Outils de connaissance de soi – deuxième partie

Lundi, nous avons parlé des outils de connaissance de soi dont je me sers depuis plus ou moins longtemps pour comprendre comment je fonctionne, et donc utiliser au mieux mes capacités. Aujourd’hui, je vais vous parler de deux (mais surtout un en fait) outils auxquels je me suis intéressée récemment.

Le premier, c’est l’ennéagramme, qui nous permet à l’aide d’un questionnaire de mieux comprendre comment nous fonctionnons par rapport à nous, et par rapport aux autres, et il vient assez bien compléter le MBTI, je trouve. Après, comme ce dernier, je trouve intéressant de savoir à quels types on appartient (je mets au pluriel parce qu’en fait on a un type dominant et un sous-type : pour ma part, il n’étonnera personne d’apprendre que je suis type 4, le romantique artiste rêveur, combiné au type 5, l’observateur. C’est tout à fait moi). Après, comme pour le suivant, je n’ai pas poussé plus loin, on peut bien sûr aller bien au-delà des simples tests qui ne donnent que des tendances et approfondir à l’aide de thérapeutes spécialisés. Cela ne m’intéresse pas tellement : en fait, ce que j’ai lu concernant mon profil correspond exactement à ce que j’avais déjà compris de mon fonctionnement.

Et alors, mon sujet d’investigation récent : le Human Design. On en parle beaucoup beaucoup, et d’ailleurs j’étais déjà allée voir mon profil, mais sans aller plus loin parce que quelque chose me dérangeait et me dérange toujours. Deux choses même.

La première, c’est cette idée de « design », qui implique finalement que l’humain est un peu comme un téléphone dont il existerait plusieurs modèles avec des spécificités techniques et des applications différentes ; sauf qu’en plus, vous ne pouvez pas choisir votre modèle. Vous me direz que les autres outils aussi, mais en fait non car les autres outils, à l’exception de l’astrologie mais nous reviendrons sur ce point, se basent sur des questionnaires et partent donc de vous , de votre manière de sentir de voir le monde, et on ne considère pas que tout cela est déjà préinstallé à votre naissance, mais plutôt que ce sont toutes vos expériences qui vous on façonné, même s’il existe des prédispositions. Avec l’human design, vous entrez votre date, heure et lieu de naissance et cela vous donne un schéma corporel sur lequel je reviendrai, mais sans aucune prise en compte de qui vous êtes en tant qu’individu ayant vécu des expériences. Comme l’astrologie, me direz-vous ? Et bien non : certes, le HD se base sur l’astrologie, mais l’astrologie vous donne des tendances complexes et une partition à exécuter à votre manière. Vous gardez votre libre-arbitre. Avec l’HD, on vous donne un mode d’emploi. Et alors un mode d’emploi compliqué et en chinois.

Parce que l’autre chose qui me dérangeait avec l’HD (et qui me dérange aussi avec l’ennéagramme mais moins parce que c’est tout de même moins compliqué) c’est l’absence d’autonomie. Certes, vous allez trouver de nombreux sites qui vont vous générer votre schéma, mais si vous voulez y comprendre quelque chose, taratata, il va vous falloir un traducteur (plutôt cher, le traducteur), ou alors de nombreuses heures devant vous pour mettre les mains dans le cambouis. Mais vous me connaissez : j’adore ce genre de challenge, donc l’autre jour, j’avais plusieurs heures devant moi, j’étais en mode « valet d’épées », j’ai cherché à comprendre comment tout cela fonctionnait de l’intérieur. Et je me suis beaucoup amusée d’ailleurs. Je vais faire beaucoup de raccourcis, parce que, bien sûr, mon objet n’est pas du tout de vous faire un cours. Mais ne partez-pas, c’est intéressant.

