Sandman, de Neil Gaiman et Allan Heinberg : le rêve est une seconde vie

Pour moi qui suis hyperonirique, le rêve n’est pas à côté de la vie, il en fait pleinement partie, mais d’une autre manière que lorsque nous sommes éveillés, et c’est exactement ce que dit le personnage de Morpheus, le Seigneur des rêves, au début du premier épisode de cette série qui fait beaucoup parler d’elle, et à côté de laquelle je ne pouvais pas décemment passer, d’autant qu’en règle générale j’aime énormément les séries basées sur les œuvres de Gaiman (sauf American Gods que je n’ai pas aimé du tout).

Alors je précise que je n’ai pas lu les comics, donc mon avis se fonde uniquement sur la série elle-même.

Après être resté piégé pendant cent ans par un mystérieux mage, Morpheus parvient à se libérer, et retrouve son royaume dévasté. Après avoir réussi, dans la première partie de la saison, à récupérer ses attributs, il doit sauver son royaume d’un nouveau danger.

J’ai tout aimé (ou presque) dans cette série onirique (évidemment) et poétique, qui donne à réfléchir sur les rêves et le lien que nous entretenons avec eux, et j’ai évidemment été particulièrement intéressée par cette idée de porosité entre les deux univers. Les personnages qui gravitent autour de Rêve sont tout aussi intéressants que lui, que ce soient les personnages du monde des rêves (même si je m’interroge sur l’appellation « Arcanes majeurs » qui n’a rien à voir avec le Tarot), d’autres infinis comme Mort qui est d’une douceur et d’une bienveillance absolues, ou les personnages du monde éveillé, comme Johanna Constantine (que j’aimerais voir plus) ou Rose Walker.

En fait, ma seule critique, c’est Lucifer, je n’ai pas du tout aimé la manière de l’incarner. Je comprends tout à fait les arguments avancés pour ne pas redonner le rôle à Tom Ellis, pour ne pas créer de confusion avec la série qui a fait du personnage quelque chose de particulier qui n’aurait pas collé ici. Je comprends le choix de caster une femme, ça donne une coloration intéressante au personnage. Mais je ne comprends pas le choix de cette actrice en particulier (je n’ai pas vu GoT, je précise) dont j’ai trouvé qu’elle incarnait un Lucifer mièvre et pas du tout assez profond, fascinant, pour tout dire « badass », et c’est dommage. Cet avis n’engage que moi bien sûr, mais ce fait m’a un peu gâché l’épisode avec Lucifer.

Sinon, c’est vraiment une série que j’ai pris beaucoup de plaisir à voir, d’autant qu’une fois n’est pas coutume, cette première saison a un début, un milieu et une fin (il y a une ouverture, mais pas de ce coïtus interruptus que sont les cliffanghers et qui nous laissent frustrés au milieu d’un arc narratif, parfois définitivement si la série n’est pas renouvelée). Et un épisode bonus absolument délicieux en deux parties : une qui ne manquera pas d’inquiéter les amoureux des chats, et une autre pour les écrivains…

Bref : un régal !

Sandman
Neil GAIMAN et Allan HEINBERG
Netflix, 2022

The bold type, de Sarah Watson : celles qui osent

Encore une série que j’avais repérée dès sa sortie, mais que je n’avais jusqu’à présent pas encore eu l’occasion de voir. En même temps, ne la voir que maintenant m’a permis de pouvoir regarder l’intégralité des cinq saisons sans devoir patienter des mois entre chaque, ce qui pour une impatiente comme moi est parfois un peu frustrant.

La série suit la vie, professionnelle et personnelle, de trois amies qui travaillent à New-York au sein du même magazine féminin, Scarlet. Il y a Jane, journaliste, Kat, responsable des médias sociaux, et Sutton, assistante qui voudrait devenir styliste. Au fil des saisons, on va les voir évoluer, prendre des décisions, affirmer leurs choix, sans que jamais leur amitié ne vacille.

Un série qui fait un bien fou. Au départ, j’étais attirée par le côté Sex and the city du pitch, mais j’y ai trouvé beaucoup plus. Très engagée sur le plan social et notamment féministe, la série propose de vrais beaux personnages de femmes, aux vies mouvementées, des jeunes femmes qui ont des envies, qui s’engagent, qui se battent, qui ont des vies personnelles parfois chaotiques, une carrière à gérer, mais restent unies. Et puis, surtout, il y a Jaqueline. Jaqueline, c’est mon coup de cœur : j’ai adoré les filles, mais honnêtement, elles ont 25 ans, je ne me suis pas trop projetée en elle. Mais Jaqueline… elle est la rédactrice en chef du magazine. Une femme qui a du succès, et une belle carrière. Mais pour autant, elle n’écrase pas les autres de son pouvoir, au contraire : elle est bienveillante, presque maternelle, elle soutient les autres femmes dans leur carrière, les pousse, les encourage, leur donne des opportunités, et sait prendre des risques lorsque cela s’impose. Loin des personnages féminins toxiques que l’on retrouve trop souvent, qui ont réussi mais voient toutes les autres comme des menaces, et/ou sont tyranniques parce qu’elles ont peur, Jaqueline n’a peur de rien, et franchement, j’aimerais voir plus de personnages comme celui-là.

