7 femmes, de Lydie Salvayre : l’écriture, la vie

Sept folles.
Pour qui vivre ne suffit pas. Manger, dormir et coudre des boutons, serait-ce là toute la vie ? se demandent-elles.
Qui suivent aveuglément un appel. Mais de qui, mais de quoi ? s’interroge Woolf.
Sept allumées pour qui écrire est toute la vie. (« Tout, l’écriture exceptée, n’est rien », déclare Tsvetaeva, la plus extrême de toutes.) Si bien que leur existence perd toute assise lorsque, pour des motifs divers, elles ne peuvent s’y vouer.

Sept insensées qui, contre toute sagesse et contre toute raison, disent non à la meute des « loups régents », qu’ils soient politiques, littéraires, ou les deux,
et qui l’écrivent à leur façon.

J’ai trouvé ce volume dans une boîte à livres. Vous imaginez bien que je n’ai pas trop hésité à le prendre. Je n’ai même pas résisté du tout, vu le sujet : les femmes et l’écriture.

Il s’agit donc de sept portraits de femmes pour qui vivre et écrire, c’est la même chose : Emily Brontë, Djuna Barnes, Sylvia Plath, Colette, Marina Tsvetaeva, Virginia Woolf, Ingeborg Bachmann.

Un ouvrage nourrissant et inspirant, même si ces destins sont finalement assez tristes : des femmes qui ont du mal à trouver leur place dans un monde étriqué, qui veut les mettre dans des cases dont elles débordent. Des femmes pour qui l’écriture est vitale, essentielle, un élan qu’on ne peut pas contrôler. Des Impératrices. Bien sûr elles m’ont diversement intéressée, j’en ai totalement découvert certaines alors que d’autres me touchent toujours autant, Virginia Woolf, Colette. Quant à Sylvia Plath, son histoire me bouleverse autant que l’idée de me frotter à ses œuvres me terrifie, mais il est possible que le moment soit venu.

Un ouvrage très intéressant donc, si vous tombez dessus, n’hésitez pas !

7 femmes
Lydie SALVAYRE
Perrin, 2013

Petit traité d’éducation lubrique, de Lydie Salvayre

Petit traité d'éducation lubriqueL’art, en effet, constitue une attraction majeure en matière libidinale. Qui n’a proposé un jour : Venez admirer mes masques gabonais, ma collection de pierre, mon paravent chinois… ? L’appât artistique est, entre tous, le plus imparable car il n’inspire aucune sorte de suspicion. Si bien qu’on peut raisonnablement se demander si l’art ne fut créé aux seules fins de servir de prolégomène à la chose lubrique.

Honte à moi, j’ai loupé le dernier mardi coquin, et un peu plus celui-ci passait aussi à la trappe si je n’étais pas tombée par hasard sur ce petit texte au titre ma foi fort intrigant…

Lydie Salvayre se propose donc de faire notre éducation lubrique. Comment ? En envisageant les différentes phases de l’art fornicatoire : l’étreinte préliminaire, la fellation, le cunnilingus, les préambules (que j’aurais plutôt placés du coup avant les deux sus-cités, mais enfin…), les positions, la pédication (je vous laisse chercher), fessée, flagellation et morsure, la vie de sainte Gudule, les politesses, les coutumes, les symptômes du trouble et les symptômes de tiédeur.

Résolument jubilatoire, ce petit texte n’est pas sans rappeler les manuels érotologiques du XVIIIe siècle ou le Pierre Louÿs du Manuel de civilité pour les petites filles à l’usage des maisons d’éducation : un style ciselé, des mots rares et choisis, un humour fin et spirituel, beaucoup de références littéraires, beaucoup de piques contre la religion : un vrai plaisir d’esthète, plus intellectuel que charnel finalement, mais totalement jouissif (sans mauvais jeux de mots).

Indispensable dans la bibliothèque des amateurs du genre, surtout dans cette jolie édition dont la couverture recèle une petite surprise !

Petit Traité d’éducation lubrique
Lydie SALVAYRE
Cadex, 2008/2010 (Seuil, 2016)

premier-mardiBy Stephie