Tout ira mieux demain, de Betty Smith : l’espoir d’une vie meilleure

Margie se disait : « jamais je ne serai ainsi. Je serai plutôt comme ma mère. A près de quarante ans, mince comme une jeune fille. A vrai dire, si elle reste mince, je crois que c’est parce qu’elle voit toujours le côté triste de la vie. Mais moi, je ne serai pas triste ; pas grasse non plus. Je resterai comme je suis, exactement comme je suis ; quelle que soit la vie qui m’attend ! »

Un joli titre plein d’espoir pour ce roman vintage paru pour la première fois en 1948.

A 17 ans, après avoir terminé le collège, Margie a trouvé un emploi de bureau somme toute assez satisfaisant. Issue d’une famille pauvre de Brooklyn, elle est pleine d’espoir concernant son avenir, ne doutant pas d’avoir une vie meilleure que ses parents. Mais de chagrins en désillusions, la vie va mettre ce bel optimisme à rude épreuve…

Un très très joli roman de formation sur les rêves qui ne se réalisent pas, et surtout le Rêve Américain. L’apprentissage d’une jeune fille, qui prend conscience des classes sociales dans le Brooklyn des années 20, et qui a des espoirs, qui ne sont pourtant pas trop grands : trouver un gentil mari, pas trop pauvre mais pas riche non plus, fonder une famille, envisager une vie meilleure que celle de ses parents. Mais ça ne sera pas aussi simple. Et pourtant, le roman n’est pas noir, parce que Margie est un très beau personnage, attachante, gaie, rêveuse, un peu trop faible face à sa mère étouffante (toutes les mères du roman sont étouffantes et refusent de laisser partir leurs enfants), mais toujours optimiste. Et peut-être a-t-elle raison…

En tout cas, ce roman m’a enchantée : une très belle découverte !

Tout ira mieux demain
Betty SMITH
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Maurice Beerblock
Hachette, 1950 / Belfond, 2021

L’Abbaye de Northanger, de Jane Austen : à quoi rêvent les jeunes filles

Oui, des romans ; car je ne donne pas dans cette mesquine et maladroite habitude, qu’ont les auteurs de romans, de déprécier par leur blâme toute une catégorie d’œuvres dont ils ont eux-mêmes accru le nombre : se joignant à leurs ennemis pour décerner les plus sévères épithètes à ces œuvres-là et n’en permettant presque jamais la lecture à leur héroïne qui, si elle ouvre par hasard un roman, n’en fera certainement qu’en feuilleter les pages insipides avec dégoût. Las ! Si l’héroïne d’un roman n’est pas prise sous son aile par l’héroïne d’un autre roman, de qui pourra-t-elle attendre protection et égards ?

Alors évidemment, maintenant que j’ai fini par craquer pour la collection Cranford… entendons-nous bien : je n’envisage pas de tous les acheter (et d’ailleurs j’ai résisté à Persuasion pas plus tard que la semaine dernière) mais s’agissant de romans que je n’ai pas lus, évidemment, c’est plus difficile de résister. Donc voilà comment j’ai fini par lire ce roman de Jane Austen qui faisait partie de ceux que je n’avais pas lus.

Catherine Morland, l’héroïne de ce roman, est une jeune fille fort sympathique mais très naïve, et son imagination a tendance à s’emballer facilement, d’autant qu’elle se passionne pour les romans gothiques et rêve d’aventures mystérieuses. Invité à passer quelques semaines à Bath par des amis, elle y fait la connaissance des Thorpe, puis d’Eleanor Tilney et surtout d’Henry, dont le père l’invite à séjourner quelque temps à l’abbaye de Northanger, où elle pense pouvoir vivre des aventures extraordinaires…

Un roman vif et enlevé, d’une ironie mordante, souvent très drôle, et dont je me suis dit que Jane Austen avait dû beaucoup s’amuser à l’écrire. C’est un joli roman d’apprentissage et une histoire d’amour touchante, qui défend la lecture des romans. Cela dit, je pense que je l’aurais davantage apprécié si je l’avais lu plus jeune !

L’Abbaye de Northanger
Jane AUSTEN
Traduit de l’anglais par Félix Fénéon
Cranford collection