voir l’un avec l’autre. Enfin, consciemment, bien sûr.

Et là, bien sûr, on se heurte (Johanne et moi) au dilemme de l’écrivain : écrire sur ses propres secrets, être transparent, ce n’est pas un problème. Mais que faire des secrets des autres, même lorsqu’on n’y a pas eu accès consciemment ? Cette peur de passer pour un traître, un écrivain vampire qui se nourrit de la vie des autres, quand bien même ce n’est pas ce qui s’est passé ?

Johanne a réécrit, changé des éléments. J’ai réécrit, changé des éléments, mais avec tout de même la peur de toucher involontairement à une partie de la vérité que je ne connais pas. Ce qui serait, pour tout dire, une malédiction…

Autrice indépendante : Tout écrivain doit avoir le cœur brisé

Un jour du printemps 2016, alors que je venais juste de prendre la décision d’envoyer enfin le manuscrit de L’Aimante (qui n’était pas du tout ce qu’il est aujourd’hui, d’ailleurs) à des éditeurs, deux personnages ont débarqué chez moi pour que j’écrive leur histoire. J’étais un peu surprise : je n’avais pas du tout prévu d’écrire un deuxième roman alors que je ne savais pas encore quoi faire du premier. Mais ils se sont montrés très insistants, et je n’ai pas eu d’autre choix que de m’atteler à l’écriture. Avec beaucoup de joie, même si je ne savais pas du tout où j’allais.

Avec le recul des années, je vois de quoi et de qui est né ce roman, mais à l’époque, je ne le voyais pas du tout. Ce que je voyais, c’était deux personnages d’écrivains, deux fauves, deux êtres abîmés par la vie, qui se retrouvent, pour une opération marketing de leur maison d’édition, devoir passer une semaine ensemble dans la maison de l’un d’eux, une maison que d’ailleurs je connais bien, dans une région que j’aime.

Johanne est une jeune autrice, qui vient de publier un premier roman qui ressemble beaucoup à L’Aimante. Et qui, donc, me ressemble beaucoup, surtout à l’époque. François, lui, est un écrivain célèbre et reconnu, il a même eu le prix Goncourt, mais certains événements ont fait qu’il se montre très hostile envers Johanne et sa manière d’être. Au fil du temps, je me suis rendu compte que lui aussi me ressemblait beaucoup, même s’il ressemble aussi à quelqu’un d’autre, ce que je ne pouvais pas savoir à l’époque.

C’est une sorte de romance. Mais pas seulement, et je crois que c’est mon style, quelqu’un me l’avait dit un jour : me servir des codes de la romance, en faire un cadre que je peux ensuite dépasser. Ici il est question, une nouvelle fois, de découvrir ce qui se cache au fond de nous, des secrets, et d’écriture.

Plusieurs fois, au cours des différentes phases d’écriture, j’ai expérimenté la Grande Magie.

La première fois, c’est lorsqu’au cours d’une conversation, François donne à Johanne une interprétation très personnelle de ce qu’elle écrit. Les mots sont venus sous mes doigts sans que j’y réfléchisse, et lorsqu’ils se sont posés sur la page, j’ai été aussi perturbée que Johanne par ce qui semblait une révélation existentielle. Il m’a révélé sur L’Aimante quelque chose que je n’avais pas vu (et je ne sais toujours pas s’il a raison ou non). Peu après d’ailleurs, j’ai interviewé une autrice, dans le roman duquel il y avait me semblait il quelque chose du même ordre, et j’ai eu confirmation qu’elle aussi avait vécu cette expérience de découvrir quelque chose d’essentiel grâce à son personnage.

La deuxième fois, c’est lorsqu’après des pages et des pages écrites sans savoir quel était ce secret dont François ne voulait parler à personne (même à moi, son auteur, c’était quand même un monde), il nous l’a enfin révélé, à Johanne et à moi. En fait, la grande magie a eu lieu plusieurs mois après, lorsque ce secret fictif est venu, d’une certaine manière, percuter un autre secret, réel celui-là. Avec assez de différences (encore que, je ne sais pas tout) pour que je puisse laisser tel quel, mais tout de même.

La troisième fois, j’en ai parlé, c’est lorsque dans une phase de réécriture, je me suis mise en tête de faire le thème astral de François, et que tout était tellement juste et nourri de synchronicités par rapport à autre chose que j’ai souri.

Et d’autres fois, que je ne vais pas énumérer. C’est aussi dans ce roman qu’est née Adèle, vous verrez comment.

Donc voilà, il s’appelle Tout écrivain doit avoir le cœur brisé en référence à une phrase d’Hemingway à Salinger. Il sort le 3 mars, et j’espère que vous prendrez autant de plaisir à le lire que moi à l’écrire.