Les cinq objets auxquels je tiens le plus

Un article qui m’a été, une nouvelle fois, inspiré par Coline, mais aussi par l’écriture d’Adèle, et qui m’a obligée à une sérieuse introspection : quels sont les objets qui ont le plus de valeur à mes yeux, sachant que j’aime m’entourer d’objets, je ne suis pas du tout minimaliste, mais que mon rapport à eux est très particulier : j’aime qu’ils soient là, certains sont là depuis toujours car je suis plutôt fidèle, je ne change pas ma décoration tous les quatre matins (j’ai plutôt envie de dire qu’elle ne change même jamais, tout au plus je fais tourner certains éléments au fil des saisons), beaucoup de trucs ont plus de cent ans parce que j’aime les objets qui ont une histoire, mais mais mais, en réalité, il y a peu de choses dont la perte me dévasterait.

En réalité, j’ai toujours été dans un état d’esprit qui fait que je suis toujours prête à fuir à n’importe quel moment, laissant tout derrière moi (comme Adèle, je viens de réaliser : c’est intéressant). Ce qui fait que ma voiture, mais pas nécessairement celle que j’ai actuellement, simplement une voiture me permettant de partir très vite, est finalement ce à quoi je tiens le plus, mais on ne peut pas dire que ce soit un objet. En revanche, on peut dire que je suis sans doute un peu zinzin, mais être prisonnière est ma peur alpha, et j’ai beau travailler dessus, je crois qu’elle sera toujours là.

Bref. J’ai tout de même réussi à trouver des objets auxquels je tiens particulièrement pour des raisons diverses :

1. Mon passeport : vu ce qui précède, cela n’étonnera personne. Je ne sais pas d’ailleurs si le passeport peut être considéré comme un objet, on va dire que oui. J’ai toujours mon passeport sur moi. Je suis même très étonnée quand j’entends les gens dire « je ne sais pas où j’ai mis mon passeport », « je suis arrivé à l’aéroport et devine quoi, j’avais oublié mon passeport ». Le mien ne me quitte jamais. Alors certes, il me sert de pièce d’identité, mais comme j’ai aussi toujours sur moi mon permis de conduire, cela pourrait passer. Mais non : mon passeport est dans mon portefeuille et n’en sort pas.

2. Une petite maisonnette de Noël en carton, qui contenait des chocolats et que quelqu’un de plus précieux que l’air que je respire m’a donnée. Sans les chocolats. Elle est sur mon bureau, et je ne peux pas me résoudre ne serait-ce qu’à la ranger dans mes décorations de Noël. Elle fonctionne un peu comme une symbolisation de ce qui me permet d’écrire, émotionnellement, donc j’ai besoin qu’elle soit là.

3. Une étole rouge en cachemire, dont je pourrais presque dire qu’elle est mon doudou : en temps normal, elle est sur mon canapé, et je m’enroule régulièrement dedans lorsque j’ai un peu froid, mais c’est aussi une des seules choses que j’emmène systématiquement avec moi en voyage ou en vacances. Je pense que c’est parce qu’elle porte l’odeur de ma maison, une autre odeur aussi, et que comme je suis très animale avec les odeurs, cela me rassure. Il m’arrive aussi de la porter au quotidien, parce qu’elle est très jolie.

4. Le collier de mon arrière grand-mère : je le porte peu, ce collier que mon arrière-grand-père a offert à mon arrière-grand-mère pour leur mariage (cela dit, j’ai trouvé une solution pour plus facilement le mettre, je vous en reparle dans les favoris de novembre). Je trouve le symbole très beau, le collier lui-même a beau avoir cent ans est très moderne, et il joue un rôle dans le projet Adèle.

6. Mes journaux poétiques : j’aurais pu les mettre en premier d’ailleurs, enfin au moins en deuxième. Peut-être que je ne les relirai jamais, contrairement à Adèle (oui, il y a une histoire de journaux dans Adèle). Et je regrette de ne pas avoir gardé ceux de mon adolescence, ce serait une tellement riche source d’enseignement. Alors cela tient de la place, mais je ne m’en déferais pour rien au monde.

Voilà. Bien sûr, il y a beaucoup d’autres objets auxquels je tiens et je n’ai aucune intention de fuir ma maison au milieu de la nuit sans rien emporter. On remarquera d’ailleurs que je n’ai mis ni mon téléphone ni mon ordinateur dans la liste : leur contenu m’est précieux (et il est sauvegardé à la fois en dur mais aussi sur plusieurs clouds pour parer à toute éventualité) mais pas l’objet lui-même.