Donc, une fois que vous avez généré votre schéma, vous vous retrouvez avec un bidule qui ressemble à ça :

Human Design
Human Design

D’abord, on va s’intéresser aux informations qui sont dessous, pas toutes mais seulement type/stratégie/autorité intérieure/ non-soi et signature. Tout l’ensemble, c’est votre manière d’être au monde, pour faire simple, et c’est l’information la plus facile à trouver et à comprendre. En gros, comme je suis un générateur (comme 33% de la population), mon but est de mener de mener des projets qui me mettent en joie, mais attention, je ne dois m’engager dans un projet qu’après avoir eu la réponse/validation de mon autorité intérieure, qui chez moi est le centre émotionnel. Si je n’écoute pas cette réponse, cela engendre de la frustration. Alors j’ai envie de dire : c’est une évidence pour moi, merci, mais qu’est-ce qui fait que je suis un générateur et pas, par exemple, un manifesteur ?

C’est là qu’entre en ligne de compte le schéma corporel. Comment est-il construit ? De chaque côté du corps, vous notez deux colonnes. A gauche, c’est la position des planètes au moment où a été généré votre design, 88 jours avant votre naissance (pourquoi 88 jours ? Je ne sais pas) et à droite le jour de votre naissance. Chaque planète se voit attribuer un premier chiffre, ce sont les portes. Ces portes, vous les retrouvez dans le schéma du milieu, dans les formes géométriques. Les formes géométriques, ce sont les différents centres énergétiques : ceux qui sont en couleur, ce sont ceux qui sont activés, ceux qui sont en blanc ne sont pas actifs. Comme vous le voyez, j’en ai 6 et en gros c’est ce qui détermine le type mais c’est un peu complexe, je ne vais pas entrer dans les détails.

Revenons à nos portes : celles qui sont activées (par une planète, donc) sont en violet, mais les portes activées dans un centre énergétique non-actif sont dormantes (elles peuvent être activées si vous vous trouvez en présence d’une personne qui a ce centre énergétique activé). Chaque personne a le même nombre de portes actives, mais pas les mêmes. Les portes actives, ce sont les facultés ou traits de personnalité. Et certaines portes actives sont reliées par un canal énergétique, qui est alors lui-même actif. Chez moi, les canaux actifs sont celui de la reproduction (sexualité, pouvoir de création, besoin d’intimité), celui du rythme (nécessité de suivre son rythme naturel), celui de la forme parfaite (créer naturellement la beauté, penser par soi-même) et celui de l’acceptation (la force d’organisation).

Le deuxième chiffre associé à chaque planète, c’est la ligne (je n’ai absolument pas compris comment il était généré, je soupçonne une histoire de numérologie) et les deux plus importants vont donner le profil, chez moi opportuniste (au sens de profiter des opportunités apportées par la vie, d’interagir avec une communauté) et exemple modèle (partager ses découvertes et devenir un modèle).

La dernière ligne, c’est la croix d’incarnation, et honnêtement, je n’ai pas tout compris (enfin j’ai une hypothèse sur la manière dont elle est générée et analysée), sinon que chez moi l’idée était de m’aligner par un processus personnel (introspection, expérimentation, réflexion) et de partager cette sagesse acquise par l’expérience.

Mais alors, quelle conclusion je retire de ces investigations qui m’ont passionnée parce que j’adore ce genre de recherches ? Et bien, je suis d’accord que tout cela correspond bien à qui je suis, ce n’est absolument pas le problème. Le problème est que, connaissant tout de même l’astrologie, je savais déjà tout cela, merci, et je vois très bien comment, par exemple, tel placement donne telle porte activée dans le schéma corporel. En fait, ma conclusion est que, à part le type qui peut être intéressant, le HD n’est qu’une forme complexifiée de l’astrologie : avec tous les outils modernes, les gens ont appris à s’en sortir plus ou moins avec leur carte du ciel, et les astrologues ne sont plus des grands gourous qui transmettent une vérité ésotérique venue d’on ne sait pas où. Donc on s’est dit : tiens, faisons un truc hyper compliqué auquel les gens ne comprendront rien, dont ils ne pourront pas se servir seuls.

