City guide : Porto

Ça c’est le voyage bonus de l’année, une découverte de Porto au début de l’automne. Un voyage scolaire, ce qui veut forcément dire organisation différente, pas de Airbnb mais auberge de jeunesse, ni de visites qui n’auraient intéressé que moi, mais en revanche des activités que je n’aurais probablement pas faites toute seule.

Que voir ? Que faire ?

– Se balader. Evidemment. Comme Lisbonne, Porto est une ville très en pente ce qui fait qu’on a très vite l’impression d’avoir fait mille kilomètres alors qu’on en a à peine fait un, mais quel bonheur de jour comme de nuit de flâner dans la Ribeira ou au bord du Douro, de se perdre dans les petites ruelles, de grimper vaillamment une côte et d’être récompensé par un point de vue exceptionnel, de s’arrêter un moment pour se reposer dans un magnifique jardin, de tomber au hasard d’une rue sur une magnifique maison ou église décorée d’azulejos, ou sur un étudiant en tenue traditionnelle qu’on croirait échappé de Poudlard, de traverser le pont Dom Luis (si on n’a pas le vertige : le point de vue est exceptionnel), de flâner sur les quais de Villa Nova de Gaia (par contre le vrai Mercado do Bolhão est actuellement fermé pour travaux, le marché provisoire est néanmoins sympathique)… je mets donc ici surtout des photos, parce que Porto, avant tout, se regarde, de tous les côtés, même si on n’entre pas forcément partout !

Plus précisément :

La gare de São Bento : sans doute une des plus belles gares du monde (et je m’y connais, je viens de Limoges) avec ses 20000 azulejos composant de superbes fresques créées par Jorge Colaço en 1930 et représentant des scènes de la vie quotidienne et les grands épisodes de l’histoire du Portugal.

Museu Nacional Soares dos Reis : la plus belle collection d’art de Porto, aussi bien en arts décoratifs qu’en peinture et en sculpture, et notamment de sublimes pièces de celui qui a donné son nom au musée, António Soares dos Reis.

Centro Português de Fotografia : un musée gratuit installé dans une ancienne prison. Quelques photographies contemporaines, une très belle collection d’appareils photos, et une vue à couper le souffle, notamment de la cellule où fut emprisonné pour adultère l’écrivain Camillo Castello Branco. En ce moment également : une sublime exposition « Women see women », des femmes photographiées par des femmes : c’est d’une poésie absolue. Il y a aussi une exposition Frida Kahlo, payante, que je n’ai pas vue mais je me suis laissé dire qu’elle n’était pas extrêmement intéressante.

Jardim do Palàcio de cristal : le palais lui même est fermé, mais les jardins luxuriants constituent une magnifique promenade, au milieu des paons et des fontaines.

Casa Museu Texeira Lopes : il faut se rendre jusqu’à Villa Nova de Gaia, mais franchement ça vaut la peine de voir cette jolie maison-musée gratuite, où on peut notamment découvrir une superbe collection de sculptures, avec une salle dédiée aux écrivains où on pourra admirer l’originale de la statue d’Eça de Queiros qui se trouve à Lisbonne.

– Faire une balade en bateau, la promenade des six ponts : une heure sur le Douro qui permet non seulement de voir tous les ponts, mais aussi d’admirer des endroits de Porto jusqu’auxquels on n’a pas forcément le temps de se rendre. Et de se reposer un peu.

– Faire une visite-dégustation d’une cave de Porto : impératif. Nous avons visité les caves Burmeister, une marque que je ne connaissais pas. C’était très intéressant, sur l’histoire de la boisson, son mode de fabrication et les différents types de Porto. La visite se termine par une dégustation, avec des quantités généreuses.

Aller à la plage : nous avons eu un temps exceptionnel donc j’ai même pu me baigner (honnêtement, elle était très froide, mais moi dès qu’il y a possibilité d’un bain de mer, on ne m’arrête pas) mais si on n’a pas envie, il s’agit d’une promenade très agréable.

Où manger ? Où boire un verre ?

Porto regorge de petits endroits qui ne payent pas forcément de mine, mais où on mange bien (en quantité et en qualité) et pour pas cher.

