Wabi-sabi à l’usage des artistes, designers, poètes et philosophes de Leonard Koren : la beauté de l’imparfait

On peut qualifier le Wabi-sabi de système esthétique « complet ». Sa vision du monde, son univers est autoréférentiel. Il offre une approche intégrée de la nature ultime de l’existence (métaphysique), une connaissance sacrée (spiritualité), un bien-être émotionnel (état d’esprit), un comportement (moralité), ainsi qu’une perception visuelle et tactile des choses (matérialité). Plus les composantes d’un système esthétique sont systématiquement et clairement définies (plus les concepts correspondent à la réalité, plus ils font référence aux principes fondamentaux), plus il est utile. 

Je ne sais pas vous, mais de mon côté je n’avais absolument jamais entendu parler du wabi-sabi. Il faut dire que de manière générale le Japon et sa culture m’attirent peu (simplement je voudrais un jour voir les cerisiers en fleurs). Mais l’autre jour, Anne-Solange Tardy a parlé de cette « esthétique » et de ce livre dans une de ses pochettes surprises, et j’ai immédiatement été touchée par ce qui en émanait, et j’ai eu envie de creuser un peu la question.

Le wabi-sabi, pour faire simple, c’est la beauté des choses imparfaites, de l’impermanent, de l’incomplet, de l’atypique. A l’origine lié à la cérémonie du thé, il exprime la quintessence de l’art japonais, et il est selon Leonard Koren à sauver. Mais le constat est d’abord qu’il est difficile à expliquer et à définir, ce à quoi l’auteur s’attache tout de même dans un premier temps, en insistant sur sa valeur qu’on pourrait dire « rustique », où la simplicité et le naturel sont essentiel. Par la suite, après un bref historique, il s’intéresse à l’univers même du wabi-sabi, c’est-à-dire ses fondements et valeurs : métaphysique, spirituel, état d’esprit, morale et matérialité.

Il s’agit d’une introduction, l’essai est donc très court, mais j’ai eu l’impression que tout un monde s’ouvrait devant moi — à vrai dire, je me suis sentie comme monsieur Jourdain, à mettre des mots et des concepts sur ce qui m’avait toujours instinctivement charmée : l’imperfection. Après, cela ne me semble pas non plus, ni du point de vue matériel, ni du point de vue spirituel, typiquement japonais, à part le lien avec la cérémonie du thé. En tout cas, cette petite introduction est vraiment passionnante et j’ai très envie de creuser cette manière somme toute poétique d’habiter le monde !

Wabi-sabi à l’usage des artistes, designers, poètes & philosophes
Leonard KOREN
Traduit de l’anglais par Laurent Strim
Sully/Le Prunier, 2015

Dix nuits dix rêves de Kondô Yôko (d’après le roman de Sôseki) : la chair, la mort, l’amour

Attends-moi cent ans. Cent ans assis sur le bord de ma tombe, attends-moi. Et je viendrai.

Je lis assez peu de BD, et encore moins de manga (pour être plus exacte, je lis très peu de littérature japonaise car je suis assez hermétique à cette culture, et le manga ajoute une difficulté, celle du sens de lecture, qui me perturbe, je me trompe sans cesse et je ne peux donc pas m’immerger pleinement). Mais lorsque je suis tombée sur ce volume, j’ai été immédiatement séduite par le projet.

En 1908, Sôseki raconte dix nuits et les dix rêves (ou plutôt cauchemars) qui sont venus les habiter. Ce sont ces rêves, impossibles à raconter, que met en image Kondô Yôko.

Dix rêves angoissants et sombres, symboliques et énigmatiques comme le sont les rêves : si certains sont assez clairs, d’autres au contraire se révèlent impossibles à déchiffrer, et il faut alors accepter, comme le rêveur, de se laisser porter par les images, les sensations, et ne pas courir après le sens. Très poétique, le recueil parle d’amour, de mort, de métamorphoses et de nos peurs les plus profondes, ce qui le rend très déstabilisant.