Toute ma démarche à moi est fondée sur l’autonomie : je ne vise aucunement à donner aux gens des informations telles quelles, ni à leur dire quoi faire. Mon but, au contraire, est de proposer des outils, une démarche, pour qu’ils s’en emparent en toute autonomie pour trouver leur propre voie. Le fait est que c’est un peu difficile parce que beaucoup de gens n’ont pas très envie d’être autonomes, et c’est pour cela que mon modèle économique n’est pas simple, ça le serait plus si je faisais du coaching, des lectures de carte du ciel ou de tarot. Sauf que non, j’y tiens : l’autonomie dans le voyage vers soi, c’est le point essentiel. Et j’avoue qu’avoir démonté les rouages du human design qui n’est autre qu’un outil à priver les gens de trouver leurs réponses eux-mêmes, j’ai trouvé cela assez satisfaisant et amusant. Et tout de même, j’admire l’inventivité du mec qui a pondu ça, il a tout de même dû bien s’amuser.

Ecrire sur son adolescence ?

Après avoir lu son livre L’Âge bête, j’ai assisté à la masterclass de Géraldine Dormoy sur le sujet d’écrire sur son adolescence, l’idée étant de partir à la recherche de celle que l’on était, de traverser un labyrinthe dans lequel on se perd mais au bout duquel on peut enfin la rencontrer, cette jeune fille qu’on a été. Selon Géraldine, c’est un voyage émotionnel, dans le temps, par lequel il faut se laisser traverser. Pour, enfin, se réconcilier.

Soutenue par un groupe créé à cet effet, je suis partie en quête de souvenirs. J’ai retrouvé des photos. Des objets. J’ai écouté des musiques, regardé des publicités, quelques génériques.

Mais je n’y arrive pas. Ce n’est pas de la peur : cette peur des profondeurs qui fait partie du processus d’écriture, je la connais, je l’ai apprivoisée. Ce n’est pas, non plus, une question de moment, parce que je suis déjà accaparée par d’autres textes, par Adèle, déjà, et par le Truc, toujours (cela dit, Le Truc est un lieu où je pourrais parler, et où, d’ailleurs, j’en ai parlé).

Simplement, je crois que ça ne m’intéresse pas. Plus. Quand je regarde cette photo, je ressens de la colère, vis-à-vis de ceux qui ont rejeté cette jeune fille, se sont moqué d’elles, l’ont abîmée. Je ne retrouve aucune autre émotion. Et comment écrire, sans émotions ?

J’ai déjà écrit sur le harcèlement, le rejet, sur l’ennui que me procurais l’école. Sur mes liens difficiles avec les autres. Et je suis arrivée à la conclusion que ça ne m’intéressait pas de creuser davantage.

Mon adolescence a été un long tunnel, j’ai beaucoup lu mais rien vécu de très intéressant, et j’aurai beau creuser, je ne comprendrai pas pourquoi les autres ne m’aimaient pas et ne voulaient pas de moi. Pourquoi j’ai accepté une relation toxique de plusieurs années avec une fille qui me faisait croire qu’elle était ma meilleure amie alors qu’elle passait son temps à m’humilier. Pourquoi les garçons ne me regardaient pas. Pourquoi, pourquoi, pourquoi…

Pourquoi je ne me sentais pas moi-même. Ou plutôt : pourquoi je n’étais autorisée à être moi-même que seule, dans ma chambre, dans mon imaginaire, lorsque j’écrivais ou rêvassais. Pourquoi l’extérieur, depuis toujours, était le lieu où j’étais désaccordée. Où je ne pouvais pas vivre ce que je voulais vivre.

Et comprendre, c’est tout ce qui m’intéresserait, mais c’est bien sûr impossible…

Ou plutôt, est-ce que je n’ai pas déjà compris que simplement, adolescente, j’étais déjà celle que je suis aujourd’hui, en décalage, et que c’est aussi ce qui fait ma force parce qu’aujourd’hui j’ai des gens qui m’aiment exactement comme je suis ?

Et puis, ce n’est peut-être pas très grave, en fait ! Je me suis construite autrement, j’ai géré les failles, les manques, la nostalgie de ce que je n’ai pas vécu, et l’adolescente que j’ai été elle est toujours là, c’est aussi ma part d’écrivain même si ce n’est pas là-dessus que j’écris, en tout cas directement.

Et je crois que malgré tout, même sans avoir les réponses, je me suis libérée et je suis passée à autre chose.