Concept31, Rua dos Caldeireiros 41 : le nom n’indique pas forcément qu’il s’agit d’un restaurant familial de cuisine portugaise, et pourtant si. J’y ai dégusté une excellente bacalhau a bras, dans un cadre typique, où on est sympathiquement reçu.

7groaster, Rua de França 52, 4400-174 Vila Nova de Gaia : de l’autre côté du Douro, un truc assez bobo qui sert une cuisine healthy et succulente dans un joli cadre, pour pas très cher.

Casa Bragança, R. Arquitecto Nicolau Nasoni 14 : un coup de coeur pour ce lieu trouvé par hasard. Une vraie taverne familiale, beaucoup de générosité dans les quantités et dans le service, on se sent comme à la maison. J’y ai goûté une francesinha, plat typique de Porto (un machin très gras à base de fromage et de charcuterie) avec un verre de vin qui débordait. Du bonheur, pour vraiment pas cher, et on nous a offert un godet de digestif maison excellent !

Café Santiago R. de Passos Manuel 226 : moins typique au niveau de la décoration, mais de la vraie cuisine portugaise là encore. Et comme d’habitude j’ai choisi ce qu’il y avait de plus gras : un cachorro (hot dog à la portugaise) et en désert, un truc qui porte bien son nom de crème du paradis : Natas de Ceú !

São João da Ribeira, R. de São João 112 : un très bon restaurant qui sert des mets fins dans un joli cadre. Les prix sont très raisonnables.

Café Guarany, Av. dos Aliados 85/89  : le restaurant gastronomique de la semaine, avec un concert de Fado (qui n’est pas du tout typique de Porto, mais puisqu’on avait l’occasion). Très bonne cuisine dans un très beau cadre !

O Muro, Cais da Estiva 87 : l’endroit vaut surtout pour la vue, mais franchement, quoi de plus agréable que de savourer une sangria en regardant le Douro dans la lumière du soleil qui se couche ?

Café MajesticRua Santa Catarina 112 : je le mets dans la liste même si fort malheureusement je n’ai à aucun moment eu le temps de me mettre dans la longue file d’attente. Cela me donne une bonne raison de revenir à Porto un jour !

Où et que shopper ?

Ce que j’ai aimé à Porto comme à Lisbonne, c’est qu’à côté des habituels boutiques attrape-touristes débordant de made in china, on trouve de très jolis concept-store proposant de l’artisanat portugais et de beaux produits, et ça c’est agréable, d’autant que ce n’est pas forcément extrêmement cher ! J’en ai vu beaucoup mais je n’ai pas tout testé et pas acheté grand chose faute de place (impossible de rapporter des choses fragiles puisque les compagnies low cost considèrent le sac à main comme un bagage cabine, ce qui me limitait puisqu’il fallait que mon sac à main loge dans mon sac cabine, et qu’il est hors de question que je mette du fragile en soute (et j’ai bien fait, ma valise a attrapé quelques bosses et ils ont cassé mon cadenas (pas pour farfouiller, juste par manque de délicatesse)).

A Vida Portuguesa, R. da Galeria de Paris 20 : déjà testé à Lisbonne, mais celui-là est bien plus grand que celui du Chiado. Je me suis lâchée sur les produits en bois (attention, la boutique est au premier : celle du rez-de-chaussée est jolie mais propose plutôt des trucs design que l’on trouve partout)!

Santo da Casa, R. de São João 56 : une joli petite boutique où j’ai trouvé notamment des magnets d’un goût exquis et un joli foulard qui n’a d’ailleurs rien de portugais mais me fera un souvenir !

– Et puis bien sûr, l’une des plus belles librairies du monde : la Librairie Lello, R. das Carmelitas 144. Alors il faut parfois faire longuement la queue, c’est payant et pas donné (5€ qui sont déduits si vous achetez quelque chose) mais franchement c’est une pure merveille, et pas seulement pour les raisons liées à Harry Potter !

