Instantané : bouquet de soleil

Le mimosa est un de mes grands plaisirs de la fin de l’hiver, de ceux qui m’aident à tenir jusqu’au printemps : sa couleur qui fait comme un rayon de soleil dans le bureau, son odeur, son velouté, tout me ravit !

Lorsque j’écrivais la première version de l’invitation à un voyage sensoriel il y a deux ans, j’en avais un bouquet sous les yeux et sous le nez. C’était bien trouvé : j’écrivais sur la sensorialité avec dans mon bureau un de ces éléments qui me sont indispensables parce qu’ils stimulent mes sens ! L’odorat en particulier fait ressurgir des émotions et des souvenirs et il est un formidable déclencheur d’écriture (et j’ai conscience, en écrivant ce post, de faire une mise en abyme).

Dans le livret poétique sur les cinq sens, vous trouverez de multiples activités pour vous reconnecter à ces stimuli si précieux pour créer, pour écrire et pour plonger en soi ! C’est le premier que j’ai écrit, celui qui était pour moi une évidence, et je crois que c’est celui que je préfère !

Amoureuse Colette, de Geneviève Dorman : jouir du monde

La vérité c’est que, toute sa vie, elle sera physiquement, sensuellement amoureuse de tout ce qui est bon, agréable à voir ou à toucher, de tout ce qui réjouit les sens : hommes, femmes, mer, fleurs, fruits, vins fins, truffes, plats succulents, accords musicaux et chants d’oiseaux, douceur du pelage animal ou d’une peau de satin humaine, sans parler de la gamme infinie des senteurs dont son nez d’olfactive raffinée saisit toutes les nuances les plus subtiles.

Encore Colette ? Oui, mais ce n’est pas vraiment ma faute. Il se trouve simplement que je crois qu’en ce moment elle a beaucoup de choses à me dire, et que les synchronicités font le reste. Admirez un peu : l’autre jour, j’étais dans une grande enseigne culturelle pour faire des provisions de matériel créatif. Et je passe devant le bac des livres d’occasion sans m’arrêter, mais en laissant traîner un œil. Or, qui se trouvait, comme ça, posé négligemment sur le bac, m’attendant de manière évidente ? Et oui ! Donc vous comprenez bien que je n’ai pas pu faire autrement que de le prendre. Et le lire dans la foulée.

Geneviève Dorman (que je n’avais jamais lue, et c’est un tort car j’ai beaucoup aimé son écriture) nous raconte donc ici la vie de Colette, de son mariage avec Willy à sa mort, en choisissant l’angle de l’amour. Pas uniquement l’amour amoureux, mais l’amour de la vie et du monde.

J’ai été très charmée par ce texte. La vie de Colette, je la connaissais un peu, mais j’ai appris beaucoup de choses sur la femme, et l’écrivaine. Une écrivaine curieuse d’ailleurs, qui n’aimait pas écrire et qu’il fallait enfermer pour qu’elle le fasse, sans doute parce qu’écrire pour elle éloignait de la vie (alors que pour moi, c’est en jouir encore plus intensément). Et c’est la vie qu’elle aime, dans toutes ses dimensions. L’amour amoureux, les hommes et les femmes, c’est toute une histoire et sa vie sentimentale est particulièrement aventureuse et mouvementée, riche, et pas exempte de scandale (et pour ma part, je reste malgré tout un peu chiffonnée par cette histoire avec Bertrand de Jouvenel, mais passons). Le music hall. Et tout le reste : une soif intense de sensorialité, de jouissance et de gourmandise dans tous les sens du terme, que résume parfaitement la phrase que j’ai mise en exergue.

Et ça, ça m’a émerveillée ! J’aime Colette intensément !

Amoureuse Colette
Geneviève DORMAN
Herscher, 1984 / Albin Michel, 1985 (Livre de Poche, 1987)

Sido et Les Vrilles de la Vigne, de Colette : la célébration du monde

A trois heures et demie, tout dormait dans un bleu originel, humide et confus, et quand je descendais le chemin de sable, le brouillard retenu par son poids baignait d’abord mes jambes, puis mon petit torse bien fait, atteignait mes lèvres, mes oreilles et mes narines plus sensibles que tout le reste de mon corps… J’allais seule, ce pays mal pensant était sans dangers. C’est sur ce chemin, c’est à cette heure que je prenais conscience de mon prix, d’un état de grâce indicible avec le premier souffle accouru, le premier oiseau, le soleil encore ovale, déformé par son éclosion…

J’espère que vous aimez Colette, parce que de mon côté j’ai une envie incontrôlable non seulement de (re)lire absolument tout ce qu’elle a écrit, mais aussi, comme on le verra prochainement, de lire également ce qui s’est écrit sur elle. Il faut dire qu’elle est une grande inspiration pour moi en ce moment : sa liberté totale, son indépendance, sa manière de se jeter corps et âme dans l‘amour, et bien sûr sa manière poétique d’habiter le monde, y recherchant constamment tout ce qui peut réjouir les sens. Une manière d’exister pleinement qui est ce que je cherche à transmettre aussi avec Le Voyage Poétique, mais aussi dans le projet Adèle, Colette étant un des nombreux pilotis de mon personnage, du point de vue de sa vision du monde.