Tarot et quête de soi

Cela fera deux ans en mars que j’apprends le Tarot. C’est l’apprentissage de toute une vie, tout comme l’apprentissage de soi, mais j’avais envie de faire un petit bilan de tout ce que cet outil m’avait apporté dans mon cheminement, et surtout la manière dont, après de multiples tâtonnements, j’ai mis au point ma manière propre de m’en servir.

Première chose : le Tarot n’est pas, pour moi, un outil de divination, ou plutôt, ce n’est pas comme cela que je m’en sers. Je ne lui demande pas si bidule va m’appeler, ou si je vais avoir une réponse positive à l’entretien d’embauche que j’ai passé. Bien sûr, il lui arrive, dans certains tirages, de me donner l’issue probable d’une situation, mais je m’en sers essentiellement comme un outil de développement personnel : introspection, travail de l’ombre, et conseils, évaluation de la situation présente.

Le corollaire, c’est que je n’ai pas de rituel mystique autour de ma pratique du Tarot : je n’allume pas de bougie, je n’ai pas de tapis de tirage, je ne fais pas de méditation. Je prends mes cartes, je leur dis ce que je veux, je mélange et je tire. Je ne dis pas que ce n’est pas bien d’avoir des rituels : simplement pour moi c’est réellement un outil du quotidien, presque un ami, et ritualiser ne me convient pas.

Je n’ai qu’un seul Tarot. Ou plutôt : j’en ai trois. Le premier, le Feminine Divine, dont finalement je ne suis jamais servi parce qu’il est trop complexe pour débuter, mais que je garde pour des raisons esthétiques (et peut-être pour travailler avec un jour). Le Golden Tarot, avec lequel j’ai appris. Et le Tarot de l’Illumination, qui est « mon » tarot : je n’accumule pas les jeux, je me sers toujours du même depuis de longs mois, ce qui m’a permis de tisser un lien intime avec lui et c’est avec ce jeu que j’ai beaucoup progressé, justement parce que je ne travaille qu’avec lui, chaque arcane ayant acquis une épaisseur et une profondeur, parfois un sens spécifique pour moi qu’il n’a pas nécessairement à la base. Ma vision est que chaque jeu nous aide dans une période de notre vie, et que nous sentons lorsque le travail est terminé et qu’il est temps de passer au suivant. J’ai travaillé 9 mois avec l’Art Nouveau (symbolique), cela fait 8 mois que j’utilise le Tarot de l’Illumination, je ne sais pas quand j’aurai l’impulsion de passer au suivant.

Pour interpréter les cartes, je me sers, bien sûr, d’abord de mon intuition, basée sur ma connaissance des cartes (l’intuition seule ne suffit pas : il faut apprendre). Je ne pratique pas les cartes inversées (dans mon protocole de tirage du reste, elles ne sont jamais à l’envers), je sens si la carte est dans son ombre ou dans sa lumière (et souvent c’est les deux, comme dans la vie : ça c’est bien, mais attention à ça), et cela dépend aussi de sa place. Pour approfondir, je me sers du Tarot for Writers dans lequel j’ai ajouté des notes venant de plusieurs programmes de formations : celui de Soul Shadow, et ceux de Margot Robert-Winterhalter et de Taronaute.

Les tirages, donc :
– Chaque matin, je fais un tirage des énergies du jour uniquement avec les majeurs. Cela me permet de prendre la température de la journée (pas de ce qui va se passer, même si ça arrive, mais plutôt de quelles sont mes énergies) et de poser mes intentions.
– Les tirages réguliers. Il y en a trois sortes : le tirage du mois et la carte du mois qui me permettent de voir où j’en suis et de fixer mes objectifs. Les tirages lunaires, nouvelle et pleine lune, qui sont plutôt des tirages de guidance énergétiques. Et les tirages de sabbat : équinoxes, solstices et fêtes intermédiaires, qui sont des plus gros tirages d’orientation.
– Ponctuellement, je fais des tirages pour lever un blocage ou éclaircir une situation (ou tout simplement je suis tombée sur un spread et il m’a semblé intéressant), et de plus en plus (c’est une grande étape) je crée mes propres tirages.

