Instantané : est-ce que ça me manquera ?

L’autre jour, en passant devant la cathédrale, je me suis subitement demandé, je ne sais pas pourquoi, (ou plutôt je ne savais pas pourquoi sur l’instant, mais comme souvent j’ai eu la réponse quelques jours après et il se trouve que j’ai peut-être, on verra, une véritable opportunité de partir), si Orléans me manquerait, lorsque je serais partie. Parce que je sais que je ne resterai pas, que ce n’est pas chez moi et qu’un autre endroit m’attend. Je l’ai toujours su. Je ne suis ici que de passage, en transit, qui commence à durer, mais tout de même. Je sais qu’il y a des gens qui me manqueront, c’est sûr. Mais la ville elle-même ? Une ville où, malgré tout, je me serai construite ?

Est-ce que, parfois, une certaine nostalgie m’étreindra ?

Je n’en sais absolument rien… je sais qu’il y a des gens qui me manqueront, bien sûr. Mais la ville elle-même, je n’ai pas la réponse…

La nostalgie

L’autre jour, je m’interrogeais sur ce qui me rendait nostalgique, et sur ce que c’était, finalement, que la nostalgie, ce parfum venu du passé. En occident, nous avons tendance à l’assimiler à la tristesse, celle des choses révolues, enfuies, que nous ne retrouveront plus. Au Japon, il s’agit au contraire d’un sentiment doux, et heureux : la joie d’avoir vécu ces moments, même s’ils ne sont plus.

Quand je dis « en Occident » et « au Japon », ce n’est pas tout à fait vrai : bien sûr, il y a des tendances dans la manière dont une culture voit le monde. Mais c’est aussi une question d’individu, et, je crois, de moment dans la vie : longtemps, je me suis attachée au passé, certaines odeurs (je suis très olfactive), certains plats. En travaillant sur mon voyage poétique consacré aux cinq sens, je me suis rendu compte d’ailleurs qu’il y était beaucoup de ça : les souvenirs qui surgissent à l’occasion d’un parfum, d’un goût ou d’une musique, heureux ou non, d’ailleurs, mais puisqu’on parle de nostalgie, on va rester sur les souvenirs heureux, ceux qu’on chérit.

Bien sûr, il y a parfois de la tristesse, lorsque les souvenirs sont liés aux gens qui ont disparu et aux amours mortes. Mais le plus souvent, aujourd’hui, ma nostalgie est plus joyeuse : longtemps je me suis attachée au passé parce qu’il était plus doux que le présent, et plus fiable que l’avenir en qui je n’avais pas trop confiance. Aujourd’hui, le présent est plus doux, la plupart du temps, et l’avenir me fait des signes gentils, je crois. Alors la nostalgie est plus heureuse.

Samedi, j’ai reçu le ruban que j’avais commandé pour la machine à écrire que j’ai récupérée cet été, et je me suis donc un peu amusée avec. Ce n’est pas la même que celle avec laquelle je m’amusais enfant (j’en ai d’abord eu une jouet, puis une vraie Olivetti qui pour l’instant demeure introuvable). Mais le bruit des touches me rappelle tout de même ces moments passés à écrire « comme un écrivain » et à me rêver telle. Il y a quelque temps, peut-être que j’aurais eu un pincement au cœur en pensant aux rêves évanouis. Aujourd’hui, le rêve est ressuscité et j’ai souri en pensant qu’heureusement pour les oreilles des voisins d’écrivains, on avait trouvé des outils plus silencieux…

L’Odeur de la colle en pot, d’Adèle Bréau : parfum de nostalgie

En sortant dans la rue, les lumières qui clignotaient m’ont soudain paru moins tartes. J’ai souri parce que tout à coup, ça paraissait possible, le bonheur. Je me rendais bien compte que, plus encore que d’habitude, je pouvais passer du désespoir absolu à la félicité la plus totale, comme ça, en quelques minutes. Ça m’arrivait tout le temps, en ce moment. Et si ça « éreintait » maman, comme elle le disait en soupirant, c’est pour moi que c’était le plus compliqué. 

