Petite femme, de Sophie Caironi : à la poursuite d’un rêve

Petite Femme ferma les yeux.
Elle pensait à son rêve.
Avant de s’envoler, il était devenu tout petit,
un seul point et puis plus rien.
Pette femme l’avait attendu, jour et nuit.
Il n’était plus jamais revenu…

Une femme cherche son rêve. Elle demande à la montagne, au vent, à la forêt, sur un chemin qui n’a ni début ni fin, dans la mer…

Un magnifique album, poétique et onirique, plein de douceur et de sensibilité, dans lequel on se laisse transporter comme dans un rêve : il ne faut pas s’accrocher au sens en lui-même, mais se laisser aller. C’est beau, les illustrations (en particulier celles de la forêt) sont magnifiques, l’idée de quête de ses rêves et d’infini des possibles m’a évidemment beaucoup parlé. Et en le lisant, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à ma forêt de symboles

Un très très bel objet, pour les petits et pour les grands, que je conseille sans réserve !

Petite Femme
Sophie CAIRONI
CotCotCot éditions, 2022

Les Anges nous jugeront, d’Emmanuel Moses : le songe d’une nuit d’automne

Pendant tout le temps de cet échange, l’homme était demeuré contre le battant de la porte. Il n’en perdait pas un mot. Une impression de se trouver à la lisière d’un rêve s’était emparée de lui. Comme lorsqu’on se tient sur le rivage, au bord de l’eau qui vous lèche les pieds, entouré de coquillages et de galets. Un peu engourdi par le froid que propageait le col de sa chemise trempée, notamment, et malgré l’étrangeté de la situation, il était de nouveau serein et même plutôt bien. Il prenait un certain plaisir à être là, dans cette cahute de jardiniers, avec ces gens, des inconnus, ou presque, à suivre la conversation qui s’était engagée à mi-voix, dans une pénombre que perçait le tremblotement de la bougie. 

J’avoue que c’est son titre qui m’a irrésistiblement attirée vers ce roman, sans connaître du tout l’auteur, ni trop savoir à quoi m’attendre…

Piégés par la pluie et le brouillard, cinq personnes (quatre adultes et une petite fille) se réfugient dans un abri de jardiniers, au milieu d’un immense parc dont ils n’ont pas réussi à trouver la sortie. Ils vont y passer une nuit étrange, entre rêve et réalité…

Dès le départ, on est saisi par cette langue ciselée et poétique, qui nous plonge dans un univers fantastique et onirique — quelque chose de très shakespearien, qui est d’ailleurs un intertexte assumé (surtout La Tempête, même si personnellement j’ai surtout pensé au Songe d’une nuit d’été). Tout fonctionne d’ailleurs comme une pièce de théâtre, et pas seulement parce que deux des personnages sont comédiens et dramaturge pour l’un d’eux : l’intrigue resserrée sur cinq personnages dans une unité de lieu et de temps ne peut que faire penser au théâtre classique (mais aussi au Huis-clos de Sarte), tandis que les thèmes eux-mêmes sont totalement baroques. Tissé de symboles et de métaphores, ce roman est d’une grande profondeur métaphysique : les destins qui se croisent faussement par hasard, les trappes de la mémoire, l’ombre et la lumière, la vie et la mort… Difficile d’en dire plus car ce court texte se laisse difficilement saisir : tout en nuances, il nous conduit sur une lisière, et on s’attend à tout moment à voir surgir Puck (à moins qu’il ne soit déjà là).

Un très beau roman, très doux, comme un rêve qui nous en apprend beaucoup sur nous…

Le hasard a voulu (enfin, le hasard : sans doute pas vraiment) que je place dans ma pile ce roman juste au-dessus d’un ouvrage sur Shakespeare que j’ai donc lu juste après et dont je vous parlerai demain, et j’aime beaucoup cette synchronicité.

Les Anges nous jugeront
Emmanuel MOSES
Editions du Rocher, 2018

1% Rentrée littéraire 2018 – 12/6

Dix nuits dix rêves de Kondô Yôko (d’après le roman de Sôseki) : la chair, la mort, l’amour

Attends-moi cent ans. Cent ans assis sur le bord de ma tombe, attends-moi. Et je viendrai.

Je lis assez peu de BD, et encore moins de manga (pour être plus exacte, je lis très peu de littérature japonaise car je suis assez hermétique à cette culture, et le manga ajoute une difficulté, celle du sens de lecture, qui me perturbe, je me trompe sans cesse et je ne peux donc pas m’immerger pleinement). Mais lorsque je suis tombée sur ce volume, j’ai été immédiatement séduite par le projet.

En 1908, Sôseki raconte dix nuits et les dix rêves (ou plutôt cauchemars) qui sont venus les habiter. Ce sont ces rêves, impossibles à raconter, que met en image Kondô Yôko.