Le fait est : le Tarot m’aide à avancer et à sortir de certains schémas. L’autre jour, c’est lui qui m’a avertie que j’étais dans une vision tunnel, que j’étais en train de m’épuiser et de me vider dans mes projets de reconversion professionnelle (qui sont nécessaires) sans voir qu’autour, dans le domaine émotionnel, il se passait aussi des choses et que c’était peut-être intéressant d’y jeter un œil… Et il avait raison !

Si vous ne connaissez rien au Tarot, l’Invitation à un Voyage Tarologique est à nouveau disponible dans une version repimpée et enrichie, et j’ai un plus vaste projet sur la question, mais à moyen/long terme !

Instantané : relire ses journaux

Cela m’a prise un peu soudainement, en début de semaine, suite à un carambolage de signes, le plus évident étant la lecture des travaux de Philippe Lejeune sur le journal intime pour un projet qui, normalement, verra le jour au troisième trimestre 2023 : relire tous mes journaux depuis la première page, le 26 août 2013, soit presque 10 ans.

J’ai commencé le 18e tome au début du mois, donc vous imaginez l’ampleur du travail. Les 12 premiers volumes sont sur des Moleskine petit format, couverture souple, pages blanches (sauf un, couverture rigide ligné). Il n’y avait que de l’écriture. A l’encre noire.

A partir du tome 13, la transformation se fait progressivement vers ma méthode actuelle du journal poétique : je suis passée au format A5, toujours couverture noire et pages blanches, mais couverture rigide. Petit à petit, j’intègre des pages de journal artistique, des collages, des notes avec un code couleur précis, des tirages de Tarot, des photos. Il faut que je reparle du Tarot dans un prochain article tant ces derniers mois il m’a permis de progresser à grands pas.

C’est une entreprise d’archéologie intime dont je sens bien qu’elle était nécessaire, ici, maintenant, pour clore ce cycle de dix années un peu secouantes, en tout cas transformatrices. Je photocopie les pages essentielles, celles où j’ai noté des découvertes importantes, je note les événements marquants, bons ou mauvais, qui m’ont construite. Je rassemble ce qui était épars.

Ce qui est passionnant, c’est ce dialogue qui s’établit entre le moi d’hier et le moi d’aujourd’hui. Certaines remarques me font un peu lever les yeux au ciel. Je suis à l’occasion stupéfaites de mes intuitions fulgurantes, qui se vérifient par la suite. D’autres fois, pas du tout. Et il y a des périodes très très très sombres, qui me font beaucoup de peine, mais qui sont nécessaires à retraverser pour voir l’évolution. Parce que l’enjeu est là : la transformation progressive, au fil des pages, de celles (c’est un lapsus de le mettre au pluriel, mais finalement, cela fait totalement sens) que j’étais en celle que je suis.

C’est très Jungien. De la psychologie des profondeurs, du dialogue avec l’inconscient (beaucoup de rêves dont je n’ai plus aucun souvenir mais qui étaient pourtant importants et dont je comprends le message aujourd’hui), du travail de l’ombre. Un véritable travail d’individuation. C’est d’ailleurs la colonne vertébrale du Voyage Poétique : comment la créativité, et en particulier le journal, permettent de rassembler ces morceaux épars de soi et de les unifier. Voire… un jour, ma thérapeute m’a dit qu’écrire (et en particulier mon journal) m’avait sauvée. Je savais déjà qu’elle avait raison, mais en relisant ces pages, c’est encore plus vif. Mon journal m’a servi de fil d’Ariane dans mon labyrinthe intérieur.

Et je trouve cela très symbolique, de relire tout cela aujourd’hui, en cette fin d’année 2022 : ce n’est pas une activité que je propose strictement dans le Voyage vers une nouvelle année, mais cela fait tout de même partie du processus de bilan, avant de pouvoir se projeter. Avant de faire le bilan de cette année 2022, qui a été très riche, très constructive, et dont je pourrai enfin dire qu’elle a été plutôt une bonne année malgré un événement qui m’a remuée, je fais le bilan de tout le processus qui m’a mené aux actions que j’ai enfin posées. Et c’est formidable.

Je ne saurais trop vous conseiller de le faire, si vous en ressentez l’appel… à moins que vous ne l’ayez déjà fait ?