Le fait est : je n’éprouve strictement aucune nostalgie vis-à-vis de mon adolescence, au contraire, et mes années collège ont été plus ou moins un enfer pour moi (au lycée ça allait mieux) : j’avais très peu d’amis (et l’une des seules amies que j’avais, avec le recul je vois bien qu’elle passait son temps à me rabaisser), j’étais souvent moquée parce que j’étais une bonne élève et que c’était mal vu car synonyme de « ennuyeuse à mourir », c’est à cette époque que je suis passée de « crevette » à « fille pulpeuse » (on va le dire comme ça mais ce n’est pas trop ce que j’entendais) et ça ne m’a pas aidée à me sentir bien, et ne parlons même pas des garçons, pour eux je n’existais carrément pas, sauf éventuellement lorsqu’ils avaient besoin de moi pour faire leurs exercices d’anglais. Alors je sais bien que, comme le dit Edouard Louis, la souffrance est totalitaire : tout ce qui n’entre pas dans son système, elle le fait disparaître. Mais le fait est qu’à première vue, il n’y avait aucune raison pour que j’aie envie de lire ce roman, qui allait me replonger dans des mauvais souvenirs que je n’avais pas forcément envie d’examiner. Mais, peut-être que c’est là la raison de mon choix, justement…

Une nouvelle vie commence pour Caroline (tiens tiens) en septembre 1990 : fraîchement débarquée à Paris pour que son père puisse être plus proche de son travail, elle entre en quatrième au lycée Carnot. La fin de l’enfance, les tempêtes émotionnelles de l’adolescence, les amis, les premières expériences amoureuses, le délitement du couple parental : cette année va être un tournant dans sa vie.

Il s’agit-là d’un très très beau roman, empreint de douceur et de mélancolie, qui rend parfaitement bien cette époque, et qui a eu sur moi un effet cathartique, et très probablement c’est ce que j’y cherchais : j’imagine que chacun le vivra à sa manière selon ses propres souvenirs, moi globalement il m’a beaucoup fait pleurer, pour des raisons différentes mais surtout, finalement, sur la nostalgie de ce que je n’ai pas connu (un concept intéressant, d’ailleurs, ça ferait un joli titre). Et je crois que ça m’a fait beaucoup de bien. Et depuis, je n’arrête pas de sniffer la colle en pot, que normalement on n’utilise plus au collège, sauf Caroline.

Bref : une très belle plume à découvrir !

L’odeur de la colle en pot
Adèle BRÉAU
Lattès, 2019

Panta rhei

Depuis le début de cette coupe du monde, je ne m’étais absolument pas intéressée à la question. Pour tout dire, j’ai réalisé qu’il y avait une coupe du monde lorsque l’équipe de France a marqué son premier but, et que j’ai été perturbée par les clameurs de joie montant des habitations environnantes. C’est vous dire mon niveau d’isolement dans ma bulle. Il faut avouer que j’ai actuellement des préoccupations existentielles autrement plus épineuses que le résultat d’un match de football (qui suis-je, où vais-je, dans quelle étagère ?).

Mais voilà, hier, j’ai été prise d’une subite bouffée de nostalgie, et j’ai repensé à 98. J’ai revu les images, les trois buts, I will survive, la liesse populaire. Le soir de la victoire, j’avais terminé en petite tenue dans une fontaine (encore que j’ai un doute et je me demande si ce n’est pas le soir de la finale de l’Euro 2000, lorsque les Italiens ont appris comment on rebouchait une bouteille de Champagne — il faut dire que je me suis tellement piqué la ruche ce soir-là que je ne me souviens même plus avec qui j’étais). C’était gai, c’était bon enfant. Nous étions heureux.

Bien sûr, j’avais 20 ans, toute la vie devant moi, encore dans mes études, sans aucune idée des tsunamis qui allaient me passer dessus dans les années à venir. J’ai vieilli, j’ai changé, normal, je me vois mal à 40 ans me mettre minable et tout et tout…

Et puis, il m’est venu à l’idée qu’il n’y avait pas que moi qui avais changé. Le monde a changé. 98, c’était dans cette période d’optimisme ouverte par la chute du mur de Berlin, où on croyait que tout était possible et que le monde irait mieux : je ne dis pas qu’il n’y avait pas de problèmes, ce n’était pas le Village dans les nuages ni le pays des jouets de oui-oui, il y avait le chômage, des guerres, mais il me semble qu’on y croyait, qu’on avait la foi, et surtout, on n’avait pas peur, puisqu’on était avant le 11 septembre.