J’ai une nette préférence pour la première nuit, qui est d’une beauté éblouissante. Les autres m’ont laissée plus perplexe, mais je ne regrette absolument cette expérience : n’hésitez pas, si le cœur vous en dit, à plonger à votre tour dans ce volume !

Dix nuits dix rêves
KONDÔ Yôko
D’après le roman de SÔSEKI
Traduit du japonais par Patrick Honnoré
Philippe Piquier, 2018

1% Rentrée littéraire 2018 – 4/6

Le Ciel ne parle pas, de Morgan Sportès

Le Ciel ne parle pas, de Morgan SportèsLa vision du père Ferreira, pendu par les pieds, comme un cochon, dans une fosse obscure, geignant, saignant, me poursuivit sans relâche quand, presque quatre siècles plus tard, j’arpentai sur ses introuvables traces rues et ruelles de Nagasaki. C’est là, en effet, qu’il subit son supplice… La ville est construite sur les flancs de multiples collines humides, vertes, cernant, comme les gradins d’un cirque, une vaste baie où s’ennuient des cargos, où s’ennuyaient des jonques jadis. C’est chose éreintante aussi que d’y flâner, car on ne cesse de monter et descendre des escaliers de pierre multiséculaires, souvent à pic. Au sommet des collines se trouvent d’antiques cimetières, aux tombes de granit gris, mangées de mousse. C’est dans un de ces cimetières, celui du temple zen Kodai-ji, qu’aurait été enterré Ferreira, en mille six cent cinquante, presque vingt ans après son apostasie. Il s’était converti au bouddhisme : par diplomatie ou par conviction ?

C’est par ce roman historique, qui lève le voile sur des faits assez méconnus (en tout cas méconnus de moi), que j’ai choisi d’ouvrir le bal de la rentrée littéraire 2017.

Un roman difficile à résumer, mais qui suit les traces de Christóvão Ferreira, jésuite portugais dont la mission est d’évangéliser le Japon et qui, suite aux persécutions subies par les Chrétiens, apostasie le catholicisme et se convertit au bouddhisme, devenant dès lors un ennemi de son ancienne religion.

Résolument passionnant d’un point de vue historique et culturel (et également théologique), le roman nous conduit donc dans ce Japon du XVIIe siècle où s’affrontent le commerce et les intérêts économiques : si les japonnais acceptent de faire des affaires avec les Portugais et les Hollandais, ils refusent en revanche le prosélytisme des premiers, et qu’on leur impose une religion pas du tout adaptée à leur moeurs, et qui sème la pagaille par son intolérance (ce qui est d’ailleurs exactement la raison pour laquelle les Romains ont persécuté les premiers chrétiens). Le tout est assorti d’une véritable poétique du supplice : l’imagination des Japonais en la matière est assez fascinante. Si la narration manque parfois un peu de souffle et donne l’impression de lire un livre d’histoire plus qu’un roman, l’ensemble reste plaisant à lire grâce au regard du narrateur, plein d’humour noir et de sarcasme. Surtout, il pose des questions on ne peut plus actuelles, sur la religion et l’argent, le choc des civilisations, et la souveraineté des Etats, car, malgré le caractère très violent de leur réaction de protection, l’attitude des Japonais est assez compréhensible. Reste Ferreira, énigmatique jusqu’au bout, et dont on ne saura finalement jamais s’il s’est converti par lâcheté, ou simplement parce que ses distances avec la religion catholique étaient déjà trop grandes.

Bref, un roman extrêmement instructif, et qui à travers l’histoire permet de réfléchir au monde actuel.