Voilà. J’ai vraiment adoré cette ville, ses ruelles, ses azulejos, ses lieux typiques, son énergie bouillonnante de ville du sud. Un peu moins ses escarpements épuisants, qui font que je ne pourrais pas y vivre. Mais j’y reviendrai certainement un jour prochain, probablement pour un long week-end, et j’espère que je vous ai donné envie de la découvrir si ce n’est déjà fait !

 

Lisbonne : de l’autre côté du Tage

LisboaAujourd’hui, traversons le Tage pour une petite excursion bien agréable du côté de Cacilhas, Almada et Ginjal. Le Ferry se prend à Cais do Sodré, il y en a régulièrement et ce n’est pas très cher. La traversée est très rapide, et plutôt agréable même pour moi qui n’aime pas particulièrement être sur l’eau.

En arrivant à Cacilhas, prendre à gauche vers la gare routière et monter dans le bus 101 pour le sanctuaire du Christ Roi (Cristo Rei), réplique du Corcovado de Rio, qui se voit de loin. Attention, on est très secoué dans le bus. Quant au sanctuaire et à la statue elle-même, c’est assez impressionnant, même si évidemment ce n’est pas le genre de choses qui m’émeuvent.

Par contre, la vue sur le Tage et le pont du 25 avril est absolument incontournable !

Ensuite on reprend le bus et on revient à la gare routière. De là, on repasse devant les quais et on va de l’autre côté, en direction de Ginjal, en longeant le Tage jusqu’au jardim de rio. La promenade est très agréable, on fait le plein d’air (prévoir une petite étole même s’il fait chaud), la vue sur Lisbonne est magnifique. Les quais sont bordés de bâtiments industriels abandonnés, qui servent visiblement de squats et dont certains feront le bonheur des photographes. Quant au jardin, il est très agréable de s’y asseoir pour lire et rêvasser (ou pique-niquer, mais pour ma part j’ai déjeuné dans un excellent restaurant). On y trouve un ascenseur, qui permet de prendre de la hauteur, mais je n’y suis pas montée.

Vraiment, je le répète : une très belle promenade au bord de l’eau, dont l’ambiance change pas mal par rapport à l’ébullition lisboète (je ne suis pas sûre que les touristes pensent toujours à faire cette excursion, et c’est dommage) !

Lisbonne : une journée à Cascais

LisboaPour ma petite excursion en dehors de la ville, j’avais le choix entre Sintra et Cascais, la montagne et la mer, et sur ce coup-là, je n’ai pas écouté Pessoa, qui recommande Sintra : on me connaît, j’ai choisi la mer, et à l’origine j’avais même prévu une session plage, mais comme il ne faisait pas très beau le matin, j’ai laissé mon maillot de bain et mon chapeau. Je l’ai un peu regretté par la suite car le temps a finalement tourné au beau, mais tant pis…

Il est très facile d’aller à Cascais : le train (au tarif des transports en commun) part de Cais do Sodré et met 40mn pour atteindre la petite station balnéaire, en longeant la côte, offrant des paysages éblouissants.

La ville elle-même est une très jolie station balnéaire de carte postale, aux sublimes maisons luxueuses et colorées et aux jolies boutiques d’artisanat. J’ai commencé par longer le front de mer jusqu’à la citadelle et à la marina, avant de revenir dans le centre pour déjeuner. Pour cela, on a le choix, mais je n’ai pas trouvé de restaurant avec vue qui ne soit pas une gargote peu inspirante (il doit y avoir, cependant) et j’ai donc jeté mon dévolu sur une terrasse à côté de la statue de Camoes, et je ne l’ai pas regretté : le Palmtree Cascais, comme son nom ne l’indique pas forcément, propose une cuisine portugaise de qualité, les portions sont généreuses et le service impeccable pour un prix très raisonnable. J’ai choisi de la lotte et des gambas avec du riz à la tomate, oignons et coriandre :

Ensuite, je me suis à nouveau promenée dans les rues, sous le soleil. On aura la surprise, éventuellement, de tomber sur la maison où a vécu Mircea Eliade (décidément, tout dans ce pays fait signe littéraire). Et puis, s’asseoir au bord de la plage…

 

Lisbonne : musées etc.

