Instantané #76 (le mirabellier qui ne voulait pas mourir)

Il était une fois un mirabellier qui tous les étés donnait à profusion de délicieux fruits juteux, sucrés et gorgés de soleil, que je me faisais une joie de récolter au milieu du mois d’août lorsque je m’arrêtais chez mes parents à la campagne avant de rentrer à Orléans. Il était très vieux, j’imagine : au bout du jardin, il avait poussé au bord du mur soutenant le terrain, et surplombait la rue en contre-bas, et pour moi, il avait toujours été là.

Mais un hiver, un orage l’a abattu. Il a fallu le couper, et il ne restait qu’un bout de son tronc, visiblement mort. A quelques mètres, mes parents ont planté un bébé mirabellier, qui l’an dernier a donné ses premiers fruits. Oh, pas beaucoup, il est tout petit, et je n’ai pu cueillir qu’une petite poignée de mirabelles, mais facilement : l’arbre n’est pas plus haut que moi.

Mais le vieux mirabellier n’avait pas dit son dernier mot, et quelle ne fut pas ma surprise, l’autre jour, en descendant au fond du jardin, de découvrir que du tronc que l’on croyait mort partaient de nouvelles branches s’élançant vers le ciel, et couvertes de fleurs, promesses de délicieux fruits à venir une fois encore.

J’ai trouvé le symbole fort beau, et résolument optimiste, une belle leçon de ce vieil arbre qui malgré les tourments que lui a imposés la vie, après quelques années de repli sur soi, s’est remis à pousser et à faire de nouvelles fleurs ! C’est ça, qu’on appelle la résilience !