Instantané : l’odeur de la lavande

Dans l’Invitation à un voyage sensoriel, nous travaillons sur les sens et la manière dont ils sont le support d’émotions et de souvenirs profonds. En particulier l’odorat, et dans une des activités, je vous propose de voyager sur une odeur et de voir ce qu’elle fait remonter.

De mon côté, il y a une odeur que je ne supportais pas : celle de la lavande. Pourtant, la lavande, en aromathérapie, est utilisée pour calmer le stress. Sur moi, l’effet était plutôt inverse : des hauts le cœur et un dégoût profond. Pourquoi, je ne sais pas, mais j’imagine que j’ai un souvenir désagréable fixé avec cette odeur.

Autant vous dire que l’autre jour, lorsque j’ai ouvert mon calendrier de l’avent et découvert une magnifique bougie en forme de cœur qui s’est avérée être à la lavande, j’ai eu un mouvement de recul. Violent. Du genre, dans les films, lorsqu’on montre un crucifix à un vampire. Et puis… j’ai senti un peu mieux. Et j’ai trouvé que oui, ça sentait bon.

Cela ne sera jamais mon odeur préférée et je ne vais pas me mettre à vaporiser de la lavande partout, mais enfin, on note un vrai progrès, qui je pense est bon signe : cela signifie que ce souvenir (et plus spécifiquement je soupçonne que j’associe inconsciemment l’odeur de la lavande à une certaine personne qui a un don pour abaisser mon taux vibratoire) est apaisé. Ce qui tombe extrêmement bien, car la veille, j’avais fait une série de libérations émotionnelles et énergétiques en utilisant l‘EFT, Emotional Freedom Technique (tiens, il faudra que j’en parle plus en détails un jour).

Et cette bougie à la lavande, que je n’ai pas encore fait brûler, et une synchronicité de plus pour me montrer que même si je ne le vois pas toujours, j’avance.

Et vous, il y a des odeurs comme ça, qui sont supposées être de bonnes odeurs et que vous ne supportez pas ?

Instantané : l’odeur du chèvrefeuille

C’est tout moi : une photo pour parler d’une odeur. Cela dit, s’il est une chose que je regrette, c’est qu’on ne puisse pas capturer les odeurs comme on le fait avec les images ou les sons. Imaginez : on se promène, comme je l’ai fait dimanche, et on est enivré par le parfum des fleurs, en l’occurrence le chèvrefeuille. Pour tout dire, c’était le but de ma promenade : aller enfouir mon nez dans les haies de chèvrefeuille. On est enivré, on en profite sur l’instant, mais si on pouvait la garder, cette odeur de printemps, pour s’en gorger pendant l’hiver, est-ce que ça ne serait pas merveilleux ? Et conserver l’odeur des gens qu’on aime ?

Lorsque je respire le chèvrefeuille, je pense toujours à Tristan et Yseult, et au lai du chèvrefeuille de Marie de France. Et à ces magnifiques vers :

Ils étaient tous deux
comme le chèvrefeuille
qui s’enroule autour du noisetier:
quand il s’y est enlacé
et qu’il entoure la tige, ils peuvent ainsi continuer à vivre longtemps. Mais si l’on veut ensuite les séparer,
le noisetier a tôt fait de mourir,
tout comme le chèvrefeuille.
<<Belle amie, ainsi en va-t-il de nous:
ni vous sans moi, ni moi sans vous!>>

La sensualité du monde…

L’un des effets les plus évidents pour moi de ce confinement, c’est que je me sens beaucoup plus attentive à ce qui m’entoure, et beaucoup plus finalement dans le moment présent. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles j’ai été aussi déconcertée par l’apparition des pivoines : vu le temps que je passe à observer chaque petit changement dans le jardin au fil de la saison qui avance, je ne comprends pas comment j’ai fait pour ne pas les voir, d’où mon hypothèse magique. Cette attention est avant tout visuelle, et c’est peut-être un effet aussi de mon atelier photo : je suis tout le temps en train de regarder les choses sous tous les angles, et de photographier. Les lumières, les reflets. Je travaille aussi beaucoup sur les couleurs : essayer d’en saisir les moindres nuances, faire des mélanges de peinture pour avoir ce que je veux. Plus que d’habitude, j’ai besoin que tout autour de moi soit beau et harmonieux ! Je passe une partie de mon temps à réarranger la décoration, et je pense que le jour de réouverture des fleuristes je vais me précipiter pour m’offrir un bouquet de pivoines !

Mais ce n’est pas seulement le beau : plus que jamais je suis attentive à mes autres sens et à la manière dont ils sont sollicités. Un peu comme lorsque je suis en voyage et que tout est tellement nouveau que tous mes sens sont en alerte.

J’ai besoin que ça sente bon, et je fais un usage certain des huiles essentielles (geranium rosat) en diffusion dans la chambre. L’odeur du linge propre qui sèche, un peu de parfum (j’éprouve le besoin d’en mettre une touche même chez moi, quelque chose de très léger à la verveine et au cédrat, ou l’escale a Portofino de Dior qui est mon parfum des belles saisons), l’odeur du pot de muguet sur mon bureau, et puis venant de l’extérieur lorsqu’il fait beau et que les fenêtres sont ouvertes la douce odeur du sureau, les roses qui embaument juste sous la fenêtre de ma chambre, une feuille de menthe que j’écrase sous mes doigts, ou le basilic. L’odeur du repas en train de mijoter.

Les sons, c’est moins évident, je sais néanmoins gré à mes voisins de ne pas être bruyants (je pense que certains ne sont pas là du tout, en fait). Mais j’aime à la folie le chant des oiseaux dans le sureau le matin quand je me réveille et puis après tout au long de la journée, le bruit de la pluie, la chanteuse lyrique qui donne de la voix quelques minutes tous les soirs après 20h.

Les goûts, bien sûr. Je crois qu’on en est tous là : le besoin de se faire plaisir avec la nourriture, et là nous arrivons à la saison où les aliments ont tellement plus de saveurs que l’on est ravis avec des plats d’une totale simplicité : des radis avec du bon pain et du beurre, des asperges servant de mouillettes à des œufs à la coque, quelques tomates et de la mozzarella. Un verre de vin frais. J’ai aussi fait des beignets de fleurs de sureau, délicieusement parfumés, dont je vous reparlerai dimanche. Et les fruits : les fraises, les abricots qui commencent à arriver, juteux et sucrés.

Et le toucher : s’envelopper dans un plaid tout chaud et doux parce qu’il fait frais ou au contraire s’offrir à la caresse du soleil, se glisser dans les draps propres et poser la tête sur l’oreiller moelleux, enfiler une chemise soyeuse…

Une des choses que j’essaie de penser à faire, dans la journée, c’est : m’arrêter, et faire le point sur toutes mes sensations, ce que j’ai sous les yeux, ce que je sens, ce que j’entends, quel goût j’ai dans la bouche, quelle sensation sur ma peau ! Cela permet de sortir du mode automatique, d’être vraiment dans le moment présent, et d’apprécier ce qui nous entoure : c’est ce qu’on appelle la pleine conscience et c’est un formidable catalyseur de joie. Cela permet, aussi, de se reconnecter à son corps, de s’ancrer pleinement dans le vivant, dans le charnel… dans le sensuel, et pour moi c’est absolument essentiel en ce moment.