Les cinq objets auxquels je tiens le plus

Un article qui m’a été, une nouvelle fois, inspiré par Coline, mais aussi par l’écriture d’Adèle, et qui m’a obligée à une sérieuse introspection : quels sont les objets qui ont le plus de valeur à mes yeux, sachant que j’aime m’entourer d’objets, je ne suis pas du tout minimaliste, mais que mon rapport à eux est très particulier : j’aime qu’ils soient là, certains sont là depuis toujours car je suis plutôt fidèle, je ne change pas ma décoration tous les quatre matins (j’ai plutôt envie de dire qu’elle ne change même jamais, tout au plus je fais tourner certains éléments au fil des saisons), beaucoup de trucs ont plus de cent ans parce que j’aime les objets qui ont une histoire, mais mais mais, en réalité, il y a peu de choses dont la perte me dévasterait.

En réalité, j’ai toujours été dans un état d’esprit qui fait que je suis toujours prête à fuir à n’importe quel moment, laissant tout derrière moi (comme Adèle, je viens de réaliser : c’est intéressant). Ce qui fait que ma voiture, mais pas nécessairement celle que j’ai actuellement, simplement une voiture me permettant de partir très vite, est finalement ce à quoi je tiens le plus, mais on ne peut pas dire que ce soit un objet. En revanche, on peut dire que je suis sans doute un peu zinzin, mais être prisonnière est ma peur alpha, et j’ai beau travailler dessus, je crois qu’elle sera toujours là.

Bref. J’ai tout de même réussi à trouver des objets auxquels je tiens particulièrement pour des raisons diverses :

1. Mon passeport : vu ce qui précède, cela n’étonnera personne. Je ne sais pas d’ailleurs si le passeport peut être considéré comme un objet, on va dire que oui. J’ai toujours mon passeport sur moi. Je suis même très étonnée quand j’entends les gens dire « je ne sais pas où j’ai mis mon passeport », « je suis arrivé à l’aéroport et devine quoi, j’avais oublié mon passeport ». Le mien ne me quitte jamais. Alors certes, il me sert de pièce d’identité, mais comme j’ai aussi toujours sur moi mon permis de conduire, cela pourrait passer. Mais non : mon passeport est dans mon portefeuille et n’en sort pas.

2. Une petite maisonnette de Noël en carton, qui contenait des chocolats et que quelqu’un de plus précieux que l’air que je respire m’a donnée. Sans les chocolats. Elle est sur mon bureau, et je ne peux pas me résoudre ne serait-ce qu’à la ranger dans mes décorations de Noël. Elle fonctionne un peu comme une symbolisation de ce qui me permet d’écrire, émotionnellement, donc j’ai besoin qu’elle soit là.

3. Une étole rouge en cachemire, dont je pourrais presque dire qu’elle est mon doudou : en temps normal, elle est sur mon canapé, et je m’enroule régulièrement dedans lorsque j’ai un peu froid, mais c’est aussi une des seules choses que j’emmène systématiquement avec moi en voyage ou en vacances. Je pense que c’est parce qu’elle porte l’odeur de ma maison, une autre odeur aussi, et que comme je suis très animale avec les odeurs, cela me rassure. Il m’arrive aussi de la porter au quotidien, parce qu’elle est très jolie.

4. Le collier de mon arrière grand-mère : je le porte peu, ce collier que mon arrière-grand-père a offert à mon arrière-grand-mère pour leur mariage (cela dit, j’ai trouvé une solution pour plus facilement le mettre, je vous en reparle dans les favoris de novembre). Je trouve le symbole très beau, le collier lui-même a beau avoir cent ans est très moderne, et il joue un rôle dans le projet Adèle.

6. Mes journaux poétiques : j’aurais pu les mettre en premier d’ailleurs, enfin au moins en deuxième. Peut-être que je ne les relirai jamais, contrairement à Adèle (oui, il y a une histoire de journaux dans Adèle). Et je regrette de ne pas avoir gardé ceux de mon adolescence, ce serait une tellement riche source d’enseignement. Alors cela tient de la place, mais je ne m’en déferais pour rien au monde.

