Les Inséparables, de Julie Cohen : lorsque tu seras vieux et que je serai vieille…

Si son état se stabilisait, ou s’il progressait comme on pouvait s’y attendre, il savait que ça, ce serait la seule chose qui ne changerait jamais. Non pas le rythme de leur sommeil ni la façon dont ils se touchaient. Ils avaient dormi dans cette position la première fois qu’ils avaient passé la nuit ensemble, cinquante-quatre ans auparavant, et chaque nuit qui ne les avait pas réunis dans le même lit avait été une nuit de perdue, en ce qui le concernait. Robbie savait que son corps se rappellerait celui d’Emily même s’il acceptait de vivre suffisamment longtemps pour que son esprit oublie qui elle était.

A 80 ans, Emily et Robbie sont toujours amoureux comme au premier jour. Des Inséparables. Pourtant, leur couple, aussi solide qu’un diamant, est construit sur un secret, et même plusieurs. Quelque chose qui les a séparés, un temps, dans leur jeunesse, et a conduit Emily a ne plus avoir aucun contact avec sa famille. Ce secret, lourd, se dévoile peu à peu, à me sure que la narration nous fait remonter dans le temps par strates chronologiques.

Ce roman est absolument brillant. Construit en remontant progressivement dans le temps pour révéler peu à peu les couches de secrets, il nous montre d’abord un amour tel qu’on en rêve tous, profond, durable, confiant, mais sur lequel on ne cesse de s’interroger jusqu’à la dernière page, ce qui le rend totalement addictif. C’est beau et lumineux, et en même temps, une fois qu’on sait… je ne peux absolument pas en dire plus, évidemment, mais vraiment, la narration est tellement parfaitement maîtrisée qu’on reste scotché.

Lisez-le, vraiment : je n’ai pas l’impression qu’on en ait tellement parlé à sa sortie, et c’est vraiment dommage car c’est du travail d’orfèvre !

Les Inséparables
Julie COHEN
Traduit de l’anglais par Josette Chicheportiche
Mercure de France, 2018 (J’ai Lu, 2020)