Une des choses que j’ai apprises avec la peinture (ou, plus exactement, que je suis en train d’apprendre), c’est la patience. Et on peut dire qu’on part de très loin : je déteste attendre, et détester est un mot faible ; je ne compte pas le nombre d’expositions ou de lieux que je n’ai pas vus tout simplement parce qu’il faut faire la queue, et que l’idée de rester plantée longtemps à attendre mon tour me gâche absolument tout le plaisir que j’aurais à faire les choses, visiter le lieu ou l’exposition (ce qui est bizarre, c’est que je suis capable de rester des heures assise à regarder la mer, des heures assise à une terrasse à regarder les gens : mais dans une file d’attente j’ai envie de mordre quelqu’un). Pendant le confinement je ne suis allée ni chez le boucher ni chez le poissonnier pour cette raison de queues de 50m serpentant sur le trottoir (heureusement mes autres petits commerçants étaient moins pris d’assaut / heureusement il y a le drive). Et lors du déconfinement, lorsque j’ai vu les files d’attente devant les magasins, je me suis bien demandé de quoi je pourrais avoir besoin de si important et urgent pour faire la queue comme ça : je crois que je pourrais me passer d’un frigo s’il fallait attendre aussi longtemps. Enfin non, parce que de toute façon je commanderais sur internet et j’attendrais dans mon canapé qu’on me livre. Mais vous voyez l’idée.
Je ne suis pas patiente. Je déteste attendre.
Alors il est clair que ces derniers mois (pas spécialement avec le confinement en fait), l’Univers a mis ma patience (que je n’ai pas, donc) à rude épreuve : les choses que je désire dans ma vie n’arrivent pas, je sais qu’elles vont arriver mais tout est en retard (l’Univers c’est pire que Chronopost : on te dit entre 8h et 17h et en réalité on te livre le lendemain). Et je m’énerve. J’attends, puisque je suis obligée, mais passivement, en m’agaçant, en rongeant mon frein : la situation actuelle me déplaît tellement malgré mes efforts pour en tirer le positif que je sature.
Enfin, pas toujours : ça dépend des situations, il y a des situations dans lesquelles je prends et laisse le temps (mes tomates : je sais que m’agacer ne les fera pas rougir plus vite, et puis parfois j’aime bien prendre mon temps), et d’autres non. Mais en général j’ai peur de manquer de temps, et je ne veux pas le gâcher avec de l’attente qui est du temps perdu. Je préfère aller me promener et voir un jardin désert de visiteurs qu’attendre 3h pour voir un must-see blindé de touristes. Ce qui fait qu’au final je ne suis jamais entrée dans Notre-Dame de Paris (c’est foutu) et que je ne suis jamais montée en haut de la Tour Eiffel. Et je n’aurai jamais de billets pour un événement pour lequel il faut faire la queue depuis la veille.
Et hier je me suis rendu compte d’un truc : c’est pareil avec la peinture. Je ne laisse pas le temps. Or, les choses les plus importantes sont celles qui prennent le plus de temps. Et souvent, ce qui m’arrive, c’est que je gâche mon travail en peignant sur une couche qui n’est pas sèche, parce que je n’attends pas assez qu’elle le soit, à cause de mon impatience à voir le résultat final. Evidemment ce qui arrive, c’est que les couches se mélangent, bavent, et c’est loupé. Alors hier je me suis lancée un défi, avec un travail à la gouache qui nécessitait plusieurs couches. Et j’ai réussi : j’ai bien attendu que mes couches soient sèches. Victoire !
Et c’est pareil dans la vie, peut-être : tout vient à son heure. Pour passer à la couche suivante, il faut que la couche précédente soit non seulement posée, mais sèche ! Même si c’est compliqué, d’attendre !
Et vous, patient ou impatient ?
(Il s’agit d’un ours (évidemment) que j’ai repris du travail d’une illustratrice que j’adore : Julie Dru)
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