Tu verras, les âmes se retrouvent toujours quelque part de Sabrina Philippe : être l’amour

C’était mon métier, l’amour, en parler, l’écouter. L’amour sans toutes ses variations, du coup de foudre à la rupture, de l’adultère à la solitude. J’en connaissais toutes les gammes, toutes les fausses notes. C’était venu comme ça. Etrangement, au fur et à mesure que mon mariage se décousait, on m’avait demandé d’éclairer les cœurs de mes conseils. Il faut croire que je le faisais bien, avec conviction, parce que j’étais devenue connue pour ça. Je passais plusieurs fois par semaine à la télévision, j’avais écrit un livre sur le célibat, je recevais d’innombrables courriers de couples au bord de la rupture. Paradoxe, paradoxe de ma vie solitaire où je pleurais le soir, et apportais des sourires sur des visages inconnus le jour.

Je n’avais strictement jamais entendu parler ni de ce roman, ni de son autrice, mais je suis tombée dessus l’autre jour en musardant dans une librairie et le titre m’a bien évidemment interpelée, pour ne pas dire appelée. Evidemment.

Le métier de la narratrice est de parler de l’amour, à la télévision et dans des livres. Pourtant, sait-elle réellement ce qu’est le véritable amour ? Dans un café de l’île saint-Louis où elle vient d’emménager après son divorce, elle rencontre une vieille femme qui lui raconte son histoire. L’histoire de l’amour, le vrai.

Un très beau roman, très sensible, et qui m’a beaucoup touchée de par quelques fulgurances (quelques synchronicités aussi). Néanmoins, il m’a manqué quelque chose pour être totalement ravie : c’est un roman sur les âmes sœurs, on l’aura compris (les vraies âmes sœurs, au sens spirituel) mais j’ai trouvé que la question était un peu escamotée sur la fin, que l’on ne comprenait pas clairement le but de tout ça. J’ai aussi eu l’impression que l’autrice mélangeait un peu certaines choses. Au final, j’ai lu le roman d’une traite ou presque, mais j’ai trouvé la fin un peu trop rapide, alors que le cœur était là. Mais cela reste une jolie lecture !

Tu verras, les âmes se retrouvent toujours quelque part
Sabrina PHILIPPE
Eyrolles, 2017 (Points, 2018)

Tarot et quête de soi

Cela fera deux ans en mars que j’apprends le Tarot. C’est l’apprentissage de toute une vie, tout comme l’apprentissage de soi, mais j’avais envie de faire un petit bilan de tout ce que cet outil m’avait apporté dans mon cheminement, et surtout la manière dont, après de multiples tâtonnements, j’ai mis au point ma manière propre de m’en servir.

Première chose : le Tarot n’est pas, pour moi, un outil de divination, ou plutôt, ce n’est pas comme cela que je m’en sers. Je ne lui demande pas si bidule va m’appeler, ou si je vais avoir une réponse positive à l’entretien d’embauche que j’ai passé. Bien sûr, il lui arrive, dans certains tirages, de me donner l’issue probable d’une situation, mais je m’en sers essentiellement comme un outil de développement personnel : introspection, travail de l’ombre, et conseils, évaluation de la situation présente.

Le corollaire, c’est que je n’ai pas de rituel mystique autour de ma pratique du Tarot : je n’allume pas de bougie, je n’ai pas de tapis de tirage, je ne fais pas de méditation. Je prends mes cartes, je leur dis ce que je veux, je mélange et je tire. Je ne dis pas que ce n’est pas bien d’avoir des rituels : simplement pour moi c’est réellement un outil du quotidien, presque un ami, et ritualiser ne me convient pas.

Je n’ai qu’un seul Tarot. Ou plutôt : j’en ai trois. Le premier, le Feminine Divine, dont finalement je ne suis jamais servi parce qu’il est trop complexe pour débuter, mais que je garde pour des raisons esthétiques (et peut-être pour travailler avec un jour). Le Golden Tarot, avec lequel j’ai appris. Et le Tarot de l’Illumination, qui est « mon » tarot : je n’accumule pas les jeux, je me sers toujours du même depuis de longs mois, ce qui m’a permis de tisser un lien intime avec lui et c’est avec ce jeu que j’ai beaucoup progressé, justement parce que je ne travaille qu’avec lui, chaque arcane ayant acquis une épaisseur et une profondeur, parfois un sens spécifique pour moi qu’il n’a pas nécessairement à la base. Ma vision est que chaque jeu nous aide dans une période de notre vie, et que nous sentons lorsque le travail est terminé et qu’il est temps de passer au suivant. J’ai travaillé 9 mois avec l’Art Nouveau (symbolique), cela fait 8 mois que j’utilise le Tarot de l’Illumination, je ne sais pas quand j’aurai l’impulsion de passer au suivant.

