France, de Zoé de las Cases : carnet de voyageur

Après les carnets de voyage de Paris et Londres, j’ai eu envie d’imaginer le tour de France de mes rêves, de partager mes adresses régionales préférées et de partir à la découverte de nouveaux territoires. Les choix à faire ont donc été déchirants et la tâche compliquée […] Chaque région de France regorge de trésors et de talents, toutes sont si belles qu’elles méritent un voyage en soi.

Cela faisait quelque temps que j’avais envie de m’offrir un des carnets de voyage de Zoe de la Cases, dont je vous parlais dans un précédent article « inspiration » : j’adore son travail, et comme en ce moment j’ai des envies d’évasion que je ne peux pas trop satisfaire, je me suis dit que le guide sur la France serait parfait.

Ce n’est pas un guide de voyage à proprement parler : c’est un carnet créatif, à personnaliser, proposant 500 adresses de lieux à voir, de boutiques, de restaurants, quelques musées. Il est magnifiquement illustré, et conçu pour être complété, colorié, agrémenté de photos personnelles ou de tickets, enfin, ce qu’on veut. Un exemple avec mon cher Cap-Ferret :

France, de Zoé de las Cases : carnet de voyageur
France, de Zoé de las Cases : carnet de voyageur

Pour moi c’est un coup de coeur qui m’accompagnera dans mes futures mini-escapades dans notre beau pays (j’espère très vite), et dès que l’envie m’en reprendra, j’achèterai celui sur Paris : c’est beau, inspirant, poétique et créatif, on a l’impression de voyager juste en le feuilletant, tout ce que j’aime !

France. Carnet du voyageur
Zoé de las CASES
La maison Hachette, 2021

Sur les chemins noirs, de Sylvain Tesson : la carte et le territoire

Pas n’importe quelle route : je voulais m’en aller par les chemins cachés, bordés de haies, par les sous-bois de ronces et les pistes à ornières reliant les villages abandonnés. Il y avait encore une géographie de traverse pour peu qu’on lise les cartes, que l’on accepte le détour et force les passages. Loin des routes, il existait une France ombreuse protégée du vacarme, épargnée par l’aménagement qui est la pollution du mystère. Une campagne du silence, du sorbier et de la chouette effraie.

Longtemps, je n’ai pas été attirée par ce qu’écrit Sylvain Tesson, à l’exception notable de son Eté avec Homère : ses histoires de grands espaces et de nature sauvage, ça ne m’intéressait pas. Et puis j’ai fait ma révolution intérieure en même temps que les « hasards » des programmes me conduisaient à étudier des extraits de Dans les forêts de Sibérie qui résonnaient fort et me donnaient envie de revoir mes a priori (qui n’en étaient pas complètement d’ailleurs : je pense qu’à une certaine époque, je n’aurais réellement pas aimé). Ce n’est pourtant pas ce dernier qui s’est présenté à moi, mais Sur les chemins noirs, dans lequel il est également question de grands espaces isolés, mais beaucoup moins exotiques.

Après le décès de sa mère et la chute d’un toit qui a bien failli lui coûter la vie et l’a laissé en mille morceaux, Sylvain Tesson, pour se reconstruire dans tous les sens du terme, décide de cheminer à pieds à travers la France, du 24 août au 8 novembre 2015.

Un récit envoûtant, qui nous emmène dans la France de l’hyper-ruralité, celle des chemins de traverse où le temps et l’espace n’ont pas la même valeur qu’ailleurs : Les Cévennes, l’Auvergne, le Limousin, le Berry… Un pas de côté vers les espaces vastes qui obligent à une certaine lenteur, tout comme le choix du déplacement pédestre : cheminant tantôt seul, le plus souvent, tantôt accompagné, passant à l’écart des villes et des territoires aménagés, Tesson réfléchit, pas tant à lui-même qu’au monde, qui va trop vite, et au rapport de l’homme à l’espace (on sent le géographe) — certains passages sont d’ailleurs un petit peu réactionnaires, il faut bien l’admettre. Mais ce qui en ressort est extrêmement intéressant, de l’ordre de la catharsis.

Sur les chemins noirs
Sylvain TESSON
Gallimard, 2016 (Folio, 2019)

 

Zadig : toutes les France qui racontent la France

Rendre la France lisible. C’est la première ambition de Zadig. Parce que nous croyons à l’écrit, nous rêvions depuis longtemps d’une aventure éditoriale qui raconterait notre pays. Chaque trimestre, Zadig le fera à sa manière. Avec des mots porteurs comme il est des murs porteurs. Au moment où notre société se fracture, nous avons la conviction qu’elle manque d’un récit à partager. C’est ce récit, tissé de tous les récits qui racontent la France d’aujourd’hui, que nous vous proposons. 