Vraiment, une série à découvrir : j’ai adoré leurs histoires, j’ai regardé les 5 saisons en quelques jours, et j’ai vraiment passé de bons moments !

The Bold Type
Sarah WATSON
Freeform, 2017-2021 (Prime Video)

Good Omens, de Douglas Mackinnon : la fin du monde n’aura pas lieu…

Encore une série qui était dans ma très longue liste à voir sur Prime. Adaptée d’un roman de Nail Gaiman et Terry Pratchett, elle met en scène un démon et un ange, qui s’allient pour empêcher l’Apocalypse, ce qui ne plaît d’ailleurs ni au camp du Bien ni au camp du Mal.

Pleine d’humour, cette série est une sorte d’Amicalement Vôtre fantastique, l’amitié entre les deux personnages de l’ange et du démon faisant souvent des étincelles, et si l’essentiel de l’histoire se passe de nos jours à la veille de l’Apocalypse (avec des coïncidences qui ont failli me faire tomber de mon canapé), on a aussi de nombreux flash back remontant aux premiers temps de l’humanité et nous montrant l’évolution des relations des deux comparses. Le tout narré par Dieu, qui se trouve être une Déesse.

La série est d’une grande intelligence et d’une grande finesse, bourré de références, et comme c’est une mini-série (une saison 2 est prévue néanmoins), on a une fin et c’est appréciable. Et plein d’espoir. Mais je vous laisse regarder : pour moi c’est un coup de cœur, même si une histoire d’Apocalypse pour se changer les idées n’est pas forcément le mieux en ce moment (mais j’ai tout de même beaucoup ri) !

Good Omens
Douglas MACKINNON
D’après Nail GAIMAN et Terry PRATCHETT
Prime, 2017

The Marvellous Mrs Maisel, de Amy Sherman-Palladino : woman power

Une série qui était notée dans ma liste de « A voir » depuis longtemps, mais elle n’était pas sur la bonne plateforme, jusqu’à ce que l’autre jour (à force que la liste s’allonge), je finisse par m’abonner à Amazon Prime. Ce n’est pas tout à fait la première série que j’ai regardée, mais je me suis un peu précipitée tout de même, et je ne l’ai pas regretté, d’autant que la saison 4 est en curs de diffusion.

L’histoire est celle de Midge Maisel, une jeune mère au foyer juive, dont le mari est fan de stand-up, mais pas très doué. Elle par contre a un talent fou pour l’humour, ce dont elle se rend compte le jour où son mari lui annonce bêtement qu’il la quitte et qu’elle monte sur scène de façon inopinée, et rencontre un certain succès, même si elle finit en prison. Une vocation est née, mais pour une femme, en cette fin des années 50, ce n’est pas si simple.

Bon : j’aime absolument tout dans cette série : l’humour, les personnages que je trouve tous plus attachants les uns que les autres, la réflexion féministe, l’histoire au long cours avec Joël, et les costumes. Je bave devant les costumes. J’aime ses robes d’un amour fou. Je ne suis pas la seule. Bref : j’aime absolument tout dans cette série riche, colorée, dynamique, sans complexe, parfois caustique, et vraiment, si vous ne l’avez pas vue, allez jeter un œil !

The Marvellous Mrs Maisel
Amy Sherman-Palladino
Amazon Prime, 2017 – (en cours de production)

Modern Love : world needs love stories

On ne peut pas tout planifier, dans la vie.

Modern Love, c’est d’abord une rubrique du New-York Times, dans laquelle les gens racontent leur histoire d’amour. Des histoires vraies, qui ont été adapté en série. Inutile de vous dire que c’est la première que j’ai regardée avec mon nouvel abonnement.

Il s’agit d’une anthologie : chaque épisode (il y en a en tout 16 répartis en deux saisons) nous présente de nouveaux personnages, et de nouvelles histoires, et il serait donc vain de vouloir résumer.

J’ai adoré cette série, qui m’a touchée, bouleversée, émue, amusée, fait réfléchir, en fonction des épisodes : toutes les histoires sont très différentes, certaines sont très tristes quand d’autres sont d’un romantisme fou, mais toutes ont vraiment quelque chose, et j’ai beaucoup apprécié aussi la diversité des personnages qui sont d’âges, d’origines, d’orientation sexuelle et de milieux variés, et j’ai hâte de voir la saison 3 !

Précipitez-vous si vous avez l’occasion !