Pour interpréter les cartes, je me sers, bien sûr, d’abord de mon intuition, basée sur ma connaissance des cartes (l’intuition seule ne suffit pas : il faut apprendre). Je ne pratique pas les cartes inversées (dans mon protocole de tirage du reste, elles ne sont jamais à l’envers), je sens si la carte est dans son ombre ou dans sa lumière (et souvent c’est les deux, comme dans la vie : ça c’est bien, mais attention à ça), et cela dépend aussi de sa place. Pour approfondir, je me sers du Tarot for Writers dans lequel j’ai ajouté des notes venant de plusieurs programmes de formations : celui de Soul Shadow, et ceux de Margot Robert-Winterhalter et de Taronaute.

Les tirages, donc :
– Chaque matin, je fais un tirage des énergies du jour uniquement avec les majeurs. Cela me permet de prendre la température de la journée (pas de ce qui va se passer, même si ça arrive, mais plutôt de quelles sont mes énergies) et de poser mes intentions.
– Les tirages réguliers. Il y en a trois sortes : le tirage du mois et la carte du mois qui me permettent de voir où j’en suis et de fixer mes objectifs. Les tirages lunaires, nouvelle et pleine lune, qui sont plutôt des tirages de guidance énergétiques. Et les tirages de sabbat : équinoxes, solstices et fêtes intermédiaires, qui sont des plus gros tirages d’orientation.
– Ponctuellement, je fais des tirages pour lever un blocage ou éclaircir une situation (ou tout simplement je suis tombée sur un spread et il m’a semblé intéressant), et de plus en plus (c’est une grande étape) je crée mes propres tirages.

Le fait est : le Tarot m’aide à avancer et à sortir de certains schémas. L’autre jour, c’est lui qui m’a avertie que j’étais dans une vision tunnel, que j’étais en train de m’épuiser et de me vider dans mes projets de reconversion professionnelle (qui sont nécessaires) sans voir qu’autour, dans le domaine émotionnel, il se passait aussi des choses et que c’était peut-être intéressant d’y jeter un œil… Et il avait raison !

Si vous ne connaissez rien au Tarot, l’Invitation à un Voyage Tarologique est à nouveau disponible dans une version repimpée et enrichie, et j’ai un plus vaste projet sur la question, mais à moyen/long terme !

Comment l’Univers m’a offert un pot de chrysanthèmes, saison du Scorpion, Samhain et libérations énergétiques

La première partie n’était pas dans le titre initial mais c’était trop beau. Alors, ce ne sont pas tout à fait des chrysanthèmes, mais le symbole était trop tentant. Vous allez voir.

Mais commençons par le commencement : le travail de l’ombre. J’en ai parlé un grand nombre de fois, et cela fait des mois et des mois que je nage en eaux profondes pour parvenir à résoudre certains problèmes qui m’empêchent d’avancer, à la fois sur le plan personnel et sur le plan professionnel. Ce problème, je le résumerai en quatre mots : mes relations aux autres. J’ai peur des gens. Alors cela ne m’empêche pas, même si je suis plutôt introvertie, de bavarder, d’avoir des amis, et même de m’exposer ici et sur les réseaux sociaux, d’avoir écrit un roman assez intime etc. Mais dans les faits, d’abord c’est un véritable parcours du combattant pour que je fasse vraiment confiance, et ensuite, je me suis rendu compte que quelque chose résistait au niveau énergétique, afin que je puisse vraiment prendre ma place. Ce travail, je le mène depuis 2017 et mon entrée dans la quarantaine et la crise liée, qui m’a fait prendre conscience qu’il fallait que je change des choses dans ma vie. Mon travail alimentaire, mais pas seulement.

Alors, des cadavres, pour rester dans la thématique halloweenesque, j’en ai déterrés. Des araignées sous les lits. Des verrous à ouvrir. C’est un travail sans fin : on ouvre un verrou, on en ouvre dix, on croit que c’est le dernier, et puis non. Il y en a encore un. J’ai cru être Sisyphe. Alors j’ai beau être plutonienne (je suis Poissons ascendant Lion, mais en fait dans mon thème astral c’est le trio Pluton/Scorpion/Maison 8 qui domine) et être plutôt pas mal à l’aise dans ce travail des profondeurs, à un moment, ça va bien.