Et vous, quels sont les objets auxquels vous tenez le plus ?

Si vous ne deviez garder qu’un seul souvenir…

L’autre jour, dans un magazine, je suis tombée sur un article qui m’a plongée un moment dans un abîme de perplexité métaphysique. Il s’agit de se poser une question, et une seule : s’il y avait une vie après la mort, et que tous vos souvenirs étaient effacés sauf un, lequel voudriez vous emporter dans l’éternité ?

Idée assez douloureuse, bien sûr : tous ces beaux moments, récoltés un par un, et qui disparaîtraient à jamais dans l’oubli, sauf si quelqu’un d’autre en faisait son souvenir unique. Et pourtant. Répondre à cette question, c’est mettre le doigt sur ce qui compte vraiment. L’essentiel.

Alors, j’ai choisi mon souvenir. Un bon exercice d’introspection, il va sans dire, même si, dans les faits, c’est apparu comme une évidence. Il y en a d’autres, que je chéris précieusement. Mais c’est celui-là que je voudrais emporter avec moi. L’amour, la douceur, la chaleur d’un corps et un coeur qui bat. En tout cas, c’est celui-là que j’emporterais dans l’éternité si je devais mourir aujourd’hui. Mais le chemin n’est pas fini, et il y aura d’autres moments, mais je sais désormais quels types de souvenirs, quelles émotions sont essentiels pour moi.

Et vous, savez-vous quel souvenir vous garderez précieusement ?

La nostalgie

L’autre jour, je m’interrogeais sur ce qui me rendait nostalgique, et sur ce que c’était, finalement, que la nostalgie, ce parfum venu du passé. En occident, nous avons tendance à l’assimiler à la tristesse, celle des choses révolues, enfuies, que nous ne retrouveront plus. Au Japon, il s’agit au contraire d’un sentiment doux, et heureux : la joie d’avoir vécu ces moments, même s’ils ne sont plus.

Quand je dis « en Occident » et « au Japon », ce n’est pas tout à fait vrai : bien sûr, il y a des tendances dans la manière dont une culture voit le monde. Mais c’est aussi une question d’individu, et, je crois, de moment dans la vie : longtemps, je me suis attachée au passé, certaines odeurs (je suis très olfactive), certains plats. En travaillant sur mon voyage poétique consacré aux cinq sens, je me suis rendu compte d’ailleurs qu’il y était beaucoup de ça : les souvenirs qui surgissent à l’occasion d’un parfum, d’un goût ou d’une musique, heureux ou non, d’ailleurs, mais puisqu’on parle de nostalgie, on va rester sur les souvenirs heureux, ceux qu’on chérit.

Bien sûr, il y a parfois de la tristesse, lorsque les souvenirs sont liés aux gens qui ont disparu et aux amours mortes. Mais le plus souvent, aujourd’hui, ma nostalgie est plus joyeuse : longtemps je me suis attachée au passé parce qu’il était plus doux que le présent, et plus fiable que l’avenir en qui je n’avais pas trop confiance. Aujourd’hui, le présent est plus doux, la plupart du temps, et l’avenir me fait des signes gentils, je crois. Alors la nostalgie est plus heureuse.

Samedi, j’ai reçu le ruban que j’avais commandé pour la machine à écrire que j’ai récupérée cet été, et je me suis donc un peu amusée avec. Ce n’est pas la même que celle avec laquelle je m’amusais enfant (j’en ai d’abord eu une jouet, puis une vraie Olivetti qui pour l’instant demeure introuvable). Mais le bruit des touches me rappelle tout de même ces moments passés à écrire « comme un écrivain » et à me rêver telle. Il y a quelque temps, peut-être que j’aurais eu un pincement au cœur en pensant aux rêves évanouis. Aujourd’hui, le rêve est ressuscité et j’ai souri en pensant qu’heureusement pour les oreilles des voisins d’écrivains, on avait trouvé des outils plus silencieux…

Instantané : les petits trésors

On me demande souvent ce que j’en fais, de tous ces trucs que je ramasse et que je garde : mes coquillages, les cristaux et autres bijoux et pierres que je ne porte pas. Et bien j’en fais ça, entre autres : je les mets dans des jolies coupelles artisanales et je les mets un peu partout, dans la maison, surtout dans l’entrée. Mes chers petits trésors : ce n’est pas grand chose, ça ne vaut pas grand chose, mais j’y tiens, c’est précieux parce que c’est joli et que ça met de la poésie dans la vie. Et en ce moment, elle en a bien besoin !

