Outils de connaissance de soi – première partie

Parmi les sujets essentiels abordés par Anaïs Nin dans ses essais et ses conférences (conférences dont je vous reparlerai la semaine prochaine), il y a celui de la connaissance de soi et du « développement personnel », dont elle déplore qu’il soit vu comme du repli sur soi et du narcissisme, et un refus d’agir dans le monde : selon elle (et je suis bien d’accord), ce n’est que lorsqu’on se connaît soi-même que l’on est capable de diriger son action dans le monde. Surtout, une connaissance intime de soi permet une connaissance intime de l’âme humaine. L’intime est essentiel, et après tout, Socrate ne dit pas autre chose lorsqu’il cite cette phrase inscrite comme devise au fronton du temple de Delphes : « Connais-toi toi-même ».

Cette connaissance de soi, c’est, bien sûr, la base du Voyage poétique, qui repose sur la pratique de l’écriture comme guide dans ce voyage vers soi que Jung appelait « processus d’individuation ».

Mais l’autre jour, j’ai eu envie de faire le tour des outils qui peuvent déclencher cette interrogation de soi. Certains sont déjà présents dans les livrets d’activités poétiques, d’autres non. L’idée est, selon moi, qu’il ne faut jamais prendre les résultats obtenus comme un « mode d’emploi », mais plutôt comme un point de départ, pour trouver les questions à se poser.

Au premier plan, bien sûr, se trouve l’astrologie. J’ai déjà beaucoup écrit sur le sujet, mais le fait est que depuis que j’ai appris à m’en servir, tout me semble beaucoup plus clair, notamment parce que je ne m’arrête plus à mon signe solaire, qui me représente bien néanmoins mais n’est pas la seule force en présence. Et j’en découvre tous les jours où presque : dernièrement, je me suis intéressée à ma maison 8, maison plutonienne de la sexualité et des transformations, des tabous aussi. Dans cette maison j’ai mon Soleil (qui est aussi mon maître d’ascendant), une conjonction Vénus/Mercure (en opposition justement à Pluton), et le petit astéroïde appelé Eros : si cela étonne quelqu’un que j’écrive sur les thématiques de la sexualité et de la transformation, pas moi. Bref, c’est un outil passionnant, et qui s’approfondit à mesure qu’on chemine avec lui. Pour une première approche, j’ai créé l’Invitation à un voyage astrologique.

Le deuxième outil que j’aime beaucoup, c’est le test des forces de caractère, qui nous indique là où nous avons des facilités, nos capacités préexistantes dans notre manière de penser, d’agir, de sentir, d’être au monde. J’en ai déjà parlé, et c’est un outil que j’utilise dans l’Invitation à un voyage introspectif. J’ai été très étonnée l’autre jour lorsque je l’ai refait : les forces n’étant pas des compétences, elles ne peuvent pas s’acquérir. Et pourtant, il se trouve que l’amour, qui était en queue de classement, est arrivé en sixième position. Ce que j’en ai déduit, c’est que parfois certaines forces sont bien là, mais on n’y a pas encore accès, pour plein de raisons. Et que le « travail sur soi » permet de les débloquer.

Troisième outil : celui des types de personnalité inspirés par Jung, dit MBTI. Il est très connu d’ailleurs (je ne mets pas de lien car j’ai du mal à savoir quels tests sont les plus fiables, cela dit je tombe toujours sur le même résultats : INFJ). Je trouve qu’il est assez intéressant parce qu’il allie plusieurs entrées, ce qui donne finalement une image assez nuancée, plus que la simple opposition introverti/extraverti (qui est néanmoins intéressante en soi : si j’avais pris conscience plus tôt que j’étais introvertie, j’aurais fait dès le départ un autre travail alimentaire). Après, je sais quel est mon type, c’est un fonctionnement assez naturel chez moi évidemment, mais je ne l’utilise pas au quotidien.

Mercredi, je vous parlerai de deux autres outils dont l’un sur lequel je viens de me pencher plus en détails !

Le sujet, c’est l’amour

Dans ma dernière Escale Poétique (si vous n’êtes pas encore abonné à cette infolettre, je vous encourage vraiment à le faire, il s’y passe des choses intéressantes et plus intimistes qu’ici), j’expliquais comment, suite à mon coup de mou habituel du mois de janvier, j’avais décidé de retravailler sur le bateau, avec l’Invitation à un voyage introspectif.

Après avoir fait le bilan de la situation actuelle à l’aide du questionnaire des 12 maisons astrologiques et du Tarot (bilan qui montrait tout de même beaucoup de blocages), j’avais entrepris de retravailler sur mes valeurs, et c’était une bonne idée car je me suis aperçu qu’elles avaient bougé. Pas fondamentalement changé, mais elles s’étaient réorganisées. C’est un processus normal : les valeurs, ce qui donne sa direction à notre vie, ne sont pas figées, et évoluent en même temps que nous, d’où l’importance de refaire régulièrement un point, ce que je n’avais pas fait (vous savez ce qu’on dit du cordonnier). Bref : sans être complètement à côté de la plaque, je n’étais plus complètement alignée avec mes valeurs, et surtout la première : l’amour.

Il faut dire que c’est très compliqué, pour moi. Dans un entretien, Brené Brown affirmait que notre sujet, c’est ce qui nous est le plus difficile, ce qui nous résiste le plus. Si c’était facile, il n’y aurait rien à dire. Et, c’est un fait : l’amour est mon sujet, et ça le sera jusqu’à mon dernier souffle. L’amour est le sujet de L’Aimante, l’amour est le sujet de Salomé et des Cinq leçons de Socrates Knight. Et bien sûr, l’amour est le sujet de Tout écrivain doit avoir le cœur brisé.