LisboaAlors de fait, ce n’était pas du tout une année à musées : je n’avais pas du tout envie de m’enfermer mais plutôt de me promener, et surtout je n’avais vraiment mais vraiment pas du tout envie de faire la queue. Si on ajoute à cela que beaucoup de trucs estampillés « indispensables » ne m’intéressaient pas le moins du monde (et notamment tout ce qui touche à la navigation), cela réduit les perspectives. Je parlerai de la fondation Saramago et de la Casa Pessoa ultérieurement, ici je me contente des lieux non spécifiquement dédiés à la littérature.

Fondation Calouste Gulbenkian :
Un très bel endroit, consacré à l’art moderne et contemporain, donc pas ce qui m’émeut le plus a priori : comme d’habitude, j’ai donc erré en laissant mon regard trouver des choses qui l’interpelaient, et de fait, vu l’éclectisme du lieu, il y en a eu beaucoup, de vraiment saisissantes. L’endroit lui même est magnifique, et le jardin un très agréable écrin de verdure, au frais même lorsque la chaleur sur Lisbonne est saisissante.

Le tram 28
Je l’ai pris plusieurs fois : le premier jour, sur la totalité du parcours, puis à l’occasion comme transport en commun classique. Attention, c’est blindé de monde, donc si votre objectif est de découvrir la ville, quelques conseils : arriver tôt, le prendre au premier arrêt (Martin Moniz ou Prazeres) (sinon vous pourrez monter mais vous serez debout, aucun intérêt) et ne pas hésiter, lorsque vous voyez que votre tour arrive et que c’est déjà plein, à laisser passer les gens et attendre le suivant. La promenade est sympathique et pittoresque, on découvre vraiment l’essentiel.

Tram28
Tram28

Cemiterio dos prazeres
Il n’y a bien que dans une ville poétique comme Lisbonne que l’on peut songer à appeler un cimetière « les plaisirs ». C’est l’un des principaux cimetières de la ville, où fut enterré Pessoa avant d’être transféré au monastère des Hiéronymites. La promenade vaut vraiment le coup : cela ressemble beaucoup au Père-Lachaise, beaucoup de monuments funéraires sont très impressionnants, et l’endroit offre une très belle vue sur la ville et le pont du 25 avril. En plus on y est au calme, car les touristes y vont peu…

L’Ascenseur de Santa Justa
C’est le seul ascenseur ou assimilé que j’ai fait. Il faut au moins le voir de l’extérieur : même s’il est devenu une attraction touristique, il fut construit à l’origine pour des raisons pratiques, permettre aux lisboètes de passer de la Baixa au Chiado sans s’épuiser. Inauguré le 10 juillet 1902, il est doté d’une architecture en fer forgé de style neo-gothique, qui n’est pas sans rappeler une certaine tour parisienne, raison pour laquelle la légende urbaine l’attribue souvent à Gustave Eiffel :  en réalité, on doit cet ascenseur à l’ingénieur Raoul Mesnier de Ponsard, dont la famille est française d’origine mais qui est né à Porto. La montée est assez rapide, et pour finir d’arriver sur le belvédère il faut grimper un petit escalier en colimaçon, mais ça vaut vraiment le coup, car la vue qui s’offre à nous est à couper le souffle !

Couvent des Carmes
C’est l’un des principaux vestiges du terrible tremblement de terre de 1755 : l’église gothique, partiellement détruite, n’a jamais été reconstruite, ce qui donne quelque chose de tout à fait fascinant que l’on voit très bien depuis le miradouro de Santa Justa. Le problème, c’est que manquant de clairvoyance sur ce coup, je m’y suis pointée le dimanche vers 10h, sans songer que dans un pays encore très catholique ce n’est pas le meilleur moment pour visiter les églises, en ruines ou pas, du coup je n’ai pu voir que l’extérieur, d’autant qu’on était le 16 juillet, jour d’une procession annuelle (assez intéressante cela dit).

