Acheter toujours les mêmes vêtements

Quand je regarde en arrière, je me rends compte combien mon rapport aux vêtements a profondément évolué. J’ai toujours aimé les vêtements, j’ai toujours aimé m’habiller. D’ailleurs, j’ai consacré mon mémoire de maîtrise à la parure féminine, et j’ambitionnais de parvenir à valoriser ces travaux de recherche sur la sémiotique du vêtement et l’histoire de la mode en travaillant pour un musée.

Lorsque j’étais plus jeune, j’achetais beaucoup, beaucoup de vêtements, et mon premier blog était d’ailleurs en grande partie consacré à la mode (et aux relations amoureuses : c’était très Carrie Bradshaw). J’accumulais, des trucs pas toujours très réussis, et issus de ce qu’on n’appelait pas encore à l’époque la « fast fashion ».

La maturité venant, ce n’est plus le cas : j’ai toujours une grande quantité de vêtements et ma penderie déborde, mais je n’en achète plus tant que ça. Et plus de fast fashion ou alors très rarement. En revanche, je garde les vêtements des années, et je les use jusqu’à la corde. Vraiment, ce n’est pas une expression : mon jean préféré vient de me lâcher au bout de plus de dix ans, complètement déchiré à l’entrejambe. Mon sac à main préféré, un 24H Saint-Germain, fait pitié tellement le cuir est usé, mais je l’aime trop et je le garderai encore longtemps. Je n’ai jeté mes Converse en cuir que lorsqu’elles ont commencé à prendre l’eau, et que mon cordonnier m’a dit que là, il ne pouvait plus rien faire.

Des exemples comme ça, j’en ai beaucoup. Je garde les vêtements des années, et lorsque j’aime une coupe, un vêtement, j’ai tendance à l’acheter en plusieurs exemplaires : j’ai 6 chemises Pierro de Sézane, je les aime toutes, et c’est l’une des pièces que je m’offre à l’occasion.

Et lorsqu’un de mes vêtements me lâche, j’ai tendance à vouloir racheter exactement le même. Lorsqu’il s’agit d’une pièce intemporelle, comme mon slim Levi’s, pas de souci. Mais pour beaucoup de pièces, avec l’évolution de la mode, c’est impossible. Sauf si… sauf si d’autres l’avaient achetée sans la porter ?

C’est ce que je me disais l’autre jour, désespérée à l’idée qu’il me serait impossible cet été de porter mes espadrilles Liberty Pare Gabia. Ces espadrilles, je les aime d’un amour fou, d’abord parce qu’elles sont jolies, et surtout parce que je suis tellement bien dedans que je peux marcher des kilomètres sans problème. Et que j’en avais besoin pour l’Italie (je ne veux pas mettre de baskets en plein mois de juillet alors que je serai en robe !). Mais je les ai tellement portées qu’elles sont complètement déchirées. Bien sûr, le modèle ne se fait plus, depuis le temps. Alors je me suis dit : « Tiens, je vais jeter un œil sur Vinted, on ne sait jamais ». Et je les ai trouvées (pas la même couleur, malheureusement).

Depuis, mes favoris Vinted, ce sont des vêtements que je connais, que j’ai eus, qui me manquent et que je vais pouvoir à nouveau porter. Et cela me met en joie ! Et ce n’est même pas par souci écologique ou économique : c’est simplement que j’ai un rapport très affectif aux vêtements, et surtout que maintenant que j’ai trouvé ce qui me va et dans quoi je suis bien, je n’ai pas envie de trop expérimenter, même si je le fais encore.

Et vous, quel est votre rapport aux vêtements ? Vous consommez beaucoup ou vous portez les trucs jusqu’à leur mort ?

