Alors, qui vote pour une discussion sur les avantages et les inconvénients du département du Cantal ?
Un nouveau Fabcaro ? Oui, et comme cet auteur me fait beaucoup rire et que ce n’est jamais superflu, je me suis jetée dessus (l’album, pas l’auteur).
Un dimanche. Un déjeuner de famille, l’apéritif au salon et le poulet rôti dans la salle à manger. Une problématique : trouver un sujet de discussion. Un chœur grec (mais tout le monde n’a pas compris la consigne. Tels sont les ingrédients de cette tragédie à hurler de rire.
Il n’y a d’ailleurs pas grand chose à ajouter ni commenter : c’est absurdement drôle dès la première page et tellement dénué de tout sens commun que ça en est poétique. Si vous aimez ce genre d’humour, n’hésitez pas : je me suis bien amusée malgré une humeur un peu sombre (un peu moins cela dit qu’avec l’insurpassable Et si l’amour c’était aimer) !
Formica, une tragédie en trois actes
FABCARO
6 pieds sous terre, 2019
— Mmh, il est délicieux ton café ma chérie. Quel bonheur de le boire face à toi au petit matin. J’aime tant ton visage au réveil, pas coiffée et pas maquillée, c’est merveilleux… — Bernard en fait t’es chiant… Tu es toujours positif, toujours content de tout… En fait je réalise que je m’emmerde avec toi… — Tu vois, j’adore ça chez nous, le fait qu’on se dise tout… Je trouve ça formidable…
Vu les fous rires que m’avait occasionnée la lecture de Et si l’amour, c’était aimer(et ce n’était pas gagné à l’époque), je n’ai évidemment pas pu résister au dernier opus de Fabcaro, qui poursuit pour notre plus grand plaisir son entreprise de déglingage du romantisme…
Pas d’histoire complète ici, mais des planches indépendantes, chacune consacrée à une heure de la journée, un couple, une situation de la vie à deux… et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça ne ne se passe pas très bien, voire ça se passe mal.
Et ça déménage. Ici, pas de regards énamourés et de grandes déclarations lyriques (ou alors seulement chez l’un des deux) : on n’est plus dans la cristallisation mais bien dans les réalités triviales du quotidien. C’est drôle, cynique et désabusé, et surtout totalement absurde. Le parti-pris est de tout miser sur les dialogues, avec un dessin minimaliste et des cases identiques ou presque tout au long de la page : volonté de mettre en avant la routine et l’éternel retour de l’identique ? En tout cas, les chutes réservent souvent bien des surprises !
Un album que j’ai beaucoup apprécié et qui m’a souvent fait éclater de rire… mais beaucoup moins que Et si l’amour, c’était aimer, que j’ai trouvé plus fin et travaillé, mais je vous conseille néanmoins ce volume !
Moins qu’hier (plus que demain) FABCARO
Glénat, 2018
Ils se rapprochaient, s’apprivoisaient, se découvraient, comme on pénètre dans un royaume vierge et luxuriant où tout est encore à construire… Peu à peu s’installait cette sensation exaltante et surnaturelle que leur lien préexistait avant eux, qu’ils se connaissaient depuis la nuit des temps, que leur histoire avait débuté dans une autre vie, un autre lieu, peut-être au fin fond de la Russie, un bel amour slave, aussi mélancolique qu’immortel… Chaque seconde passée ensemble les voyait fusionner un peu plus encore, ils devenaient un, entité unique emmitouflée dans cette parenthèse enchantée, cette bulle mystique que rien ne pouvait venir parasiter.
J’avais repéré cette bande dessinée chez Noukette et Jérôme, car elle m’avait paru fort drôle, et je dois dire qu’elle est arrivée l’autre jour parfaitement à point nommé.
A priori heureuse en couple avec Henri, Sandrine a le coup de foudre pour Michel, le livreur de Speed Macédoine (qui est aussi chanteur dans un groupe de rock). Le coup de foudre est réciproque, et commence alors une liaison torride et idyllique.
J’ai ri, mais j’ai ri, et pourtant je peux vous assurer que le soir où je me suis plongée dans cet album, j’étais plutôt d’humeur à m’enrouler sous la couette en pleurant toutes les larmes de mon corps, ce que j’avais d’ailleurs fait 5 minutes avant, autant dire donc que si ce livre a réussi à me faire rire autant, il viendra à bout de n’importe quel coup de blues. En fait, il s’est avéré totalement cathartique (dans mon cas) : reprenant les codes esthétiques et les stéréotypes narratifs des romans-photos sentimentaux que j’aurais très certainement dû moins lire adolescente (j’aurais dû plutôt lire Schopenhauer tiens), il les dynamite totalement : le romantisme dégoulinant est sans cesse désamorcé, que ce soit par le surgissement inopiné du trivial dans une déclaration amoureuse, la surenchère parodique dans le lyrique ou l’absurde le plus complet. Chaque page est un petit bijou de drôlerie, que dis-je chaque page, chaque image ! Après je pense qu’il faut tout de même avoir un fond de cynisme et un certain goût pour l’humour décalé pour goûter cette pétite, mais si c’est votre cas, foncez, vous ne le regretterez pas !
Et si l’amour c’était aimer
Et si l’amour c’était aimer
Et si l’amour c’était aimer FABCARO
6 pieds sous terre éditions, 2017