Visite au musée des Beaux-Arts d’Orléans

La première fois que j’étais allée visiter ce musée, peu après mon installation à Orléans, c’était pour un rendez-vous galant, avec un homme qui était lui même un artiste. Le rendez-vous n’a rien donné finalement, je ne sais plus pourquoi (ça commence à dater) mais le souvenir me fait toujours sourire : c’est joli, comme lieu de rendez-vous, un musée.

Et ce musée, j’essaie d’y revenir régulièrement. Comme ses collections sont très riches et variées, à moins d’y passer des heures, on ne peut pas tout voir. Ce que j’aime, finalement, c’est me promener au milieu des chefs-d’œuvre, et de me laisser guider par mes envies et inspirations du moment : quels tableaux m’appellent plus que d’autres ce jour-là ? A chaque fois c’est donc une visite différente, un enrichissement différent, qui renouvellent l’inspiration et remplissent le puits. Et cela fait du bien.

Petite visite en images :

Et la petite vidéo :

Vous aussi vous avez un musée comme ça, près de chez vous, où vous allez régulièrement pour vous inspirer ?

A la lumière de Renoir, de Michèle Dassas : peindre la vie

Jeanne est consciente des sacrifices que sous-entend la voie étroite qu’elle s’est choisie, et des déconvenues, d’inévitables échecs à venir. C’est le prix à payer quand on aspire à l’excellence, ce but inaccessible qu’elle vise comme un mirage dans le désert.

Je suis tombée sur ce roman l’autre jour lors de ma visite au salon du livre du jardin des plantes d’Orléans. Je n’avais jamais entendu parler de Jeanne Baudot, mais Michèle Dassas me l’a présentée avec beaucoup de passion et de conviction. Il faut dire que j’étais toute disposée à me laisser tenter : je suis toujours friande de destins de femmes exceptionnelles, surtout s’il s’agit d’artistes, et le contexte historique, celui essentiellement de la Belle époque, m’intéressait doublement, en soi (c’est une période qui me fascine) et pour le projet Adèle. A la Lumière de Renoir est donc le deuxième livre que j’ai adopté ce jour-là, le premier étant un recueil de Haïkus érotiques, rien à voir donc.

A la Lumière de Renoir est une biographie romancée de Jeanne Baudot, artiste peintre rattachée au mouvement impressionniste et malheureusement un peu tombée dans l’oubli, malgré le fait notable qu’elle ait été l’élève et une amie proche d’Auguste Renoir. Née dans un milieu favorisé (son père était médecin), elle affirme très tôt son indépendance : elle ne veut pas du destin ordinaire des femmes de son époque. Elle aime dessiner, peindre, elle a du talent, et décide d’y consacrer sa vie, quitte à faire des sacrifices.

J’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman et à faire la connaissance de Jeanne Baudot, une femme inspirante et passionnante, dans une époque parfaitement restituée : une époque d’ébullition intellectuelle et artistique, une époque d’insouciance aussi, en tout cas pour une certaine catégorie de la population. On croise de grands noms de la scène artistique, Auguste Renoir bien sûr, mais aussi Caillebotte, Degas, Berthe Morisot, ou encore Mallarmé et Paul Valéry, qui épousa une proche amie de Jeanne, Jeannie Gobillard.

Le grand intérêt de ce roman, et qui est une des lignes directrice du travail de Michèle Dassas, est d’interroger la question de l’indépendance : l’indépendance en tant que femme, à une époque où le destin de ces dernières est souvent tout tracé et n’offre que peu de marges de manœuvre, et l’indépendance en tant qu’artiste : choisir sa voie et ses maîtres, alors que l’impressionnisme est encore décrié, et trouver son propre style.

Bref, une très belle découverte que je dois à la sérendipité, et qui a nourri mes réflexions !

