Citadelles, de Kate Mosse

CitadellesL’idée était fantasque, mais il lui semblait que l’histoire refusait de se laisser conter. Murmures, jeux de lumières, traces, rumeurs… La vérité restait obstinément hors de portée. Il avait l’impression d’être seul sur une scène nue, tandis que des personnages attendaient, invisibles, en coulisses.

Pour moi, l’un des plaisirs de l’été, c’est de me plonger dans de gros thrillers historico-ésotériques, et lorsque j’ai appris que Kate Mosse, après les excellents Labyrinthe et Sépulcrevenait de publier le troisième volet de sa trilogie du Languedoc, je n’ai guère pu refréner mes ardeurs, alors même que le roman se situe dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale, thème que j’évite autant que faire se peut, comme je l’ai dit hier.

Comme souvent dans ce genre d’ouvrage, deux temporalités alternent : d’un côté, un moine du IVe siècle, Arianus, a fui Lugdunum afin de mettre à l’abri un mystérieux Codex que l’Eglise cherche à détruire ; de l’autre, en 1942, beaucoup de gens cherchent ce Codex, qui pourrait, selon les mains entre lesquelles il tombera, soit faire plonger le monde dans le chaos, soit le sauver…

Dans ce roman très angoissant, véritable page turner s’il en est, on retrouve les ingrédients essentiels du genre : de l’amour, des complots, des trahisons, du mystère, de vieilles légendes, les cathares, la gnose, la mystérieuse Ahnenerbe, tout cela sur fond de lutte millénaire entre le Bien et le Mal. Et ici, le Mal, qui semble toujours renaître à intervalles cycliques comme le montre le personnage de Baillard, mystérieux érudit qui semble traverser les époques (et qui me semble-t-il est présent dans Labyrinthe), le Mal, donc, prend son visage le plus effrayant : le nazisme, la barbarie absolue, la monstruosité humaine dans ce qu’elle a de pire. On volette donc d’un personnage à l’autre, des mauvais aux gentils pour lesquels on ne peut s’empêcher de trembler : les Résistants, donc, avec cette originalité que l’auteure a choisi de s’intéresser à un réseau féminin, ce qui change un peu. Du reste, Kate Mosse, bien qu’anglaise, connaît particulièrement bien ce sud de la France où règne une espèce d’énergie mystérieuse proprement envoûtante. J’ai souffert beaucoup en lisant ce roman à cause du contexte, j’ai pleuré pas mal, mais je ne regrette rien.

Un roman parfait pour les vacances, mystérieux et instructif, qu’on ne peut pas lâcher !

Citadelles
Kate MOSSE
Lattès, 2014

Les Héritiers de Camelot, de Sam Christer

13034491635_10e54fab77_oSache que la connaissance n’est jamais absolue. Sache-le ou tu ne comprendras jamais le Cycle d’Arthur, comment il se meut avec les planètes et comment il façonne l’histoire de la Terre.

Lorsqu’un antiquaire américain semble-t-il peu scrupuleux est assassiné dans sa boutique, Mitzi Fallon, qui vient de prendre son nouveau poste au service des crimes historiques, religieux et inexpliqués est mise sur l’affaire, car une vieille relique apparaît liée au meurtre : une croix celtique, qui pourrait bien avoir plus de valeur qu’elle n’en a l’air…

J’avoue que j’ai eu un peu de mal à entrer dans ce roman qu’en raison de son genre je m’étais réservé pour les vacances : une écriture très lourde ( à cause de la traduction ?), des remarques et des dialogues parfois navrants voire affligeants et cherry on the cake un cliché que je ne supporte plus : celui du flic alcoolique au lourd passé douloureux.

Fort heureusement, ces désagréments sont rapidement passés au second plan, grâce à une histoire plutôt bien tournée, et je me suis retrouvée happée dans cet univers où le Bien, des chevaliers des temps modernes, descendants des chevaliers de la Table ronde, déguisés en lord anglais (j’avoue un crush total pour le personnage d’Owain Gwyn, et je tuerais pour avoir l’occasion de jeter un oeil dans son extraordinaire bibliothèque), lutte contre le Mal à l’état pur, qui prend ici le visage d’Al-Qaïda. Les personnages sont plutôt intéressants et intrigants, notamment celui de Myrddin. C’est évidemment très manichéen, mais bien fait, la fin est rude pour les nerfs et laisse présager une suite, car certains mystères demeurent…

Bref, un thriller qui ne révolutionnera pas le genre, mais qui ravira ses amateurs, au demeurant nombreux, et qui permet de passer un bon moment : parfait pour les vacances !

