Les digitales, illustré par Fabienne Legrand : femmes et numérique

Ce livre est en soi une brique fondatrice bien loin du simple pavé dans la mare. On y lit des témoignages, des anecdotes, des astuces pour naviguer dans ce milieu aux mille opportunités. On y découvre des femmes historiques pionnières et avant-gardistes dans les domaines des sciences informatiques et de la programmation. Enfin, on y lit de nombreuses initiatives d’écoles, d’organisations publiques et privées engagées dans une parité juste et exemplaire. Un puits d’inspiration et une boîte à idées dans un livre joliment illustré car la grâce et l’élégance sont selon moi synonymes d’efficacité et d’audace. (Aurélie Jean)

Un petit livre dont le but est d’explorer la place des femmes dans le milieu du numérique, et d’encourager les filles à se lancer dans cette voie, à l’aide de témoignages, d’études, d’exemples, le tout magnifiquement illustré par Fabienne Legrand que j’adore !

C’est un chouette projet, dans lequel on apprend beaucoup de choses, inspirant, qui lutte contre les stéréotypes : à faire lire à tout le monde !

Les Digitales
Le Cherche-Midi, 2020

La geek qui n’aimait pas la lecture numérique

Il était une fois une geek : moi. Enfin, une geek, c’est peut-être exagéré, mais c’est néanmoins ce qu’on me dit souvent, parce que je suis à l’aise avec les nouvelles technologies, que je comprends globalement comment ça fonctionne, et qu’en règle générale elles ne me résistent pas. Je ne suis pas une digital native, mais je me suis totalement adaptée, et je me fais l’apôtre de la modernité heureuse. Regrettera qui veut le bon vieux temps/[…] Moi, je rends grâce à la nature sage / Qui, pour mon bien, m’a fait naître en cet âge / Tant décrié par nos tristes frondeurs  : j’aime être connectée, avoir accès au monde en un clic, surfer sur internet avec mon smartphone, ne plus perdre de temps, faire mes courses en ligne, regarder des séries sur Netflix, communiquer avec mes amis sur Facebook, me tenir au courant de l’actualité grâce aux applications et à twitter, regarder des photos de partout dans le monde sur Instagram, lire des blogs, regarder des videos sur Youtube… Oui, la modernité, le numérique, les nouvelles technologies me conviennent parfaitement, et je n’ai pas du tout l’impression d’être envahie.

Et pourtant. Pourtant, il y a un truc auquel je ne me fais vraiment pas, c’est les livres numériques. Le livre papier, c’est le seul sujet sur lequel je suis résolument réactionnaire. Et encore, je ne suis pas contre le principe en lui-même, juste, je n’y arrive pas. J’en vois bien tous les avantages : le gain de place, l’aspect pratique… mais non. Déjà, on a beau me montrer tout un tas de liseuses plus fantastiques les unes que les autres, l’objet ne me séduit pas, j’ai toujours refusé d’investir, et pour cet usage je me suis toujours contentée de ma tablette, qui me sert à plein d’autres choses (je crois que j’ai du mal avec l’idée d’un appareil qui ne soit pas multifonctions). J’ai vraiment essayé, mais je vois bien qu’avec le temps, l’idée de lire en numérique m’est de plus en plus pénible. Je refuse désormais systématiquement les SP numériques, que ce soit pour les livres qui existent aussi en papier ou pour les ouvrages exclusivement publiés dans ce format. Finalement, je ne lis plus en numérique que les BD, ce n’est pas idéal mais comme une BD c’est rapidement lu, ça va. Mais sinon, j’ai vraiment besoin du rapport charnel à l’objet livre, au papier.