A la lumière de Renoir
Michèle DASSAS
Ramsay, 2020

Instantané : A l’aquarelle

Comme c’est l’un de mes objectifs de 2022, j’ai commencé mes cours d’aquarelle botanique. J’adore apprendre de nouvelles choses, c’est mon mode d’existence, et je suis donc particulièrement ravie de ce nouveau cours : même si je faisais déjà des petites choses, je manquais de vraie technique, et là, dès le premier module, je sens que ça progresse. Mon objectif n’étant pas, puisque ce n’est pas mon style, de peindre de manière réaliste, mais c’est intéressant de savoir aussi le faire. Et l’un de mes grands plaisirs, actuellement, c’est de m’amuser avec les couleurs : je trouve cela tellement apaisant !

Et vous, vous avez commencé une nouvelle activité ?

Instantané : apprendre l’aquarelle

Quand j’ai du mal à écrire, et c’était le cas ces derniers temps même si c’est en voie de guérison, je change de canal (c’est un des conseils d’Elizabeth Gilbert dans Comme par magie). Parfois c’est du collage, d’autres fois du bricolage, en ce moment c’est vraiment la peinture et plus précisément l’aquarelle parce que j’aime absolument voir les couleurs se diffuser, et obtenir un résultat qui est rarement ce que j’avais en tête ! Et la semaine dernière, j’ai tellement aimé peindre cette petite séries de pensées (enfin, j’imagine que ce sont des pensées) que je les ai reproduites plusieurs fois, et je me demande si je ne vais pas en faire une petite carte ! Le fait est que j’aime bien cette manière de faire minimaliste, mais j’aimerais bien aussi, parfois, que ce soit plus réaliste : un de mes objectifs, pour 2022, ce sera donc de progresser en dessin (j’ai acheté le Cahier d’exercices pour apprendre à dessiner avec son cerveau droit : il paraît que cette méthode est fabuleuse) et en aquarelle (je manque de technique) avec le cours d’aquarelle botanique d’Anne-Solange Tardy !

Et vous, quelle activité créative vous fait du bien ? Qu’est-ce que vous avez envie d’apprendre en 2022 ?

Instantané : diffusion

Je viens de découvrir l’encre acrylique grâce au merveilleux cours d’Art Journal de Mélody (et vraiment n’hésitez pas à le suivre : c’est follement inspirant). Et c’est un coup de foudre : je ne me lasse plus de déposer des gouttes d’encre sur le papier et de les faire se diffuser les unes dans les autres, on dirait que les couleurs font l’amour, fusionnent, cela fait des formes étonnantes et ça m’émerveille !

Et vous, qu’est-ce qui vous a émerveillé cette semaine ?

Térébenthine, de Carole Fives : croire encore en la peinture

Et toi, qu’as-tu envie de peindre ? Qu’as-tu envie de raconter ? Tu ne sais par où commencer, tu as dix-huit ans et les sujets se bousculent : le désir, le corps, la souffrance d’être née femme dans un monde bâti pour les hommes, où les femmes, que ce soit dans les arts plastiques ou le cinéma, la littérature ou la musique, se perçoivent encore et toujours comme des objets du désir, jamais des sujets. L’urgence de devenir sujet.

Je n’avais jamais lu Carole Fives, malgré les avis très positifs sur son œuvre que je croisais souvent. J’ai manqué d’occasions. Mais ce roman là m’a vivement interpelée par son sujet : l’art, et en particulier la peinture.

Lorsqu’elle entre aux Beaux-Arts à Lille au début des années 2000 pour apprendre la peinture, la narratrice, désignée par « tu » tout au long du roman, découvre que plus personne ne peint. La mode est aux installations et aux performances, plus aux toiles et aux pinceaux. L’art d’ailleurs est mort depuis Auschwitz. Mais avec Luc et Lucie, ils s’obstinent à peindre, même s’ils son méprisés par les autres élèves.

Un roman passionnant, qui interroge l’art, la création, les femmes, la peinture, et je ne peux de mon côté qu’être fascinée par le retour de certains de ces thèmes un peu partout autour de moi. De manière différente mais tout aussi pertinente que Poison Florilegium, Térébenthine se penche sur l’histoire de l’art et la place qu’y tiennent les femmes. Place à redéfinir et à défendre. Se pose aussi la question de se donner entièrement à son art, et de résister, de tenir bon. Et, par le biais d’une mise en abyme, le passage à l’écrit, du visuel aux mots.