Voilà. Bien sûr, il y a beaucoup d’autres objets auxquels je tiens et je n’ai aucune intention de fuir ma maison au milieu de la nuit sans rien emporter. On remarquera d’ailleurs que je n’ai mis ni mon téléphone ni mon ordinateur dans la liste : leur contenu m’est précieux (et il est sauvegardé à la fois en dur mais aussi sur plusieurs clouds pour parer à toute éventualité) mais pas l’objet lui-même.

Et vous, quels sont les objets auxquels vous tenez le plus ?

Comment l’Univers m’a offert un pot de chrysanthèmes, saison du Scorpion, Samhain et libérations énergétiques

La première partie n’était pas dans le titre initial mais c’était trop beau. Alors, ce ne sont pas tout à fait des chrysanthèmes, mais le symbole était trop tentant. Vous allez voir.

Mais commençons par le commencement : le travail de l’ombre. J’en ai parlé un grand nombre de fois, et cela fait des mois et des mois que je nage en eaux profondes pour parvenir à résoudre certains problèmes qui m’empêchent d’avancer, à la fois sur le plan personnel et sur le plan professionnel. Ce problème, je le résumerai en quatre mots : mes relations aux autres. J’ai peur des gens. Alors cela ne m’empêche pas, même si je suis plutôt introvertie, de bavarder, d’avoir des amis, et même de m’exposer ici et sur les réseaux sociaux, d’avoir écrit un roman assez intime etc. Mais dans les faits, d’abord c’est un véritable parcours du combattant pour que je fasse vraiment confiance, et ensuite, je me suis rendu compte que quelque chose résistait au niveau énergétique, afin que je puisse vraiment prendre ma place. Ce travail, je le mène depuis 2017 et mon entrée dans la quarantaine et la crise liée, qui m’a fait prendre conscience qu’il fallait que je change des choses dans ma vie. Mon travail alimentaire, mais pas seulement.

Alors, des cadavres, pour rester dans la thématique halloweenesque, j’en ai déterrés. Des araignées sous les lits. Des verrous à ouvrir. C’est un travail sans fin : on ouvre un verrou, on en ouvre dix, on croit que c’est le dernier, et puis non. Il y en a encore un. J’ai cru être Sisyphe. Alors j’ai beau être plutonienne (je suis Poissons ascendant Lion, mais en fait dans mon thème astral c’est le trio Pluton/Scorpion/Maison 8 qui domine) et être plutôt pas mal à l’aise dans ce travail des profondeurs, à un moment, ça va bien.

Mais ces derniers temps, avec l’entrée dans l’automne, la première saison intérieure, la saison du Scorpion (et ceux qui ont lu L’Aimante comprennent ce que je veux dire), et surtout Samhain, tout s’est accéléré… et éclairci. Les pièces du puzzle se sont mises en place. Pas toutes seules : j’ai beaucoup écrit (dans mon journal, mais le projet Adèle fait aussi partie du processus), travaillé avec le Tarot, avec ma thérapeute, j’ai fini par mettre la main sur l’ancêtre qui à mon avis coinçait niveau transgénérationnel, j’ai fait des rêves très éclairants, je me suis fait une cure de fleurs de Bach, et finalement j’ai fait une formation dont la première étape consistait en libérations énergétiques. Le truc fou, c’est que ces libérations portaient exactement sur ce qui coinçait chez moi. Je vous ai raconté l’autre jour cette histoire d’humiliation, mais il y en a tellement qui me sont revenues ensuite, s’organisant en constellations, que je voyais bien ce qui clochait. Et, entre le livre de Géraldine dont je vous parlais hier et ce programme, j’ai eu l’impression qu’une porte s’ouvrait pour laisser entrer l’air frais.

J’en arrive à mon pot de chrysanthèmes. Qui ne sont pas des chrysanthèmes classiques, mais enfin, cela reste des fleurs que l’on vend à la Toussaint pour mettre dans les cimetières. Lieu où je ne vais pas, car pour moi les défunts n’y sont pas, mais par contre j’adore ces fleurs et j’adore en mettre chez moi (je suis plutonienne, donc). Bref. Lundi, jour de Samhain, je venais de faire ma dernière (j’espère !) libération énergétiques, et je trouvais déjà que c’était un beau symbole, cette célébration étant liée à la mort symbolique et à la renaissance, la mort de l’ancien moi tout ça. Et j’ai mon petit rituel à moi pour la célébrer. Sur ce, je pars chercher mes courses au drive, et j’avise sur le quai de magnifiques pots de ces chrysanthèmes d’Inde que j’appelle pomponettes, de cette couleur mordorée que j’adore, et je me dis que ça sera parfait dans ma décoration de Samhain/Halloween. J’en demande donc un pot à la livreuse, qui ne trouve pas le code barre, son collègue non plus. Vous connaissez la blague : s’il n’y a pas le prix, c’est gratuit ? Et bien c’est ce qui s’est passé : ils me l’ont offert. « C’est cadeau ».

