Joséphine, d’Agnès Obadia

Joséphine, d'Agnès ObadiaC’est l’histoire d’une fille qui cherchait l’amour et qui le cherchait mal. Très mal.

Si j’adore la série de BD de Pénélope Bagieu (mais mes articles ont mystérieusement disparu, je pense qu’ils se sont perdus dans le transfert d’overblog), je ne m’étais pour autant jamais penchée sur cette adaptation, jusqu’à ce que je tombe dessus dans une liste de « feel-good movies » et que ça fasse tilt ! Parfait pour un vendredi soir tout gris !

Joséphine a trente ans, des fesses totalement surréalistes (et honnêtement un corps à tomber), un chat appelé Brad Pitt, un superbe appartement, mais pas de mec, sauf le samedi pendant 1/2 heure. Lorsque sa jeune soeur parfaite lui annonce qu’elle va se marier, elle ne peut s’empêcher de mentir et de dire qu’elle aussi a rencontré l’homme de ses rêves, qu’il est chirurgien et qu’elle va s’installer avec lui au Brésil. Mais ce mensonge va l’entraîner dans une spirale rocambolesque… et lui permettre de comprendre que parfois, l’amour est tout près !

Un film doudou, parfaitement invraisemblable mais tellement frais, drôle, mignon qu’on le regarde du début à la fin avec un sourire niais. Joséphine est une fille absolument géniale, et j’ai totalement craqué sur Gilles qui est tellement gentil et attendrissant, et qui du coup est tout seul parce que, voyez-vous, tous les mecs ne sont pas des enfoirés mais bizarrement c’est beaucoup plus dur pour eux de se caser, ce qui est totalement vrai, et pas que pour les hommes, d’ailleurs (les hommes préfèrent les chieuses). Ce que j’ai aimé surtout dans ce film, c’est que l’amour y est assez bien montré malgré l’histoire à coucher dehors : elle l’a sous les yeux depuis le début, mais évidemment ne le voit pas, et puis elle apprend à le voir, et finalement l’amour dans la vraie vie c’est plus souvent ça que le coup de foudre « leurs yeux se rencontrèrent » bim bam boum ils tombèrent amoureux et hop. Dans la vraie vie, on rencontre un homme, et d’abord, il ne nous plaît pas spécialement, d’autant qu’il est gentil et sensible et que les filles sont un peu connes et elles préfèrent les salauds. Et puis un jour, il fait un truc, il dit un truc, et on ouvre les yeux. On se dit que tiens, il est mignon en fait. Et puis qu’il nous plaît. Et petit à petit les sentiments grandissent et on s’aperçoit qu’on est amoureuse. Mais il est un peu vexé, lui, parce que ça fait des mois qu’il envoit des signes et qu’on s’en fout, alors bon, du coup, il en a trouvé une autre, et on rame un peu. Je ne sais pas pourquoi, mais ça me rappelle un truc, cette histoire !

Bref, un film mignon tout plein, très drôle et très romantique, que je reverrai avec plaisir !

Joséphine
Agnès OBADIA
2013

California Dreamin’ de Pénélope Bagieu

California Dreamin' de Pénélope BagieuAll the leaves are brown (all the leaves are brown)
And the sky is grey (and the sky is grey)
I’ve been for a walk (I’ve been for a walk)
On a winter’s day (on a winter’s day)
I’d be safe and warm (I’d be safe and warm)
If I was in L.A. (if I was in L.A.)
California dreamin’ (California dreamin’)
On such a winter’s day

California Dreamin’ a toujours fait partie de mes chansons fétiches, surtout en hiver lorsque le ciel est effectivement gris, et que j’ai froid, et que franchement, je serais beaucoup mieux sous le soleil de la Californie (un peu comme au moment où j’écris cet article, en gros). En outre, j’adore le travail de Pénélope Bagieu, depuis les débuts, et j’aime beaucoup le tournant qu’a pris son oeuvre, dans laquelle elle met en lumière des figures féminines au destin fascinant. On peut du coup s’interroger sur les raisons pour lesquelles j’ai tant tardé à lire cet album, et la raison est toute simple (en plus d’être idiote) : je l’avais oublié. Heureusement, notre   Stephie nationale me l’a remis en mémoire dernièrement.

L’album raconte donc le parcours de Ellen Cohen, alias Cass Elliot, alias Mama Cass, de son enfance au premier tube du groupe The Mamas and the Papas, California Dreamin’. 

