Parmi tous ces changements de début d’année (voiture, appartement, et tout ce que je ne sais pas encore peut-être) il se trouve que je change également d’âge. Pas encore de dizaine, ouf, ça ça attendra l’année prochaine. Pourtant, le chiffre fatidique et symbolique du mid-life approche sournoisement. Plus qu’un an de répit.
J’ai 39 ans et le pire, c’est que je n’ai absolument pas l’impression d’être si « vieille » que ça. D’abord, je ne les fais pas, à ce qu’il paraît : malgré mes cheveux blancs que je cache soigneusement (mais que j’ai depuis plus de dix ans de toute façon) et quelques petites marques au coin des yeux, beaucoup de gens refusent obstinément de croire que j’ai plus de trente ans. Ce qui tombe bien, parce que je n’ai, mais alors pas du tout, l’impression que ces dix années d’écart entre mon âge apparent et celui que j’affiche réellement au compteur existent ou ont existé : j’ai toujours exactement la même vie qu’à trente ans, je n’accepte toujours pas les contraintes de la « vie d’adulte », la vie rangée. J’ai toujours envie de séduire, toujours pas d’avoir d’enfant (et je crois pouvoir affirmer que cela ne viendra jamais), de pouvoir partir en week-end sur un coup de tête, d’avoir trop de chaussures, de ne pas faire de concessions ni de sacrifices. L’âge et l’expérience aidant néanmoins, je me laisse encore moins faire qu’avant lorsqu’on met en cause mes choix de vie.
J’ai 39 ans, et certes je ne peux plus aller travailler directement en ayant fait la fête toute la nuit, j’ai parfois mal au dos, je mets de l’anti-rides et je fais des colorations, je ne comprends pas toujours les mots qu’utilisent les d’jeuns et je ne connais pas le dixième de la musique qu’ils écoutent, je peste lorsqu’ils l’écoutent trop fort dans le métro, j’utilise des expressions surannées, mes séries cultes datent des années 60 (plus vieilles que moi donc) et je me souviens de l’époque ou internet et le téléphone portable n’existaient pas.
J’ai 39 ans, mais j’ai toujours des rêves et des désirs et l’envie de les réaliser, je n’ai pas l’impression d’être au milieu du guet mais au contraire que je sais mieux que plus jeune ce que je veux vraiment et que le plus excitant reste à venir. Parce que si je n’ai pas l’impression d’avoir l’âge, j’ai néanmoins ce truc que les plus jeunes n’ont pas — et que je n’avais pas non plus : l’expérience, qui me permet de me connaître et d’éviter de refaire certaines erreurs, et de, finalement, me sentir pas si mal que ça dans ma vie, même si j’y apporterais bien quelques changements supplémentaires. Une sorte d’équilibre.
J’ai 39 ans, et c’est le premier jour du reste de ma vie !