Il arrive un moment où vous savez que tout n’est qu’un rêve, que seules les choses qu’a su préserver l’écriture ont des chances d’être vraies.
Ce roman avait toutes les chances de m’attirer : New-York, le milieu de l’édition, c’est un peu mes marottes. Du coup, il a assez vite fait partie de ma short list de la rentrée de septembre. Mais. Comme vous le voyez, je ne fais pas toujours les choses aussi rapidement que je voudrais, et ce pauvre roman a donc dû patienter de longues semaines. Toutefois, tout vient à point à qui sait attendre, et mieux vaut tard que jamais.
Le personnage principal du roman, Philip Bowman, au sortir de la guerre et après des études à Harvard, rêve de devenir journaliste. Mais ne trouvant aucun emploi dans cette voie, il se fait embaucher comme lecteur dans une maison d’édition, et gravit peu à peu les échelons. Mais si sa vie professionnelle est un long fleuve tranquille, sa vie privée, elle, est beaucoup plus compliquée…
Si j’ai beaucoup aimé ce roman, au final, je dois admettre que j’ai eu un peu de mal à enter dedans : le premier chapitre (à la guerre) m’a assez ennuyée (c’est un fait : je n’aime pas les récits de guerre) et avec le recul, je ne le trouve pas vraiment indispensable ; en outre, j’ai été un peu déconcertée par la narration. L’auteur fait, au début du roman, un usage assez particulier de la chronologie (le récit devient ensuite plus linéaire), tout comme il a une manière bien particulière de passer d’un personnage à l’autre : il revient toujours à Philip, mais n’hésite pas, lorsqu’il introduit quelqu’un de nouveau, à nous raconter son histoire, voire à revenir sur lui plus tard, pour que l’on sache ce qu’il devient. Du coup, si Bowman est et reste le personnage principal, nous avons autour de lui toute une cohorte d’autres personnages qui sont plus que des silhouettes, ce qui contribue à donner le sentiment que ce n’est pas seulement la vie d’un être qui nous est racontée, mais tout un pan de l’Amérique. Le contexte historique, s’il reste toujours en arrière-plan, ne manque pas d’importance.
Une fois passé le moment de l’acclimatation à l’écriture de Salter, c’est un véritable plaisir de lecture. Non qu’il se passe grand chose, au fond, mais ce roman, un peu mélancolique et désenchanté, est une quête de l’amour, et c’est toujours bon à prendre !
Et rien d’autre
James SALTER
Traduction de Marc Amfreville
L’Olivier, 2014
29/30
By Hérisson