J’adore la mode, mais c’est tout ce que je déteste de Loïc Prigent

J'adore la mode, mais c'est tout ce que je déteste de Loïc Prigent« C’était tellement génial que je ne me souviens de rien. » Je ne donnerai aucun nom. Bon d’accord. C’est Karl, c’est Donatella, c’est Anna, c’est moi, c’est le stagiaire, c’est l’assistant en plein pétage de plombs, c’est le couturier italien extrêmement déphasé, c’est mon camarade Léo très en forme en terrasse, c’est l’attaché de presse, le coiffeur, le créateur, l’assistant personnel fanatisé, c’est la cliente couture pétrodollarée, c’est la rédactrice qui croit être discrète alors qu’elle en a pour 12 000 euros de fringues sur le dos (mais comme elle n’a rien payé, elle n’a aucune notion). « Tout est dit, et l’on vient trop tard depuis plus de sept mille ans qu’il y a des hommes et qui pensent », dit La Bruyère. Qui pensent, qui s’habillent et qui vient à Paris.

Je lorgnais sur ce livre depuis sa sortie, et je l’ai enfin acheté l’autre jour à la sortie de l’exposition Irving Penn (dont je vous reparlerai ultérieurement), puis englouti d’une traite dans le train (je n’avais plus de batterie pour écouter des podcasts et je n’arrive pas à me concentrer sur de la fiction lorsque je voyage, donc ce petit livre était idéal), non sans susciter l’inquiétude de mes voisins vu que je ricannais bêtement.

De quoi s’agit-il ? D’un recueil de bons mots, presque des épigrammes,  saisis à la volée dans le petit milieu de la mode par Loïc Prigent.

Vu le contexte de départ, on pourrait croire à un truc extrêmement superficiel et codé, bref, inintéressant pour ceux qui ne connaissent pas le milieu et n’en ont rien à faire. Et ce serait une erreur, car à quelques rares exceptions près, l’ensemble est parfaitement saisissable — et savoureux — par tous : ces brèves de comptoir modesques sont souvent très drôles, très spirituelles, très « salons du XVIIIe siècle » lorsqu’il fallait se faire remarquer par ses traits d’esprit mordants. Il y a des réflexions métaphysiques, des vraies vacheries, mais suffisamment généralistes pour que, finalement, on puisse les entendre partout, et notamment certaines pourraient avoir été prononcées dans le petit milieu littéraire : loin d’être superficiels, ces gens (on ne sait jamais qui) paraissent au contraire très cultivés, et font preuve d’une belle maîtrise de la langue, enfilant les figures de style comme des perles :  zeugma (J’ai envie d’océan et d’un burger), métaphores parfois surréalistes (Il est sublime ton vernis à ongles. – Oui c’est comme un rouge noir sauf qu’il est vert ; Il y a eu un orage de fric et elle s’est pris un éclair de plein fouet), périphrases (Il est mannequin et ingénieur environnemental. – C’est un beau jardinier tu veux dire ?), hyperboles (du Valentino d’il y a cent saisons), jeux de mots (pour elle la Bulgarie se situe place Vendôme), néologisme (fakegrammer). C’est parfois un peu snob évidemment, visiblement les gens de la mode sont aussi obsédés par le sexe que les écrivains, et j’avoue : j’ai particulièrement apprécié les très nombreuses méchancetés, petites phrases assassines vraiment bien trouvées (unetelle est aussi fiable que la connexion internet dans le métro, une autre maquillée comme un compte de campagne UMP quant une troisième est cultivée, un peu décharnée et froide ; cette fille, c’est le palais de Tokyo) assorties de quelques sarcasmes (Avec cette règle de courtoisie qui m’interdit de coucher avec tes ex, il ne reste plus personne de dispo pour moi dans cette ville).

Et puis, j’ai trouvé ma nouvelle devise : Ce n’est pas de l’alcool, c’est du champagne.

Bref : un petit livre très drôle (un éclat de rire à chaque page), idéal pour grapiller quand on a un coup de blues. On attend que quelqu’un moissonne à l’identique dans les soirées littéraires, à mon avis il y a de quoi faire aussi !

