J’ai testé pour vous : le Moleskine Smart Writing set

Attention : contrairement à ce qu’on pourrait croire, cet article n’est absolument pas sponsorisé par la marque. Je suis réellement folle de ce nouveau gadget.

Donc : j’avais mis dans ma liste à Santa de cette année cette petite invention que j’avais découverte récemment, et comme il est sympa, il me l’a effectivement apportée. Pour l’histoire : cela faisait un moment que j’avais envie d’un outil d’écriture intelligent, à savoir un outil qui me permette de prendre des notes manuscrites et que par magie ça se transforme en texte ordinateur. Pour une bonne raison : je ne sais pas taper à l’ordinateur (je tape avec deux doigts et j’ai essayé d’apprendre mais comme je l’ai déjà dit, j’ai des problèmes de coordination et c’est donc mission impossible pour moi ; or si taper avec deux doigts n’est pas gênant pour écrire, ça l’est pour prendre des notes). Bref donc je voulais un truc qui me permette de prendre des notes normalement, sans devoir après me taper la retranscription. Mais rien ne me convainquait plus que ça.

Et puis, je suis tombée « par hasard » sur ce kit proposé par Moleskine (et qui existe depuis un petit moment…) : un vrai carnet avec du papier et des vraies pages (il est légèrement différent des autres, mais ça reste un carnet Moleskine, donc le carnet dont je fais un usage immodéré) et un vrai stylo (il se recharge avec des recharges normales de différentes marques) MAIS intelligent.

Moleskine smart kit

En résumé : on prend ses notes tout à fait normalement sur le carnet (on peut faire aussi des dessins, des graphiques, des mindmaps…). Ce qu’on écrit se charge au fur et à mesure dans l’application (et ça fait même un petit film avec les mots qui s’écrivent par magie, c’est merveilleux, j’ai plein d’idées poétiques avec ça).

Moleskine smart kit

Ensuite, on peut bidouiller des trucs avec l’application, mais on peut aussi télécharger l’image de la page, et surtout transformer l’écriture manuscrite en document word ou pdf. Avec une marge d’erreur très petite, comme vous pouvez le constater sur l’image :

Moleskine smart kitMoleskine smart kit

Bref : je suis absolument dingue de ce nouveau jouet pour écrivain, et je ne pouvais pas ne pas vous en parler !

Ecrire dans un carnet Moleskine (à une terrasse de café)

Carnets MoleskineIl y a, autour du carnet Moleskine, un storytelling très réussi : si ce type de petit carnet existe depuis le XIXe siècle et que de nombreux artistes ont pu les utiliser et y ont éventuellement fait référence (Lucien Jacques dans son roman Carnets de Moleskine publié chez Gallimard en 1939, Bruce Chatwin dans Le chant des pistes qui parle d’un carnet fabriqué par une entreprise familiale tourangelle jusqu’en 1985 et qui ne porte pas de nom particulier, Hemingway qui mentionne dans Paris est une fête son carnet de notes), la marque Moleskine n’existe en tant que telle que depuis 1997. Ce qui fait que fort logiquement (sauf s’il voyageait dans le temps pour faire ses emplettes), Hemingway, même s’il avait un petit carnet similaire, ne pouvait pas utiliser celui-là.

Et pourtant. Bien que totalement consciente de tout cela, je voue aux petits carnets Moleskine un amour infini. J’ai d’autres carnets de la marque, j’ai des carnets d’autres marques, mais celui-ci m’accompagne partout depuis le 26 août 2013. C’est précis parce que comme il me sert en gros de journal, les dates sont indiquées. J’en suis au tome 4, et je prends toujours le même modèle : couverture souple noire, non ligné.

Il est toujours dans mon sac, parce que je ne sais pas à quel moment ça va me prendre d’avoir envie/besoin d’écrire quelque chose. A certaines périodes, c’est tous les jours voire plusieurs fois par jour ; parfois, il se passe des jours et des semaines sans que j’écrive un mot. Chez moi, dans le train. Mais ce que j’aime surtout, c’est le sortir lorsque je suis installée (seule) à une terrasse de café : c’est totalement caricatural, et cependant, le cliché de l’auteur qui écrit à une terrasse, il n’est pas né ex nihilo. Jurisprudence Hemingway.