Le Panthéon national
C’est le même principe que le nôtre, et d’ailleurs l’architecture est très semblable. Les seules différences sont qu’on ne descend pas dans la crypte, et que les Portugais sont moins enclins que nous à la célébration des « grands hommes », puisque seules une vingtaine de personnes repose ici, notamment Vasco de Gama, Amalia Rodriguez et Luis de Camoes. Ce qui est surtout à faire ici, du coup, c’est monter sur le toit, qui offre une vue splendide de l’Alfama et du Tage, qui permet d’apercevoir au loin le pont Vasco de Gama.

Monastère des hiéronymites
J’étais surtout là pour voir la tombe de Pessoa donc nous en reparlerons. Mais il n’y a pas que la tombe de Pessoa, sinon a priori il y aurait moins de monde. Il faut dire que l’endroit, œuvre architecturale la plus aboutie du style manuélin, a de quoi impressionner. J’ai bien failli le louper : le premier jour, je m’y suis pointée comme une fleur vers 13h, je pense qu’il y avait au moins 2h de queue, par 37°, j’ai renoncé et refait mon planning. Du coup, mon conseil : y arriver tôt (9h30 pour l’ouverture à 10h) de manière non seulement à ne pas trop attendre, mais aussi de pouvoir visiter dans de bonnes conditions (bon, de fait, par un tour de passe-passe dont j’ai le secret, je suis entrée presque en premier alors que j’étais loin dans la file au départ). Le cloître vaut vraiment la peine, de même que certaines salles très bien conservées. On en fait en revanche assez vite le tour.

Et voilà ! Comme vous le constatez, point de château, de cathédrale, de Tour de Belèm et de monument aux explorateurs : il faut faire des choix, et ces derniers ne m’intéressaient que peu, d’autant que je cherche quand même, autant que faire se peut, à fuir les flots de touristes…

On voit certaines choses plutôt bien sur le film, donc voilà (attention, comme avec mon nouvel i.phone j’ai gagné en stockage, j’ai fait long) :

En mots et en images : juillet 2017

Les mots…

Il est où le soleil ? // Une envie de fleurs et de jolies choses // Les premières tomates de la saison // Aujourd’hui peut-être, ou alors demain… // Une autre robe rouge que j’aime d’amour parce qu’elle est totalement moi // Merci, madame Veil… // Nunc est bibendum. Fêter les vacances et le départ de certaines // Shopping Day // Une question d’organisation // Dans de beaux draps (au sens propre) // Regarde tomber la pluie (avec désespoir) // Regarde aussi les oiseaux dans le jardin. Ils sont rigolos quand ils se perchent sur la table et sautillent autour de l’assiette vide en faisant cuicui pour m’engueuler // Dans les valises, étape 1 // Me faire la réflexion que prendre l’avion est devenu aussi compliqué que de passer Normale Sup : à chaque objet je vérifie si j’ai le droit // Lisbonne. Coup de coeur pour cette ville exubérante au mille couleurs. Une semaine à me promener, à rêver, à écrire dans mon carnet, à lire en terrasse. Une semaine dans les pas de Camoes, d’Eça de Queiroz, de Pessoa, de Saramago. Me sentir si bien dans cette ville qui est comme un livre, et où je me verrais bien rester pour écrire… // Défaire les valises. Trouver une place pour les nouvelles choses qui embelliront le quotidien. Les livres dans la bibliothèque, les magnets sur le frigo, le mug Pessoa sur mon bureau, les affiches bientôt dans des cadres, le reste dans la Lisboa Box // Une jolie surprise pour mon ego // Déjà refaire les valises. Avec beaucoup de livres dedans. Bientôt la rentrée littéraire // Mon Cap-Ferret

Sur une brillante idée originale de Moka

Les images…

Lisbonne : Mix and tips

Me voilà donc revenue de Lisbonne, une ville absolument stupéfiante pour laquelle j’ai eu un véritable coup de coeur. Comme je l’ai dit par ailleurs, mon voyage était essentiellement littéraire, raison pour laquelle, dans les différents articles, vous ne verrez pas forcément passer tous les trucs dont on dit qu’il faut absolument les voir à Lisbonne : ce n’était pas mon propos, et puis, vous commencez à le savoir, je n’aime pas trop faire comme tout le monde. Bref.