Et vous, vous faites ça aussi ?

Instantané #122 (le coffre aux souvenirs de voyages)

Cette semaine je n’ai pas vu grand chose de joli, à part mes décorations de Noël. Et surtout j’ai envie d’évasion, de soleil, de chaleur, et de légèreté aussi. Je me replonge de plus en plus souvent dans mes coffrets à souvenirs de voyages, mes memory box et bien sûr toutes ces photos, surtout que depuis que j’ai suivi l’atelier instagratitude j’ai progressé en retouches, et qu’il y a beaucoup de clichés que je dois retravailler. De quoi m’occuper de longues heures, immergée dans les souvenirs qui remontent, les bruits, les couleurs, les odeurs, la chaleur, les goûts… et je me prends à rêver que cet été, nous pourrons voyager à nouveau ! Alors aujourd’hui, je vous propose une photo de Porto !

Strates, de Kathleen Jamie : les couches de la mémoire

J’ai fouillé parmi les couches de ma propre vie, consignées dans les carnets. Certains étaient à spirale, faciles à ouvrir sur le genou. Certains étaient assez petits pour pouvoir être glissés dans une poche revolver, la plupart étaient assez minces pour pouvoir être tordus. Aucun n’était original, pas de couleurs ou d’accessoires. Je savais que le carnet que je cherchais était particulièrement épais et simple ; je me rappelle avoir pensé que je serais à l’étranger longtemps et que j’aurais du mal à en trouver de rechange. Enfin je l’ai tenu dans ma main, un carnet Alwych solide avec une bordure bleue. Il était facile à identifier parce qu’au cours de ses pérégrinations j’avais collé sur sa couverture une carte postale représentant une peinture bouddhiste tibétaine, une thangka. En revoyant la carte, je me suis vaguement souvenue l’avoir achetée à un vendeur de rue, sans savoir ce qu’elle signifiait, simplement séduite par l’exotisme de l’image. 

La stratigraphie est la discipline qui étudie la succession des différentes couches géologiques, ou strates : de manière logique, la strate la plus en surface est la plus récente. Il en est de même en archéologie, où les fouilles mettent à jour les vestiges par couches. Et dans la mémoire de tout être humain, même si les couches ont tendance à se mélanger. Et c’est à cette association de la mémoire, de l’archéologie et de la fouille qu’est consacré cet ouvrage, qui est à la fois un essai et un récit.

La narratrice, passionnée par la culture inuit, nous emmène dans un premier temps sur un site archéologique, à Quinhagak, en Alaska, où son mis au jour des vestiges permettant aux habitants de retrouver la mémoire de leur peuple et un peu de leur passé qui a été oublié et effacé. Elle nous conduit ensuite vers d’autres fouilles, dans les Orcades, puis dans ses propres souvenirs, et notamment ceux d’un voyage en Chine en pleine tentative de Révolution en 1989.

Si j’ai été un peu déstabilisée au début, j’ai vite été happée par ce mi-documentaire mi-récit très dépaysant, qui nous entraîne dans un monde sauvage (rempli d’ours) avec une femme sauvage. Souvent poétique, le récit nous montre comment grâce aux fouilles, aux contes, aux légendes, les traditions qu’on croyait oubliées peuvent renaître : elles n’étaient pas loin et palpitaient, là, juste sous la surface (le titre original est surfacing). On peut retrouver ses racines, que ce soit à titre individuel ou collectif en creusant toujours profond, en spirale. Et bien sûr, pour un écrivain, le souvenir, la mémoire ont à voir avec les carnets, et Kathleen Jamie leur consacre de très belles pages.

Bref, un ouvrage original qui m’a beaucoup séduite tant par sa forme libre que par son contenu très intéressant !