Ce qui donnait quelque chose d’assez curieux dans mon système : l’amour était une valeur essentielle (pas à la première position néanmoins, mais c’est le cas aujourd’hui), mais lorsque je faisais le test des Forces de caractère, il arrivait en 20e position (sur 24…). On comprend les difficultés. Or, les forces de caractère, ce sont nos capacités préexistantes de penser, d’agir, de sentir, et elles ne s’acquièrent pas par l’expérience ou l’entraînement, contrairement aux compétences. Les forces de caractère ne sont pas supposées bouger tant que cela, même si elles peuvent se développer davantage en en prenant conscience et en trouvant le chemin pour les optimiser. Mais enfin l’amour était 20e : difficile d’optimiser ce qui n’existe pas.

Et bien, figurez-vous que si : en refaisant le test, je me suis rendu compte que mes forces aussi, avaient changé. Le podium est toujours occupé par le trio émerveillement/soif d’apprendre/créativité, même si l’ordre a légèrement bougé. Mais la surprise vient des places 5 et 6 : l’authenticité, qui était en milieu de classement, fait une entrée remarquée à la cinquième place, et l’amour à la sixième.

Et je suis absolument convaincue d’une chose : ces forces étaient déjà là, mais elles étaient bloquées, je ne parvenais pas à y avoir accès et à les utiliser, même si c’était mon mouvement naturel : cela faisait donc comme si elles n’existaient pas, mais elles existaient bel et bien, il fallait simplement (enfin, simplement : on se comprend) les libérer et leur permettre de s’exprimer. Et je crois que c’est grâce à la grande magie de l’écriture que j’ai réussi ce… tour de force.

Bonne saint-Valentin à ceux qui la fêtent !

S’appuyer sur ses forces

Continuons à explorer la métaphore du bateau, et après le gouvernail, la direction donnée à notre vie par nos valeurs, voyons aujourd’hui les voiles, c’est-à-dire nos forces de caractère. C’est en les utilisant bien, et donc en en ayant conscience, que l’on avance (oui parce que si vous avez une belle voilure mais que vous ne l’utilisez pas, le bateau reste là où il est).

Les forces, ce sont nos capacités préexistantes dans notre manière de penser, d’agir, de sentir, d’être au monde. Elles sont différentes des compétences, qui s’acquièrent grâce à l’entraînement et à l’expérience, mais aussi des talents, en ce que les forces suscitent un sentiment de joie, d’énergie, de vitalité et d’authenticité lorsqu’elles sont utilisées (alors qu’utiliser un talent peut ne nous procurer aucune joie)

Il existe 24 forces, qui se regroupent en 6 vertus : sagesse et connaissance, courage, tempérance, transcendance, humanité et amour, justice. Après selon la classification adoptée cela diffère un peu, et j’ai donc adopté la classification de Martin Seligman, le papa de la psychologie positive, dont nous reparlerons lundi. Cela donne donc quelque chose comme ça :

Ensuite, pour trouver vos forces de caractère, je vous conseille de faire le test de l’institute on character, c’est le test que tout le monde utilise et c’est parfaitement gratuit, il suffit de s’inscrire (et ils ne spamment pas votre boîte aux lettres ensuite). Après avoir répondu aux questions, vous allez obtenir un document qui classe toutes les forces dans l’ordre où elles sont présentes chez vous.

Par exemple chez moi, les 5 premières sont : l’émerveillement, la soif de connaissance, la créativité, la curiosité et l’intelligence sociale. On constate donc que ce sont des forces qui s’organisent dans la vertu « sagesse et connaissance », notamment si on utilise le classement de Seligman qui y met l’intelligence sociale (le test met cette force dans « humanité et amour »). D’ailleurs, mes 10 premières forces sont exclusivement dans les deux catégories « sagesse et connaissance » et « transcendance », et toutes les forces de la catégories sagesse sont présentes. Par contre la tempérance rien du tout, et l’amour n’est absolument pas une de mes forces, au contraire, mais par contre c’est une de mes valeurs essentielles : cela aboutit à ce que l’amour est un challenge pour moi.

Le problème dans la société actuelle, c’est que l’on veut mettre tout le monde dans le même moule, au lieu de permettre à chacun d’utiliser ses forces. L’autre problème, c’est qu’on a tendance à se focaliser sur les manques, les lacunes, au lieu de s’appuyer sur ses forces. Et de nombreux mal-être aujourd’hui, notamment au niveau professionnel, viennent de ce que les gens exercent des métiers qui non seulement ne sont pas toujours alignés avec leurs valeurs, mais en plus ne leur permettent pas d’exploiter leurs forces. Ce n’est pas tout à fait mon cas d’ailleurs (enfin sur certaines forces si), la transmission/enseignement n’était pas un mauvais choix au niveau des forces, c’est juste le contexte scolaire qui ne va pas, pour de nombreuses raisons (et notamment celle des valeurs), et mon entreprise aura (j’avais mis « a » mais c’est un peu tôt pour mettre au présent) bien un volet « formation ».

Mais enfin l’essentiel, pour être bien, pour être en accord avec soi, c’est de développer sa conscience de ses forces, et de créer un chemin pour les développer et les optimiser.

Alors, quelles sont vos forces ?