Cette année, je m’y suis prise très tôt pour la réservation du logement : sur Airbnb, j’avais dès le départ eu un coup de coeur pour l’appartement de Pedro, dans le quartier d’Arroios, à cause de sa sublime terrasse (où j’ai passé des heures délicieuses) qui offrait une vue magnifique de la ville basse, du Tage et du château. Comme l’appartement était traversant, la vue de l’autre côté était tout aussi sublime, et j’étais au Paradis, la ville à mes pieds.

 

Avant de partir, j’avais commandé 2 Lisboa cards de 72h pour que cela fasse la semaine. Je conseille vraiment, car cela évite de se casser la tête à comprendre comment fonctionnent les tickets de transports, en plus d’offrir la gratuité ou des réductions dans nombre d’endroits.

A savoir avant de partir :
– La ville est très pavée et, construite sur des collines, très en pente : c’est agréable de se promener, mais on est vite épuisé car le dénivelé et les pavés triplent les distances. Le mieux que j’ai trouvé, ce sont les espadrilles (comme j’étais en robe à cause de la chaleur, les baskets, on est d’accord, ce n’était pas possible). Plutôt que de vouloir tout faire à pieds, il est aussi bien, parfois, de prendre les transports en commun : le métro est très bien, j’ai souvent attrapé le tram 28 au vol ; par contre je ne suis pas enthousiaste sur le bus : certains ont un écran qui affiche la station suivante donc tout va bien, mais d’autres non, et sachant que des abrutis arrachent sur les abris-bus le nom de l’arrêt, et bien on ne sait pas où on est arrivé. Savoir aussi qu’au pire, les taxis sont très peu chers, aimables, souvent en maraude et que, ô miracle, ils s’arrêtent quand on lève le bras.
– Le climat : j’ai eu un peu de tout, mais surtout une chaleur écrasante, d’où les robes très légères. Par contre je conseille d’avoir une petite étole dans son sac, parce que même s’il fait 37°, dès qu’on est en bord de Tage, il y a beaucoup d’air et on peut avoir froid ; de même, la fraîcheur tombe très vite le soir !
– La langue : en général, on pourra vous parler anglais, voire parfois français, mais dans certains quartiers les gens ne parlent que portugais : on s’en sort avec une espèce d’espagnol peu conventionnel et force gestes.
– L’argent : comme partout, il file aussi vite que l’eau dans une passoire à nouille, même si globalement Lisbonne n’est pas une ville chère (pour manger notamment) : en fait, toutes les attractions touristiques ne sont pas données.
– Attention dans les restaurants : souvent on vous apporte des petits amuse-bouche, pain, olives, rillettes et fromage dès que vous vous installez, mais ce n’est pas comme en France où dans ce cas c’est un cadeau de la maison ; si vous les croquez, ça vous sera facturé (pas très cher, mais il faut le savoir)
– Il y a des vendeurs de babioles un peu partout, notamment lorsque vous êtes au restaurant, et c’est parfois un peu pénible parce qu’ils ne renoncent pas toujours lorsque vous dites non…

Où boire ? Où manger ?
Evidemment, ce ne sont que quelques exemples, mais de manière générale, je n’ai pas été déçue (une fois seulement, à côté du monastère des hiéronymites, du coup je n’ai pas mis l’endroit dans la liste) : j’ai vraiment, très très bien mangé, et en terrasse car il y en a beaucoup, avec souvent de très belles vues :
Paça d’Agua : c’est le premier endroit où je me suis arrêtée en arrivant, j’étais Place du Commerce, j’avais 2h à tuer avant de récupérer les clés de l’appartement, j’avais la dalle (levée au milieu de la nuit et petit déjeuner dans l’avion infâme), donc je me suis arrêtée là pour l’emplacement. Ce n’est sans doute pas la meilleure adresse de la ville, mais c’est bon (j’ai pris des oeufs benedict, un truc qu’on voit rarement sur les cartes des restaurants), le personnel est sympatique et la terrasse est très agréable car aérée.

 

– Pasteis de Bélem : absolument immanquable, vous trouverez des pasteis de nata partout mais ceux-là sont vraiment à tomber. Le mieux : les acheter à emporter et les savourer dans le jardin des hiéronymites, en face.