Et il me semble qu’aujourd’hui, on n’est plus heureux pareil : on essaie d’être heureux en profitant de chaque occasion qui nous est donnée, comme une parenthèse. Carpe Diem. Parce que demain, la morosité, le pessimisme seront de retour. Et sans doute aussi, quelque part ancré en soi, cette petite appréhension que dans cette foule en liesse, il y ait ce fanatique ennemi de la joie et de la vie qui en profitera pour faire un carnage. Oui, il me semble qu’en 98 on était vraiment heureux malgré tout, et qu’aujourd’hui on profite de l’illusion de l’être. Moi, j’avoue, je n’ai pas trop la force, mais finalement, pour ceux qui y arrivent, tant mieux, et je trouve ridicules toutes ces critiques : je ne crois pas que les gens soient des moutons, je ne crois pas au panem et circenses de César. Non, je crois juste que les gens sont pessimistes, et qu’ils saisissent toute occasion d’oublier ce qui va mal. Tout en sachant que ça va mal. Je pense qu’ils sont profondément lucides, ce que nous n’étions pas en 98. Je pense aussi, malgré tout, qu’ils ont besoin d’être ensemble, comme on l’a vu aux lendemains des attentats, comme on l’a vu pour la cérémonie de panthéonisation de Simone Veil. Et il n’y a rien de méprisable à ça.

(Je sais, je plombe l’ambiance).

J’admets : je me suis quand même mise dans l’ambiance. J’ai fait des traits de crayon bleu/blanc/rouge sur mes joues et débouché une bière. J’ai un peu tremblé. Et la victoire m’a fait un immense plaisir, même si ce n’est pas pareil. Mais peut-être qu’il n’y a que moi, qui n’ai pas réussi à me fondre dans l’ambiance de la victoire, qui ai trouvé que ce n’était pas pareil, parce que j’ai vieilli. Parce que j’aurais voulu partager ça avec quelqu’un qui n’était pas là…

Alors voilà. Comme disait Héraclite, τὰ πάντα ῥεῖ καὶ οὐδὲν μένει (Ta panta rhei kai ouden menei), toute chose s’écoule, rien ne demeure. On ne se baigne jamais deux fois dans la même eau, fût-ce celle d’une fontaine un soir de finale de Coupe du Monde.

Le Songe du photographe, de Patricia Reznikov

Le Songe du photographe, de Patricia ReznikovChaque ligne que j’écris, je la leur dois. Si chaque mot, tiré de mon misérable petit tas de secrets, se métamorphose en gemme, en cristal, si je suis capable aujourd’hui de m’adresser à mes semblables, c’est grâce à eux. Ils ont fait de moi un homme. Un Mensch, comme dirait Magda. Ils avaient ce pouvoir de semer de la poésie partout où ils mettaient les pieds et de convoquer la vie même. Grâce à eux, la beauté aura poussé dans mon coeur.

J’avais été très touchée par le précédent roman de Patricia Reznikov, La Transcendante, et c’est donc fort logiquement que j’ai eu envie de découvrir son dernier roman, d’autant que le résumé était particulièrement alléchant !

La vie de Joseph, lycéen de 15 ans délaissé par ses parents, bascule un jour de novembre 1977, lorsqu’il est en quelque sorte adopté par une tribu d’artistes bohèmes et cosmopolites. Tous sont des exilés, aux histoires douloureuses : Angel le peintre cubain, Magda la viennoise, Serguei le vieux russe, la mystérieuse Dorika, et Sándor, le hongrois, qui initie Joseph à la photographie.