Seule exception finalement, mais c’est rare malheureusement : les œuvres pour lesquelles le numérique apporte une véritable plus-value, et qui sont d’ailleurs souvent proposés au format application (et nécessitent donc la tablette) et non « livres numériques » (c’est-à-dire ni plus ni moins qu’un bête fichier) : lorsqu’en plus des mots, il y a des images, des sons, des animations, éventuellement des contenus interactifs, bref, qui proposent une véritable expérience ; c’est le cas par exemple de Phallaina de Marietta Ren ou de Alienare de Chloé Delaume et Franck Dion. Là, je dis oui, un grand oui. Pour le reste, c’est non.

Donc voilà : je m’appelle Caroline, je suis une geek, et je déteste la lecture en numérique.

 

Qui veut la peau d’Imogen Tate ? de Lucie Sykes et Jo Piazza

Imogen TateUn magazine numérique ? Imogen ne comprenait pas un traître mot émanant de cette bouche de poisson. Evidemment qu’elle était dévouée aux pages de son magazine. Elles constituaient l’alpha et l’oméga de son travail. Carter était-il en train de lui annoncer qu’on allait étoffer le contenu du site, et qu’il avait embauché Eve à cet effet ? L’hypothèse qu’un magazine puisse dégager des bénéfices en proposant ses articles en ligne gratuitement demeurait un mystère. Était-ce ce qu’on enseignait en MBA aujourd’hui ? Le monde de la presse avait tellement changé. Elle le savait. Sites, blogs, tweets, liens, envois multiples… Le public était devenu complètement accro.

Un roman parfait pour l’été. Mais pas que…

Lorsqu’Imogen Tate, la puissante rédactrice en chef de Glossy, revient d’un congé maladie de 6 mois, elle trouve son ancienne assistante, Eve, aux commandes du site internet du magazine, et ne comprend pas tout de suite les implications de cette présence : fini le magazine papier, bonjour l’application, dont Eve entend bien prendre le contrôle total, et se débarrasser d’Imogen…

Cela ressemble beaucoup au Diable s’habille en Prada : une puissante rédactrice en chef d’un magazine de mode, une assistante… mais ici, les rapports sont inversés : Imogen, c’est la fille qu’on voudrait toutes être, car elle possède la véritable élégance, celle de l’honnêteté et de la gentillesse, qui font d’ailleurs que les gens sont prêts à l’aider et qu’elle a beaucoup d’amis, même dans ce milieu où ce n’est pas simple ; Eve, elle, est une sociopathe complètement toquée en plus d’être d’une vulgarité confondante. Sur fond de moderie et de mutations de la presse à l’heure du numérique, on assiste donc à une guerre de générations : X contre Y. Mais là où le roman est intelligent, c’est qu’Imogen n’est pas un dinosaure rétif à toutes les nouvelles technologies : elle s’intéresse, essaie d’apprendre (et nous avec : j’ai enfin compris ce qu’est le taux de conversion, et découvert l’application Paperless Post) et découvre avec plaisir Instagram. Mais elle résiste à la surenchère. Du coup, le roman permet aussi une réflexion sur le monde moderne et l’addiction aux nouvelles technologies et aux réseaux sociaux : porteur d’une véritable vision du monde, il nous invite à profiter des opportunités extraordinaires qu’offre le numérique, sans pour autant vendre son âme au diable.

Un roman drôle, frais et bien mené, qui se lit avec plaisir et constituera une agréable lecture de plage, mais n’oublie pas pour autant de nous inviter à réfléchir !

Qui veut la peau d’Imogen Tate ?
Lucie SYKES et Jo PIAZZA
Stock, 2016

Les journalistes se slashent pour mourir, la presse face au défi du numérique de Lauren Malka

Les journalistes se slashent pour mourirIl existe une double mythologie du journaliste : d’une part, le journaliste indépendant, calme, voyageur qui n’a qu’une parole — la même face au pouvoir et à la calomnie. Ce journalisme-là porte quelques noms célèbres : Henry Morton Stanley, Albert Londres, Ernest Hemingway, Henri Rochefort ou Joseph Kessel. Et puis il y a celui qui ne se conjugue qu’au pluriel, se conçoit en multitude impersonnelle et fait varier les cancans au gré des ventes. « Est-ce nouveau ? m’a demandé mon ami naïf. Est-ce lié à internet ? Qu’est-ce qui, dans les nouveaux médias, pourrait inspirer cet étrange dédoublement de personnalité ? »