Dix rêves angoissants et sombres, symboliques et énigmatiques comme le sont les rêves : si certains sont assez clairs, d’autres au contraire se révèlent impossibles à déchiffrer, et il faut alors accepter, comme le rêveur, de se laisser porter par les images, les sensations, et ne pas courir après le sens. Très poétique, le recueil parle d’amour, de mort, de métamorphoses et de nos peurs les plus profondes, ce qui le rend très déstabilisant.

J’ai une nette préférence pour la première nuit, qui est d’une beauté éblouissante. Les autres m’ont laissée plus perplexe, mais je ne regrette absolument cette expérience : n’hésitez pas, si le cœur vous en dit, à plonger à votre tour dans ce volume !

Dix nuits dix rêves
KONDÔ Yôko
D’après le roman de SÔSEKI
Traduit du japonais par Patrick Honnoré
Philippe Piquier, 2018

1% Rentrée littéraire 2018 – 4/6

La Grande roue, de Diane Peylin

Que fait-on lorsqu’on n’a que le point A ? Que le point B ? Ou ni le point A ni le point B ? Quelles solutions ? Ne cesser de marcher vers l’horizon ou bien tourner en rond ? Deux cycles infinis et épuisants. Où la raison n’est plus. Un peu de folie ? Oui, pourquoi pas. Tout saupoudrer de folie pour que cessent les interrogations et que l’errance soit supportable. Faire un pas après l’autre. 

J’avais ce roman depuis plusieurs semaines, mais je ne sais pas trop pourquoi (enfin si, je pense que je sais) je l’avais laissé de côté jusqu’à ce que l’autre jour, en panne d’inspiration, je m’en saisisse… et le dévore d’une traite !

Quels liens unissent Emma, qui rencontre Marc en 1986, l’été de ses 19 ans, près de la grande roue, Tess, qui erre dans la nuit et ne semble plus savoir qui elle est, David, qui vient d’arriver dans un petit village de montagne et ne semble pas posséder toutes ses clés, et Nathan, interrogé par un policier ?

Ce roman est littéralement diabolique, et fonctionne comme un puzzle, dont on assemble les pièces petit à petit jusqu’à ce que la vérité se fasse jour. S’il est du coup très difficile d’en parler sans trop en dévoiler, on peut néanmoins dire qu’il se lit comme un thriller, mais qu’il est néanmoins habité d’une profondeur lynchienne. Onirique, d’une sensualité époustouflante, il joue sur les schèmes archétypaux de l’inconscient, l’ascension, étouffement, mais aussi le motif le motif obsédant du labyrinthe, au sein duquel se tapit le minotaure, monstre dévoreur d’enfant, démon du passé.

Bref, un roman assez oppressant avec sa galerie d’êtres désarticulés et cabossés, mais qui est maîtrisé à la perfection, et constitue une intéressante expérience de lecture.

La Grande roue
Diane PEYLIN
Les Escales, 2018

Le Songe d’une nuit d’été, de William Shakespeare

Hélas ! d’après tout ce que j’ai pu lire dans l’histoire ou appris par ouï-dire, l’amour vrai n’a jamais suivi un cours facile […] Si les vrais amants ont toujours été contrariés ainsi, c’est en vertu d’un édit de la destinée ; supportons donc ces épreuves, puisqu’elles sont une croix nécessaire, aussi inhérente à l’amour que la rêverie, les songes, les soupirs, les désirs et les pleurs, ce triste cortège de la passion. 

Ces derniers temps, je n’ai cessé de croiser cette pièce sur ma route (limite c’était du harcèlement) : y voyant une injonction de l’Univers (oui, je sais, nous sommes plusieurs dans ma tête, parfois), j’ai obéi, et je l’ai relue (en plus ça tombe bien, on est en été, c’était la saint-Jean, une des dates possibles de la fameuse nuit d’été, il y a trois jours, et c’est le mois anglais), dans l’édition que j’avais sous la main (c’est un peu dommage d’ailleurs car j’ai une édition beaucoup plus jolie, mais je ne sais pas trop où elle est…), à la recherche de la raison pour laquelle cette pièce m’a fait signe (j’ai trouvé, mais je ne vous le dirai pas).