Strates
Kathleen JAMIE
Traduit de l’anglais (Ecosse) par Ghislain Barreau
La Baconnière, 2020

Mon musée personnel

J’ai trouvé cette idée dans Flow et j’ai trouvé ça intéressant et poétique, cette collection de souvenirs et de valeurs sentimentales qui permettent de dévoiler une personnalité à travers une galerie d’objets. J’ai essayé de me prêter au jeu…

#1 : mon premier stylo plume. C’est un objet important bien sûr parce qu’il est lié à l’écriture, même si je n’écris plus beaucoup à la main (à part dans mon carnet Moleskine) et de toute façon pas à la plume (je crois que je n’ai jamais vraiment aimé écrire à la plume, j’en mets partout). Je me souviens parfaitement du jour où je l’ai acheté, et de la petite librairie-papeterie de la ville où habitent mes parents. Je ne m’en sers plus, mais je le garde dans mon tiroir…

#2 : mes livres de Contes d’Andersen et de Grimm (je n’ai pas Perrault, dans cette édition, bizarre). Bien sûr, les livres ont toujours été importants pour moi, ont toujours fait partie de mon univers…

#3 : le moulin à café de mon arrière-grand-mère : lorsque j’étais petite, comme tous les enfants j’imagine (en tout cas mes cousins faisaient pareil), j’adorais, lorsque j’étais chez mon arrière-grand-mère maternelle, jouer avec le moulin à café. Et il se trouve que chez mon autre arrière grand-mère (l’autre que j’ai connue, paternelle cette fois) j’ai découvert celui-là avec lequel je n’ai jamais joué, mais j’ai trouvé le lien intéressant.

#4 : ma première voiture, une 205. Elle avait presque mon âge lorsque je l’ai eue, elle était rouge et bien sûr bien moins confortable que les voitures que je me suis achetées depuis, mais c’était la première et j’ai un petit pincement au coeur lorsque j’en vois une (ces voitures sont increvables, on en croise encore beaucoup). Pour la miniature, je l’ai achetée dans la boutique de jouets qui se trouve dans ma rue. Je cherchais un modèle réduit à poser sur une carte pour faire une photo, mais ce n’était pas ce modèle que je cherchais, je voulais une 206, mais très bizarrement le modèle n’était pas inscrit sur la boîte. Je demande donc au vendeur, qui me met ça entre les mains, et je lui dis « non, ça c’est une 205 ». Et lui de me répondre, « non ma p’tite dame, je vous assure c’est une 206 » (sous-entendu : « Ah ces bonnes femmes, pas foutues de reconnaître une bagnole »). J’ai donc beaucoup ri lorsque j’ai ouvert la boîte et constaté (c’était écrit) que c’est moi qui avais raison !

#5 : la clé qui ouvre (enfin qui ouvre… qui va avec) le buffet dont j’ai déjà parlé. Elle ne sert strictement à rien mais je la garde précieusement, d’abord parce qu’elle va avec le meuble et aussi parce que j’aime la symbolique de la clé…

#6 : les ciseaux à couture de mon arrière-grand-mère. Lorsque j’ai quitté la maison familiale, allez savoir pourquoi ma maman m’a confectionné une boîte à couture, et a mis à l’intérieur les ciseaux de sa grand-mère, mon arrière-grand-mère donc, la même que celle du moulin à café. L’objet sert peu, je ne cous pas, ça ne m’intéresse strictement pas et à part pour un bouton je confie tout à la couturière de l’immeuble à côté. Mais, j’y tiens pourtant énormément : c’est la seule chose qui me vient d’elle, finalement, et ça a pris beaucoup d’importance pour moi ces derniers temps.

#7 : Isis. Je n’ai absolument aucune idée d’où j’ai acheté cette statuette, ni quand, si ce n’est il y a longtemps. De fait, elle m’a toujours accompagnée et j’y tiens beaucoup, et vu mon intérêt récent mais en fait pas vraiment pour tout ce qui tourne autour de la Grande Déesse et du féminin sacré, je me rends compte qu’il y a des choses qui viennent de très loin…

#8 : bijoux. Je n’ai pas, à strictement parler, de bijoux de famille mais j’en possède certains depuis très longtemps, et j’y tiens énormément. D’abord deux bracelets offerts lors de ma communion : l’événement en lui-même n’a aucune importance, je l’ai faite pour faire plaisir mais je n’ai jamais adhéré à cette religion, pourtant je garde précieusement certains cadeaux que l’on m’a faits à cette occasion, et qui fort heureusement n’ont rien de religieux (j’avais aussi eu une très belle croix en émail, mais comme c’est une croix je l’ai toujours quelque part chez mes parents mais elle n’a pas sa place dans mon univers). Un collier avec mon prénom, qui n’est pas si vieux mais celui que j’avais plus jeune était cassé. Et la bague que mes parents m’ont fait faire pour mes 18 ou mes 20 ans (nous ne sommes plus sûrs).

Alors ce n’est pas vraiment un tag, mais si vous voulez vous prêter à l’exercice, je serai très intéressée de vous lire !