Raconter la France comme America raconte l’Amérique : tel est le dernier défi que s’est lancé Eric Fottorino. Baptisé du nom du célèbre personnage de Voltaire, ce mook nous propose un voyage à travers la France, celle que l’on oublie souvent : Le Guilvinec, le Havre, Vierzon, Le Creusot, Vesoul… Autant d’endroits qui ne font pas forcément rêver a priori, mais qui ont pourtant bien des histoires à nous raconter.

Construit autour d’un dossier, « Réparer la France », le trimestriel est d’une grande variété : des reportages, des enquêtes, des entretiens, des chroniques, des récits, un porte-folio, qui donnent la parole à nombre d’écrivains (Marie Darrieussecq, Christian Bobin, Maylis de Kerangal, Leïla Slimani, Régis Jauffret, Marie Desplechin, Leonor de Recondo) mais proposent aussi des textes plus journalistiques. A noter, entre autres, un fantastique entretien avec Mona Ozouf, un long (et passionnant) reportage en immersion avec les marins-pêcheurs, une magnifique histoire de coparentalité par Leonor de Recondo, un très beau texte de William Boyd qui explique pourquoi il a choisi la France. Et le très beau dossier, qui propose des solutions concrètes.

Zadig, c’est vraiment la presse comme on l’aime et telle qu’elle devrait toujours être : le choix de la lenteur éditoriale et des formats longs permet non seulement d’avoir vraiment de quoi lire (il vaut son prix, car outre la qualité des articles, le lire de la première à la dernière page prend plusieurs heures) mais surtout de se poser, de creuser les sujets au lieu de les effleurer, d’aborder des thèmes variés sans la contrainte de l’actualité, ce qui permet aussi un salutaire pas de côté : un autre point de vue sur les choses (l’article sur la fermeture des services publics est à cet égard extrêmement instructif), une autre manière de voir, des sujets que l’on ne voit pas partout et qui sont résolument enrichissant. Et la recherche de gens inspirants, qui font vraiment avancer le monde à leur niveau !

Bref, un magnifique réjouissant, comme une bouffée d’air frais, qui évite le manichéisme mais fait vraiment réfléchir sur notre société ! Bravo !

Zadig. Toutes les France qui racontent la France
n°1 – Réparer la France
Trimestriel. Le 1. 19€

Panta rhei

Depuis le début de cette coupe du monde, je ne m’étais absolument pas intéressée à la question. Pour tout dire, j’ai réalisé qu’il y avait une coupe du monde lorsque l’équipe de France a marqué son premier but, et que j’ai été perturbée par les clameurs de joie montant des habitations environnantes. C’est vous dire mon niveau d’isolement dans ma bulle. Il faut avouer que j’ai actuellement des préoccupations existentielles autrement plus épineuses que le résultat d’un match de football (qui suis-je, où vais-je, dans quelle étagère ?).

Mais voilà, hier, j’ai été prise d’une subite bouffée de nostalgie, et j’ai repensé à 98. J’ai revu les images, les trois buts, I will survive, la liesse populaire. Le soir de la victoire, j’avais terminé en petite tenue dans une fontaine (encore que j’ai un doute et je me demande si ce n’est pas le soir de la finale de l’Euro 2000, lorsque les Italiens ont appris comment on rebouchait une bouteille de Champagne — il faut dire que je me suis tellement piqué la ruche ce soir-là que je ne me souviens même plus avec qui j’étais). C’était gai, c’était bon enfant. Nous étions heureux.

Bien sûr, j’avais 20 ans, toute la vie devant moi, encore dans mes études, sans aucune idée des tsunamis qui allaient me passer dessus dans les années à venir. J’ai vieilli, j’ai changé, normal, je me vois mal à 40 ans me mettre minable et tout et tout…

Et puis, il m’est venu à l’idée qu’il n’y avait pas que moi qui avais changé. Le monde a changé. 98, c’était dans cette période d’optimisme ouverte par la chute du mur de Berlin, où on croyait que tout était possible et que le monde irait mieux : je ne dis pas qu’il n’y avait pas de problèmes, ce n’était pas le Village dans les nuages ni le pays des jouets de oui-oui, il y avait le chômage, des guerres, mais il me semble qu’on y croyait, qu’on avait la foi, et surtout, on n’avait pas peur, puisqu’on était avant le 11 septembre.