Ce qui est amusant avec ces petits carnets, outre l’aspect « objet transitionnel » du truc (que j’archive précieusement) c’est que, en temps habituel, je n’écris qu’à l’ordinateur (à part dans la phase de recherches parce que sinon je ne m’y retrouve pas dans les fichiers, et à part lorsque que j’écris une nouvelle en loucedé pendant une réunion pourtant à la base peu propice à l’exercice), et chez moi (hormis donc dans la situation exposée précédemment). Ce qui est amusant aussi, c’est que je n’aime guère Hemingway (je suis fitzgeraldienne, moi) et que pourtant je ne cesse de croiser son ombre dans les lieux qu’il fréquentait assidûment à Paris, et d’écrire dans des carnets comme les siens.

Parfois je les relis, ces petits carnets. Ce n’est pas de la grande littérature (mais ce sera peut-être un jour, après ma mort, un témoignage intéressant qu’on s’arrachera aux enchères*), mais j’aime bien voir, couche par couche, les évolutions de mon moi.

Et puis, quand même, écrire dans un carnet Moleskine à la terrasse du Flore ou de la Rotonde, ça a de la gueule non ?

*Un jour, sur snap, j’avais fait une petite video de mes carnets, avec la même réflexion ; sauf que j’avais fait un délicieux lapsus, et que j’avais dit « on se les arrachera aux Enfers ».

 

La femme au carnet rouge, d’Antoine Laurain

La femme au carnet rougeIl était presque onze heures du soir. Toujours assis par terre et désormais entouré d’objets, Laurent était plongé dans le carnet Moleskine rouge contenant les pensées de l’inconnue sur des dizaines de pages, parfois raturées, soulignées ou écrites en majuscules. L’écriture était élégante et souple. Elle devait les avoir consignées au gré de ses envies, sûrement aux terrasses de cafés ou lors de trajets en métro. Laurent était fasciné par ces réflexions qui se succédaient, aléatoires, touchantes, loufoques, sensuelles. Il avait ouvert une porte qui menait à l’esprit de la femme au sac mauve et même s’il était un peu déplacé de lire les pages du petit carnet, il ne pouvait s’en détacher.

J’avais beaucoup aimé le précédent roman d’Antoine Laurain, Le Chapeau de Mitterrandet c’est donc avec beaucoup de plaisir que j’ai découvert celui-ci dans mon Ptit Colli : je l’avais d’ailleurs noté dans une de mes innombrables listes, et je ne peux donc que féliciter la personne qui a fait la sélection !

Une nuit, en rentrant chez elle, une femme se fait agresser et voler son sac. C’est Laurent, le propriétaire de la librairie « le cahier rouge », qui le retrouve le lendemain sur une poubelle. Comme les papiers d’identité ont disparu, il s’attache aux autres indices contenus dans le sac pour retrouver la propriétaire, et notamment un petit carnet Moleskine rouge, qui lui tient lieu de journal intime.

Un très joli roman sous forme d’enquête, et sur lequel plane l’ombre bienveillante de Patrick Modiano, à la fois personnage et figure tutélaire. Plein d’un bel optimisme, il pose la question du hasard, et de la possibilité de tomber amoureux de quelqu’un sans l’avoir jamais rencontré, à travers ses écrits. Et cela interroge : avisant mon petit carnet, noir en l’occurrence, je n’ai pu m’empêcher de me demander quelle image de moi aurait celui qui le lirait sans me connaître…

Un beau roman d’amour et de littérature, parfait pour les vacances !

La femme au carnet rouge
Antoine LAURAIN
Flammarion, 2013 (J’ai Lu, 2014)

Toquée de carnets

CarnetsEn bonne obsessionnelle que je suis, j’ai développé depuis plusieurs années une manie (somme toute inoffensive) pour ces merveilleux compagnons de l’écrivain que sont les carnets. J’en avait déjà parlé d’ailleurs au début du blog, mais force m’est de constater que ça ne s’est pas arrangé depuis, je ne peux pas entrer dans une papeterie sans en acheter au moins un, et en plus on m’en offre. J’en ai toujours au moins un sur moi, et chacun a une attribution bien précise (ça c’est mon côté control freak). Dans ma collection, il y a :
– les petits Moleskine noirs, devenus les compagnons indispensables de mon quotidien car je m’en sers de journal intime
– le grand Moleskine noir, qui me sers de carnet de visite lorsque je vais dans un musée ou une exposition
– le carnet en cuir noir que j’ai acheté à Londres, prise d’un soudain besoin d’écrire alors que je n’avais pas mon ordinateur : depuis, j’y note des bribes de textes ou des idées pour mes différents projets
– le carnet Gallimard auquel j’ai vite trouvé une utilité : j’y note les citations qui me touchent et m’inspirent
– un petit carnet coloré offert par les éditions du Cherche-Midi, et qui me sert à la fois de calendrier éditorial et de carnet de réflexion pour mes futurs articles
– un mini-carnet girly sur lequel je note tout et n’importe quoi, des titres de livres, des noms, des listes de choses à faire…
– et puis tous ceux qui attendent encore que je leur trouve un rôle, peut-être comme tome 2 d’un des précédents. Mais j’aime beaucoup aussi les laisser vierges, mais carnets, les maintenir dans la virtualité de la page blanche, le vertige des possibles. Parce que je ne suis pas sûre non plus de les retrouver…