Or, il se trouve en outre que ce diptyque est au programme du bac cette année et pour les trois années à venir, ce qui m’a donné l’occasion de m’y replonger. D’abord Sido, construit autour du personnage de la mère et plus largement de la famille, qui donne à Colette l’occasion de revenir sur son enfance à la campagne, choyée et heureuse, qui a construit une vision du monde où la nature est une source perpétuelle d’émerveillement. Les textes rassemblés sous le titre Les Vrilles de la Vigne sont plus disparates, mais on y trouve, là encore, cette fabuleuse pulsion de vie, cet amour infini pour la nature et le monde qui sont la marque de fabrique de l’autrice.

On trouve ici tout un univers sensuel, où la magie des mots se met au service d’une religion de la nature, qui a parfois quelque chose de païen, qu’elle tient de sa mère. Une dévotion à la vie et au monde qui l’entoure, aux plantes, aux animaux, aux odeurs, mais aussi à l’amour : de très beaux passages sont ainsi consacrés au sentiment amoureux, en tant qu’il est, lui aussi, célébration de la vie, même s’il vient avec son lot de souffrances. J’ai aussi beaucoup aimé le petit chapitre sur Claudine, au cours duquel l’écrivaine se chamaille avec son personnage, qui n’est autre qu’une part d’elle-même, on le sait bien.

J’ai pris un vif plaisir à cette relecture : la langue est parfois un peu difficile, Colette aime beaucoup utiliser des mots rares tant sa sensualité est aussi dans le langage, et d’ailleurs, j’étais persuadée de trouver dans Sido le célèbre passage du presbytère, qui m’a émerveillée (comme beaucoup) lorsque j’étais enfant. En réalité, il est dans La maison de Claudine. Dans ma liste, évidemment !

Sido et Les Vrilles de la Vigne
COLETTE
Le livre de poche

Le livre des sens, de Diane Ackerman : jouir du monde

Quel régal pour les sens que ce monde ! Voici l’été : le parfum et le bruissement du vent qui entre par la fenêtre peuvent nous tirer doucement du lit. Les rideaux de tulle se moirent dans le soleil, semblent frémir de lumière. Et puis, voici l’hiver : on a peut-être entendu, à l’aube, le bruit d’un petit cardinal se jetant contre son reflet dans la vitre de la fenêtre et, encore endormi, on a cependant compris de quoi il s’agissait. On a secoué la tête de désespoir, on s’est levé, on est allé dans le bureau pour dessiner la silhouette d’un hibou, à moins que ce ne soit un autre prédateur, sur une feuille de papier que l’on a collée à la fenêtre avant de gagner la cuisine pour se préparer un grand café : amertume légère et arôme puissant.

Après avoir lu Le Livre de l’amour, de la même autrice, j’avais très envie de me plonger dans son essai sur les sens, d’abord parce que c’est une thématique qui m’intéresse, ensuite parce que je me suis dit qu’il pourrait éventuellement compléter les recherches que j’avais menées sur le sujet (depuis plus de vingt ans, c’était déjà un de mes axes de recherches pour mon mémoire de Maîtrise) et dont j’ai tiré l’Invitation à un voyage sensoriel.

Dans cet essai, Diane Ackerman étudie les cinq sens sous toutes leurs coutures, aussi bien dans une dimension historique, biologique, sociale ou encore poétique : l’odorat, le toucher, le goût, l’ouïe, la vision (il est dommage qu’elle n’explique pas l’ordre qu’elle a choisi, car je pense que c’est intéressant) avant de consacrer un court chapitre aux synesthésies.

Un ouvrage riche et passionnant, dont la lecture m’a appris bien des choses : on sent que l’autrice se passionne pour son sujet, et ses sujets de réflexion sont d’une grande variété. Sa manière de présenter le résultat de ses recherches parvient à allier quelque chose d’intime, où on sent la joie de l’émerveillement face à la sensualité du monde, son écriture étant souvent empreinte de poésie, et en même temps des informations précises et sérieuses. Beaucoup de très beau passages, par exemple sur le baiser, émaillent le texte, et j’ai adoré le dernier chapitre, consacré aux manies d’écrivains pour stimuler la créativité par les sens (la lecture de ce chapitre m’a permis de me sentir normale, avec mon tableau d’inspiration, mon coussin d’équilibre et mes bougies parfumées).

Bref : un essai passionnant à lire, très instructif, qui invite à jouir pleinement de la richesse du monde.