Modern Love
D’après le New-York Times
Prime Video, 2019 – en production

Bridgerton, de Chris Van Dusen et Shonda Rhimes : gossip lady

Cela fait une éternité que nous n’avions pas parlé séries (presque un an). Ce n’est pas que je n’ai pas regardé quoi que ce soit depuis, mais j’ai surtout vu des saisons 2, 3, 4 etc. ou des programmes sur lesquels je n’avais pas grand chose à dire. Mais là, j’avais tout de même envie de dire un mot, certes après tout le monde (mais comme on sait, je suis toujours dans un timing différent de tout le monde) de ces Chroniques de Bridgeton sorties le 25 décembre sur Netflix, que j’ai commencées à regarder ce même jour par curiosité et parce que rien d’autre ne m’appelait, et que j’ai fini par avaler en deux jours.

La série est basée sur une saga de romances écrites par Julia Quinn, et qui s’intéresse à la riche famille des Bridgeton, sous la régence anglaise. La première saison est consacrée à Daphné, l’aînée des filles, qui fait son entrée dans le monde, dans la perspective de se trouver un mari (évidemment), ce qui ne se fait pas sans moult rebondissements. Le tout sous le regard d’une mystérieuse Lady Whistledown, qui régulièrement fait paraître une feuille à potins et à scandales qui passionne cette haute société oisive.

Evidemment, on est dans une romance et dans une société hautement oppressive envers les femmes, dont le seul salut est dans le mariage et sont donc considérée comme des bestiaux à la foire. Nonobstant, la série est extrêmement plaisante à regarder : les décors et les costumes (quand les personnages en portent…) sont absolument magnifiques et surtout ce que j’ai apprécié c’est le décalage entre le côté Jane Austen et la bande son extrêmement moderne, ce qui donne quelque chose qui m’a rappelé le Marie-Antoinette de Sofia Coppola que j’aime tant. Quant à l’histoire entre Daphné et le Duc, très hot il faut bien le dire (de nombreuses scènes donnent chaud et des idées coquines), elle m’a semblée très intéressante et inspirante. Parce qu’il y est question de ce que c’est qu’aimer vraiment l’autre, comme il est.

Alors la série ne manque pas de critiques : je passerais sur ceux qui disent que c’est mièvre et stupide (ceux qui n’aiment pas la romance feraient bien de fait de passer leur chemin). Par contre, certains hurlent à l’anachronisme car nombre d’acteurs et donc de personnages sont noirs, à commencer par la reine. Sauf que… il se trouve que la reine Charlotte était très probablement noire. Cette info est cadeau, je ne le savais pas mais comme ça m’a intriguée, je me suis renseignée (contrairement à beaucoup, visiblement).

Bref, un petit bonbon acidulé, qui fait du bien et honnêtement, en ce moment, on en a bien besoin !

Bridgerton
Chris VAN DUSEN et Shonda RHIMES
Shondaland/Netflix, 2020

Ares, de Pieter Kuijpers, Iris Otten et Sander van Meurs : amsterdamned

Quand j’ai vu l’affiche (qui évidemment rappelle la scène la plus mythique d’Eyes wide shut), le sujet (une société secrète), j’ai été très intriguée, d’autant que s’agissant de la première série néerlandaise produite par Netflix et se déroulant à Amsterdam, je me suis dit que ça serait chouette de voir des images de cette ville.

Le pitch ? Rosa, une étudiante brillante mais pauvre et métis, est invitée à rejoindre une société secrète élitiste appelée Arès.

Alors tout se déroulant la nuit ou en intérieur, je n’ai pas vu Amsterdam. Mais honnêtement, si c’était le seul problème, ça ne serait pas grave. Non, le problème, c’est que je n’ai strictement rien compris, ou si peu que pas. Le début pourtant est assez réussi, la scène d’ouverture notamment, et les premiers épisodes qui distillent angoisse et interrogations : que vient faire Rosa dans cette société secrète alors qu’elle n’a pas le profil, les autres membres étant visiblement tous des descendants des gens représentés sur La Ronde de Nuit. Et puis, d’abord, pourquoi Arès ? Que vient faire le dieu de la guerre dans cette histoire, lui aussi ? Alors si on comprend (un peu) pourquoi Rosa, le nom reste un mystère, comme à peu près tout : la série tombe très vite dans le gore le plus dégueu (un conseil : ne prenez surtout pas votre repas devant cette série) voire le n’importe quoi sans queue ni tête. Et la fin est cryptique au possible (bon, depuis, j’ai trouvé des analyses qui me semblent pertinentes, mais honnêtement, si on ne comprend pas de soi-même, c’est qu’il y a quelque chose de mal fait quelque part).

Ce qui est regrettable, c’est qu’il y avait du potentiel : si on démêle les fils, le projet est intéressant (je ne spoile pas, mais vraiment c’était une bonne idée), l’esthétique choisie, celle des peintures de Rembrandt et de Vermeer également, et c’est d’ailleurs ce qui m’a séduite de prime abord. Ce qui m’a dérangée, c’est le manque de subtilité de la deuxième partie de la saison, horrifique là où ésotérique et mystérieux suffisait. Du gâchis, donc…

Bref : il y a mille fois mieux sur la plateforme !

Arès
Pieter KUIJPERS, Iris OTTEN et Sander VAN MEURS
Netflix, 2020