Et il me semble qu’aujourd’hui, on n’est plus heureux pareil : on essaie d’être heureux en profitant de chaque occasion qui nous est donnée, comme une parenthèse. Carpe Diem. Parce que demain, la morosité, le pessimisme seront de retour. Et sans doute aussi, quelque part ancré en soi, cette petite appréhension que dans cette foule en liesse, il y ait ce fanatique ennemi de la joie et de la vie qui en profitera pour faire un carnage. Oui, il me semble qu’en 98 on était vraiment heureux malgré tout, et qu’aujourd’hui on profite de l’illusion de l’être. Moi, j’avoue, je n’ai pas trop la force, mais finalement, pour ceux qui y arrivent, tant mieux, et je trouve ridicules toutes ces critiques : je ne crois pas que les gens soient des moutons, je ne crois pas au panem et circenses de César. Non, je crois juste que les gens sont pessimistes, et qu’ils saisissent toute occasion d’oublier ce qui va mal. Tout en sachant que ça va mal. Je pense qu’ils sont profondément lucides, ce que nous n’étions pas en 98. Je pense aussi, malgré tout, qu’ils ont besoin d’être ensemble, comme on l’a vu aux lendemains des attentats, comme on l’a vu pour la cérémonie de panthéonisation de Simone Veil. Et il n’y a rien de méprisable à ça.

(Je sais, je plombe l’ambiance).

J’admets : je me suis quand même mise dans l’ambiance. J’ai fait des traits de crayon bleu/blanc/rouge sur mes joues et débouché une bière. J’ai un peu tremblé. Et la victoire m’a fait un immense plaisir, même si ce n’est pas pareil. Mais peut-être qu’il n’y a que moi, qui n’ai pas réussi à me fondre dans l’ambiance de la victoire, qui ai trouvé que ce n’était pas pareil, parce que j’ai vieilli. Parce que j’aurais voulu partager ça avec quelqu’un qui n’était pas là…

Alors voilà. Comme disait Héraclite, τὰ πάντα ῥεῖ καὶ οὐδὲν μένει (Ta panta rhei kai ouden menei), toute chose s’écoule, rien ne demeure. On ne se baigne jamais deux fois dans la même eau, fût-ce celle d’une fontaine un soir de finale de Coupe du Monde.

Paris can wait, d’Eleanor Coppola

Paris can wait, d'Eleanor CoppolaLa morale, c’est mauvais pour la digestion.

Dans la famille Coppola, après Francis et la divine Sofia, penchons nous sur le travail d’Eleanor, épouse et mère des sus-mentionnés, et dont Paris can wait est le premier film de fiction, après plusieurs documentaires.

Après le festival de Cannes, Anne, l’épouse d’un grand producteur de cinéma, qui a mal aux oreilles et ne peut donc pas prendre l’avion, renonce à suivre son mari à Budapest et rentre à Paris en voiture avec Jacques, l’associé français de son mari. Mais Jacques est un homme qui aime prendre son temps et profiter des plaisirs de la vie, et au lieu de prendre le plus court chemin, il ne cesse de faire des détours et des arrêts pour profiter d’un bon restaurant ou des merveilles du paysage.

Très belle surprise que ce film, sensible et délicat, drôle et émouvant, qui ne tombe pas dans les facilités qu’auraient choisies certaines comédies romantiques mais reste toujours sur le fil de la séduction. Road trip hédoniste, il nous montre qu’il faut savoir prendre le temps : s’arrêter et admirer les splendeurs qu’offre le paysage, faire un détour pour déguster un bon repas à base de produits simples et boire du bon vin, écouter de la musique et parler d’art, visiter un musée. Faire l’amour. Bien sûr, l’histoire repose sur les différences culturelles : Anne, américaine un peu rigide, magnifiquement incarnée par Diane Lane, face à Jacques, l’associé français (ce qui n’est pas pour rassurer le mari, on connaît les Français), pas beau mais d’un charme fou, la galanterie à la française, tout en élégance, en raffinement et en délicatesse, qui sait profiter des belles choses qu’offre la vie et y initier les autres. Malgré cela, le film, très subtil, ne tombe jamais dans la caricature, et c’est une de ses grandes qualités.

Un très beau film, dont il est vraiment dommage qu’il ait été totalement occulté en France (il vient de sortir directement sur Netflix). Léger et optimiste, il donne envie de savourer la vie. Carpe Diem.

