Ça te fera du fric. Un moyen de nourrir tes gosses.
— J’ai pas de gosses.
— Moi si.
Encore un film d’écrivain, encore que l’écriture, bien qu’importante, ne soit pas strictement l’enjeu de ce film.
X (il n’a pas de nom, ce qui est finalement bien trouvé), ghost writer de talent, est engagé (et payé très cher) pour terminer les mémoires de l’ancien premier ministre britannique, Adam Lang, dont le premier jet est d’une platitude à faire peur. Il rejoint donc son « sujet » à Martha’s Vineyard, dans sa maison, véritable bunker. Mais le projet apparaît vite semé d’embûches : le précédent prête-plume est mort dans des circonstances suspectes, tombé d’un ferry où il n’avait rien à faire, un ancien ministre du cabinet Lang l’accuse de complicité de crimes de guerre pour avoir autorisé l’arrestation illégale de terroristes présumés et les avoir livrés à la CIA qui les aurait soumis à la torture et cela crée un scandale, et en menant l’enquête X découvre que Lang ment sur certains points…
Thriller politico-littéraire, The Ghost writer est un véritable bijou, impeccablement filmé et construit (à partir d’un roman de Robert Harris), tout en proposant une réflexion extrêmement intéressante (et ô combien actuelle) sur la lutte contre le terrorisme (et les problèmes moraux que cela pose, avec des réflexions de Lang qui ne sont pas complètement infondées à mon sens), le rôle de la CIA et l’impérialisme américain. Que Lang soit largement inspiré de Tony Blair finalement importe peu : tout en faux-semblants, en jeux d’apparences et en manipulations, le film distille un suspens véritable sans jouer sur le grand spectacle, avec plutôt une ambiance inquiétante à la Hitchcock. Glaçant jusqu’à la dernière image, grandiose.
Bref, un excellent film, à voir absolument. Et note pour plus tard : ne jamais accepter de ghost-writer le livre d’un homme politique, c’est beaucoup trop dangereux.
The Ghost-writer
Roman POLANSKI
2010