Le Ciel ne parle pas
Morgan SPORTÈS
Fayard, 2017

1% Rentrée littéraire 2017 — 1/6
By Herisson

Les 10 amours de Nishino, de Hiromi Kawakami

Les 10 amours de Nishino, de Hiromi KawakamiQu’est-ce que l’amour ? On a le droit d’aimer, on n’a pas celui d’être aimé. J’étais tombée amoureuse de Nishino mais ce n’était pas une raison pour que lui soit obligé de m’aimer en retour. Je le savais, il n’empêche, le fait qu’il ne m’aime pas avec la même intensité que moi était dur à supporter. Et comme je souffrais, mon sentiment gonflait jour après jour.

Ce roman m’a été conseillé par Pierre Raufast, alors que nous discutions du mien autour d’un café… J’en ai fait ma dernière lecture buissonnière avant de passer à la rentrée littéraire !

En dix chapitres non chronologiques,  dix femmes racontent Nishino, l’homme qu’elles ont toute aimé, chacune à sa façon et à divers âges de la vie…

Il s’agit d’un roman par nouvelles : chaque chapitre, finalement, pourrait se lire de manière autonome, mais mis bout à bout, ils constituent un portrait kaléidoscopique de Nishino, homme énigmatique et qui restera jusqu’à la dernière page un mystère ; chacune de ces femmes, en apportant sa pièce au puzzle qu’est Nishino, fait aussi bien sûr son propre portrait, et c’est toute la gamme des possibles amoureux qui s’offre à nous. C’est absolument sublime : des réseaux se tissent d’un chapitre à l’autre, et il émane de l’ensemble une grande poésie, une subtile sensualité et une profonde mélancolie.

Moi qui suis habituellement assez hermétique à tout ce qui est asiatique, j’ai été absolument conquise par la délicatesse, la sensibilité et la beauté de ce roman !

Les 10 amours de Nishino
Hiromi KAWAKAMI
Traduit du japonais par Elisabeth Suetsugu
Picquier, 2013

Bloc notes

Evidemment, l’actualité politique éclipse un peu l’actualité culturelle en ce jour d’hui. Mais enfin, tout de même, ici on parle culture, donc :

Courts métrages d’animation japonaise à voir gratuitement

Pour fêter les cent ans du film d’animation, le musée d’art moderne de Tokyo propose de découvrir des courts-métrages japonaise dont certains sont vieux d’un siècle : 64 courts-métrages créés entre 1917 et 1941 ont été mis en ligne gratuitement. Le site est en japonais, mais on s’y retrouve assez facilement !

13e édition de la Nuit Européenne des musées

Le samedi 20 mai prochain, de nombreux musées ouvriront gratuitement leurs portes partout en France et en Europe, de la tombée de la nuit jusqu’à minuit environ (mais ils ne se transformeront pas en citrouille). Visites éclairées, parcours ludiques, ateliers, projections, dégustations, spectacles vivants : des animations exceptionnelles et originales donneront à vivre au public une expérience du musée différente et ouverte à tous. Demandez le programme !

Oh les beaux jours !

Dans une ville où le rapport aux livres et à la lecture est fragile, mais où la culture est un enjeu de taille, Nadia Champesme et Fabienne Pavia ont souhaité créer un festival littéraire qui ressemblerait à Marseille : généreux, foisonnant, mélangé, différent, éclectique (et électrique !). Quitte, pour cela, à ne pas avoir peur de s’emparer de thèmes qui collent à son image : le football, le hip-hop, la politique, la mer… en montrant que la littérature peut éclairer, questionner, prolonger ou décaler des sujets partagés par tous. Oh les beaux jours !, c’est le titre de ce nouvel événement qui aura lieu du 23 au 28 mai prochains. Pour lui donner d’emblée une belle visibilité, elles ont imaginé un festival de six jours et convié plus de cent auteurs et artistes pour quelque soixante propositions artistiques et rencontres. L’idée étant aussi d’offrir aux spectateurs une déambulation dans la ville, la programmation s’installera dans des lieux culturels emblématiques : Le Mucem, La Criée, La Villa Méditerranée, la bibliothèque de l’Alcazar, mais aussi la Friche la Belle de Mai, où sera raconté le hip-hop à travers les livres, et Le Merlan, la scène nationale de Marseille située dans les quartiers Nord, où on montrera que football et littérature vont très bien ensemble ! Le festival se déploiera aussi dans l’espace public avec des formes participatives ouvertes à tous (ateliers, fresque géante sur La Canebière…). La volonté sera aussi d’élargir la forme classique des rencontres littéraires pour imaginer d’autres propositions susceptibles d’éveiller l’attention du public. C’est ainsi que Russell Banks, Joseph Boyden, Kamel Daoud, Maylis de Kerangal et Daniel Pennac se livreront à l’exercice du grand entretien façon Oh les beaux jours ! à travers des rencontres qui interrogeront leur parcours, leurs influences, leurs doutes et leurs coups de cœur, ponctuées d’extraits de films, d’archives visuelles et sonores, de lectures, mais aussi d’invités surprises ! Beau programme, n’est-ce pas ?