Et vous, dingues de carnets aussi ?

A la main, ou à la machine ? (non, je ne parle pas de lessive…)

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Ma visite au musée des lettres et des manuscrits m’a plongée dans des abîmes de réflexions métaphysiques. Ceci dit, tout chez moi est prétexte à des réflexions métaphysiques, même l’achat d’une paire de chaussures. Mais enfin, errer au milieu des écrits de nos chers génies m’a amenée à cette question : vaut-il mieux écrire à la main, ou à la machine ? Que préfère l’inspiration pour s’épanouir ? Le stylo ou le clavier ? Je sais bien, il n’y a pas de règle, mais tout de même…

Evidemment, pendant longtemps, les écrivains n’avaient pas le choix : ils écrivaient à la main, d’où le terme de manuscrit.

Et puis est venue la machine à écrire, emblème littéraire par excellence. Le tchic-tchic des touches, l’encre dont on tâche ses doigts en changeant le rouleau, la page qu’on insère… tout cela fait partie d’une certaine imagerie un peu romanesque de l’auteur à son bureau. Et presque uniquement là, car de fait, même les machines portatives étaient peu transportables. Mais l’objet lui-même est un fantasme, et je rêve d’une vieille Remington posée sur une belle table, dans un coin du salon.

Enfin, l’ordinateur est venu, le portable et le netbook, les tablettes qui permettent de prendre des notes n’importe où. C’est bien pratique : plus besoin de refaire toute une page parce qu’on a changé un mot ou ajouté une dizaine de lignes. Les paragraphes peuvent être coupés et collés à un autre endroit. Les corrections sont plus faciles, plus rapides, on peut multiplier les sauvegardes et éviter l’angoisse de perdre le Précieux dans un incendie, une inondation ou un cambriolage.

Aujourd’hui, aucun écrivain n’oserait remettre à un éditeur un manuscrit qui serait réellement manu-script (ou alors, un écrivain très en vue à qui on passe tous ses caprices). Et pourtant, ils sont nombreux à écrire encore à la main, le clavier ne leur parlant pas : Paul Auster, Didier Van Cauwelaert, Amélie Nothomb vantent chacun à leur manière la sensualité de la création manuscrite. Le toucher du papier, le scritch-scritch du stylo, l’odeur de l’encre peut-être. Ce qui est formidable, au-delà de la beauté d’une écriture qui est l’une des choses qui nous sont les plus personnelles, c’est que le manuscrit garde la trace d’un texte qui se construit. Les différentes versions, les ratures, les corrections sont tellement signifiants, et tout cela se perd avec l’ordinateur.

Et moi, dans tout ça ? Comme d’habitude, je ne choisis pas mon camp. Souvent, la première version est faite à l’ordinateur, parce que j’ai la hantise de la perte et que j’ai besoin pour être tranquille que chaque texte soit enregistré sur mes deux ordinateurs, mon disque dur portable et cinq clés USB (je vous ai déjà dit que je suis une grande angoissée ?). Mais je corrige à la main, et comme je corrige beaucoup (souvent chaque page tapuscrite est doublée d’une page de corrections à la main) cela donne un texte hybride, avec des collages, des flèches, des renvois, un code de couleurs compris de moi seule.

Et puis, il y a mon carnet Moleskine. J’ai toujours eu la passion des petits carnets mais depuis que je me suis offert ce mythique petit livret en cuir noir, j’ai acquis le réflexe d’y noter mes pensées les plus diverses. Cela donne un objet étrange, à la fois journal intime, recueil de citations et couveuse pour bribes de textes en devenir. Et c’est vrai que j’aime beaucoup cette sensualité qu’il y a à coucher ses réflexions dans un objet que l’on peut avoir toujours sur soi et sortir à n’importe quel moment. Par contre, si je le perdais, ça serait un vrai drame…

Et vous alors ? A la main ou à la machine ?