Et j’ai trouvé cela très symboliquement amusant que ce jour-là, « on » (l’Univers, par le truchement du drive) m’offre un pot de fleurs de cimetière, pour enterrer mon ancien moi !

L’Âge bête, de Géraldine Dormoy : instantanés d’adolescence

Je referme la porte de mon adolescence en paix. Il n’y a plus d’animosité ni de rancœur, plus de honte surtout. Chaque humiliation a été éventée, auscultée, remise en perspective. Dire ce que j’avais maintenu caché a dégonflé les monstres. J’ai vidé mon sac de souvenirs pesants. Les regrets se sont dissous. On peut penser ce que l’on veut de mon texte, j’ai fait ma part. J’ai fouillé ma mémoire, déterré ce qui avait besoin de l’être. J’ai composé avec mes oublis et ce que je ne pouvais pas dire car cela impliquait trop de personnes. J’ai visé la justesse en dépit des manques. Je me suis réapproprié mon histoire. Je l’ai réécrite, tout ne s’est pas passé exactement comme je le raconte, mais j’ai veillé à ne pas la dénaturer. Elle sonne vrai à mon oreille.

Il y a une synchronicité (et même une meute de synchronicités) intéressante au sujet de de récit dans lequel Géraldine Dormoy ausculte son adolescence. Il se trouve que j’étais moi-même en train d’ausculter la mienne et d’essayer de me libérer de certains souvenirs traumatiques de harcèlement, d’humiliation, de rejet. Et j’ai fini par faire ce tirage de Tarot, qui m’incitait à écrire. Mais il m’incitait aussi à lire, et à avoir confiance dans le pouvoir de la littérature, puisque le jour où l’article est paru, j’ai reçu le livre de Géraldine. Et j’ai compris que c’était un « cadeau » pour m’aider à me libérer moi-aussi.

En effet, dans ce récit constitué d’instantanés d’adolescence, Géraldine Dormoy livre ses souvenirs, les événements joyeux ou beaucoup moins qui ont émaillé sa vie entre son entrée au collège et son bac : ses parents et la famille, les amis, les premiers émois, la difficulté de plaire, les déceptions, les hontes, les difficultés de se projeter dans la vie. Le récit se double d’une réflexion passionnante sur le fait d’écrire sur soi.

Autant vous dire que j’ai adoré ce récit, que je l’ai dévoré en une journée et qu’il m’a fait beaucoup de bien : il s’agit ici de se réconcilier avec cette période de la vie qui n’est facile pour personne, mais moins encore pour certains que pour d’autres, de se réapproprier ses souvenirs, mais sans nostalgie, et en le faisant pour elle, Géraldine le fait aussi pour son lecteur, et en cela ce texte très intime (et vraiment je suis admirative du courage qu’il faut pour se dévoiler avec autant d’authenticité et de se montrer aussi vulnérable) atteint une dimension universelle, en tout cas générationnelle : il a fait jaillir quelques souvenirs, m’a à l’occasion fait sourire, certaines choses se sont mises à tourner en boucle dans ma tête pour finalement se dégonfler et s’envoler. J’ai adoré la fin, où elle parle de la mode, parce que c’est le chapitre qui a éveillé les meilleurs souvenirs.

Il y aurait encore tellement de choses à dire sur ce récit qui m’a profondément touchée, et m’a fait avancer d’un grand pas. Je ne serai jamais nostalgique de cette époque, mais ce texte cathartique m’a permis de la regarder autrement ! Merci Géraldine !

L’Âge bête
Géraldine DORMOY
Robert Laffont, 2022