Un jour du printemps 2016, alors que je venais juste de prendre la décision d’envoyer enfin le manuscrit de L’Aimante (qui n’était pas du tout ce qu’il est aujourd’hui, d’ailleurs) à des éditeurs, deux personnages ont débarqué chez moi pour que j’écrive leur histoire. J’étais un peu surprise : je n’avais pas du tout prévu d’écrire un deuxième roman alors que je ne savais pas encore quoi faire du premier. Mais ils se sont montrés très insistants, et je n’ai pas eu d’autre choix que de m’atteler à l’écriture. Avec beaucoup de joie, même si je ne savais pas du tout où j’allais.
Avec le recul des années, je vois de quoi et de qui est né ce roman, mais à l’époque, je ne le voyais pas du tout. Ce que je voyais, c’était deux personnages d’écrivains, deux fauves, deux êtres abîmés par la vie, qui se retrouvent, pour une opération marketing de leur maison d’édition, devoir passer une semaine ensemble dans la maison de l’un d’eux, une maison que d’ailleurs je connais bien, dans une région que j’aime.
Johanne est une jeune autrice, qui vient de publier un premier roman qui ressemble beaucoup à L’Aimante. Et qui, donc, me ressemble beaucoup, surtout à l’époque. François, lui, est un écrivain célèbre et reconnu, il a même eu le prix Goncourt, mais certains événements ont fait qu’il se montre très hostile envers Johanne et sa manière d’être. Au fil du temps, je me suis rendu compte que lui aussi me ressemblait beaucoup, même s’il ressemble aussi à quelqu’un d’autre, ce que je ne pouvais pas savoir à l’époque.
C’est une sorte de romance. Mais pas seulement, et je crois que c’est mon style, quelqu’un me l’avait dit un jour : me servir des codes de la romance, en faire un cadre que je peux ensuite dépasser. Ici il est question, une nouvelle fois, de découvrir ce qui se cache au fond de nous, des secrets, et d’écriture.
Plusieurs fois, au cours des différentes phases d’écriture, j’ai expérimenté la Grande Magie.
La première fois, c’est lorsqu’au cours d’une conversation, François donne à Johanne une interprétation très personnelle de ce qu’elle écrit. Les mots sont venus sous mes doigts sans que j’y réfléchisse, et lorsqu’ils se sont posés sur la page, j’ai été aussi perturbée que Johanne par ce qui semblait une révélation existentielle. Il m’a révélé sur L’Aimante quelque chose que je n’avais pas vu (et je ne sais toujours pas s’il a raison ou non). Peu après d’ailleurs, j’ai interviewé une autrice, dans le roman duquel il y avait me semblait il quelque chose du même ordre, et j’ai eu confirmation qu’elle aussi avait vécu cette expérience de découvrir quelque chose d’essentiel grâce à son personnage.
La deuxième fois, c’est lorsqu’après des pages et des pages écrites sans savoir quel était ce secret dont François ne voulait parler à personne (même à moi, son auteur, c’était quand même un monde), il nous l’a enfin révélé, à Johanne et à moi. En fait, la grande magie a eu lieu plusieurs mois après, lorsque ce secret fictif est venu, d’une certaine manière, percuter un autre secret, réel celui-là. Avec assez de différences (encore que, je ne sais pas tout) pour que je puisse laisser tel quel, mais tout de même.
La troisième fois, j’en ai parlé, c’est lorsque dans une phase de réécriture, je me suis mise en tête de faire le thème astral de François, et que tout était tellement juste et nourri de synchronicités par rapport à autre chose que j’ai souri.
Et d’autres fois, que je ne vais pas énumérer. C’est aussi dans ce roman qu’est née Adèle, vous verrez comment.
Donc voilà, il s’appelle Tout écrivain doit avoir le cœur brisé en référence à une phrase d’Hemingway à Salinger. Il sort le 3 mars, et j’espère que vous prendrez autant de plaisir à le lire que moi à l’écrire.
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