Roland Barthes, dans ses Mythologies, entendait « réfléchir régulièrement sur quelques mythes de la vie quotidienne française » qui se trouvaient être, dans les années 50, le strip-tease, le catch, la Citroën DS ou encore le steak-frites. Le propos de la collection « Nouvelles mythologies » chez Robert Laffont, dirigée par Mazarine Pingeot et Sophie Nordmann, est d’effectuer un travail similaire sur notre époque : quelles sont les mythologies d’aujourd’hui ? L’un des deux premiers essais publiés, celui de Lauren Malka, se propose donc de déconstruire les mythes qui entourent le métier de journaliste, sujet qui me passionne absolument.

Le point de départ est la mutation violente qu’a subi le journalisme avec l’arrivée du numérique, aboutissant à une véritable crise d’identité. Sur ce sujet s’établit un dialogue, abordant de multiples aspects, et s’interrogeant sur l’image d’Épinal que l’on a tendance à avoir sur le métier de journaliste, ses permanences et ses mutations : finalement, les évolutions actuelles, plus qu’une révolution, ne consistent-elles pas tout simplement à pousser jusqu’au bout des logiques qui étaient présentes dès les origines du métier, et à les rendre plus évidentes, mais sans changer fondamentalement les choses ?

Passionnant, cet essai a pour mérite premier de ne pas être un exposé didactique de l’histoire du journalisme et de son image dans la société, mais de se situer au contraire quelque part entre le conte philosophique et le dialogue argumentatif entre le journaliste qui estime que le numérique et Google ont détruit ce qui faisait l’intérêt de sa profession, et l’historien qui explique, sources à l’appui, que le journalisme tel que le conçoit le premier n’a jamais existé. Chemin faisant, c’est donc une véritable histoire du journalisme que nous approchons à travers plusieurs thèmes, et notamment cette tarte à la crème qu’est la dé-professionnalisation du métier à cause d’internet et notamment des vilains blogueurs qui volent leur travail aux vrais journalistes : or, l’essai le montre bien, définir ce qu’est un « vrai » journaliste s’apparente à une gageure. La profession a toujours eu des contours flous, et cela ne date pas d’internet : le journaliste, est-ce celui qui a fait une école de journalisme (ce qui exclut bien des gens et pas des moindres ) ? Celui qui a le statut administratif de journaliste, travaille comme tel et détient la fameuse carte de presse (même remarque) ? Celui qui écrit des articles, indépendamment de son statut administratif ? Celui qui respecte la charte de déontologie du journalisme ?

Bref, c’est compliqué, et Google, qui tient évidemment une grande place dans les réflexions, à la fois Dieu et Démon tout puissant, n’est pas le seul responsable de la crise d’identité actuelle des médias. En revanche, c’est certain, il oblige la profession à s’interroger sur elle-même et sur ses pratiques, ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose : sortir de l’idéalisation du métier pour avancer. C’est en tout cas ce à quoi invite ce petit essai, plutôt optimiste (mutation ne veut pas dire mort), à placer entre toutes les mains, celles des journalistes comme celles de ceux qui s’intéressent aux médias !

Les journalistes se slashent pour mourir, la presse face au défi numérique
Lauren MALKA
Robert Laffont, « Nouvelles mythologies », 2016

Ceci est un livre !

Parfois, l’Europe, c’est bien. Mais là, non.