Merci Gustave

Merci Gustave

Merci Gustave ! c’est l’histoire de deux parisiens passionnés par la grande Dame de Fer, Nathalie Leret et Yves Castelain : créée en 2010, leur société propose des collections de Tour Eiffel revisitées en permanence, en série limitée, mais aussi plein de souvenirs estampillés Paris mais sans tomber dans le kitsch de ce qu’on trouve habituellement dans les boutiques de souvenirs : tasses à café, porte-clés, sets de tables, boules à neiges etc. Les collections sont régulièrement renouvelées, et comme vous le constatez j’ai un peu craqué sur la « so chic » et notamment la « mini Gus ». En tout cas, voilà de quoi donner des idées de cadeaux !

Une pensée pour la culture

En ce jour d’élections, une pensée pour elle : oubliée, instrumentalisée ou diabolisée, la culture est l’un des angles morts de cette campagne présidentielle. Absente de la plupart des débats, reléguée par certains à une fonction d’animation, conspuée par d’autres pour qui elle rime avec « marché de la spéculation » ou « idéologie de l’absurde », la culture, aujourd’hui en France, a besoin de tout notre soutien. C’est pourquoi le Palais de Tokyo se mobilise, en partenariat avec le Quotidien de l’art, et invite artistes, intellectuels, professionnels du monde de la culture et associatif, ainsi que tous les amateurs d’art à produire « une pensée pour la culture ». Une pensée qui claque ou qui infuse. Un mantra, un uppercut que les détenteurs du pouvoir à venir ne pourront faire taire ou mettre à terre, qui résonnera et nous accompagnera dans les années à venir. Envoyez votre pensée à : unepenseepourlaculture@palaisdetokyo.com ! Depuis le 3 avril, ces pensées sont affichées quotidiennement dans le hall du Palais de Tokyo et consultables sur le Tumblr  https://unepenseepourlaculture.tumblr.com/, en suivant le fil Twitter #unepenséepourlaculture ainsi que dans le Quotidien de l’art et dans d’autres médias.

Miroir du désir – Images de femmes dans l’estampe japonaise, au musée Guimet

miroiressai2_afficheViens chez moi, je te montrerai mes estampes japonaises…

L’autre jour, en passant place d’Iéna, j’ai avisé le musée Guimet, sur lequel s’affichait en gros le mot « désir ». Ni une ni deux, j’ai traversé la place pour aller voir un peu de quoi il retournait.

Et il retournait d’estampes japonaises, dont le lien avec l’érotisme n’est plus à prouver, puisque l’expression est même devenue synonyme d’images délicatement érotiques voire crûment pornographiques. Pourtant, on aurait tort de s’arrêter là et l’image de la femme telle que dépeinte par les plus grands noms de cet art, tels Utamaro et Hokusai, est beaucoup plus diverse et contrastée.