J’adore la mode, mais c’est tout ce que je déteste
Loïc PRIGENT
Grasset, 2017 (on me souffle dans l’oreillette qu’il vient de sortir en poche)

Christian Dior, couturier du rêve aux Arts Décoratifs

Christian Dior, couturier du rêve aux Arts DécoratifsCela faisait une éternité que je n’étais pas allée au musée des Arts Décoratifs, musée que j’aime pourtant beaucoup. Mais une rétrospective Christian Dior, je ne pouvais pas décemment louper ça. Cela dit, j’ai bien failli : j’ai eu la flemme d’aller à l’avant-première presse (alors que pour une fois j’étais disponible) et fin août, lorsque j’ai voulu m’y pointer comme une fleur, j’ai renoncé à cause de la file d’attente, laissant augurer des conditions de visite peu propices à la rêverie et à l’émerveillement. Du coup, l’autre jour, je me suis organisée, j’avais prévu le billet coupe-file, et après avoir laissé mon i.phone chez le docteur (ce qui explique l’absence de photos) j’y suis allée à l’ouverture. Ce qui n’a pas empêché d’ailleurs que j’attende un bout de temps.

Cette année marque les 70 ans de la création de la maison Christian Dior, et le musée des Arts décoratifs célèbre cet anniversaire par une rétrospective invitant le visiteur à découvrir l’univers de son fondateur et des couturiers qui lui ont succédé : Yves Saint Laurent, Marc Bohan, Gianfranco Ferré, John Galliano, Raf Simons, Maria Grazia Chiuri. Mettant l’accent sur l’émotion et l’inspiration, l’exposition, qui présente plus de 300 robes de haute couture datant de 1947 à nos jours ainsi que toiles d’atelier, photographies de mode, illustrations, croquis, manuscrits, documents publicitaires, objets de mode, montre aussi comment Christian Dior fut un amoureux de l’art et des musées et établit un dialogue avec tableaux, meubles et objets d’art.

Une exposition qui mérite son succès vertigineux, même s’il lui nuit un peu (je n’ai pas pu bien profiter du premier étage à cause de la foule dense) : la scénographie, particulièrement réussie, variée, donne vie à l’ensemble. On se promène ici de merveille en merveille, les couleurs chatoient, et on a véritablement l’impression de plonger au coeur de l’univers magique du couturier. Une très très belle expérience à ne pas manquer !

Christian Dior, couturier du rêve
Musée des Arts décoratifs
107 rue de Rivoli
Jusqu’au 7 janvier 2018

Instantané #58 (la petite robe rouge et la petite robe verte)

Cela faisait longtemps que je n’avais pas fait ma blogueuse mode, mais là je ne pouvais décemment pas ne pas vous montrer ces deux petites merveilles qui ont récemment rejoint mon dressing.

Depuis quelque temps, j’ai la manie du rouge. Je pense que c’est parce que dès que je porte du rouge, je reçois beaucoup de compliments, et que comme je suis assez narcissique sinon égocentrique voire carrément mégalomane (mais lucide du coup), j’aime assez qu’on me fasse des compliments (c’est toujours mieux que les insultes, me direz-vous). Donc le rouge apparemment me va plutôt bien. Du coup, j’avais envie d’une robe rouge. Enfin, d’une autre robe rouge. Celles que j’ai sont plutôt très estivales, et je voulais quelque chose d’un peu plus « habillé ». En fait, je savais ce que je voulais : une robe chemise, parfaite pour aller travailler, même l’hiver car elle a des manches longues. Et je suis tombée sur cette merveille, qui correspondait exactement à ce que je cherchais, et qui, comble du bonheur, est exactement à ma taille. Je crois que je ne vais plus la quitter. Par contre, vous m’en voyez navrée, mais elle est presque sold out.

La deuxième tient aussi du miracle, en fait. Je porte assez peu de vert, je ne sais pas trop pour quoi, mais j’avais repéré ce modèle. Malheureusement, lorsque plusieurs jours après le début des soldes je me suis réveillée, il ne restait plus du tout ma taille sur le site. Mais la semaine dernière, je suis passée par hasard (enfin par hasard… je finis par ne plus y croire à cette histoire de hasard) devant la boutique, je suis entrée, et Elle m’attendait. Il n’en restait qu’une, à ma taille, vous imaginez donc que je ne pouvais pas la laisser. Elle est beaucoup moins ce que je porte d’habitude, mais là encore, je l’adore car elle est très facile à porter.