Paris can wait
Eleanor COPPOLA
2016

My november 2015

En mots…

Novembre. Profiter autant que faire se peut du dernier jour de vacances et de liberté // ça commence bien ! // Un beau Goncourt et un beau Renaudot, qui pour une fois ne me donnent pas l’impression de vivre sur une autre planète que les jurés // Par contre j’ai toujours l’impression de vivre sur une autre planète que beaucoup de monde // Le lapsus du jour. La campagne : la choix d’une vie pénible // L’impression que les jours passent sans couleurs // Nostalgie d’Apostrophes // Comme à Brive : un plateau chargé de cholestérol et de livres // Love actually (is all around you). After all this time ? Always… // Le jour férié. Parenthèse de temps à soi que ne nous vole pas la pesanteur des jours // A l’ouest… // Le cauchemar, à nouveau. La stupeur, les larmes. Marcher dans la ville silencieuse et comme au ralenti. Comme un lendemain de cuite qui ne passerait pas // Mais relever la tête et rester debout. Ils sont la pulsion de mort et nous sommes la pulsion de vie. Ils sont thanatos et nous serons éros. Nous sommes Paris, nous sommes la France, nous sommes le monde, nous sommes l’humanité face à la barbarie. Nous sommes la musique, nous sommes les livres, nous sommes la joie et l’ivresse // Nous sommes les dieux // Alors se gaver d’amour encore une fois, de vin et de cookies aux pépites de chocolat blanc. Danser sur un volcan, mais danser jusqu’au bout // Ensemble // Journée annulée // Un petit speed défi d’écriture pour se remettre en selle // Humour noir et marshmallows // Juste besoin de beauté et d’intelligence, de poésie et de douceur // Regarde tomber la pluie // Ecrire sans trembler. Ecrire malgré tout // Penser à Bruxelles et à combien j’ai aimé cette ville, et être triste à nouveau. Ressortir mon petit drapeau du 21 juillet // Une suite pour mes petits dieux. Ecrire envers et contre tout // Winter is coming. Une petite raclette s’impose. Et du chocolat anti-détraqueurs. #teambouboule // Besoin de cocooning et de poésie // Hommage en bleu blanc rouge // Faim de culture. Le dernier édito de François Busnel. Et toujours les fleurs

moi après moisBy Moka

En images…

November 151

Reviens, Voltaire ! Ils sont devenus fous…

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Je pensais en avoir fini pour longtemps avec les billets de mauvaise humeur. Malheureusement, je ne sais pas si c’est une conjonction de planètes déplorable, un nuage radioactif qui serait passé au-dessus de la France en loucedé, l’effet néfaste des ondes ou l’abus de vin de messe, mais j’ai tout de même l’impression qu’en ce moment, tous les tarés fanatiques et intolérants ont décidé de se donner la main et de mettre à mal les valeurs républicaines et laïques de la France.

Alors comme ça, ils sont en colère ? Cela tombe bien, moi aussi. Je suis en colère, et j’ai honte. J’ai honte de ce ramassis de raclures qui s’arrogent le droit de s’approprier la France et d’en donner une image à vomir. J’avoue, j’ai pleuré en voyant ça :

 

J’ai pleuré en voyant des illuminés appeler le retour de la monarchie et scander « foutons-nous des lois ».

J’ai pleuré en entendant les catholiques intégristes de civitas, qui croient encore au complot maçonnique. Ils me feraient presque pitié, s’ils ne me faisaient pas si peur de vouloir ramener la France à l’obscurantisme religieux du Moyen-Age.

J’ai pleuré en voyant des skinheads et des neo-nazis s’afficher sans aucune honte.

J’ai pleuré en entendant l’extrême-droite scander des slogans antisémites et antisionistes.

J’ai pleuré en voyant un enfant de 10 ans avec Rivarol dans les mains.

J’ai pleuré en entendant une chanson abominable se moquer de la mort de Clément Méric.

J’ai pleuré en voyant des journalistes insultés, frappés, molestés, violentés, agressés.

Je pleure à l’idée que ces gens-là croient incarner la France alors qu’ils n’incarnent qu’une minorité violente qui est une insulte à la France. Une minorité qui croit encore pouvoir rétablir le pouvoir de la religion dans ce qu’elle a de plus nauséabond, dans une France dont plus de la moitié des habitants se dit sans religion, athée ou agnostique, dans une France où la laïcité est ce que nous avons de plus cher, dans une France qui a vu naître Voltaire.

Non messieurs (et mesdames, ne soyons pas sexistes : s’il est une chose où l’égalité des sexes est indubitable, c’est bien la bêtise crasse) les catholiques intégristes, la France n’est pas à vous. La France, la vraie, vous lui faites honte, comme vous faites honte à Dieu, et le Christ en vous entendant brailler son nom pour propager la haine quand il a voulu vous enseigner l’amour doit pleurer des larmes de sang.

Et puis, comme si ça ne suffisait pas, d’autres illuminés (non, en fait ils sont plutôt enténébrés), ou peut-être les mêmes, d’ailleurs, s’attaquent à l’école républicaine. Colportent des rumeurs tellement farfelues que l’on ose à peine y croire.

Et puis, ce matin, je tombe sur cet article d’Anne Percin. Donc, maintenant, on s’attaque à la littérature, on menace des auteurs, on lance des fatwas. On se croit moderne parce que pour détruire on ne brûle plus de livres (enfin, pas encore), on utilise twitter, on écrit des blogs, mais au fond, on n’est pas plus civilisé que Torquemada, et comme on dit, chassez le naturel, il revient au galop, et tous ces arriérés analphabètes voudront sans doute, bientôt, rétablir les bûchers.

Je suis en colère. Je suis triste. Je suis atterrée, indignée, révoltée. Et, parfois, j’ai peur.