Sacré personnage que Pénélope Bagieu a choisi pour cet album : drôle, impertinente, dotée d’une immense confiance en elle et en son talent, elle aurait pu être l’une des Culottées. Du coup, l’ensemble se lit d’une traite, chapitre après chapitre consacrés chacun a un point de vue particulier ; on rit souvent, mais c’est parfois aussi un peu mélancolique ; pourtant, le graphisme de cet album peut dérouter au départ, car Bagieu a choisi le noir et blanc, choix qui n’est pas forcément évident vu le sujet, et qui pourtant fonctionne à merveille. En tournant la dernière page, on ne peut qu’aimer encore plus Mama Cass, et avoir envie d’écouter sa musique.

California Dreamin’
Pénélope BAGIEU
Gallimard, 2015

Et bien sûr :

Et puis celle-là aussi :

Culottées, des femmes qui ne font que ce qu’elles veulent 1&2 de Pénélope Bagieu

CulottéesSeules la passion et la joie peuvent être honnêtes. Rien de ce qu’on m’a forcée à faire n’a jamais apporté de joie. Ni à moi, ni à ceux qui m’entourent. (Tove Jansson)

Depuis toujours, j’aime beaucoup Pénélope Bagieu. Alors l’autre soir, j’ai eu envie de me plonger dans la lecture des deux premiers tomes de son nouveau projet au tour des femmes : Culottées.

Clémentine Delait. Nzinga. Margaret Hamilton. Las Mariposas. Josephina van Gorkum. Lozen. Annette Kellerman. Delia Akeley. Joséphine Baker. Tove Jansson. Agnodice. Leymah Gbowee. Giorgina Reid. Christine Jorgensen. Wu Zetian. Temple Grandin. Sonita Alizadeh. Cheryl Bridges. Thérèse Clerc. Betty Davis. Nellie Bly. Phulan Devi. The Shaggs. Katia Krafft. Jesselyn Radack. Hedy Lamarr. Naziq al-Abid. Frances Glessner Lee. Mae Jemison. Peggy Guggenheim. Toutes ces femmes, plus ou moins connues, d’époques et d’aires géographiques diverses, aux parcours très variés, auxquelles Pénélope Bagieu consacre quelques pages ont toutes en commun de ne pas se laisser faire.

A la fois drôles et instructifs, les deux tomes de cette BD se lisent avec un plaisir inouï : on retrouve avec bonheur le dessin de Pénélope Bagieu, qui s’épanouit totalement dans les pages inter-chapitres avec des dessins pleine page absolument superbes dont elle pourrait facilement vendre des reproductions. Mais, surtout, quelle joie de découvrir toutes ces femmes, pour beaucoup largement inconnues, qui ne se sont pas laissé faire et ont affirmé leur droit à choisir leur propre destin !

Culottées, des femmes qui ne font que ce qu’elles veulent 1&2
Pénélope BAGIEU
Gallimard, 2016 & 2017

La page blanche, de Pénélope Bagieu

J’ai l’impression d’être quelqu’un d’autre. Même mon PRENOM ne m’est pas familier, je suis surprise à chaque fois que je l’entends. J’ose même pas utiliser mes propres affaires, j’ai l’impression de… de… de la CAMBRIOLER ! Mais je suis pourtant pas amnésique ! Je sais où sont les stations de métro, je sais qui est Britney Spears, je sais qu’un icosaèdre est un volume à vingt faces… C’est comme si je n’avais oublié QUE ce qui me concerne MOI : mes études, ma famille, mon adresse…

Il était très probable que je ne résisterais pas longtemps au Pénélope Bagieu nouveau, et, comme on peut le constater, je n’ai vraiment pas résisté longtemps : sorti le 18 janvier, je me le suis presque aussitôt procuré, sans même trop savoir de quoi il retournait, mais je suis une fille confiante (enfin, pas toujours, mais là si).

Une jeune fille émerge un jour sur un banc, toute seule, sans se souvenir ni de ce qu’elle fait là ni surtout de qui elle est. En fouillant dans le sac qui est à ses côtés et qu’elle suppose être le sien, elle trouve ses papiers d’identité et son adresse. Tant bien que mal, elle parvient à rentrer chez elle… commence alors son enquête pour rassembler les morceaux du puzzle que constitue son identité…