Mais ces derniers temps, avec l’entrée dans l’automne, la première saison intérieure, la saison du Scorpion (et ceux qui ont lu L’Aimante comprennent ce que je veux dire), et surtout Samhain, tout s’est accéléré… et éclairci. Les pièces du puzzle se sont mises en place. Pas toutes seules : j’ai beaucoup écrit (dans mon journal, mais le projet Adèle fait aussi partie du processus), travaillé avec le Tarot, avec ma thérapeute, j’ai fini par mettre la main sur l’ancêtre qui à mon avis coinçait niveau transgénérationnel, j’ai fait des rêves très éclairants, je me suis fait une cure de fleurs de Bach, et finalement j’ai fait une formation dont la première étape consistait en libérations énergétiques. Le truc fou, c’est que ces libérations portaient exactement sur ce qui coinçait chez moi. Je vous ai raconté l’autre jour cette histoire d’humiliation, mais il y en a tellement qui me sont revenues ensuite, s’organisant en constellations, que je voyais bien ce qui clochait. Et, entre le livre de Géraldine dont je vous parlais hier et ce programme, j’ai eu l’impression qu’une porte s’ouvrait pour laisser entrer l’air frais.

J’en arrive à mon pot de chrysanthèmes. Qui ne sont pas des chrysanthèmes classiques, mais enfin, cela reste des fleurs que l’on vend à la Toussaint pour mettre dans les cimetières. Lieu où je ne vais pas, car pour moi les défunts n’y sont pas, mais par contre j’adore ces fleurs et j’adore en mettre chez moi (je suis plutonienne, donc). Bref. Lundi, jour de Samhain, je venais de faire ma dernière (j’espère !) libération énergétiques, et je trouvais déjà que c’était un beau symbole, cette célébration étant liée à la mort symbolique et à la renaissance, la mort de l’ancien moi tout ça. Et j’ai mon petit rituel à moi pour la célébrer. Sur ce, je pars chercher mes courses au drive, et j’avise sur le quai de magnifiques pots de ces chrysanthèmes d’Inde que j’appelle pomponettes, de cette couleur mordorée que j’adore, et je me dis que ça sera parfait dans ma décoration de Samhain/Halloween. J’en demande donc un pot à la livreuse, qui ne trouve pas le code barre, son collègue non plus. Vous connaissez la blague : s’il n’y a pas le prix, c’est gratuit ? Et bien c’est ce qui s’est passé : ils me l’ont offert. « C’est cadeau ».

Et j’ai trouvé cela très symboliquement amusant que ce jour-là, « on » (l’Univers, par le truchement du drive) m’offre un pot de fleurs de cimetière, pour enterrer mon ancien moi !

Le pouvoir des hypersensibles spirituels, de Géraldyne Prévot-Gigant : changer le monde ?

Parce que vous êtes unique, à un instant unique, à une période unique, vous devez faire entendre votre voix. Si nous privons les autres de notre mode de musique, nous ne participerons pas à la symphonie du monde.

C’est fou comme, en ce moment, l’Univers m’envoie des ouvrages qui me permettent de me poser les bonnes questions, au bon moment, afin d’y voir plus clair dans mes aspirations et mes projets. Et celui-ci en fait partie.

Comme son titre l’indique, il s’adresse aux hypersensibles spirituels, une catégorie particulière d’hypersensibles très connectée à la spiritualité et qui sentent bien que le monde est en train de changer : leur rôle, grâce à leur conscience plus élevée, serait d’aider l’humanité dans sa croissance, de participer à l’évolution de la conscience collective. Tout d’abord, parce que charité bien ordonnée, en retrouvant leur pouvoir sur eux-mêmes : comprendre qui ils sont, comment cheminer et se reconnecter à leur âme. Ensuite, leur pouvoir avec l’autre, en mettant l’amour au cœur de tout, ce qui implique de guérir ses blessures relationnelles (mais ça, nous y reviendrons un de ces jours). Et enfin, d’affirmer son pouvoir dans le monde.

Evidemment, tout cela sonne très « New Age », et tout en étant très intéressée et connectée à la spiritualité, tout n’a pas résonné de mon côté. Néanmoins, j’ai globalement été très intéressée, d’autant que cet ouvrage m’a permis de mieux comprendre certaines de mes expériences : j’ai déjà un millier de fois parlé des synchronicités, des rêves prémonitoires et des prémonitions non oniriques, l’ouvrage n’aborde pas l’écriture prédictive mais cela en fait partie aussi (un jour, quand j’aurai le temps, j’écrirai un livre sur le sujet, j’ai déjà un début de documentation). Il y a d’autres expériences dont je n’ai jamais parlé, de l’ordre de la télépathie, ou, celle que j’ai vraiment du mal à intégrer plus de dix ans après : le jour où j’ai vu des auras. Je ne parle pas de migraines à auras, mais vraiment de l’aura des gens, c’était très troublant. Bref.