 

– A Brasileira : on en reparlera ultérieurement mais mentionnons-le tout de même ici. C’est un peu le Flore local, les tarifs prohibitifs en moins. Il faut au moins y passer histoire de voir la statue de Pessoa qui trône en terrasse, voire se prendre en photo avec lui. Le service est un peu long, mais il est très agréable d’y prendre un café ou un petit déjeuner !

 

– Casa portuguesa do pastel de bacalhau : pas vraiment un restaurant, mais adresse à retenir pour un snack, on y sert de délicieux petits beignets de morue fourrés au fromage fondant, accompagnés, pour « Portugal experience », d’un verre de madère. La terrasse, dans la rua Augusta, est très agréable !

 

– Fragoleto : excellentes glaces, parfait pour le dessert après le pastel de bacalhau.

 

– Ponto final : là on arrive dans le lourd. Pour tester cette adresse, il vous faudra prendre le ferry pour cacilhas puis longer le Tage jusqu’au quai de Ginjal (ce n’est pas loin). En premier lieu, c’est évidemment la terrasse qui m’a fait envie, mais je ne l’ai pas regretté, même si j’ai été arrosée (on est au partage des eaux, et aux changement de marée, selon votre table il peut vous arriver d’être mouillé… ça fait partie du charme) : j’ai mangé une sole grillée toute simple mais qui était une merveille de fraîcheur, parfaitement cuite et préparée. Tout ça en plus de la vue sublime et d’un prix raisonnable. Prévoir une étole où une petite laine, parce que même en plein soleil par 35°, c’est très aéré. Le soir ce doit être splendide, mais il faut réserver !

 

– Martinho da arcada : sur la place du Commerce. C’est le plus vieux restaurant de Lisbonne, et c’est surtout là que Pessoa prenait son café, nous en reparlerons donc. J’y ai juste pris un café.

 

– Faz Figura : en arrivant en bas de l’Alfama, j’ai avisé cette sublime terrasse en hauteur, et forcément… De fait, le point de vue est à tomber, mais la cuisine aussi : j’ai pris un filet de saint-pierre en croûte à l’encre de seiche et risotto de tomates, c’était succulent. Un petit peu cher pour Lisbonne (mais pas en standard français) mais vraiment, ça vaut le coup, et le personnel est aux petits soins.

 

– The Sandeman Chiado : jolie terrasse sur une petite place tranquille, et excellente cuisine portugaise pour des prix raisonnables. J’ai choisi un crumble de morue au pain de maïs et c’était divin, et leur pastel de nata était très bon !

 

Où et que shopper ?
Là encore, ce ne sont pas les boutiques qui manquent, mais surtout des magasins d’horreurs made in China donc ça ne vaut pas vraiment le coup. Quelques adresses plus qualitatives :
– De la charcuterie, du fromage et des boîtes de conserves jolies : la charcuteria portuguesa,  Rua de S. Julião 34 : accueil très chaleureux et en français, produits variés et de bonne qualité que l’on peut goûter, emballés sous vide sous vos yeux.
Des souvenirs originaux et chics, azulejos, conserves etc. : A Vida Portuguesa,  Rua Anchieta 11, très joli concept-store sis dans une ancienne parfumerie, et qui propose de très beaux produits artisanaux, reproductions d’azulejos anciens, savons et conserves joliment emballés, alcools, quelques jolis magnets et de la papeterie.

 

Autre bonne adresse : Lisbon shop, le magasin de l’office de tourisme, Praça do comercio, qui propose de très jolies choses également.
– Des souvenirs littéraires : nous reparlerons de ces lieux, mais la boutique de la Fondation Saramago et de la Casa Pessoa regorgent non seulement de livres, mais aussi de choses beaucoup plus originales : à la première, je me suis offert un cadre reproduisant le diplôme du Nobel, et une affiche d’un manuscrit pour mettre ans mon bureau !
– Des livres : là encore nous en reparlerons, mais vous pouvez déjà noter 3 adresses de librairies : Ler Devagar dans la LX Factory (lieu qui de manière générale propose des boutiques sympas), classée parmi les dix plus belles librairies du monde par le NY Times, la Livraria Ferín, rua Nova do Almada 72, mythique, et la Livraria Bertrand, la plus vieille librairie du monde, Rua Garrett 73.