Bref, un court roman que j’ai beaucoup aimé.

Térébenthine
Carole FIVES
Gallimard, 2020

Laisser sécher les couches de peinture

Une des choses que j’ai apprises avec la peinture (ou, plus exactement, que je suis en train d’apprendre), c’est la patience. Et on peut dire qu’on part de très loin : je déteste attendre, et détester est un mot faible ; je ne compte pas le nombre d’expositions ou de lieux que je n’ai pas vus tout simplement parce qu’il faut faire la queue, et que l’idée de rester plantée longtemps à attendre mon tour me gâche absolument tout le plaisir que j’aurais à faire les choses, visiter le lieu ou l’exposition (ce qui est bizarre, c’est que je suis capable de rester des heures assise à regarder la mer, des heures assise à une terrasse à regarder les gens : mais dans une file d’attente j’ai envie de mordre quelqu’un). Pendant le confinement je ne suis allée ni chez le boucher ni chez le poissonnier pour cette raison de queues de 50m serpentant sur le trottoir (heureusement mes autres petits commerçants étaient moins pris d’assaut / heureusement il y a le drive). Et lors du déconfinement, lorsque j’ai vu les files d’attente devant les magasins, je me suis bien demandé de quoi je pourrais avoir besoin de si important et urgent pour faire la queue comme ça : je crois que je pourrais me passer d’un frigo s’il fallait attendre aussi longtemps. Enfin non, parce que de toute façon je commanderais sur internet et j’attendrais dans mon canapé qu’on me livre. Mais vous voyez l’idée.

Je ne suis pas patiente. Je déteste attendre.

Alors il est clair que ces derniers mois (pas spécialement avec le confinement en fait), l’Univers a mis ma patience (que je n’ai pas, donc) à rude épreuve : les choses que je désire dans ma vie n’arrivent pas, je sais qu’elles vont arriver mais tout est en retard (l’Univers c’est pire que Chronopost : on te dit entre 8h et 17h et en réalité on te livre le lendemain). Et je m’énerve. J’attends, puisque je suis obligée, mais passivement, en m’agaçant, en rongeant mon frein : la situation actuelle me déplaît tellement malgré mes efforts pour en tirer le positif que je sature.

Enfin, pas toujours : ça dépend des situations, il y a des situations dans lesquelles je prends et laisse le temps (mes tomates : je sais que m’agacer ne les fera pas rougir plus vite, et puis parfois j’aime bien prendre mon temps), et d’autres non. Mais en général j’ai peur de manquer de temps, et je ne veux pas le gâcher avec de l’attente qui est du temps perdu. Je préfère aller me promener et voir un jardin désert de visiteurs qu’attendre 3h pour voir un must-see blindé de touristes. Ce qui fait qu’au final je ne suis jamais entrée dans Notre-Dame de Paris (c’est foutu) et que je ne suis jamais montée en haut de la Tour Eiffel. Et je n’aurai jamais de billets pour un événement pour lequel il faut faire la queue depuis la veille.

Et hier je me suis rendu compte d’un truc : c’est pareil avec la peinture. Je ne laisse pas le temps. Or, les choses les plus importantes sont celles qui prennent le plus de temps. Et souvent, ce qui m’arrive, c’est que je gâche mon travail en peignant sur une couche qui n’est pas sèche, parce que je n’attends pas assez qu’elle le soit, à cause de mon impatience à voir le résultat final. Evidemment ce qui arrive, c’est que les couches se mélangent, bavent, et c’est loupé. Alors hier je me suis lancée un défi, avec un travail à la gouache qui nécessitait plusieurs couches. Et j’ai réussi : j’ai bien attendu que mes couches soient sèches. Victoire !

Et c’est pareil dans la vie, peut-être : tout vient à son heure. Pour passer à la couche suivante, il faut que la couche précédente soit non seulement posée, mais sèche ! Même si c’est compliqué, d’attendre !

Et vous, patient ou impatient ?

(Il s’agit d’un ours (évidemment) que j’ai repris du travail d’une illustratrice que j’adore : Julie Dru)