J’ai adoré cette BD, qui part sur un thème qui m’intéresse toujours beaucoup, celui de l’identité et de la mémoire. Cela n’a pas été sans me rappeler, d’ailleurs, La vie d’une autre (c’est d’ailleurs bien l’impression de l’héroïne : s’être immiscée  dans la vie d’une autre) et Eternal Sunshine of the spotless mind. Et j’ai trouvé que ce thème était très bien traité, de manière vraiment originale : j’ai beaucoup ri (oui, car c’est drôle) lorsqu’Éloïse  qui a tout de même une imagination débordante, échafaude des scénarios rocambolesques pour expliquer sa perte de mémoire, totalement partielle car elle ne concerne que sa vie. J’ai été touchée aussi, par ce sentiment étrange qui habite notre personnage d’être une inconnue pour elle-même, qui l’oblige à se reconstituer à partir des indices qu’elle trouve, et notamment le contenu de son appartement. D’ailleurs, ça pousse à l’introspection : comment je me verrais si je n’avais à ma disposition que les objets que je possède pour me reconstituer ? ça serait sans doute très… étrange. En tout cas, c’est une très belle BD, à la fois par son scénario (je ne connais pas du tout Boulet, mais il faudra que je creuse la question) et par ses illustrations, grâce auxquelles Pénélope Bagieu confirme qu’elle possède un grand talent : c’est beaucoup moins girly que Ma vie est tout à fait fascinante ou Pénélope (dont je viens de me rendre compte avec horreur que je ne l’ai jamais chroniqué), plus proche de Cadavre Exquis et donc plus à même de toucher un public plus large, éventuellement masculin. Car le sujet de l’album, le désir d’être quelqu’un sans savoir bien qui, est universel, et en fait une fable sur l’identité, celle qu’on peut perdre, ce qui laisse une chance peut-être de tout recommencer à zéro, comme devant une page blanche…

La page blanche

BOULET et Pénélope BAGIEU

Delcourt, 2012

Logo BD du mercredi de Mango 1

 By Mango

 

Cadavre exquis, de Pénélope Bagieu

cadavreexquis

Cela faisait longtemps, en bonne fan de Pénélope Bagieu dont j’avais déjà dévoré Ma vie est tout à fait fascinante et Joséphine, que j’avais envie de lire cet album, qui est d’une tonalité bien différente des deux précédents, mais tout aussi savoureux.

Zoé est « potiche d’accueil » (c’est elle qui le dit) et doit toute la journée supporter des gros lourds qui essaient de la tripoter. Le soir, lorsqu’elle rentre chez elle, c’est pour retrouver le beauf avec qui elle vit. Bref, sa vie n’a rien de fascinant ni de glamour. Elle rêve de mieux, car elle estime mériter mieux. C’est alors qu’elle rencontre Thomas Rocher, un écrivain en mal d’inspiration qui se prend pour le Balzac des temps modernes. Elle pense que c’est le souffle nouveau qu’elle attendait. Mais très vite, elle commence à se poser des questions…

Bien évidemment, une fois que j’ai eu ouvert cette BD, je ne l’ai plus lâchée. Comme je le disais en préambule, c’est très différent du travail habituel de Pénélope Bagieu, mais tout aussi réussi. Même les dessins d’ailleurs sont différents, moins girly, ce qui correspond mieux à l’histoire, qui est quant à elle particulièrement sympathique, originale et bien menée. J’ai donc passé un très très bon moment, et je conseille donc vivement à ceux (et je dis bien ceux, car j’inclus les hommes qui a mon avis pourront également apprécier) qui n’ont pas encore succombé, à le faire d’urgence. Et pour ma part, j’ai hâte que Pénélope sorte un nouvel album, car définitivement, je suis fan !

(et si vous vous demandez pourquoi ma photo est aussi sombre, la réponse est dans le livre !)

Cadavre Exquis

Pénélope BAGIEU

Gallimard, 2010

Logo BD du mercredi de Mango 1

 Les autres participants sont chez Mango

 logo womenBD

 Les autres participants sont chez Théoma

Ma vie est tout à fait fascinante, de Pénélope Bagieu

penelope

Enfin ma vie non, mais ce petit livre, sans aucun doute. Je suis une inconditionnelle de Pénélope Bagieu, découverte tout à fait par hasard en errant de blog en blog et en découvrant le sien. Elle a vraiment une manière particulière de faire de situations banales (la vaisselle qui s’accumule dans l’évier, les lutins qui rétrécissent nos sous-vêtements la nuit, les tentations dans les vitrines des magasins, l’homme sans coeur…) des dessins d’une drôlerie et d’une tendresse uniques.

J’offre souvent ce livre, parce que je pense qu’il peut vraiment plaire à tout le monde. Même aux hommes, pour leur permettre de comprendre un peu nos angoisses métaphysiques (la robe bleue ou la robe noire ? Tu trouves pas que j’ai grossi ? Comment ça, c’est la penderie va s’écrouler ? Oui, j’étais juste sortie acheter du pain, mais…).

Donc, merci à Pénélope de sublimer notre quotidien (à tel point que cette année, je me suis offert l’agenda qu’elle a illustré, parce que je ne fais jamais les choses à moitié).