Ce qui est amusant dans l’histoire, c’est qu’avec l’âge, je me rends compte que je porte (et achète ^^) de plus en plus de robes. Je vous fais grâce de la bleu marine, des 12 noires, des blanches et de l’autre rouge que j’ai achetée en début de saison…

Balenciaga, l’oeuvre au noir au musée Bourdelle

Balenciaga l'oeuvre au noirPour la deuxième fois, le palais Galliera organise une exposition « hors les murs » au musée Bourdelle. La première, il y a six ans, avait été consacrée à Madame Grès. Aujourd’hui, c’est Balenciaga qui a les honneurs.

Balenciaga. Un des couturiers sur lesquels j’avais pensé travailler pour mon mémoire de maîtrise, et dont Cecil Beaton parle superbement dans son recueil de chroniques.

Autant dire que cette exposition était en haut de ma liste.

Tout de suite, le titre de l’exposition, L’oeuvre au noir, fait penser à Marguerite Yourcenar, à l’alchimie, à la magie, et de vrai, il y a de ça dans l’oeuvre de Balenciaga. Immédiatement, on est happé par la pureté des lignes, et la manière dont le noir ici n’est pas absence de couleur, mais se pare de mille et une nuances. Le noir comme essence, profond, lumineux.

La scénographie, toute en jeux d’ombres et de lumières, fait dialoguer les robes, bijoux, chapeaux, croquis et toiles de Balenciaga et les sculptures de Bourdelle. Et c’est ce qui crée la magie de cette exposition, qui n’aurait pas eu le même rendu au palais Galliera, trop exigu pour que les oeuvres puissent, de la même manière, y prendre vie et s’animer.

C’est tout simplement magnifique !

Balenciaga, l’oeuvre au noir
Musée Bourdelle
Jusqu’au 16 juillet

Cinquante ans d’élégances et d’art de vivre, de Cecil Beaton

Cinquante ans d'élégances et d'art de vivre de Cecil BeatonAux critiques sérieux qui dénieraient l’importance de la mode, on peut répondre par un paradoxe. Oscar Wilde fit observer que nous n’avons pas les moyens de nous passer du luxe, apportant ainsi une variante à la célèbre maxime taoïste qui dit que seuls ceux qui savent l’importance de l’inutile peuvent se prononcer sur l’utile. Mais parmi les nations occidentales, la France au moins semble avoir pris à coeur ce sage précepte. Elle a toujours travaillé à élever la mode et les arts mineurs de l’élégance à un degré de perfection comparable à celui de sa littérature et de sa peinture.

Cecil Beaton est un célèbre illustrateur et photographe de mode ayant collaboré aux plus grandes publications, et notamment Vogue ; il fut aussi l’un des acteurs principaux de la vie mondaine : qui mieux qu’un tel personnage, peut donc nous parler de la mode, de l’élégance, de l’art de vivre ?

Préfacé par Christian Dior, ce recueil de dix-huit chroniques nous invite donc à un voyage où, à travers des portraits, Cecil Beaton réfléchit à ce qu’est l’élégance. Non pas le clinquant, le bling-bling vulgaire et tape-à-l’oeil : la véritable élégance, qui n’est pas seulement celle de la mode, mais s’inscrit au sein de tout un ensemble de manières de vivre, et constitue un art à part entière.

Un ensemble de portraits, donc, très variés : sa tante Jessie, des actrices et demi-mondaines et de grandes aristocrates, Diaghilev, Poiret, Chanel, Christian Berard, Dior et Balenciaga, le baron de Meyer… des gens très divers, que parfois on ne connaît pas du tout, et qui ont en commun de vivre ce que j’appelle la vie inimitable : faire de sa vie une oeuvre d’art, à travers la parure, mais aussi les manières (rappelons que le mot anglais fashion, qui désigne la mode, vient du français façon), la cuisine, la décoration, le parfum, les arts et les fêtes. L’influence, dans cette vision d’un monde où les sensations ont toute leur importance, un monde disparu que Beaton ressuscite pour nous, de Baudelaire, de Wilde, de Proust aussi, est évidente. Car l’ouvrage reste très littéraire, admirablement écrit, et magnifiquement illustré de dessins de l’auteur.

