Pas de lecteurs, pas de salon du livre !
Puisque beaucoup de monde me demande si cette année je serai comme d’habitude au salon, si on peut se voir, prendre rendez-vous, se boire un café, que sais-je, voici ma réponse.
Non, cette année, vous ne pourrez pas me voir et vous n’aurez pas le désormais traditionnel compte-rendu du salon (que j’adorais écrire en plus !). Parce que cette année, j’ai décidé de ne pas y aller. De fait, j’ai autre chose de prévu, mais cela fait plusieurs mois que j’avais pris cette décision. A vrai dire, j’y pensais déjà lorsque le précédent s’est achevé, mais les nouvelles modalités d’organisation ont fini de me convaincre que ce salon n’en valait plus la peine, dans l’état actuel des choses. Pourtant, il y avait eu un vague sursaut d’espoir suite à la publication des chiffres de fréquentation, désastreux il faut bien le dire (et pas uniquement imputables à VigiPirate), l’organisateur avait un peu battu sa coulpe et promis des changements. Alors oui, changements, il y a eu : ils ont modifié le calendrier, et le nom. Par contre, la politique générale est restée la même, alors que c’est de ce côté-là que ça cloche.
Alors qu’avant nous arrivions assez facilement à nous accréditer (je suis retombée cette semaine sur mon badge de 2014), ce qui nous facilite quand même grandement la vie question logistique, cette année comme l’an dernier, l’organisation du salon a refusé systématiquement les accréditations presse aux blogueurs (alors qu’honnêtement, qu’est-ce que ça leur coûte ?). Personnellement, je ne l’ai même pas demandée, parce que le mépris qu’ils ont affiché pour nous en 2015, il n’y avait aucune raison qu’ils ne l’affichent pas également cette année (sauf à croire aux miracles). Et d’ailleurs, alors que l’an dernier j’avais eu un pseudo lot de consolation, à savoir une invitation pour l’inauguration, 2 entrées journées et un concours pour vous en faire gagner, cette année, rien, et je n’en ai pas non plus vu ailleurs. Il n’y a pas de petites économies, hein ?
Evidemment, si j’avais absolument tenu à être présente, plusieurs éditeurs m’ont gentiment proposé aussi bien de m’inviter à la sauterie inaugurale que de me donner des entrées. Là n’est pas la question, donc.
Quel est le problème, alors, à part que je suis une chieuse ?
D’abord, une question de principe. Je suis outrée par le prix d’entrée (Bruxelles a fait cette année le choix de la gratuité et les organisateurs ne le regrettent pas) et le refus systématique des demandes d’accréditation, surtout quand on sait que la plupart des blogueurs, contrairement au public lambda, reste sur le salon plusieurs jours et ne se contente pas d’une journée. Alors, qu’ils n’accréditent pas tous les blogs, je peux à la limite le comprendre (encore que Montreuil accrédite tous les blogueurs qui en font la demande) ; qu’ils n’accréditent personne (et quand on voit dans la liste des refusés des blogs très influents, on se pose des questions), ça, non, je ne peux pas le comprendre ni l’admettre : cela montre juste qu’ils n’ont absolument rien compris ni aux mutations actuelles des médias, ni à ce que nous faisons, ni à internet (cela dit, vu comme le site est mal fichu, c’est un fait : ils n’ont rien compris à internet). Cela montre un mépris pour les blogs (littéraires) totalement réactionnaire et dépassé (tout comme le salon de peinture et de sculpture refusait les artistes les plus avant-gardistes ?) : à longueur de temps, on me propose de m’accréditer pour des événements dont le lien avec la culture et le livre n’est pas évident voire inexistant, alors que les organisateurs de l’événement phare de l’année ne veulent pas de moi (je sais, je n’ai pas demandé cette accréditation, mais je me range d’office dans les bannis vu qu’il n’y a aucune raison que contrairement aux autres j’eusse obtenu le fameux Sésame en le demandant) ? Cherchez la logique…
Ensuite, c’est une question d’organisation : l’inauguration est désormais le mercredi soir (merci pour les non-parisiens) et non plus le jeudi, et en admettant que j’aie pu me libérer (ce qui déjà n’était pas gagné, mais passons), le jeudi matin étant réservé aux professionnels, il était impossible d’y accéder sans la fameuse accréditation presse, donc (toujours elle). Du coup, payer l’hôtel pour finalement ne pas pouvoir visiter le salon autrement qu’en coup de vent ou en prenant une nuit d’hôtel supplémentaire pour y aller le vendredi, j’ai estimé que ce n’était pas l’idée du siècle. Mon banquier était d’accord.
Et puis, franchement, si l’an dernier j’étais contente de voir les gens, le salon en lui-même… Bof. C’est surtout l’inauguration qui vaut le coup, et les rendez-vous que l’on arrive à caler parce que tout le monde est sur place et que du coup c’est plus simple. Le reste, cela ressemble de plus en plus à une foire à la saucisse (de Francfort ou d’ailleurs), et très peu pour moi (cela dit sans mépris aucun pour les saucisses, mais enfin chacun son domaine, le salon du livre, ce n’est pas le salon de l’agriculture). De moins en moins d’éditeurs, de moins en moins de conférences et tables rondes, de moins en moins de chauffage (du coup j’ai pris froid). Ma conclusion est que cela ne mérite plus le déplacement. Je serai à Paris tout le week-end, mais je ferai autre chose, merci, et j’irai dépenser mon argent dans les librairies et les musées (et au Flore).
Conclusion (bis), cette année, je verrai les gens ailleurs (pas tous ceux que j’aurais voulu, tant pis, ce sera pour une prochaine fois), et le salon se passera de ma présence, de mes photos sur Instagram, de mes posts sur Facebook et sur Twitter. Puisque nous, blogueurs, et nos lecteurs, sont ainsi méprisés, pourquoi parler de l’événement (oui, je sais, c’est une prétérition, vu que je suis justement en train d’en parler longuement) ? Oh, je suis sûre qu’il s’en remettra, à condition que nous ne soyons pas trop nombreux à décider de ne pas y aller, ce qui n’est pas gagné, mais ce que j’en dis, après tout…
Je ne serai donc pas à la porte de Versailles, et si vous voulez absolument me voir (on ne sait jamais) vous pouvez toujours passer à l’Alcazar le 19 après-midi !
Et en avril je serai à Lire à Limoges (dont l’entrée, je le rappelle, est libre et gratuite) et peut-être, si les astres sont favorables, à Châteauroux. Mais tant que l’organisation ne sera pas revue en profondeur, et que les organisateurs persisteront dans cette attitude méprisante envers les blogueurs, il est fort probable que je n’irai plus au salon du livre de Paris (pardon, Livre Paris : c’est vrai que changer de nom change tout) (ou alors en tant qu’auteur, mais c’est pas gagné non plus).
Je partage donc je suis :
WordPress:
J’aime chargement…