Voyage immobile

C’est à cette époque que, normalement, je commence à me projeter concrètement dans mon city trip estival. Après avoir réservé, j’achète des guides, je lis des blogs, je musarde sur instagram pour repérer ce qui me fait envie. Cette année, ça aurait dû être Séville, mais peut-être que j’aurais changé d’avis en cours de route parce que j’ai aussi de très fortes envies de Portugal et d’Italie. Bon, c’est loupé. On va rester là, il y aura sans doute un peu de Cap-Ferret et puis peut-être une excursion ici ou là (en fait j’ai ma petite idée, mais on verra) mais pas de joli voyage d’inspiration à l’étranger.

Alors, puisque je ne peux pas me projeter dans le voyage futur, je me suis replongée dans mes souvenirs de voyage. Tous ces endroits où j’ai aimé baguenauder, rêvasser, écrire… Et je me suis dit « tiens, si j’imaginais une journée parfaite à profiter des joies de la vie, qui n’aurait aucune obligation d’être vraisemblable géographiquement parlant ? ». Une sorte de voyage immobile.

Matin : s’étirer langoureusement dans le lit, écrire mes pages du matin. Prendre une douche, vêtir une robe légère et prendre un cappuccino en terrasse avec des cannoli.  Déambuler dans les petites ruelles, admirer les azulejos et les belles façades. Traverser les galeries, m’arrêter à la librairie et rejoindre le parc pour m’asseoir un moment et écrire quelques mots dans mon carnet.

Midi : déjeuner au bord du canal

Après-midi : profiter des heures chaudes pour aller faire le plein d’inspiration et de belles choses au musée ; en sortant prendre un petit goûter (pasteis de nata) avant d’aller faire un petit tour dans les magasins d’artisanat local. Puis aller faire une longue promenade au bord de l’eau et m’arrêter prendre un verre en terrasse lorsque le soir commence à tomber.

Soirée : marcher encore un peu pour profiter du soir, dîner à une terrasse, rentrer pour écrire un peu…

Voilà une bien belle journée passée à faire des choses que j’aime !

La science des rêves, de Michel Gondry

science des rêvesEn ce moment, je suis en pleine réflexion sur la thématique du rêve. Pas seulement parce que c’est au programme de mes BTS (mais cela me permet au passage de découvrir des textes fabuleux), mais aussi pour des raisons plus personnelles, d’autant qu’en ce moment, le hasard (?) met sur ma route nombre d’oeuvres qui réfléchissent sur cette question des rêves et de ce qu’on en fait. Et comme il faut toujours suivre les signes, j’ai eu envie de revoir ce fascinant film de Gondry…

Depuis qu’il est petit, Stéphane Miroux est un rêveur, qui a parfois du mal à distinguer les produits de son imagination et le réel. Revenu en France où il n’a que peu vécu, il est embauché dans une entreprise de fabrication de calendriers. Mais ce que sa mère lui avait présenté comme un travail créatif est en fait bien monotone, et il se réfugie de plus en plus dans son imaginaire. C’est alors qu’il fait la rencontre de Zoé et surtout de Stéphanie, à l’occasion d’un déménagement rocambolesque…

Ce film, c’est la quintessence de Gondry, et on y retrouve de nombreux éléments de ce qui font son monde bien particulier : une histoire d’amour compliquée, une inventivité étonnante avec un personnage qui se crée un monde imaginaire fait de bricolages, des fulgurances poétiques, bref, un univers unique, totalement loufoque parfois, mais tellement beau : comment ne pas être ému par ce personnage de rêveur, inventeur créatif qui se retrouve enfermé dans un travail barbant et répétitif et qui du coup se réfugie dans son imaginaire dont il est le maître absolu, symbolisé par un studio télé fait de bric et de brocs, où tout est possible et qu’il contrôle ? Il s’évade, mais aussi se venge un peu du réel, et d’ailleurs les deux mondes sont parfaitement poreux et on ne sait plus bien, parfois, s’il rêve ou non, et lui non plus, d’ailleurs : est-ce le sage qui rêve qu’il est un papillon, ou bien est-il plutôt un papillon qui rêve qu’il est Tchouang-tseu ?

Un fil impressionnant de bout en bout, avec une trouvaille à chaque plan, servi par un casting impeccable, à voir absolument si vous êtes sensible à l’univers de Gondry !

La Science des rêves
Michel GONDRY
2006

Un jour, je serai écrivain (ou : comment naissent les histoires…)

moleskine

D’où viennent les histoires ?

D’où vient ce désir, ce besoin, de raconter des histoires, et d’écrire ?

D’aussi loin que je me souvienne, les histoires ont fait partie de ma vie. Bien avant de savoir lire et écrire, je réinventais le monde.

Il y a d’abord eu ce que j’imaginais à partir des planches de BD dont je ne savais pas lire les bulles. Les Schtroumpfs,Boule et Bill, Picsou. A la fois j’essayais d’apprendre à lire, m’efforçant de me souvenir de ce que m’avait lu ma maman, et à la fois j’imaginais autre chose, de nouvelles histoires et paroles à partir des mêmes images.

Bien sûr, les innombrables aventures de ma Barbie.

Et puis, les séries télévisées, dont j’inventais de nouveaux épisodes, de nouvelles arches, de nouveaux personnages parfois. On dit souvent (les gens disent…) que la télévision tue l’imaginaire des enfants. C’est faux. En tout cas, ce n’est pas toujours vrai : elle a au contraire contribué à développer le mien.

Une pièce de théâtre écrite avec une amie, à l’école primaire. Écrite et jouée. J’étais Aphrodite/Vénus, elle était Athéna, il y avait d’autres personnages mais je ne me souviens plus lesquels ni qui les jouait. En revanche, je trouve le choix du personnage de Vénus tout à fait intéressant. D’autant que lors de la représentation, au cours d’une scène de dispute, ma tunique, faite d’un drap, est tombée…

Bien sûr, mon journal intime d’adolescente. En plusieurs tomes aujourd’hui disparus, à moins qu’ils ne traînent au fond d’un carton au fond du grenier.

Et puis, des essais de romans. Le premier vers l’âge de dix ans. Il s’intitulait La Baby-sitter (à moins que ça ne soit La jeune fille au pair). Je me souviens d’une scène, après le repas, au Cap-Ferret : je m’installe à la table, avec mon cahier et mon stylo, et j’annonce très sérieusement que je vais travailler à mon roman.

Il y a cet autre, un peu plus tard, sous forme de journal intime, la femme d’un navigateur parti faire le tour du monde à la voile. Je suis retombée dessus il y a une dizaine d’années, mais je crois que je l’ai jeté. Il faut dire que c’était plutôt mauvais.

Il y a peut-être d’autres textes, mais je ne m’en souviens pas. Mon imaginaire par contre ne s’accommodait pas trop des sujets de rédaction, il en débordait souvent le cadre strict. J’avais de bonnes notes, mais ce n’était pas éblouissant non plus.

Et puis, il y avait toutes ces fictions de moi-même, ces autres moi, ces réalités alternatives et, oui, il faut bien le nommer comme ça, ces mensonges, souvent d’ailleurs invraisemblables. Parce que, je pense, j’ai toujours eu un rapport plus que problématique avec la réalité du monde. Je m’inventais des pouvoirs magiques, j’affirmais venir d’une autre planète, je faisais croire que j’étais ma soeur jumelle, je me glorifiais de hauts faits…

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai vécu au-delà de la frontière du réel.

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai raconté des histoires…