Je ne suis pas une grande adepte de Charlotte Rampling vieillissante comme actrice (alors que je suis en amour avec les portraits qu’en a fait notamment Helmut Newton), raison sans doute pour laquelle j’étais passée à côté de ce film. Heureusement, Esther est passée par-là : j’ai rencontré Esther au salon du livre, nous avons beaucoup parlé de cinéma, elle m’a conseillé plusieurs film, et compte tenu de ma manie pour les films mettant en scène des écrivains, mon premier choix s’est donc porté sur Swimming Pool.
Sarah est une auteure anglaise de polars à succès, en pleine remise en question. Pour l’aider, son éditeur lui prête sa maison dans le sud de la France, où elle se sent immédiatement bien et retrouve l’inspiration. Mais voilà que la fille de l’éditeur, Julie, s’installe elle aussi et trouble la tranquillité de Sarah. Tout les oppose : Julie est aussi sensuelle et délurée que Sarah est froide et prude. Mais très vite, une étrange relation s’installe entre les deux femmes…
Au départ, tout ici peut sembler un peu caricatural : l’auteur comme un enfant qui a besoin que son éditeur/parent s’occupe de lui (et exclusivement de lui), assez névrotique et qui vampirise la vie des autres ; la très prude anglaise pas très amusante, face à la française qui boit du vin, mange du saucisson et du foie gras, ramène un homme différent chaque jour et se baigne nue dans la piscine. Pourtant, ça fonctionne, car Ozon non seulement sait filmer les femmes comme peu de réalisateurs savent le faire, mais il sait aussi créer des ambiances : huis-clos psychologique, le film se transforme peu à peu en polar dans lequel le réel vient prendre le pas sur la fiction — à moins que ce ne soit l’inverse, finalement. Se transforme en autre chose aussi, de plus étonnant, un mystère dont on n’aura finalement jamais vraiment la clé.
Un film très troublant, très sensuel, que je regrette de ne pas avoir vu avant !
Swimming pool
François OZON
2003