Les Héritiers de Camelot
Sam CHRISTER
MA, 2014

Le livre des prophéties, de Glenn Cooper

12654290245_fabf05a09d_oSelon lui, les médias ne faisaient qu’aggraver l’affolement général, et il ne s’étonnait pas que la situation empire. Avec les gens qui commençaient à se désintéresser de leur travail, les indices de productivité s’effondraient. Une philosophie fataliste et hédoniste prenait le dessus, et les slogans créés par le gouvernement étaient incapables d’en arrêter la progression. La Bourse était en baisse et les ventes d’alcool en hausse. La tension régnait au sein des couples, qui se défaisaient. Les suicides se multipliaient. 

Voici le dernier volume de la trilogie ésotérique de Glenn Cooper, commencée avec Le livre des morts et poursuivie avec Le livre des âmesdeux romans que j’avais littéralement dévorés.

Nous voici projetés en janvier 2026, un peu plus d’un an avant l’horizon des événements. Les gens commencent évidemment à s’inquiéter et à se demander ce qui va réellement se passer le 9 février 2027. Tout s’accélère lorsque de nouvelles cartes postales arrivent à destination des membres de la communauté sino-américaine, et que Philip, le fils de Will et Nancy, disparaît…

Comme les deux autres fois, j’ai été totalement cueillie par cette histoire que j’ai dévorée d’une traite. D’autant que, pour une fois, je n’ai guère eu de mal à raccrocher le fil de l’histoire, l’auteur ayant trouvé un moyen assez malin pour nous faire un résumé (nécessaire) des épisodes précédents. Glenn Cooper a de toute évidence beaucoup d’imagination, et un talent certain pour captiver son lecteur : une fois ouvert, on ne peut plus guère le poser : c’est admirablement construit, alternant le passé et le présent et distillant les informations au compte-goutte. Mais au-delà de l’histoire elle-même, qui m’a une nouvelle fois plongée dans des abîmes de perplexité métaphysique, j’ai surtout été fascinée par le tableau qu’il fait du monde dans 20 ans. C’est à la fois amusant, avec les technologies de pointe, et terrifiant (tout en étant tout à fait vraisemblable) lorsqu’il s’agit de géopolitique.

Bref, un excellent page-turner, qui clôt en beauté une série de grande qualité !

Le Livre des Prophéties
Glenn TURNER
Le Cherche-Midi, 2014

Le symbole perdu, de Dan Brown


symboleperdu

Que ce soit pour demain ou pour plus tard, reprit Solomon, je trouve remarquable qu’au cours de l’histoire humaine toutes les religions, toutes les croyances fassent référence à cet évènement particulier : la venue de la grande illumination. Dans toutes les cultures, quelle que soit l’époque ou la région du globe, l’aspiration ultime des individus s’est portée sur un seul et même concept : l’apothéose de l’homme, la transformation de l’esprit humain qui révélera sa véritable puissance. (Un grand sourire anima son visage). Comment expliquer une telle synchronicité ? Qu’est-ce qui peut la justifier ?

Cela faisait bien longtemps que j’avais envie de lire ce roman, depuis sa sortie en fait. Mais pour une fois j’ai été raisonnable, et j’ai attendu qu’il sorte en poche. Là par contre, je n’ai pas tergiversé longtemps, et je me suis pour ainsi dire jetée dessus. Et je suis très bon public, parce que vraiment, les thrillers ésotériques, dont Dan Brown est un des représentants majeurs, j’adore ça.

Nous retrouvons donc dans ce roman notre ami Robert Langdon (que je ne peux pas m’empêcher d’imaginer comme quand même plus émoustillant que Tom Hanks), en route pour Washington où il doit donner une conférence au débotté. En effet, le matin même, le secrétaire de son plus vieil ami, Peter Solomon, un homme richissime et puissant, l’a appelé en urgence pour qu’il rende ce service. Quant au lieu de la conférence, ce n’est rien moins que le Capitole ! Seulement voilà : une fois sur place, Robert se rend compte qu’aucune conférence n’est prévue, et qu’on l’a manipulé. Ce qu’on attend de lui n’est pas un simple discours, mais bien de mettre au jour un des secrets les mieux gardés de l’histoire de l’humanité.

J’ai vraiment passé un très bon moment avec ce roman. Comme je l’ai dit, je suis, il est vrai, très bon public pour le genre, ce qui ne m’empêche pas une certaine distance critique. Mais là, nul besoin, car tout tient la route. Certes, ce n’est ni un traité historique ou scientifique ou ésotérique, c’est une fiction, un divertissement (je tiens à le préciser car certaines âmes chagrines ne peuvent s’empêcher de trouver des arguments scientifiques pour dire que non non, ce n’est pas crédible…. ahemmm, je le répète : nous sommes dans un roman). Mais un divertissement qui ouvre des portes à la curiosité du lecteur : j’ai lu, mon smartphone à mes côtés, ne cessant de chercher un renseignement ou un autre, une image des oeuvres évoquées. J’ai envie d’en savoir plus sur la noétique, la théorie de la convergence, l’accès aux connaissances extra-sensorielles, la grande vague spirituelle qui se déversera sur le monde (peut-être bien le 21 décembre 2012). Bref, vous l’aurez compris et je l’ai déjà dit, je suis très friande de tout ce qui est ésotérisme, occultisme tout ça, et Dan Brown a encore une fois fait mouche avec ce roman.