Un très très beau roman initiatique, plein d’humanité et de beaux personnages, qui déverse dans le coeur du lecteur la mélancolie d’un monde enfui et les soubresauts de la vieille Europe qui se disloque dans la violence, les horreurs du nazisme, les horreurs du communisme. Tous ces personnages qui offrent à Joseph la famille qu’il n’avait pas vraiment, profonds et généreux, sont liés par-delà leurs histoires singulières mais toutes tragiques, par leur expérience commune de la perte et de l’exil, qui sera aussi, finalement, celle de Joseph qui perd son enfance et son innocence — comme nous tous, ce qui donne à ce roman un sens symbolique très fort. Construit sur deux temporalités, le passé et le présent dans lequel Joseph se rend tour à tour à Budapest, à Vienne et à Cologne pour une raison que nous ne comprendrons qu’à la fin, le roman est aussi un magnifique hommage à la photographie — écrire la lumière — et à son pouvoir, et à la création.

Une très très belle lecture donc, un roman plein de délicatesse et de sensibilité, subtilement écrit, lumineux, une belle réflexion sur le monde : je recommande chaudement !

Le Songe du photographe
Patricia REZNIKOV
Albin Michel, 2017

 1% Rentrée littéraire 2017 — 16/18
By Herisson

Le Chemin des fugues, de Philippe Lacoche

Le Chemin des fugues, de Philippe LacocheOn communiquait comme on consommait. La société de consommation avait tout pourri. Tout. Chaunier savait bien qu’il affirmait là, intérieurement, un truisme. Qu’importe : il ne pouvait pas s’y faire. Tout allait trop vite pour lui. Il se sentait à la fois résolument libertaire, révolté, toujours prêt à en découdre, et terriblement réactionnaire, nostalgique d’un monde d’avant. Celui des autorails avec la bonne odeur du gas-oil, cheminant, lents, calmes, dans les plaines crayeuses et les petits bois frais, de la Champagne, de la Thiérache, ou dans les doux escarpements si français, des lointains du Massif Central ou des Vosges. Non seulement l’époque emmerdait Chaunier ; pire : elle le dégoûtait. Même les télécommandes des téléviseurs lui donnaient la nausée ; il lui arrivait encore de rêver du premier téléviseur noir et blanc Ribet Desjardins de ses parents. Deux ou trois boutons, rien de plus. Une antenne sur le toit. Thierry la Fronde ou Belphégor ou les Compagnons de Jéhu apparaissaient à l’écran. On ne devrait jamais quitter son enfance, songea Chaunier, comme Lino Ventura l’eût dit de Montauban.

Un joli titre pour cette huitième découverte de la Rentrée Littéraire, et un roman totalement à rebours de mes lectures habituelles et de la modernité heureuse que je prêche…

Pierre Chaunier est un journaliste à l’ancienne, communiste à l’ancienne, bref, un homme à l’ancienne. Il boit trop et le sait, a une peur panique de l’engagement depuis que Géraldine l’a quitté, et voue une haine farouche aux nouvelles technologie qui, il faut bien le dire, le lui rendent bien…

Un roman, donc, qui aurait pu, et même dû, m’agacer : un peu trop d’Internationale et de CGT, un peu trop de France profonde, un personnage principal assez insupportable dans son attitude réactionnaire et ses beuveries incessantes. Et pourtant. Pourtant, Pierre Chaunier, malgré ses défauts, devient vite attendrissant, amusant aussi par moments, mais surtout touchant, dans sa lutte contre les objets qui lui résistent : un téléphone rétif, un GPS vicieux, un logiciel de mise en page hostile. Si les objets ont une âme, ils conspirent tous à nuire à notre anti-héros bourru, qui se débat sans fin dans une modernité qui ne veut pas de lui, et qui dans sa lutte ne peut même pas compter sur les femmes, sauf peut-être l’Orangée de Mars, apparue un soir de pluie et qui depuis hante ses pensées. Alors que reste-t-il ? L’alcool, les amis, et un petit journal où on travaille encore à l’ancienne, dans une région de France où le temps semble s’être arrêté.

Jolie rencontre donc que ce roman parfois très drôle, un brin absurde par endroits, burlesque, mais surtout mélancolique et nostalgique, désabusé, un peu à la Houellebecq, en moins cynique. Une plongée dans ce monde des exclus de la modernité, et un beau roman d’amitié.

