Le château de Chamerolles et son musée du parfum

Cela fait presque trois ans que je n’avais pas fait d’article « promenade ». Il faut dire que je ne me suis guère promenée, en tout cas dans des endroits nouveaux, mais j’ai pris la résolution de me secouer un peu et de partir à nouveau en excursion autour d’Orléans (je ne suis pas prête psychologiquement à revenir à Paris, pour des raisons complexes), histoire de renouveler mon inspiration, une activité que je préconise dans l’Invitation à un voyage créatif. C’est comme cela que dimanche, mes pas (et mes roues) m’ont menée au château de Chamerolles, un endroit que je voulais visiter depuis des années.

Le château de Chamerolles est un joli petit château Renaissance construit par un certain Lancelot Dulac, qui n’a rien à voir avec le Chevalier du même nom, mais je trouve cela romantique, et qui offre une très belle promenade du dimanche. Les extérieurs proposent un très beau jardin Renaissance, dont les roses lorsque c’est la saison sont inscrite sur le Chemin de la rose du Loiret. On trouve aussi un parc, et un miroir d’eau avec un kioske qui offre une vue du château à couper le souffle.

L’intérieur est tout aussi intéressant : des salles explicatives sur la vie de château à la Renaissance et après, sur l’humanisme, la géographie, ou encore, puisque c’est la thématique, l’hygiène. Et un musée du parfum, avec une très belle collection historique très bien mise en valeur, ainsi, au premier étage, que la « Promenade des parfums » qui vous permet non seulement de voir un orgue, mais aussi de circuler au milieu des plus beaux flacons. Comme c’est ma passion et que j’ai longtemps été collectionneuse, j’ai visité un certain nombre de musées sur ce thème, et celui-ci est vraiment très bien fait.

Une promenade vraiment agréable et inspirante !

Je, ici, maintenant

C’était le sujet de la dissertation de littérature comparée à l’agrégation, l’année où était au programme un ensemble de textes se rapportant au flux de conscience et intitulé « Fiction de l’intime ». J’avais adoré ce programme, à tel point que je m’étais même totalement perdue dedans, accumulant les lectures sur le sujet qui, honnêtement, n’étaient pas indispensables. Mais on ne se refait pas : quand un sujet m’intéresse, je déroule la pelote. Et si ce n’était pas indispensable sur le moment, je crois que ce travail m’a nourrie, et a influencé mon rapport au monde et à l’écriture.

Pourtant, le jour de l’épreuve, le sujet m’avait laissée perplexe. Je n’ai évidemment aucun souvenir de ce que j’ai bien pu raconter, ni même de ma note exacte, c’était assez moyen disons. Mais l’autre jour, alors que je me promenais dans les bois, il m’est revenu. Pas la simple donnée linguistique : « je, ici, maintenant » qui désigne la situation d’énonciation. Encore que, justement : parfois, le je qui parle, s’il est physiquement ici et maintenant, est mentalement ailleurs et hier ou demain. Est-ce que le je, ici, maintenant existe ?

Et ce jour-là, je me suis dit que oui. Que mon « je », encore tremblotant, encore fragile, prenait des forces et s’affirmait de plus en plus. Que j’étais ici, dans ce bois, parce que j’étais consciente de respirer, les odeurs de sous-bois et de champignons, d’air frais ; de sentir la terre sous mes pieds et la caresse de l’air sur mon visage ; d’entendre les oiseaux, le vent dans les feuilles et les autres promeneurs au loin ; de voir toute la beauté qui m’entourait. De marcher. Et c’était maintenant, pas hier ou demain.

Et c’est juste ça, la pleine conscience, pour moi : être pleinement dans le monde, enfin ! Et c’est pour cela que la promenade du dimanche (ou d’un autre jour) est si essentielle !

Instantané : promenade au château

Cela faisait plusieurs dimanche que je n’avais pas pu faire ma promenade, faute d’un temps adapté. Mais dimanche dernier le temps était magnifique, un grand soleil et des températures douces, et j’en ai donc profité pour me rendre au domaine de Charbonnière, un endroit où je n’étais jamais allée et qui s’est révélé un choix parfait : le lieu est absolument merveilleux, entouré d’une forêt domaniale assez vaste pour que, malgré le fait qu’il y ait de nombreux promeneurs, je puisse m’adonner en toute tranquillité à mes activités favorites : marcher, contempler, respirer en ayant l’impression d’être seule au monde, et ramasser des petites choses, branches, feuilles, bogues de châtaigne, pour compléter ma décoration d’automne. Même si, dans les faits, la nature était encore très estivale, les arbres bien verts. Depuis, elle a commencé à revêtir sa parure mordorée, il faudra donc que j’y revienne.

Cette promenade s’est révélée merveilleusement régénérante et inspirante : j’ai cette habitude d’aller (d’essayer) faire une promenade dans la nature tous les dimanches depuis que j’avais fait le programme de Julia Cameron, pour qui c’est une des pratiques indispensables, avec le rendez-vous avec l’artiste (souvent, je couple les deux) et les pages du matin (ça j’ai abandonné en tout cas dans la formule qu’elle propose parce que ça ne me convenait vraiment pas). Et c’est vrai que c’est un moyen formidable de remplir le puits et de nourrir l’inspiration !

Instantané : promenade au château