 

 

Pour terminer, ma Lisboa box, et la section « Portugal » de ma collection de magnets :

Lisbon magnets
Lisboa box
Lisboa box

A venir : la video (elle est très longue) et des articles plus spécifiques sur les musées et monuments, les promenades, Cacilhas, Cascais et last but not least : Lisbonne littéraire !

Le Livre de l’intranquillité de Bernardo Soares, de Fernando Pessoa

Le Livre de l'intranquillité de Bernardo Soares, de Fernando PessoaDans ces impressions décousues, sans lien entre elles (et je n’en souhaite pas non plus), je raconte avec indifférence mon autobiographie sans événements, mon histoire sans vie. Ce sont mes Confessions, et si je n’y dis rien, c’est que je n’ai rien à dire.

Cela fait des années que je tourne autour de ce monument non seulement de la littérature portugaise, mais de la littérature mondiale, tombant à l’occasion sur un extrait qui m’illumine, mais sans jamais oser m’attaquer à l’ensemble. Faute de temps, de disponibilité aussi. Mais voilà : si, cette année, c’est à Lisbonne que j’ai décidé de poser quelques jours mes valises et mon âme, c’est par désir littéraire, désir de Pessoa. C’est que le moment était enfin venu de rencontrer vraiment ce livre.

Livre ? Voilà plutôt un « anti-livre » composé de fragments discontinus et sans ordre apparent, « journal de bord d’une vie spirituelle ardente » comme le dit l’introduction de Robert Bréchon. Un journal, mais celui d’une âme, et pas du tout d’un être à la vie pleine d’événements.

C’est un livre qui se lit lentement, tranquillement, fragment par fragment, pour que les mots puissent faire leur chemin dans notre âme. Souvent, on lève les yeux pour méditer ce qui vient d’être lu dans ces pages qui dégagent une profonde profonde mélancolie, une fatigue existentielle, un Ennui indicible. Pessoa se sent totalement étrange et indifférent par rapport au reste de l’humanité et au réel, il préfère la rêverie et l’écriture à la vie vécue, toujours décevante, et le fantasme à la sensation, l’esprit à la chair, la contemplation à l’action car finalement seul existe son monde intérieur, et encore : c’est une étrange manière d’être au monde, parfois déconcertante, à l’occasion contradictoire d’un fragment à l’autre mais finalement pas incohérente car l’être est instable et d’un jour à l’autre il n’est pas tout à fait la même personne ; toujours triste : Pessoa qualifie son oeuvre de « livre le plus triste du Portugal ». Exhalant la saudade, parfois mystique, il est émaillé de passages d’une beauté saisissante que l’on voudrait apprendre par coeur pour les avoir toujours avec soi.

Dans ce livre, Pessoa accomplit l’exploit d’être à la fois baroque (le mot « baroque » vient d’ailleurs du portugais « barroco » qui signifie « perle irrégulière »), quelque chose entre Shakespeare et Calderón dans cette manière de considérer la vie comme un songe, romantique et baudelairien, une âme trop grande dans un monde trop petit, et post-moderne avant l’heure, avec cette écriture fragmentaire et la remise en cause du réel au profit des mondes possibles de la rêverie.

Cela en fait une oeuvre inclassable, y compris sur le plan générique : poésie ? autobiographie ? philosophie ? Un peu de tout ça, et en même temps pas vraiment. Mais peu importe : c’est une oeuvre absolument sublime, qu’il faut lire absolument, sans doute pas trop tôt dans la vie car je pense qu’il faut avoir vécu et été désenchanté pour en saisir toute la profondeur !

Le Livre de l’intranquillité de Bernardo Soares
Fernando PESSOA
Traduit du portugais par Françoise LAYE
Christian BOURGOIS, 1999

Une nouvelle édition devait paraître à la rentrée aux éditions de La Différence malheureusement, ces dernières étant en liquidation judiciaire, cette oeuvre ne verra pas le jour, en tout cas pour le moment…