Le Chemin des Fugues
Philippe LACOCHE
Editions du Rocher, 2017

1% Rentrée littéraire 2017 — 8/6
By Herisson

Petit Pays, de Gaël Faye

Petit pays de Gaël FayeMais au temps d’avant, avant tout ça, avant ce que je vais raconter et tout le reste, c’était le bonheur, la vie sans se l’expliquer. L’existence était telle qu’elle était, telle qu’elle avait toujours été et que je voulais qu’elle reste. Un doux sommeil, paisible, sans moustique qui vient danser à l’oreille, sans cette pluie de questions qui a fini par tambouriner la tôle de ma tête. Au temps du bonheur, si l’on me demandait « Comment ça va ? » je répondais toujours « Ça va ! ». Du tac au tac. Le bonheur, ça t’évite de réfléchir. C’est par la suite que je me suis mis à considérer la question. À soupeser le pour et le contre. À esquiver, à opiner vaguement du chef. D’ailleurs, tout le pays s’y était mis. Les gens ne répondaient plus que par « Ça va un peu ». Parce que la vie ne pouvait plus aller complètement bien après tout ce qui nous était arrivé.

On connaissait Gaël Faye auteur compositeur et interprète d’un album, Pili pili sur un croissant au beurre, remarquable (même pour moi qui n’aime habituellement pas du tout le rap) et dans lequel on croise des thèmes comme l’exil, le métissage, et l’amour, avec le magnifique « Ma femme ». Mais, comme l’écriture de chanson ne lui suffisait pas pour dire tout ce qu’il avait à dire, il s’est fait romancier, et, en cette rentrée littéraire publie son premier roman, Petit Pays, qui a obtenu le Grand Prix du roman Fnac, et dont on va très certainement beaucoup parler. Il est d’ailleurs dans la première liste du Goncourt (et donc dans la liste du Goncourt des lycéens !)

C’est un petit pays, le Burundi, celui dans lequel Gabriel, le narrateur, né d’un Français et d’une réfugiée rwandaise tutsie, a grandi et a été heureux, un temps, celui de l’enfance et de l’innocence. Jusqu’à ce que ses parents se déchirent. Jusqu’à ce que son pays se déchire.

Dans ce roman très touchant et doté d’une vraie voix, vive, naïve et parfois très poétique, la petite histoire se superpose à la grande. Comme dans le récit de la Genèse, Gaby nous décrit son paradis, qui est à la fois l’enfance et le pays où il est né. Un paradis à l’odeur de frangipanier, au goût de mangue juteuse, où éclatent les couleurs et les sons sous la caresse du soleil ; Gaël Faye construit cet univers multisensoriel avec talent et sait créer une véritable ambiance avec de petits faits touchants qui la rendent d’autant plus réaliste. Et puis, comme dans la Genèse, vient la chute, à la fois violente et insidieuse ; même si Gaby résiste à la cruauté, s’il s’accroche désespérément à son innocence, s’enferme dans le bunker de l’imaginaire, il ne peut pas garder les yeux fermés sur les massacres qui se déroulent un peu partout. Exilé, il l’est du paradis perdu de l’enfance, puis de son petit pays.

Un roman très fort, très symbolique et poétique, hanté par la nostalgie de l’innocence et du bonheur enfui. A ne pas manquer !

J’ai eu la chance d’interviewer Gaël Faye pour le compte de la FNAC, et ce fut un moment d’échange particulièrement intense :

et je lui ai posé, en exclusivité pour vous, la question de la place des livres dans sa vie. Voici sa jolie réponse : Les livres, je dirais vraiment que ce sont des bouées de sauvetage, pour moi comme pour Gaby, même si moi j’ai été sauvé plus par l’écriture que par la lecture. Je n’ai pas eu de madame Ekonoumopoulos comme dans le roman, mais c’est vrai que les livres imposent un rythme, un temps, une solitude, une réflexion, un silence, et ce sont pour moi de vraies bulles intimes qui ne peuvent appartenir qu’au lecteur. Pour moi les livres c’est la magie. Tout simplement…  

Petit Pays
Gaël FAYE
Grasset, 2016

Je vous rappelle que 3 exemplaires de ce très beau roman sont à gagner !

challenge12016br10% Rentrée Littéraire 2016 – 15/60
By Lea et Herisson