Résumer cette pièce est un peu compliqué. Tout commence alors que Thésée, le duc d’Athènes, doit épouser Hippolyte, la reine des Amazones ; se marier, c’est aussi ce que voudraient faire Lysandre et Hermia, mais le père de la jeune fille a décidé qu’elle épouserait plutôt Démétrius, qui est très amoureux d’elle mais qu’elle n’aime pas, contrairement à Héléna. Lysandre et Hermia décident de s’enfuir et se donnent rendez-vous la nuit suivante. Pendant ce temps, les artisans du village répètent une petite pièce racontant l’histoire de Pyrame et Thisbée, qu’ils comptent représenter au mariage. Quant à Obéron, le roi des Elfes, et Titania, la reine des Fées, ils sont fâchés, et Obéron, aidé de Puck, compte bien jouer un sale tour à sa femme. Tout ce petit monde va se retrouver dans la forêt, pendant cette fameuse nuit d’été…

Le Songe d’une nuit d’été est sans doute l’une des plus fascinantes pièces de Shakespeare, et des plus foisonnantes — baroque, en somme : s’y mêlent l’antiquité, le christianisme et le paganisme anglo-saxon, dans une joyeuse succession de quiproquos et de rebondissements loufoques. Une comédie romantique pleine de magie, avec des filtres d’amour remplaçant les flèches de l’aveugle Cupidon (L’amour en son imagination n’a pas le goût du jugement. Des ailes et pas d’yeux : voilà l’emblème de sa vivacité étourdie) et des problèmes, parce qu’aucune grande histoire d’amour ne naît dans la simplicité, et ce sont les épreuves traversées qui l’adoubent — mais heureusement, tout se termine bien par des mariages. Enfin, une réflexion sur le théâtre, l’illusion théâtrale et la mise en abyme, le quatrième mur qui s’effondre.

Illusion ? Rêve ? Réalité ? De toute façon, l’amour est fou et capricieux et comme lui nous sommes des enfants. Et c’est une belle folie à laquelle Shakespeare nous invite à céder, en cette nuit d’été, nuit de la saint-Jean, nuit de Beltane ou autre nuit…

Le Songe d’une nuit d’été
William SHAKESPEARE
Traduit de l’anglais par François-Victor Hugo (revu par Yves Florenne et Elisabeth Duret)

Le mois anglais

Bloc Notes de rentrée

Et oui. Malheureusement, c’est déjà la rentrée, la vraie, pas la rentrée littéraire, qui signe la fin de l’insouciance, de la liberté, du temps à soi. Snif. Mais essayons de faire contre mauvaise fortune bon coeur, avec quelques infos capitales.

Le forum Fnac Livres

Forum fnac livresPour sa deuxième édition, le Forum Fnac Livres se décale un peu dans le temps et dans l’espace et aura lieu du 15 au 17 septembre à la Halle des Blancs Manteaux. Mais le principe reste le même : des auteurs en dédicaces, des rencontres, des surprises, et il s’ouvrira le 15 par la remise du premier prix littéraire de la saison, le Grand Prix du Roman Fnac. Comme l’an dernier, j’aurai le plaisir, avec 2-3 autres, d’interviewer le lauréat, et je passerai tout le week-end sur place. N’hésitez pas à passer !! Tout le programme ici

Une saison de Nobel


Sous le parrainage de Pierre-Gilles de Gennes, Prix Nobel de Physique 1991, Une Saison de Nobel rend hommage à un Auteur, Prix Nobel de Littérature, et à son oeuvre. En effet, les Prix Nobel, et en particulier le Prix Nobel de Littérature, couronnent des oeuvres ou des découvertes majeures de l’histoire de l’humanité. Une façon d’honorer des écrivains talentueux, dont le nom traverse le temps, et qu’il est bon parfois de redécouvrir… Une Saison de Nobel crée donc sur scène la rencontre entre un auteur, une oeuvre et un public. A noter, en ce début d’année, au théâtre de l’Oeuvre : 24 septembre : Gao Xingjian (Prix France 2000), 29 octobreJean-Marie Le Clézio (Prix France 2008), 26 novembre : Elfriede Jelinek (Prix Autriche 2004), 17 décembre : Dario Fo (Prix Italie 1997) !

Le Monde festival

Le Monde festival

Après le succès de l’édition 2016 du Monde Festival, qui a rassemblé près de 20 000 spectateurs, Le Monde lance la quatrième édition, autour de la thématique du rêve, les 22, 23, 24 et 25 septembre 2017. Cette année encore, débats, spectacles, rencontres et ateliers seront proposés pour échanger autour du « rêve » dans des lieux d’exception : à l’Opéra Bastille, au Palais Garnier et au Théâtre des Bouffes du Nord. Le rêve, aussi poétique que dynamique, porté sur l’action et l’avenir, permet à tous de rêver le monde, de l’imaginer, de le changer, de le rendre plus vivable collectivement, plus équitable, plus juste, plus audacieux. Des échanges enrichissants, auxquels contribueront de nombreux invités prestigieux venus du monde entier, qui vous feront partager leurs rêves du monde de demain. Parmi la centaine d’invités qui participeront au Monde Festival, seront notamment présents : Laurent Alexandre, Isabelle Autissier, Alain Badiou, Antoine de Baecque, Laurent Berger, Juliette Binoche, Philippe Chalmin, Judith Chemla, Patrick Cohen, Régis Debray, Aurélie Dupont, Ruth Elkrief, Christiane Lambert, David Le Breton, Lawrence Lessig, Sarah Marquis, Kevin Mayer, Dominique Méda, Catherine Millet, Pierre Musso, Françoise Nyssen, Serge Papin, David Pujadas, Christian de Portzamparc, Jean-Marie Robine, Ken Robinson, Perrine Ruby, Marjane Satrapi, Jean-Dominique Sénard, Leïla Slimani, Kate Tempest, Jean-François Toussaint, Katharine Viner… Tout le programme ici !