Cet ouvrage m’a donc beaucoup intéressée, il ne s’adresse pas à tout le monde (mais ceux à qui il s’adresse le sentiront) mais il permet de se poser les bonnes questions, de faire le point sur soi, sur ses relations aux autres et au monde, et sur la place qu’on veut tenir dans la symphonie du monde. Il offre aussi quelques clés, avec des tests (ça j’aime beaucoup), des mantras et méditations (ça, ce n’est décidément pas mon truc) ou des affirmations. Le tout, à partir de là, est de construire son propre chemin, en prenant ce qui résonne et en laissant ce qui ne résonne pas (encore).

Le Pouvoir des hypersensibles spirituels
Géraldyne PREVOT-GIGANT
Leduc, 2022

Apprivoiser son ombre, de Jean Monbourquette : intégrer le côté mal aimé de soi

L’ombre, c’est tout ce que nous avons refoulé dans l’inconscient par crainte d’être rejetés par les personnes qui ont joué un rôle déterminant dans notre éducation. Nous avons eu peur de perdre leur affection en les décevant ou en créant un malaise par certains de nos comportements ou certains aspects de notre personnalité. Nous avons tôt fait de discerner ce qui était acceptable à leurs yeux et ce qui ne l’était pas. Alors, pour leur plaire, nous nous sommes empressés de reléguer de larges portions de nous-mêmes aux oubliettes de l’inconscient. Nous avons tout mis en œuvre pour esquiver la moindre désapprobation verbale ou tacite de la part des personnes que nous aimions ou dont nous dépendions.

L’ombre est un concept mal connu en France, alors qu’il est fondamental dans le travail d’individuation. Cela dit, Jung, qui en est à l’origine, est assez mal connu en France, écrasé par la figure de Freud, ce que je trouve dommage, car sa pensée est finalement beaucoup plus riche.

J’ai à de nombreuses reprises déjà parlé de ce concept sur lequel je travaille beaucoup, et qui ne doit absolument pas être confondu avec le mal, les défauts, les déviances : l’ombre, cela peut être des qualités, des talents que l’on n’a pas exploités car ils étaient « mal vus » dans notre milieu.

Dans cet essai, Jean Monbourquette s’attache donc à nous apprendre comment en faire une amie. Après avoir défini précisément l’ombre et la conception jungienne, et expliqué comment elle se forme, il nous montre comment l’embrasser, la reconnaître, reprendre possession de ses projections, quelles stratégies utiliser pour l’apprivoiser, et comment la réintégration de l’ombre fait partie du développement spirituel.

C’est un excellent ouvrage de base pour le shadow work, clair, pédagogique et assez complet pour une introduction : on y apprend beaucoup de choses, les exemples sont très parlants, et l’ensemble est d’une grande aide. J’ai juste un bémol concernant le dernier chapitre, qui me semble assez incohérent : disons que c’est le seul chapitre où on sent pleinement que l’auteur est prêtre, et cela se sent dans certaines remarques où, malgré le fait qu’il ne cesse de répéter que l’ombre n’est pas le mal, il finit néanmoins par plus ou moins l’assimiler à des tendances fâcheuses à comprendre pour pouvoir les corriger. Or à plusieurs moments j’ai perçu que la sexualité libre était une tendance fâcheuse, et la « chasteté » le revers à cultiver. Ce qui, bien évidemment, a appuyé sur mes « boutons » colère. Alors c’est très léger, mais cela reste présent, donc bémol. Mais dans l’ensemble cet essai est vraiment très bien fait !

Apprivoiser son ombre
Jean MONBOURQUETTE
Bayard, 2011 (Points, 2015)

L’empreinte de toute chose, d’Elizabeth Gilbert : la transcendance

Rien de tout cela n’avait de sens pour Alma. Une bonne partie l’irritait. Cela ne lui donnait sûrement pas envie de cesser de s’alimenter, d’étudier, de parler ou de renoncer aux plaisirs du corps pour ne vivre que de soleil et de pluie. Au contraire, les écrits de Boehme lui donnaient envie de retrouver son microscope, ses mousses, les conforts du palpable et du concret. Pourquoi le monde matériel n’était-il pas suffisant pour des gens comme Jacob Bohme ? N’était-ce pas assez merveilleux, ce que l’on pouvait voir et toucher en sachant que c’était réel ?

