Des mots en fleurs, de Marie Colot et Karolien Vanderstappen : jardin poétique

Sous son parapluie, Monsieur Mots ouvre son livre à la page un, encore vierge. « Au travail ! » Au creux d’une tulipe, il cueille un premier mot : poème. Il le couche sur le papier et s’en va récolter les mots d’amour et de colère, vieillots et ultra-scientifiques, tordus et à rallonge, latins et étrangers, sans oublier les mots laids et coquets, rares et à la mode.

Cela fait presque un mois que je piaffe de pouvoir vous parler de cette petite merveille ! Un petit album pour enfants, qui ravira le poète qui sommeille (ou non) en chacun de vous.

Avec cet album, nous partons à la découverte de Monsieur Mot et de son jardin merveilleux où, au fil des saisons, il cultive avec amour des fleurs qui recèlent des mots…

Une merveille de poésie, de délicatesse, de beauté, que ce soit dans le texte de Marie Colot ou dans les illustrations de Karolien Vanderstappen. Un livre plein de fantaisie, d’inventivité (une larmoire pour ranger les chagrins : est-ce que ce n’est pas magnifique ?) qui donne le sourire et envie de cultiver des fleurs à mots.

Offrez-le, à vous, à un enfant, à un jardinier, à un poète : c’est exactement le genre de petites pépites douces et généreuses dont le monde a besoin !

Des Mots en fleurs
Marie COLOT et Karolien VANDERSTAPPEN
Cotcotcot éditions, 2021

Au secours ! Les mots m’ont mangé, de Bernard Pivot

Au secours ! Les mots m'ont mangéSur le i du mot coït il y a, fort justement, deux petits points qui s’envoient en l’air. Je vous propose, Madame, de retrouver ces deux petits poins sur le i du mot jouïr. Ne serait-ce pas naturel ? Logique ?

Bernard Pivot, c’est mon chouchou. Je ne me lasse pas de ses délicieuses interventions sur Twitter ou à la télévision, tout comme je ne me lasse pas de revoir à l’occasion quelques émissions d’Apostrophes. J’aime la manière primesautière dont il parle des choses et de la langue, avec toujours le regard qui frise. Bref, j’adore Bernard Pivot, et j’avais donc très envie de lire ce texte, à défaut de le voir sur scène (le DVD est d’ailleurs inclus dans le livre, mais je n’ai pas encore pu le regarder, attendu que mon lecteur de DVD est en carafe).

Il s’agit donc d’un monologue, celui d’un écrivain qui, malgré son succès — il a eu le Goncourt et a même été invité à Apostrophes — a toujours eu l’impression de ne pas être le maître des mots qu’il écrit, plutôt d’être leur serviteur voire leur esclave. L’impression d’être mangé par les mots…

Hommage vibrant à la langue et à ses possibilités infinies, délicieux et lumineux, drôle, inventif, ce petit texte se lit très rapidement mais constitue une véritable jouissance : Pivot s’amuse et nous amuse, avec des réflexion sur la féminisation des mots (Qu’est-ce que les gens vont comprendre si je dis ou j’écris : « Oh, le beau tableau que ce jardinier effeuillant sa jardinière !… »?), les petits surnoms amoureux, l’orthographe et le dictionnaire, les livres… Il y a souvent un petit côté gentiment grivois, qui va si bien avec la langue française et ses subtilités !

Bref, un plaisir de lecture dont il ne faut absolument pas se priver !

Au secours ! Les mots m’ont mangé
Bernard PIVOT
Allary, 2016