Les prix littéraires, cette année, ont eu tendance à m’agacer un peu (mais c’est un fait : je m’agace beaucoup en ce moment). Pas seulement parce que, comme d’habitude, les jurés se sont obstinés dans cette sale habitude de primer ce que je n’ai pas lu (et pourtant, j’en ai lu pas mal, et des chouettes trucs). Non, ce qui me désole, comme beaucoup, c’est qu’ils se sont surtout obstinés à ne primer que des hommes. Alors entendons nous bien : je ne milite absolument pas pour la discrimination positive, et ne veux pas qu’un roman soit primé parce qu‘il a été écrit par une femme. Mais. J’ai plutôt l’impression que cette année, d’excellents romans non pas eu de prix à cause du fait qu’ils aient été écrits par des femmes. Bref.
– Prix du roman FNAC : Bakhita de Véronique Olmi, un magnifique texte, habité et bouleversant, l’histoire d’une esclave devenue sainte, et que j’aurais aimé voir récolter d’autres lauriers !
– Grand Prix du roman de l’Académie Française : Mécaniques du chaos de Daniel Rondeau, chez Grasset. Un prix qui a surpris tout le monde, ceux (très nombreux) qui ne l’avaient pas lu et n’en avaient à la limite même pas entendu parler aussi bien que ceux qui l’avaient lu et ne comprennent pas trop. Je fais partie de la première catégorie.
– Prix Goncourt : L’Ordre du jour d’Eric Vuillard. Premier coup de sang, car on ne m’enlèvera pas mon intime conviction que si ni Zeniter ni Olmi ne l’ont eu, c’est simplement parce que le jury (certains membres…) n’a pas voulu couronner une femme deux années de suite. En outre, à titre très personnel mais tout de même (et après interrogatoire d’un échantillon varié de membres de mon entourage, j’ai noté que j’étais loin d’être la seule), je n’en peux tout simplement plus des romans sur la Seconde Guerre mondiale et le régime nazi et les nazis, et je n’en peux plus que ces ouvrages soient systématiquement primés, à croire que c’est la recette miracle et que rien d’autre en littérature n’est intéressant comme sujet (alors vous allez me dire : tu as adoré le roman de Désérable qui pourtant en parle, et je répondrai certes, mais enfin, tout de même). Donc je ne l’ai pas lu, et ne le lirai pas parce que je n’ai pas envie (même si je n’ai rien contre Eric Vuillard, qui m’a l’air quelqu’un de charmant et un excellent écrivain, dont je lirai autre chose).
– Prix Renaudot : La Disparition de Josef Mengele d’Olivier Guez. Même réflexion que pour le Goncourt (même si je n’ai rien contre Olivier Guez, qui m’a l’air etc.). Le prix Renaudot du meilleur essai va quant à lui à De l’ardeur de Justine Augier, qui suscite chez moi un frémissement d’intérêt, mais honnêtement je manque de temps. Enfin, le Renaudot poche va à Les méduses ont-elles sommeil de Louisiane C. Dor, que je n’ai pas lu non plus mais l’auteure est très sympa !
– Prix Décembre : Le dossier M de Grégoire Bouillier. Alors c’est un peu un exception dans cette liste de prix, puisque, certes, je ne l’ai pas lu, mais, mais, mais, je dois dire que ça a l’air fort intéressant. Le seul problème est que c’est un peu trop volumineux et que, clairement, je manque de temps… dommage !
–Prix du premier roman : Ma Reine de Jean-Baptiste Andréa, que… je n’ai pas lu.
– Prix Femina : La Serpe de Philippe Jaenada. A ce stade, j’ai quand même eu envie d’embrasser l’auteur pour avoir sauvé mon honneur, ainsi que les membres du jury. Cela dit, je reste tout de même ennuyée que même le Femina ne soit pas foutu de couronner une écrivaine mais enfin, si je commence à chipoter, on n’est pas sorti de l’auberge. Côté Femina étranger, c’est l’Américain John Edgar Wideman qui est récompensé pour Ecrire pour sauver une vie, le dossier Louis Till (j’aime bien le titre…), quant au Femina essai il a été attribué à Jean-Luc Coatalem pour Mes pas vont ailleurs, sur lequel je n’ai strictement rien à dire on s’en doute. Par contre, je suis très heureuse qu’un prix essai spécial ait été décerné à Françoise Héritier pour l’ensemble de son oeuvre, car j’aime beaucoup son oeuvre, et comme elle est malheureusement décédée depuis, c’est encore plus important !
– Prix de Flore : Eva Ionesco était sans doute trop attendue (et puis bon, c’est une femme…) et le prix a été donné à deux auteurs : Pierre Ducrozet pour L’Invention des corps et Johann Zarca pour Paname Underground. Inutile de préciser que je ne pense strictement rien de ces deux livres ni de leurs auteurs…
– Prix Intérallié : je les soupçonne d’avoir voulu primer Jaenada et de s’être faits griller par le Femina, parce qu’ils se sont tout de même pris 15 jours de plus. Bref. Le prix va à Jean-René Van der Plaetsen pour La Nostalgie de l’honneur, qui récolte aussi le Prix Giono. Je ne connais pas ce monsieur, et si vous voulez le roman abordant le sujet de la Résistance, on va dire que je vais continuer à ne pas le connaître…
– Prix Médicis : Yannick Haenel pour Tiens ferme ta couronne. Roman que je n’ai évidemment pas lu, mais qui a l’air sympathique.
– Prix Renaudot des lycéens : Kaouther Adimi pour Nos richesses, roman que je n’ai pas lu, mais qui me tentait assez je dois dire. Elle obtient aussi le Prix du style.
– Prix Goncourt des lycéens (et Prix Landerneau des lecteurs) : L’Art de perdre d’Alice Zeniter. Un roman que je n’ai pas lu faute de réelle occasion, mais qui me tente assez. Je le lirai peut-être (ce n’est pas un engagement ferme, à cause du temps).
Bon. L’an prochain, si vous voulez un prix, surtout, faites en sorte que surtout, je ne lise pas votre roman.