Le Livre des sens
Diane ACKERMAN
Traduit de l’américain par Alexandre Kalda
Grasset, 1991

Désirs, Haïkus érotiques de Patrick Gillet et Nina Egée : habiter érotiquement le monde

Les rubans du vent
S’engouffrent sous sa robe
Tourbillons du tissu…

L’autre jour, je suis allée à un salon du livre organisé au Jardin des Plantes d’Orléans, et parmi les multiples tentations, j’ai jeté mon dévolu sur deux ouvrages. Je vous parlerai du deuxième dans quelque temps, mais commençons par ce recueil de haïkus érotiques. Il y avait d’ailleurs d’autres thématiques que l’érotisme, mais enfin, vous me connaissez, c’est celui-là qui a attiré mon œil…

Il s’agit d’abord d’un très bel objet artistique, imprimé sur du papier de grande qualité et assemblé à la main, ce qui le rend dès le départ très sensuel, agréable à toucher, à caresser, à sentir aussi. Quant aux textes, je les ai trouvés délicieux et délicats, autant d’instantanés de désir : le vent qui soulève une jupe, des seins qui pointent, une bretelle qui glisse, des talons qui frappent le sol, un parfum qui flotte dans l’air… c’est un monde sensuel et chargé d’érotisme que nous offre Patrick Gillet, et j’ai vraiment apprécié sa manière de regarder le monde et les femmes.

J’ai un peu moins aimé les photographies, ou plutôt je les ai diversement aimées : j’en ai trouvé certaines vraiment très poétiques et à propos, alors que d’autres m’ont laissée perplexe par leur banalité. Dans l’ensemble il y a un joli travail, mais certains clichés m’ont semblé d’une part décalés, et de l’autre un peu en-dessous du talent évident de la photographe.

Mais dans l’ensemble j’ai vraiment beaucoup apprécié ce recueil très poétique et sensuel !

Désirs. Haïkus érotiques
Patrick GILLET et Nina EGEE
Editions du petit véhicule, 2018

Les énergies du Taureau et les cinq sens

Dans mon thème astral, je n’ai pas de Taureau. Pour tout dire, je n’ai pas de signes de terre, ce qui explique beaucoup de choses. Enfin, plus exactement : je n’ai aucune planète en Taureau, mais les énergies du signe sont tout de même présentes, puisque nous avons tous toutes les énergies, mais nous les utilisons plus ou moins. D’autant que j’ai un truc important qui est en Taureau : mon Milieu du Ciel. C’est-à-dire l’angle qui représente la carrière, la renommée. Et que oui, j’ai toujours senti que cette dimension était essentielle pour moi dans mes activités « professionnelles », même si c’est longtemps resté confus.

Comme la Balance, le Taureau est gouverné par Vénus. Mais là où la Balance est dans le côté intellectuel, esthétique, artistique de la déesse (l’Aphrodite dite Urania, Aphrodite Céleste), le Taureau représente sa dimension charnelle, sensuelle, que d’aucuns qualifient de « vulgaire » (Aphrodite pandemos). Le Taureau, c’est un hédoniste qui aime la bonne chère (c’est souvent comme ça qu’on le caricature) mais aussi les plaisirs de la chair, et plus généralement tout ce qui va réjouir ses sens : il aime le beau, le bon, le confortable. Ses qualités sont donc d’avoir une belle connexion à la terre et à son corps, c’est un signe très ancré, qui sait prendre soin de lui, de sa maison, prendre son temps, tout en se connectant à ses émotions. Bref : le Taureau est sans doute le signe qui sait le mieux profiter de l’abondance de la vie.

C’est le signe qui correspond parfaitement à mon mantra de 2022 : je suis vivante. Et c’est une énergie qui, en fait, me correspond parfaitement bien : j’aime bien manger, j’aime prendre soin de chez moi, j’aime qu’autour de moi ce soit beau, douillet, que ça sente bon…

Avec mon opposition d’Uranus, en Taureau donc, sur mon Milieu du Ciel, il était somme toute logique que ma « libération professionnelle » ait quelque chose à voir avec ces thématiques. Et de fait : le premier livret que je vous propose est consacré aux cinq sens. C’est à un Voyage sensoriel que je vous invite pour commencer 2022, et ce voyage poétique vers vous-même qui est la base de mon travail. Un voyage pour vous reconnecter à vos sens, tous, afin de jouir plus pleinement de la vie.

Alors, vous me suivez ? C’est par ici pour embarquer !

Les plaisirs sensuels de l’automne

Boire un chocolat chaud pour le goûter // Les guirlandes lumineuses et les bougies parfumées // Les couleurs chatoyantes des feuilles // Décorer sa maison et en faire un cocon // Les courges // Se promener dans la nature et respirer à pleins poumons // Ecouter tomber la pluie bien au chaud sous la couette // Prendre un verre dehors enroulé dans un plaid // Chercher les champignons et les mangers // Porter un parfum plus fort aux odeurs de musc et de mûre // Des plats réconfortants…

Et vous, quels sont vos plaisirs sensuels de l’automne ?