L’Exposition d’un rêve

Exposition d'un rêve
F. M. Einheit dans l’amphithéâtre en plein air de la Fondation Gulbenkian, Lisbonne © Marcia Lessa

Toujours sur le thème du rêve, La Fondation Calouste Gulbenkian à Paris propose pour son exposition de rentrée une expérience sonore, sous le commissariat de Mathieu Copeland, qui s’inspire des rêves de cinéastes et de dramaturges, de poètes et d’écrivains (entre autres Genesis Breyer, P-Orridge, Gabriel Abrantes, Tim Etchells, Pierre Paulin et Apichatpong Weerasethakul). Ces rêves ont ensuite été mis en musique par le musicien allemand F. M. Einheit et enregistrés à la Fondation et dans son jardin à Lisbonne, grâce à la contribution de nombreux musiciens et du Chœur Gulbenkian tout au long de l’année 2017. De quoi rappeler le « rêvatoire » de la Casa Pessoa : les Portugais ont décidément des idées bien poétiques ! A entendre à partir du 7 ocobre !

Les femmes de dictateurs, saison 2

Femmes de dictateurs

Après le succès de la première saison, découvrez trois nouvelles grandes familles d’épouses d’autocrates ou de despotes sanguinaires :  Les Impétueuses, Les Maudites, Les Matriarches. A découvrir dès le jeudi 21 septembre à 20h55 sur Planète+.

Requiem, d’Antonio Tabucchi

Requiem, d'Antonio TabucchiNon, répondis-je, le problème n’est pas là, le problème est que je ne sais pas pourquoi je me trouve ici, on dirait une hallucination, je ne sais pas bien comment vous expliquer, je ne sais même pas très bien ce que je dis, figurez-vous que j’étais à Azeitão, vous connaissez Azeitão ? j’étais chez des amis, dans la ferme, sous un grand arbre, un mûrier, je crois ; j’étais étendu sur une chaise longue, je lisais un livre que j’aime beaucoup et voilà que je me retrouve ici — ah, j’y suis, c’était Le Livre de l’Intranquilité, et vous, vous êtes le Boiteux de la Loterie qui cassait inutilement les pieds à Bernardo Soares, c’est là que je vous ai rencontré, dans ce livre que j’étais en train de lire sous un mûrier, dans une ferme à Azeitão.

Je poursuis mes lisboètes avec ce roman d’Antonio Tabucchi, le plus Portugais des auteurs italien — roman d’ailleurs écrit en portugais, langue qui s’est imposée à lui lors de l’écriture.

Lisbonne, le dernier dimanche de juillet. La ville est presque déserte, la chaleur accablante, et le narrateur erre, ne sachant pas bien comment il est arrivé là alors qu’il lisait Le Livre de l’Intranquilité sous un mûrier, à la campagne, à Azeitão. Il a un mystérieux rendez-vous le soir, et il passe la journée à errer dans la capitale, faisant d’étranges rencontres…

Rêve, hallucination, Requiem est un étrange roman peuplé de fantômes où la poésie affleure à chaque page. Si l’ombre de Pessoa plane sur l’ensemble, il n’est pourtant jamais nommé, sinon par la mention du Livre de l’Intranquilité et de son hétéronyme Bernardo Soares ; et pourtant il est bien là, dans cette inquiétante étrangeté onirique, lui qui ne concevait la vie que par le rêve. Difficile, du coup, de parler de ce roman, complètement insaisissable : Tabucchi nous entraîne avec lui dans sa rêverie, dans cette errance à la rencontre des fantômes de son passé et des chimères de son imagination, on le suit dans le jardin de Santos, dans le cimetière des Plaisirs, sur les quais… la ville se cartographie sous nos yeux, la ville réelle et la ville fantasmée se superposent, et on a d’autant plus envie d’y être.

Le roman est complété par un très intéressant texte, où Tabucchi en raconte la genèse, parle des voix et du rêve, de son père et d’Orphée, et essaie d’expliquer pourquoi ce texte s’est imposé à lui non dans sa langue natale, l’italien, mais en portugais : c’est très beau, et fascinant.

Assurément, un roman à découvrir !

Requiem
Antonio TABUCCHI
Traduit du portugais par Isabelle Pereira avec la collaboration de l’auteur
Christian Bourgois, 1993 (Gallimard, 2006)