Depuis le 1er janvier 2012, suite à une décision de l’État français destinée à favoriser l’accès aux livres, qu’ils soient sous format papier ou numérique, une TVA réduite s’applique à tous les livres. En raison de la législation européenne, la France pourrait être contrainte à revenir en arrière et à appliquer une TVA à 20% sur les ouvrages numériques. Pourquoi ? On ne sait pas, c’est une décision tout sauf rationnelle, puisque les livres numériques, quoiqu’on en pense par ailleurs, sont des livres.

Le SNE (Syndicat National de l’Edition) pour sa part souhaite préserver la TVA à taux réduit sur le livre numérique, afin de maintenir l’accès à la culture pour tous.  Pour se faire, il souhaite une modification de la législation, c’est à dire l’amendement de l’annexe III de la directive européenne sur la TVA. Cela permettrait d’ajouter le livre numérique téléchargeable à la liste des services éligibles au taux réduit, au nom du principe de neutralité fiscale, selon lequel un livre est un livre, quel que soit son support.

Parce qu’un livre reste un livre quel que soit son format ou son support de lecture, le SNE sollicite le soutien des internautes et leur participation à la campagne virale #ThatIsNotABook : humoristique et décalée, cette campagne, qui aura lieu du 3 mars (aujourd’hui, donc) au 2 avril, a pour objectif de créer un mouvement européen des lecteurs contre la discrimination du livre numérique, et tous ceux qui aiment les livres sont invités à s’engager pour que le livre soit traité de manière égale, indépendamment de son format, partout en Europe. Car le livre est un bien de première nécessité : le fondement du savoir et le ferment de l’imaginaire.

La campagne #ThatIsNotABook met en lumière qu’une œuvre de l’esprit ne change pas de nature lorsqu’elle change de support. Les habitudes évoluent, les européens, en particulier les jeunes, passent de plus en plus de temps devant leurs écrans et le livre doit accompagner ce changement. Le format numérique se développe et son accès ne doit pas être entravé.

Les internautes sont donc invités à distinguer un livre de ce qui ne l’est pas :

1. En envoyant la photo d’un objet quelconque (bon moi je n’ai pas d’objets quelconques, dont j’ai pris mes camélias) et en indiquant que ceci n’est pas un livre, #ThatIsNotABook, sur twitter, facebook, Instagram, tout ce que vous voulez, en l’adressant à la commission européenne : @UEfrance @EU_Commission

2. En envoyant la photo d’un livre (numérique ou autre) et en indiquant que cela en est un, #ThatIsABook, toujours en l’adressant à la commission européenne : @UEfrance @EU_Commission

Plus d’info sur le site du SNE : CLIC

Addictive Pages, les livres à lire comme des séries télé !

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Addictive Pages, une start-up d’édition numérique, publiera des séries littéraires conçues comme les séries télé qui nous tiennent toutes en haleine,  en transposant à l’écrit les techniques scénaristiques issues de l’audio-visuel : des formats courts, un style efficace, des rebondissements, des univers forts et addictifs… au rythme d’un nouvel épisode disponible chaque semaine.

Le premier épisode de la première série, L’Ourlerie, sera disponible ce 29 avril chez les principaux libraires en ligne mais aussi en streaming sur le site (et bientôt via une application mobile) : Coralie Bontemps, CEO déshéritée. Ne lui reste en héritage qu’un vieil atelier abandonné, L’Ourlerie, désormais transformé en un squat collaboratif. Mais Coralie est prête à squatter les squatteurs s’il le faut pour redémarrer son entreprise. On verra bien qui partira le premier.

Hâte de découvrir ce nouveau concept et cette petite série rigolote ? Quelle chance pour vous : je vous propose de le découvrir gratuitement et en avant-première dès aujourd’hui grâce à au code exclusif de pré-lancement VIP-IRREGULIERE. Pour lire cet épisode (uniquement en streaming pour cette phase de pré-lancement), il suffit de vous inscrire au site www.addictivepages.fr, avec le code, et voilà !

C’était mon cadeau de Pâques !