Le Symbole perdu
Dan BROWN
Lattès, 2010 (Livre de poche, 2011)

Labyrinthe, de Kate Mosse

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Dans les jours, les semaines à venir, Alice se rappellera cet instant. Elle se souviendra de la lumière de cette matinée, du goût métallique de la poussière et du sang dans sa bouche. Elle se demandera combien de choses auraient été différentes, si elle avait décidé de partir au lieu de rester, si elle avait suivi les règles qu’on lui a édictées.

Cet été, j’avais lu (hummm… dévoré !) Sépulcre de Kate Mosse, et depuis, son autre roman, Labyrinthe, attendait sagement dans ma PAL que je me lance dans sa lecture, ce que j’ai fait au début de ces vacances de Noël.

La trame narrative se développe sur deux époques.

En 2005, au cours de fouilles dans les Pyrénées, Alice découvre deux squelettes enterrés côte à côte dans une étrange crypte, sur les murs de laquelle, gravés dans la roche, apparaissent d’étranges symboles. Bien que loin d’être mystique, Alice a le sentiment d’être en présence de quelque chose qui dépasse l’ordre de la compréhension humaine. Elle a alors une vision, qui la ramène dans un lointain passé.

En 1209 à Carcassonne, alors que se prépare la croisade contre les Cathares, Alaïs est hantée par un rêve qui lui semble prémonitoire. Un matin, alors qu’elle cueille des plantes médicinales au bord de la rivière, elle découvre un cadavre…

Tous les ingrédients d’un bon thriller ésotérique sont réunis : le Graal, les Cathares (pour une fois que ce ne sont pas les Templiers, j’avoue que ce changement est agréable), de la réincarnation, plein de mystères de notre histoire diablement intéressants… L’ouvrage est très bien documenté, et donne envie d’en apprendre encore plus. Une belle réussite donc, et un très agréable moment de lecture….

Labyrinthe
Kate MOSSE
Lattès, 2006

 

Sépulcre, de Kate Mosse

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L’amour, le véritable amour, est une chose infiniment précieuse, Léonie, continua Isolde. Il est douloureux, inconfortable, il nous fait faire des folies, mais c’est lui qui donne couleur et sens à l’existence. Oui, l’amour est la seule chose qui puisse nous tirer de notre morne condition pour nous amener à une dimension plus haute, plus sublime.

Ce passionnant roman est tombé totalement par hasard entre mes mains, puisque je l’ai trouvé dans la bibliothèque de ma maman et qu’il est très rare que nous échangions nos lectures, mais là je dis avouer que je ne regrette pas, car j’ai passé plusieurs après-midi de pur délice en compagnie de ce roman ésotérique.

Il s’agit d’un roman bi-chronologique (je ne sais pas s’il y a un nom consacré pour ce type de choix narratifs ?). La première trame se situe en 1891. Léonie et son frère Anatole quittent Paris pour passer quelques semaines au domaine de la Cade, à Rennes-les-Bains, dans le Sud de la France. Ils ont été invitée par leur jeune tante Isolde, qu’ils ne connaissent pas ou en tout cas ne sont pas supposés connaître. De nombreux mystères entourent le domaine, liés à un sépulcre wisigoth, et un étrange jeu de tarots doté de pouvoirs hors du commun. La deuxième trame se situe de nos jours, en 2007. Mérédith se rend au domaine de la Cade, sur les traces de la première épouse de Debussy, dont elle écrit la biographie, et surtout sur les traces de son passé ; avant de quitter Paris, le hasard (?) a mis sur sa route une cartomancienne, qui lui a offert un jeu de tarots peu conventionnel, reproduction d’un jeu beaucoup plus ancien…. Evidemment, les deux trames vont se tisser l’une avec l’autre.

Il y a là tous les ingrédients qui me ravissent : de l’occulte, du suspens, et une histoire d’amour tragique en même temps que magnifique. Je ne saurais donc trop conseiller la lecture de ce roman à tous les amateurs du genre, c’est une parfaite lecture de plage, et pour ma part j’attends avec impatience que ma maman ait terminé Labyrinthe, du même auteur, pour pouvoir m’y plonger à mon tour !

Sépulcre
Kate MOSSE
Lattès, 2008