Tout m’a passionné, mais j’ai particulièrement aimé les nombreux passages où Beaton fait l’éloge de la France, de son art de vivre, de son goût pour tout ce qui peut sembler futile aux anglo-saxons : ces arts mineurs qui sont pourtant essentiels. Cela m’a rappelé ce poème de Voltaire que j’aime beaucoup, « le Mondain » :

Ce temps profane est tout fait pour mes mœurs.
J’aime le luxe, et même la mollesse,
Tous les plaisirs, les arts de toute espèce,
La propreté, le goût, les ornements :
Tout honnête homme a de tels sentiments.
Il est bien doux pour mon cœur très immonde
De voir ici l’abondance à la ronde,
Mère des arts et des heureux travaux,
Nous apporter, de sa source féconde,
Et des besoins et des plaisirs nouveaux.
L’or de la terre et les trésors de l’onde,
Leurs habitants et les peuples de l’air,
Tout sert au luxe, aux plaisirs de ce monde.
O le bon temps que ce siècle de fer !
Le superflu, chose très nécessaire,
A réuni l’un et l’autre hémisphère.

Bref, un ouvrage passionnant, délicat, qui plaira à tout ceux qu’intéressent les mystères de l’élégance !

Cinquante ans d’élégances et d’art de vivre
Cecil BEATON
Traduit de l’anglais par Denise Bourdet
Editions Amiot-Dupont, 1954 / réédition Séguier, 2017

Fashion Girls, de Jonathan Elbers

fashion-girls-packshot
Fashion Girls est plutôt un film pour adolescent(e)s. Mais bon, vous me connaissez : j’adore les films parlant de mode, et j’aime bien de temps en temps mettre mon cerveau devant des films pas prise de tête a priori.

Esmée vit pour la mode : dotée d’un réel talent pour dessiner des tenues, elle a pourtant la malchance de voir ce dernier peu reconnu. Son blog n’a que 5 abonnés, et elle est la risée de toute son école, et en particulier de la peste absolue du lycée, Tiffanie, et ses deux copines. Mais les choses pourraient bien changer lorsqu’Esmée est prise en stage chez Wolff, maison de couture à laquelle elle voue un culte.

Un film aux thèmes assez classiques, la mode, les pestes qui harcèlent la gentille fille a priori peu charismatique, et qui se laisse regarder avec beaucoup de plaisir. Il y a un petit côté Evils wears Prada mâtiné de Gossip Girls et il fascinera sans aucun doute ceux qu’intéressent les fanfreluches. Après, il y a aussi un petit côté moral — voire moralisateur — et une réflexion sur l’image des blogueuses, auxquels je n’ai pas totalement adhéré : pour pouvoir montrer son talent (réel) et contrer les manigances des trois pestes, Esmée se construit un nouveau personnage, Lizzie, dans lequel personne ne la reconnaît, et se laisse un peu éblouir par sa popularité — et en paye le prix. Je comprends bien l’idée et le message à destination des adolescentes : il ne faut pas chercher à devenir autre chose que soi-même ; malgré tout, je suis sceptique dans la mesure où Lizzie est bien un aspect de la personnalité d’Esmée, et qu’à travers ce personnage elle réalise son rêve le plus cher ; nous nous construisons tous des personnages, nous sommes des êtres aux multiples rôles et non des blocs uniformes. Et finalement, j’ai eu l’impression qu’il valait mieux pour réussir être une peste absolue plutôt qu’une gentille fille qui réécrit un peu le réel pour vivre son conte de fées. Ou alors je n’ai rien compris, mais si je ne comprends plus les films pour ados, on est mal !

Bref, j’ai l’impression que je suis totalement incapable de mettre mon cerveau en mode pause et de regarder un film divertissant au premier degré, sans chercher à échafauder des théories philosophiques. C’est un peu un problème. Reste qu’en faisant abstraction de ce petit souci métaphysique, Fashion Girls est un film assez sympathique à regarder !

Fashion girls
Jonathan ELBERS
2016 (sortie DVD 8 février 2017, Koba films)