Après avoir lu plusieurs fois Comme par magie et Mange, prie, aime, j’ai naturellement eu envie de découvrir Elizabeth Gilbert dans le registre de la fiction, et si j’ai choisi ce roman, au titre magnifique, c’est que l’autrice lui consacre quelques pages dans Comme par magie, pages qui m’ont laissée songeuse et amusée parce que je fonctionne exactement pareil : elle raconte comment, ayant emménagé dans une petite maison, elle s’est mise en tête de faire du jardinage, activité qui ne l’avait jusqu’alors jamais intéressée. Un petit caprice modeste, qu’elle choisit de suivre, et elle se met donc à planter des fleurs, puis à avoir envie de tout savoir sur ses fleurs, et notamment d’où elles venaient. Elle enquête sur le passé et l’histoire de ses fleurs, ce qui la conduit à un tour du monde botanique, et au bout de trois ans de voyages et de recherches, elle s’assoit à son bureau, prête à écrire ce roman qu’elle n’avait pas vu venir. C’est ce qu’elle appelle de la Grande Magie, Big Magic.

Et il est difficile de résumer ce roman foisonnant de plus de 800 pages. Pour faire bref, il nous raconte l’histoire d’Alma Whittaker, née avec le XIXe siècle dans une très riche famille de Philadelphie, et dont le père, après avoir voyagé sur toute la planète, a fait fortune dans le commerce des plantes. Elle-même, depuis toute petite, apprend, et comme on la laisse faire, elle devient une éminente botaniste, qui fera à la fin de sa vie une découverte stupéfiante !

Mais que j’ai aimé ce roman ! D’abord, j’ai particulièrement apprécié le mode de narration, quelque chose de primesautier et plein d’humour à la Tristram Shandy, et en même temps parfaitement tenu : certains détails auxquels on n’avait pas prêté attention sur le moment et qu’on comprend 300p plus loin, lorsqu’on les avait oubliés. L’héroïne elle-même est particulièrement attachante : une intellectuelle, forte et déterminée, et en même temps sensible. Et j’ai adoré son voyage à travers la vie et la planète et les réflexions sur le monde que propose ce roman, autour de la tension entre la pensée rationnelle et la pensée poétique, la science et la spiritualité, qui ne sont en fait opposées qu’en apparence.

Et cette idée fondamentale, qui est un des thèmes de Comme par magie : les idées révolutionnaires circulent, et peuvent s’adresser à plusieurs personnes pour les mettre au jour, lorsque leur temps est venu. Et tout cela au milieu des fleurs et des plantes !

Il y a juste une chose que je regrette dans l’histoire d’Alma (ce prénom !). Mais elle fait sens, et cela n’empêche pas ce roman d’être un véritable coup de cœur !

L’Empreinte de toute chose
Elizabeth GILBERT
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Pascal Loubet
Clamann-Levy, 2013 (Livre de Poche, 2015)

La ballade de Nitchevo, de Claire Barré : de l’ombre à la lumière

C’est quoi, ton rêve, à toi ? C’est important, les rêves. C’est eux qui guident la vie. Qui te permettent de te diriger, même quand tu t’es perdue dans l’obscurité.

Cela fait quelques années que j’ai découvert Claire Barré et son univers empreint de spiritualité et de poésie, tout pour me plaire donc, et j’étais bien évidemment très curieuse de lire son dernier roman.

Nitchevo : ça veut dire « rien », en russe. Drôle de surnom pour une gamine de 19 ans. Poète et toxico, elle traîne son mal-être avec le tout aussi paumé Slim, qu’elle considère comme son frère. Mais une rencontre et une suite d’événements vont lui permettre de donner un nouveau tour à sa vie…

Un roman finalement très lumineux, mais dont le début m’a beaucoup secouée : glauque et poisseux, ils nous entraîne dans un monde de marginal dont on préfèrerait rester loin, si possible. Tout de suite on ressent beaucoup de compassion pour Nitchevo, pour son mal-être, pour son incapacité à être au monde « normalement », et sa manière de s’accrocher à la poésie pour respirer. Et puis vient une deuxième partie guérisseuse, rédemptrice, qui vient poser des mots sur les maux et remettre les choses à leur place, et c’est très beau.

Ce roman m’a finalement fait beaucoup de bien, et je pense qu’il n’est pas pour rien dans certains événements qui se sont produits pendant que je le lisais (synchronicités, tout ça). Bref, je le conseille vraiment, car il m’a apporté beaucoup de belles choses, m’a questionnée, remuée et fait réfléchir, et c’est le rôle de la poésie !

La Ballade de Nitchevo
Claire BARRÉ
Tredaniel, 2022