Bien sûr, nombre d’oeuvres représentent des courtisanes et évoquent le quartier du plaisir de Edo, on croise des shunga (estampes pornographiques) des 18e  et 19e siècles, mais on a aussi des scènes beaucoup plus intimistes, des pêcheuses, des femmes se promenant en barque ou sous les arbres en fleurs, s’apprêtant au bain ou au sommeil…

Une petite exposition, sise dans la rotonde, et qui permet d’aborder un art sur lequel on a beaucoup d’idées reçues (partiellement exactes, mais incomplètes). Fascinant et troublant, même pour moi qui ne m’intéresse pas du tout au Japon…

Leiloona l’a vue aussi !

Miroir du désir – Images de femmes dans l’estampe japonaise
Musée National des Arts Asiatiques – Guimet
6, place d’Iena
Jusqu’au 10 octobre

 

Amélie au pays du Soleil Levant

PHO592fba74-0a4a-11e3-8a17-30867a53efcb-805x453

 

Le Japon est le pays qui s’est forgé le corset le plus strict de toutes les civilisations parce que les Japonais étaient conscients de leur nature excessive. Il y a un règlement pour toutes les actions de la vie japonaise. L’écriture, c’est beaucoup plus que l’écriture. Il faut se contenir aussi pour contenir l’écriture. Il faut contenir sa violence pour la garder pour l’écriture. Je suis moi aussi profondément excessive et l’écriture est le plus efficace de mes corsets.

Alors que le dernier roman d’Amélie Nothomb, La Nostalgie heureuse, caracole en tête des meilleures ventes de livres, France 5 rediffusait jeudi soir, après La Grande librairiele documentaire Amélie Nothomb, une vie entre deux eaux, qui en est la genèse.

Au printemps 2012, la romancière belge s’envole pour le Japon, un pays où elle a passé les cinq premières années de sa vie et où elle ne s’est pas rendue depuis 1996. A l’occasion de ce reportage réalisé par Lucas Chiari, de Tokyo à Kobe, elle se lance à la recherche de son passé, de sa première école qu’elle détestait mais où les institutrices, bienveillantes, recherchent les albums photos à sa nounou adorée, Nishio-San, en passant par son amour de jeunesse (que l’on ne verra pas dans le reportage).

Malgré mon manque d’enthousiasme pour le Japon, ce reportage m’a beaucoup intéressée et à l’occasion bouleversée. Car ce n’est pas à un simple voyage d’agrément que nous invite la caméra, mais bien à une plongée au cœur d’une personnalité complexe. Amélie Nothomb s’y livre avec à la fois beaucoup de sincérité et de pudeur : son attachement viscéral à ce pays qui est finalement plus le sien que la Belgique est au cœur de sa créativité, et c’est sur le sol de sa petite enfance qu’elle parvient au plus juste à se confier. Confier cette tragédie fondatrice que fut pour elle l’épisode effroyable qu’elle nomme « les mains de la mer » et qui a donné naissance à cet « ennemi intérieur » contre qui elle se bat chaque nuit. Confier son rituel d’écriture que l’on a envie de qualifier de monacal : se lever à 4h du matin, avaler 1/2 litre de thé en trois gorgées (2 silencieuses et la troisième un peu bruyante), se laver les mains pour se purifier, et écrire, quatre heures, dans un jet. Confier ses doutes, ses angoisses, sa victoire sur l’anorexie, sa difficulté à trouver la stabilité après une enfance passée à déménager d’un pays à l’autre. Confier, dans une scène bouleversante, son amour pour sa « maman nippone », la délicieuse Nishio-San.

Durant 52 minutes, on a réellement l’impression d’apprendre à mieux connaître l’écrivain Amélie Nothomb, mais aussi la femme, qui, sous des dehors excentriques, cache de nombreuses failles.

Amélie Nothomb, une vie entre deux eaux
Laureline AMANIEUX et Luca CHIARI
Réalisé par Luca CHIARI
Cinétévé, avec la participation de France Télévision, 2012
A revoir sur Pluzz