A tous les garçons que j’ai aimés, de Susan Johnson : on ne peut pas toujours fuir les sentiments

Les histoires d’amour, je préfère les vivre dans mon imagination. Dans la réalité, plus tu laisses les gens entrer dans ta vie et plus tu prends le risque de les voir ressortir. 

Des lettres d’amour, j’en ai écrit un certain nombre, dont récemment une de plus de 150000 mots ; seules deux ont été envoyées, dont une de manière anonyme quand j’étais adolescente. Autant dire que le pitch de ce film de l’été sur Netflix m’a directement murmuré à l’oreille.

Lara Jean est une adolescente rêveuse et romantique, qui vit dans les histoires d’amour qu’elle lit. Dans la réalité, effacée et timide, elle jamais vécu d’histoire d’amour et comme elle n’ose pas dire aux garçons ce qu’elle ressent, elle leur écrit des lettres qui ne sont pas destinées à être envoyées. Mais un jour, elles le sont.

Bien sûr, on pourra dire de ce film que c’est une bluette pour adolescents cousue de fil blanc et pas du tout réaliste, et on n’aura pas complètement tort. Reste qu’il m’a permis de passer un bon moment, et qu’il m’a surtout beaucoup touchée parce que, malgré tout, je me suis pas mal reconnue en Lara Jean — et pas seulement l’adolescente que j’ai été. Le film, en fait, traite d’un problème qui est celui de beaucoup de gens, y compris les adultes (surtout les adultes) : la peur de l’engagement et de l’attachement. La maman de Lara Jean est morte, et si elle préfère vivre les histoires d’amour dans son imagination, c’est qu’elle ne veut pas s’attacher aux gens de peur de les perdre ; elle fuit ses sentiments, parce qu’elle est terrorisée (mais bien sûr la force de l’amour va lui permettre de lâcher ses peurs et d’aller de l’avant, j’ai dit que c’était cousu de fil blanc). Alors bien sûr ça peut paraître assez simpliste dit comme ça, mais parfois le vrai est dans les choses les plus simples.

Donc un joli film, à la fois drôle (certaines situations sont cocasses) et émouvant, qui se laisse regarder avec plaisir (on se sent redevenu adolescent et ça ne fait pas de mal) et une boîte de mouchoir (cela dit, il m’a fait pleurer parce qu’il a appuyé sur le problème exact auquel je me heurtais ce soir-là, à savoir l’idée que peut-être les histoires d’amour c’est mieux de se contenter de les vivre en imagination, donc ce n’est pas forcément une référence).

A tous les garçons que j’ai aimés
Susan JOHNSON
D’après le roman de Jenny HAN
Netflix, 2018