Introvertie mais pas trop

J’avais déjà écrit un article sur la solitude. Et si j’y reviens, ce n’est pas pour dire que j’ai changé et que désormais, j’adore les lieux pleins de gens. Oh làlàlà, non. J’aime toujours autant les activités calmes, solitaires et contemplatives, me promener seule, et je piaffe d’organiser à nouveau une petite escapade à l’étranger. Tout simplement parce que j’ai besoin de faire les choses seules, d’avoir des moments seule pour recharger mes batteries. C’est comme ça que je fonctionne. Parce que je suis une introvertie, d’après la classification de Jung. Et c’est là qu’est le point, car pendant longtemps j’ai comme beaucoup mal compris cette notion d’introversion.

Dans l’esprit des gens, l’introversion est souvent confondue avec la timidité voire le repli sur soi, les angoisses sociales et ce genre de choses. Or, si un introverti peut aussi être timide et avoir des angoisses lorsqu’il est avec d’autres (c’est mon cas en ce moment à cause du masque : cela m’angoisse terriblement de ne pas pouvoir lire les expressions sur le visage des gens et de ne pas connaître le visage de certaines personnes, mais c’est contextuel : je n’aime pas la foule, mais j’arrive tout de même à gérer à peu près), ce n’est pas systématiquement le cas. Je suis bavarde, je n’ai aucun problème à aller vers les gens et à leur parler (même si ça reste souvent superficiel car on n’entre pas comme ça dans ma sphère intime), et cela ne m’angoisse pas de parler en public (il vaut mieux, me direz-vous).

Les interactions sociales ne me font pas peur. Par contre, elles me vident, m’épuisent. Parce que la différence entre introverti et extraverti se place en fait sur le terrain énergétique : là où l’extraverti se recharge au contact des autres, l’introverti se recharge lorsqu’il est seul. C’est pour ça que je n’ai jamais été autant en forme que pendant le confinement : mes batteries étaient pleines, alors qu’au quotidien, et c’est une autre raison pour laquelle mon travail ne me convient pas, je me vide beaucoup plus vite que je ne me remplis. D’où le burn out : même en passant beaucoup de temps seule, à faire des activités qui me nourrissent, je suis beaucoup trop souvent « dans le rouge » et ça finit en panne sèche. Je n’arrive pas à maintenir l’équilibre, alors même que je ne suis pas « trop » introvertie (disons que c’est du 60/40).

L’avantage en ayant compris ça, c’est que je n’ai plus l’impression d’être une sauvage asociale lorsqu’au bout d’un moment, même quand je suis avec des gens que j’aime, je ressens le besoin de m’isoler : c’est véritablement un besoin vital, une respiration. Il me sera toujours nécessaire de me promener seule, de m’isoler pour peindre ou écrire, et de faire des fugues (je vous reparle bientôt d’un livre sur le sujet). C’est comme ça, et en le comprenant, je peux aussi mieux gérer les choses, les expliquer aux gens précieux pour qu’ils ne se sentent pas rejetés et donc envisager plus sereinement une vie à deux (surtout si je peux enfin travailler de manière indépendante : ça sera plus équilibré), sans peur de voir toute mon énergie disparaître.

Donc je suis une introvertie, pas trop mais j’ai tout de même un besoin vital de solitude pour aller bien. Et vous, introverti ou extraverti ?